en attendant l'assaut (Montdidier, Somme), 1918
plaque commémorative
des maîtres et élèves "morts pour
la France"
journal de bord d'une recherche en cours (2008 - 2013-2014)
Le lycée Claude Lebois, à Saint-Chamond (Loire), conserve dans son enceinte une plaque commémorative dédiée aux "maîtres et élèves" "morts pour la France" en 1914-1918.
Elle est apposée sur l'extérieur d'un mur de la maison du gardien de l'établissement. Dès mon arrivée dans ce lycée, la plaque m'avait intéressé et j'avais transcrit les noms de façon qu'ils soient lisibles par un moteur de recherche sur internet, en 2008. Peut-être quelques descendants de ces victimes se manifesteraient-ils ?
évoquer, refaire, ressusciter...
Fin 2013, j'ai entamé des recherches visant à réunir un maximum d'informations sur ces quatre "maîtres" et ces cinquante-et-un "élèves" ayant appartenu à l'ancêtre du lycée Claude Lebois, l'École Pratique fondée à Saint-Chamond en 1879.
Leur point commun, outre leur rapport à l'École, était d'avoir perdu la vie au cours de l'affrontement de la Première Guerre mondiale, nommée à l'époque la "Grande Guerre". Mais, cette communauté de destin restait un petit agrégat statistique.
Il importait de savoir que, derrière cet anonymat, se cachaient des parcours de vie diversifiés. Il fallait, en quelque sorte,comme le pensait Jules Michelet dans la préface de son Histoire de France en 1869, "évoquer, refaire, ressusciter" ces noms clos sur eux-mêmes par leur seule énonciation et par leur inscription dans la pierre.
Qu'avaient-ils été avant le fatal instant qui les avait fauchés, pour la plupart, à l'aube de leur vie d'adultes ? Qu'avaient-ils accompli durant la vingtaine d'années qui précéda leur mort ? D'où venaient-ils ? À quoi ressemblaient-ils ? Qu'étaient donc leur famille, leur itinéraire scolaire et professionnel, leurs amours ?
Ensuite, quels avaient été les épisodes de leur vie de soldat ? Souvent courte pour nombre d'entre eux. Dans quelles circonstances avaient-ils trouvé la mort, quels paysages avaient-ils eu sous les yeux ?
Difficile de répondre, pour tous, à toutes ces interrogations. Mais les archives et documents iconographiques anciens délivraient des connaissances factuelles, permettaient de formuler des hypothèses, autorisaient une reconstitution probable des ultimes moments de leur vie.
fiche matricule de Louis Arrivet, professeur à l'École pratique de Saint-Chamond
comment et où chercher ?
Les sources d'informations sont multiples :
- fiches individuelles des soldats "morts pour la France" mises en ligne sur le site du service historique du ministère de la Défense, Mémoire des hommes ;
- Journaux de Marche et d'Opérations (J.M.O.) des unités militaires édités sur le même site ;
- registres de recrutement, registres de recensement de population, état-civil, courriers officiels reçus par la Mairie... tout cela consultable aux Archives municipales de Saint-Chamond ;
- récits et mémoires individuels publiés sous forme de livres ou édités sur internet par les familles et descendants des combattants ; iconographie diverse, dont les cartes postales anciennes...
Mais ces sources réservent aussi des obstacles, des complications, des silences, quelques confusions parfois. L'identification de tel ou tel soldat, la localisation de tel ou tel épisode ne sont pas toujours aisées. C'est le sort de toute investigation et le défi du métier d'historien.
Espérons avoir arraché, à un passé fuyant, des traces tangibles ressuscitant quelque peu ces hommes morts pour la France, pour nous.
Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée Claude Lebois
de Saint-Chamond
apposée sur le côté de la maison du gardien au lycée Claude Lebois
plan
I - enquête sur une plaque commémorative
1) photo et description stylistique
2) l'emplacement initial de la plaque commémorative
3) la plaque du souvenir dressée dans le nouveau lycée
4) le graveur Maurice Bourdier
5) une image de la plaque en 1936
6) la commémoration du cinquantenaire de l'École en 1929
7) des témoignages contradictoires
8) quand la plaque a-t-elle été installée sur le site de l'actuel lycée
II - transmettre la mémoire et perpétuer le patrimoine à Saint-Chamond
1) pour une politique de patrimonialisation du cimetière
2) le cas de la tombe de Pierre Frécon
- lettre au Maire de Saint-Chamond (4 février 2014
- réponse de la Mairie (13 mars 2014)
- commentaire
I - enquête sur une plaque commémorative
rédaction provisoire
1) photo et description stylistique
les noms gravés sur la plaque
- lycée Claude Lebois, Saint-Chamond (Loire) : plaque commémorative des "maîtres" et "élèves" de l'École Pratique "morts pour la France" durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) et mention des victimes de la Deuxième Guerre (1939-1945) par l'association des Anciens élèves de l'école Claude Lebois.
une plaque de marbre gravée ; légende stylistique
recherche : 2008
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2) l'emplacement initial de la plaque commémorative
- J'ai appris aujourd'hui (2 décembre 2013), grâce à l'archiviste Samuel Bouteille, où était apposée la plaque avant qu'elle n'arrive au lycée : sur les murs de l'ancienne École Pratique d'industrie, puis Collège Claude Lebois, juste à droite de l'actuelle entrée des Archives municipales, dans la cour intérieure de la Mairie (ancien cloître).
juste à l'entrée droite du cloître (actuelle cour intérieure de la Mairie) quand on vient du Jardin public
entre les deux obus, on devine l'emplacement de la stèle
En respectant les proportions, la plaque occupait cet espace dans son emplacement initial :
- montage réalisé le 9 janvier 2014.
La plaque devait comporter, dans sa partie inférieure, une palme comme on peut en voir sur d'autres plaques commémoratives. Cette palme fut, sans doute, retirée, après la Libération, afin de faire graver l'évocation des victimes de 1939-1945.
plaque de Parné-sur-Roc, en Mayenne (source)
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3) la plaque du souvenir dressée dans le nouveau lycée
- Je découvre aujourd'hui (3 décembre 2013) l'emplacement premier de la plaque, en mémoire des lycéens de Claude Lebois "morts pour la France", sur le site du nouveau lycée (1961) : carte postale en couleurs ci-dessous.
En recueillant le témoignage de l'actuel gardien, Gilles Samard (17 décembre 2013), lui-même ancien élève de l'établissement, j'apprends que :
- la date à laquelle le lycée a été victime d'un incendie est 1994 ;
- le bâtiment de l'administration, visible ici au premier plan, avait les mêmes dimensions qu'aujourd'hui (la photo ne le laisse pas voir de manière évidente...). Donc la plaque était élevée à l'endroit où les élèves passent aujourd'hui sous le porche pour accéder à la cour ;
- longtemps, le 11 novembre, le lycée a été ouvert le matin pour la cérémonie de dépôt de gerbe devant la plaque. Ce fait m'a été confirmé (19 décembre 2013) par Mme Simone Malosse, ancienne responsable de la Société des Anciens élèves du lycée d'État Claude Lebois ; dont j'ai découvert ce jour un dossier de demande subvention à la Mairie, datant de 1998.
les bâtiments du lycée Claude avant l'incendie de 1994
- Elle était plus visible, et plus lisible, à l'époque qu'aujourd'hui. On devrait peut-être songer à la réinstaller dans la cour pour qu'elle soit plus présente à l'esprit des lycéens. Ce serait un bel hommage à l'occasion du centenaire des années 1914-1918.
