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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
4 octobre 2008

le Parthénon

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reconstitution du Parthénon sur l'Acropole, entrée par les Propylées

 

le temple du Parthénon à Athènes



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- une vidéo : les secrets du Parthénon (4 octobre 2008, Arte - durée 1 h 18 mn)

critique du magazine Télérama 

3T

Les secrets du Parthénon
Documentaire de Gary Glassman (Fr, 2008). 78 mn. Inédit.

Construit à une vitesse ­record il y deux mille cinq cents ans, entre 447 et 432 avant notre ère, le Parthénon, symbole de perfection esthétique et emblème de la démocratie athénienne au temps de Périclès, est un grand convalescent. À son chevet, parmi échafaudages et grues, s'affaire un staff médical d'architectes, secrets_Parth_non_3d'archéologues, de tailleurs de pierre. Ce grand mutilé n'a pas seulement subi du temps les réparables outrages, il est d'abord victime des accrocs de l'Histoire. Après avoir été aménagé au Moyen Age en église, puis en mosquée, l'ancien temple de la déesse Athéna sert ensuite de dépôt de munitions à l'occupant turc.

En 1687, un boulet de canon perdu fait exploser la poudrière. Les dégâts sont encore visibles : des milliers de blocs de marbre, pesant au total 20 000 tonnes, jonchent le sol de l'Acropole. Aucun tronçon de colonne n'étant identique à un autre, leur ­remise en place (ou anastylose) est un insoluble casse-tête. Même l'informatique, appelée à la rescousse pour reconstituer le puzzle, y perd son grec ancien !

Après trente ans d'efforts, et déjà une soixantaine de millions d'euros dépensés, les restaurateurs d'aujourd'hui, s'ils ne voient pas encore le bout du tunnel, ont tout de même extorqué secrets_Parth_non_2au prestigieux édifice ses secrets de fabrication. Ce monument d'harmonie géométrique n'est qu'un savant trompe-l'oeil : pas une seule ligne n'est droite, pas une seule verticale n'est à 90 degrés ! Colonnes, architraves et entablements sont subtilement incurvés pour donner à distance l'illusion optique de la rectitude, du parallélisme.

Comme le Parthénon, le documentaire d'Arte est un chef-d'oeuvre d'équilibre. Propos technique, rappel historique, aperçu artistique sont aussi limpides et lumineux que le bleu du ciel athénien, rayonnant au-­dessus de l'Acropole.

Gilles Macassa
Télérama,  samedi  4 octobre 2008

 

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fronton de la façade ouest du Parthénon (arrière de l'édifice)

 

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parthenon2

 

fiche de renseignement sur le Parthénon

Antiquité grecque
architecture extérieure (Temple)
matériaux : Marbre
date : entre 447 et 432 avant J.C.
artistes : Phidias, Ictinos, Callicratès
commanditaire : Périclès et l'ecclésia
en relation avec : