l'humanisme de la Renaissance
l'humanisme de la Renaissance
XVe - XVIe siècle
1) définitions
- un mouvement intellectuel qui a transformé la vision du monde et de l'homme en plaçant celui-ci au centre de la vie terrestre.
- une approche nouvelle de l'héritage de l'Antiquité qui refuse les interprétations et déformations de la scolastique (pensée religieuse des universités médiévales).
- une discussion critique et historique des documents du passé, notamment à partir de l'étude (philologie historique) des langues latine, grecque et hébraïque ; on appelle cela le libre examen. Les penseurs de l'Antiquité ne sont plus des autorités (auctoritas) mais des auteurs (auctor).
- une refonte des conceptions de la pédagogie (école et programmes).
- dans le domaine de la peinture et de la sculpture, l'humanisme s'exprime par la priorité du sujet humain et par le naturalisme fondé sur l'étude scientifique du monde extérieur au moyen de deux nouvelles armes : la perspective et l'anatomie.
- il n'est pas une doctrine, mais un mouvement divers dont les auteurs sont réunis par l'usage d'une langue commune à toute l'Europe savante : le latin.
- il n'est pas anti-religieux ni anti-chrétien, même si il célèbre les mérites de la civilisation païenne.
- il n'est pas une vision du monde partagée par tous les éléments des sociétés d'Europe, mais seulement par une élite de la fortune et de l'esprit. Les mentalités populaires n'ont pas été affectées par lui.
- il n'a pas effacé les autres expressions intellectuelles et artistiques issues du Moyen Âge qui ont coexisté avec lui.
- il n'est pas une transformation profonde des structures économiques et sociales. Aucune renaissance ne s'est accomplie dans la vie économique ni dans les institutions politiques.
D'une manière générale, la Renaissance ne se confond pas avec les XVe et XVIe siècles, mais se définit par l'humanisme qui est l'exaltation de l'individu ; pas de n'importe quel humain mais des membres d'aristocraties de la fortune et du savoir.
La Renaissance est donc la face culturelle de la domination des aristocraties. Mais elle a apporté à toute l'humanité.
Domenico Ghirlandaio, détail de l'Annonciation... (1485-1490), avec quatre humanistes :
de g. à d., Marsile Ficin, Cristoforo Landino, Ange Politien et Gentile Becchi
2) du Moyen Âge à la Renaissance
Pour les hommes du Moyen Âge, deux institutions ont longtemps semblé constituer l'horizon de leur vie : l'Église et l'Empire. Mais des crises internes ont divisé la Papauté et l'Empire qui ont perdu leur crédibilité.
Un nouveau pouvoir a émergé : la force intellectuelle des humanistes avec qui les empereurs, rois et papes doivent composer.
Dans ce contexte, trois découvertes ont élargi le champ des esprits cultivés :
- la découverte des livres (scoprimento di libri) ;
- la découverte de l'Antiquité (scoprimento d'Antichità) ;
- la découverte de l'Amérique (scoprimento dell' America).
Mais les hommes du temps de ces découvertes sont en partie restés ce qu'ils étaient : des médiévaux. La rupture entre le Moyen Âge et la Renaissance n'est pas une frontière nette. Les cultures ont coexisté.
La culture du Moyen Âge se caractérisait par :
- l'art gothique ;
- l'idéal de la chevalerie ;
- la philosophie scolastique.
Ces trois composantes sont nées en France et l'apogée du Moyen Âge a été une époque d'hégémonie culturelle française en Europe. Ces formes ont perduré au XVe et jusqu'au XVIIe siècle.
Mais, à la Renaissance, elle ont perdu leur monopole et ont dû rivaliser avec des principes et des styles, issus du monde antique, apparus en Italie.
Pourquoi en Italie ?
- parce que les modèles français avaient moins pénétré que dans d'autres régions d'Europe ;
- parce que la scolastique était arrivée tard et que dans les universités italiennes, on enseignait surtout le droit, les arts et la médecine ;
- parce que les cités italiennes étaient autonomes avec une culture laïque et non ecclésiastique.
L'étude des langues anciennes et des textes de l'Antiquité était liée aux notions de vertu, d'amour du prochain. On leur donnait le nom latin d'humaniores litterae (les lettres qui nous rendent plus humains) ou de studia humanitatis (lettres humaines), d'où le nom d'humanistes (humanistas, en latin ; umanista, en italien).
Le vocable humanisme n'est apparu qu'au milieu du XIXe siècle.
Donc, on passe de l'humain à l'homme quand on revêt l'humanitas dans la pratiques des belles-lettres ou des studia humanitatis..
3) cartes
l'Italie après la paix de Lodi (1454) entre les grandes cités du Nord
l'Italie, ou "les Italie", en 1494
les foyers de l'humanisme en Italie au XVe siècle
l'Italie artiste au XVe siècle
berceau et foyers de la Renaissance
les quatre foyers de la Renaissance en Europe : Italie, France, Allemagne, Flandre
les quatre foyers de la Renaissance en Europe : Italie, France, Allemagne, Flandre
4) les précurseurs en Italie
5) les humanistes en Italie au XVe siècle
6) les humanistes conseillers du Prince : début du XVIe siècle
7) les premiers humanistes en France : XVe-XVIe siècle
8) les poètes humanistes en France : XVe-XVIe siècle
Joachim du Bellay
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le symbole de l'humanisme : l'Homme de Vitruve par Léonard de Vinci
bibliographie
- Érasme et l'Espagne, Marcel Bataillon, (1937-1991), Droz, 1998.
- L'humanisme italien, Eugenio Garin, (1947), Albin Michel, 2005.
- La théorie des arts en Italie, 1450-1600, Anthony Blunt, (1940-1956), "idées/arts", Gallimard, 1966.
- L'homme de la Renaissance, Eugenio Garin, (1988), Seuil, 2002.
- La civilisation de l'Europe à la Renaissance, John Hale, (1993), éd. Tempus/perrin, 2003.
- L'humanisme. L'Europe de la Renaissance, André Chastel et Robert Klein, (1963), éd. Skira, 1995.
- La civilisation de la Renaissance, Jean Delumeau, Arthaud, 1984.
- L'origine de la perspective, Hubert Damisch, (1987), "Champs arts", Flammarion, 2012.
- La révolution culturelle dans la France des humanistes. Guillaumé Budé et François 1er, Gilbert Gadoffre, Droz, 1997.
- La Renaissance européenne, Peter Burke, Seuil, 2002.
- La Renaissance, 1470-1560, Christian Hermann, Éditions du Temps, 2002.
- Anthologie des humanistes européens de la Renaissance, édition de Jean-Claude Margolin, Folio classique, 2007.
Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée de Saint-Chamond
* travail en cours de rédaction