- 27 décembre 2013, rencontre, à la bibliothèque de Saint-Chamond, avec Christian Peyrard, ancien professeur d'EPS à la retraite depuis 2002. Il témoigne que le proviseur, Roger Moisy (1996-2001 ; nommé ensuite dans un lycée marseillais) souhaitait jeter la plaque commémorative...! Finalement, elle fut reléguée sur un mur de la maison du gardien, devenant quasiment invisible.
Mme Yvette Bonnet, ancienne du C.D.I. du lycée, témoigne pour sa part que la plaque était déjà installée au lycée en 1964-1965.
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4) le graveur Maurice Bourdier
L'auteur de la plaque du souvenir est Maurice Bourdier, dont "l'atelier de sculpture et marbrerie" existait dans les années 1920 et, sûrement, dès avant la Grande Guerre.
Comment le savons-nous ? D'abord, son nom figure au bas de sa réalisation : Bourdier M. Ensuite, les Archives municipales livrent des renseignements dans les cartons relatifs au Monument aux Morts du cimetière communal de Saint-Chamond et à l'École Pratique d'Industrie (ancêtre du lycée Claude Lebois).
On y découvre un courrier à entête de Maurice Bourdier, datée du 22 août 1922 (réf. 1 Msc 26).
la lettre à entête de Maurice Bourdier, graveur, 1922
données familiales sur le graveur Maurice Bourdier
On trouve aussi quelques informations sur Maurice Bourdier et sa famille dans le recensement des habitants de Saint-Chamond en 1911 (archives en ligne du département de la Loire).
Celui qui grava la plaque commémorative actuelle habitait rue Ventefol à Saint-Chamond, il était né en 1870 à Saint-Étienne ; son épouse se prénommait Virginie, née en 1876 dans la petite commune de Saugues [noté par erreur : Sauges] en Haute-Loire.
Ils avaient un fils, Marcel, né en 1897, à Saint-Étienne comme son père. Ce dernier nous apprend, dans sa lettre du 22 août 1922, que son fils a participé à la Première Guerre mondiale où il a été blessé deux fois et qu'il a reçu la Croix de Guerre.
Il est noté que Maurice Bourdier avait comme profession celle de marbrier et qu'il était patron.
recensement de Saint-Chamond en 1911, rue Ventefol
Dans le recensement de 1906, Maurice Bourdier est indiqué comme domicilié rue Ventefol à Saint-Chamond. Sa date de naissance est notée 1871 et non 1870 comme cinq ans plus tard (?). Aucun autre Bourdier n'est enregistré... mais son épouse est notée à la ligne suivante sous son nom de jeune fille : Chades Virginie.
Recensement de 1906, huitième ligne en partant du haut
La consultation de trois annuaires professionnels anciens recensant les commerces et industries du département livre les données suivantes.
Celui de 1924 inscrit : Bourdier, rue Ventefol (à Saint-Chamond, bien sûr), sous la rubrique "Monuments funéraires (entreprises de).
Celui de 1946 indique : Bourdier Maurice, marbrier ; 3, rue Ventefol.
Par contre, celui de 1955-1956 ne connaît plus de Bourdier. Mais, à la même adresse (3, rue Ventefol), on trouve, dans la rubrique "marbrier", un Bonnet.
Donc Maurice Bourdier a, professionnellement, disparu entre 1946 et 1955.
Mais quand précisément ? Sa tombe, au cimetière de Saint-Chamond, nous l'apprend : en 1953, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.
la stèle de Maurice Bourdier au cimetière de Saint-Chamond
photo prise le 2 février 2014
Cette stèle nous apprend :
a) que Maurice Bourdier est décédé en 1953 à l'âge de 83 ans (sa première épouse était Virgine née Chades, 1876-1958) ;
b) que son fils Marcel est mort avant lui, en 1947 à l'âge de 50 ans (son épouse était Madeleine [ou Marie ?] née Bur, 1893-1967).
La dernière mention à la mémoire de Barbara Bustos, 1915-2002 est énigmatique. S'agit-il d'une seconde épouse de Maurice Bourdier, né en 1870 ? Cela est peu vraisemblable...
