«la pauvreté n’est pas une cause de l’immigration»
décembre 2007* : au large du Sénégal
Aperçu sur les migrations sénégalaises
Tierno DIALLO
Le Sénégal compte une forte population d’émigrés en Europe. La plupart de ces personnes reviennent au pays, selon une étude partielle du programme Migration Afrique-Europe (Mafe) sur les migrations sénégalaises qui a aussi dressé le profil de l’émigré sénégalais qui n’est pas toujours celui du clandestin adepte des pirogues de la mort. par Tierno Diallo Après
un an d’enquête, l’équipe du programme Migration Afrique-Europe (Mafe)
a tenu sa première séance de restitution, la semaine dernière à Paris.
Il s’agit de «résultats préliminaires», indique Chris Beauchemin,
chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), qui
montrent que les émigrés sénégalais «retournent» de plus en plus dans
leur pays. «On nous parle beaucoup d’immigration en Europe comme s’il
n’y avait jamais de sortie d’Europe. En réalité, il y a très peu de
pays qui ont des données statistiques sur les sorties de leur
territoire. Il y a une proportion importante de gens qui ont quitté le
Sénégal et qui reviennent dans un temps relativement court. Dix ans
après leur départ, il y a quand même un quart des personnes qui
revient, ce qui n’est pas mal», soutient le chercheur. Par
ailleurs, lors des débats, les intervenants ont relevé des «failles»
dans le travail présenté par les chercheurs. D’après le député Amadou
Ciré Sall, «l’étude n’est pas complète parce que certaines questions
n’ont pas été prises en compte, comme les migrations du Sénégal en
Afrique». «Je me suis demandé pourquoi ils ont choisi Dakar, alors que
les régions périphériques sont des régions d’émigration. On aurait pu
fouiller dans ces régions pour permettre de comprendre le phénomène de
l’émigration aujourd’hui, et surtout son utilité», poursuit M. Sall. L’équipe
de Mafe a pris acte de ces critiques relevées ça et là. Peut-être
qu’eIle en prendra compte pour la suite de leur enquête qui vise à
produire des «données et des statistiques fiables sur les migrations
entre le Sénégal et l’Europe». Elle rassemble l’Ong Enda Tiers-monde,
des instituts de recherche au Sénégal et en Europe et des associations
de ressortissants, tel le comité de Suivi du Symposium des Sénégalais
de l’Extérieur. Le but étant de donner «un regard plus juste sur les
migrations sénégalaises». correspondant, 29 janvier 2009 |
* 40 clandestins sénégalais morts en mer. L'embarcation était partie de l'île de Diogué, en Casamance, au sud du Sénégal avec 90 personnes à son bord. Pour une raison encore inconnue, le bateau de fortune a échoué, samedi, à Yoff, au nord de Dakar, après une dizaine de jours en mer. 70 personnes ont pris la fuite avant l'arrivée de la police et 20 autres ont été hospitalisées dans différents centres de soins de la capitale sénégalaise. Le porte parole de la police sénégalaise a affirmé qu'une quarantaine de personnes étaient mortes en mer et avaient été jeté par-dessus bord de la pirogue. Le Sénégal est devenue en quelques années la base arrière de tous les migrants clandestins qui veulent tenter la douloureuse aventure vers l'Europe.
une villa d'émigré à Djelerlou Syll (Sénégal) - source