C'est, probablement, Maurice Bourdier qui a gravé les lignes supplémentaires sur la plaque commémorative du lycée évoquant les victimes de 1939-1945.
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5) une image de la plaque en 1936...
Les archives conservent un dessin révélant, presque à la dérobée, la plaque dans son emplacement d'origine : la galerie du cloître devenue élément architectural de l'École Pratique d'Industrie (aujourd'hui cour intérieure de la Mairie). Ce dessin datant d'environ 1936 (réf. 4 Msc 13).
projet de rénovation de l'École Pratique d'Industrie, env. 1936
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6) la commémoration du cinquantenaire de l'École en 1929
Il est établi que la plaque commémorative dédiée aux élèves et professeurs morts en 1914-1918 existait dès les années 1920. Comme tous les monuments mémoriels relatifs à la guerre de 1914-1918.
En effet, à l'occasion du cinquantenaire de l'École Pratique, un hommage a été rendu à son fondateur, Claude Lebois, le 27 octobre 1929. Dans la plaquette éditée à cette occasion, il est fait mention de "l'hommage aux morts" rendu devant cette plaque et du dépôt d'une gerbe par le président de l'Association des Anciens élèves (arch. mun., 1 Rsc 20).
- "Les personnes ayant pris part à la cérémonie se forment en cortège. Elles viennent se recueillir un instant devant la plaque portant les noms des Professeurs et des Élèves Morts pour la France.
M. Parizot, Président de l'Association des Anciens Élèves, dépose des fleurs."
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7) des témoignages contradictoires...
en fait, ce montage ne correspond pas à l'image de la plaque... (6 janvier 2014)
Au cours de cette enquête, des témoignages contradictoires, totalement incompatibles, ont été recueillis sur la date à laquelle la plaque, posée au début des années 1920, était encore visible.
L'ancien responsable des bâtiments de la Mairie (sollicité par l'archiviste municipal), en poste au début des années 1980, ne se souvient absolument pas d'avoir vu cette plaque. Samuel Bouteille, archiviste, affirme qu'elle n'était pas là en 2000, lors de son arrivée.
Par contre, deux employées de la Mairie, l'une à la retraite (entrée en 1973) et l'autre encore en activité (entrée en 1985), sont formelles : la plaque était toujours là à la fin des années 1980, voire au début des années 2000.
L'enquête continue... Tous les témoignages sont les bienvenus.
Gérard Ducarre
Le jeudi 19 décembre 2013, on a recueilli le témoignage téléphonique de Gérard Ducarre. Il a été Maire de Saint-Chamond de 1989 à 2008, c'est-à-dire pendant trois mandatures.
Bien qu'ancien élève de l'École Pratique d'Industrie, il ne se souvient pas de la plaque commémorative sous la première arcade du cloître (cour intérieure de la Mairie) à l'époque où il exerçait ses reponsabilités.
Premier édile de la ville, il entrait, la plupart du temps, par la façade principale de la Mairie. Cependant, il se rappelle s'être souvent demandé ce que signifiaient ces deux obus de part et d'autre de la base de cette arcade.
Mais il est formel sur un point : il n'y a jamais eu de délibération en Conseil municipal au sujet d'un éventuel retrait de cette plaque. Attaché à la mémoire des combats pour la France et des victimes qui ont donné leur vie pour elle, il aurait gardé mémoire d'une telle initiative.
Cela voudrait dire que la plaque aurait été retirée avant 1989. Ce qui est contradictoire avec d'autres témoignages... Mais, à force de croiser les déclarations et indices, il ressort que l'ancien maire avait raison...
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8) quand la deuxième plaque a-t-elle été installée sur le site de l'actuel
lycée Claude Lebois ?
Ce que j'ai découvert, c'est une démarche datant de 1966 évoquant le transfert de la plaque initiale. Le syndicat intercommunal qui a pris en charge le financement du nouveau lycée, avant les lois de décentralisation confiant ces établissements à la Région, a déposé aux Archives les PV de ses réunions.
À la date du 1er octobre 1966, il est question d'une demande de subvention adressée par l'Association des Anciens élèves du Collège Claude Lebois, à titre de participation "aux frais de transport, dans le nouvel établissement, de la plaque commémorative érigée dans l'Ancien Collège, à la mémoire des professeurs et élèves morts au champ d'Honneur". Coût total pour l'Association : 3 000 francs.
Cette demande reçoit une réponse favorable à hauteur de 1 500 francs. Approuvée par le Préfet le 25 novembre 1966.
archives communales Saint-Chamond, 1 S 2
archives communales Saint-Chamond, 1 S 2
Un autre registre, archivé, livre la même information.
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1
À ce jour, on ignore les suites de cette démarche. Quel usage a été fait de cette subvention accordée à l'Association des Anciens élèves en octobre 1966 ? L'enquête se poursuit.
enquête : Michel Renard
professeur d'Histoire au lycée
collaboration : Kim Lekhal
assistante de recherche
remerciements à Samuel Bouteille
archiviste municipal
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2) photos des anciens élèves de l'École Pratique (1936)
Pour l'instant, il n'existe pas de portaits individuels des anciens élèves morts pour la France. Nous avons retrouvé ces deux photos datant de juin et juillet 1936. Elles ont été prises à l'occasion d'une "sortie" d'anciens élèves de l'École Pratique d'Industrie.
Il est difficile d'affirmer si certains d'entre eux ont connu leurs prédécesseurs. Mais il est fort probable qu'il y a parmi eux les animateurs de l'amicale des Anciens élèves, ceux qui ont pris l'initiative d'honorer le souvenir de leur camarades en faisant graver et apposer la plaque commémorative.
sortie des anciens élèves de l'École Pratique de Saint-Chamond, juin 1936
sortie des anciens élèves de l'École Pratique de Saint-Chamond
à la Croix de l'Oeillon, juillet 1936
renseignements biographiques individuels
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4) fiches individuelles des 51 élèves
- la photo des fiches nominatives provient du site Mémoire des hommes, du service historique du ministère de la Défense nationale. On y trouve les fiches numérisées des soldats "morts pour la France" au cours de la Première Guerre mondiale, telles qu'elles ont été remplies par l'administration des anciens combattants juste après-guerre. La base de données contient plus de 1,3 million de noms.
D'autres sources contiennent des informations précieuses ; les registres matricules déposés aux archives départementales (pour la Loire), les Journaux de marche et d'opérations (J.M.O.) mis en ligne sur le site Mémoire des hommes ; les Historiques de régiments rédigés rapidement à la fin de la guerre, disponibles sur internet. Et d'autres références particulières sur de nombreux sites évoquant tel ou tel combattant dont les descendants ont effectué des recherches familiales.
Michel Renard
professeur d'Histoire
au lycée Claude Lebois (Saint-Chamond)
II - transmettre la mémoire et perpétuer le
patrimoine à Saint-Chamond
1) pour une politique de patrimonialisation du cimetière
Les anciens élèves de l'École Pratique et d'Industrie de Saint-Chamond sont, pour le plus grand nombre, enterrés dans le cimetière communal.
Si les sépultures disposées autour du monument aux morts sont régulièrement entretenues, grâce notamment au Souvenir français, les tombes familiales le sont moins. Pour la simple raison que les descendants ne sont souvent plus sur place.
Il importe de veiller à l'entretien de ce patrimoine historique. Et d'envisager des mesures originales, car le cadre législatif a vieilli et ne permet pas de faire face aux situations nouvelles que le temps a créées. C'est notamment le cas des tombes familiales.
D'une manière plus générale, le moment est venu de réfléchir à une patrimonialisation du cimetière. Comme toute nécropole communale, celle de Saint-Chamond a d'abord vocation à permettre l'inhumation des décédés récents et à pourvoir à la protection des tombes selon le régime actuel des concessions.
Mais le cimetière abrite aussi des monuments funéraires et de simples sépultures qui ont acquis la dimension d'un témoignage historique à sauvegarder. Une ville ne saurait se priver des traces de son passé. Car il appartient à tous. Morts et vivants.
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2) le cas de la tombe de Pierre Frécon
lettre au Maire de Saint-Chamond (4 février 2014)
Michel RENARD
42400 – Saint-Chamond
4 février 2014
Monsieur le Maire
Hôtel de Ville de Saint-Chamond
Objet : sépulture de Pierre Frécon
Mort pour la France (1890-1914)
Monsieur le Maire,
J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la situation de la tombe de Pierre Frécon (1890-1914) et de sa mère (1863-1932) sise dans le cimetière communal.
Cette sépulture porte, depuis un certain temps, la plaque officielle «cette concession échue sera reprise par l'administration».
Effectuant des recherches sur les anciens élèves de l’École Pratique (ancêtre du lycée Claude Lebois) «morts pour la France», dans la perspective des hommages qui seront rendus lors des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, je vous informe que Pierre Frécon fait partie de ces anciens élèves.
Sa famille ayant opté pour l’inhumation familiale, Pierre Frécon n’entre donc pas dans le cadre des dispositions assurant la sépulture perpétuelle aux frais de l’État (articles R564, D408 et L496 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre).
Néanmoins, au-delà de ces strictes dispositions législatives, ne pensez-vous pas qu’il conviendrait, par devoir de mémoire, d’envisager les moyens de perpétuation de cette tombe à titre d’hommage public ?
L’aspect extérieur de cette sépulture n’est guère endommagé. Seul se manifeste une inclinaison due à un affaissement latéral droit de la stèle.
Je souhaiterais, s’il vous plaît, connaître votre sentiment à l’égard de cette situation.
Le lycée, en collaboration avec l’institution militaire, envisage plusieurs actions de commémoration (2014-2018) de la Première Guerre mondiale et d’hommage à ses anciens élèves qui sont morts pour la France.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.
Michel Renard
Professeur d’Histoire au lycée Claude Lebois
Membre du Conseil scientifique de la Fondation
pour la Mémoire de la guerre d’Algérie
réf.
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/06/18/28951098.html
réponse de la Mairie (13 mars 2014)
Saint-Chamond
le 13 mars 2014
Objet : sépulture de Pierre Frécon
Monsieur,
Par courrier en date du 4 février 2014, vous attirez mon attention sur l'état d'entretien de la concession de la famille Cellard-Frécon, sise rangée 13, n° 116, au cimetière de Saint-Chamond.
Cette concession perpétuelle abrite, effectivement, la sépulture de Pierre Frécon, mort pour la France en 1914.
Un travail de recensement de ces tombes privées accueillant des soldats morts pour la France sera mené avec le service patrimoine de la collectivité. Puis, une réflexion globale sera engagée afin de trouver les ressources nécessaires à la perpétuation de ces sépultures.
Je vous remercie sincèrement de m'avoir interpellée à ce sujet, et vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de ma considération distinguée.
Le maire,
pour le maire et par délégation,
la conseillère municipale chargée de l'état civil,
des élections et de la population
Nathalie Champalle
commentaire
Trois engagements ont été formulés par la Mairie, à la date du 13 mars 2014 :
1) une opération de recensement de toutes les tombes des "morts pour la France" sera entreprise ;
2) une réflexion globale sera organisée - espérons qu'elle sera la plus large possible ;
3) la formulation d'un objectif : "trouver les ressources nécessaires à la perpétuation de ces sépultures".
C'est tout à fait louable.
Souhaitons que, quelque soit le résultat des élections, ces engagements seront tenus.
Michel Renard
15 mars 2014
Baptiste Gourgeon (1886-1914), mort pour la France
(photo du 2 mars 2014)
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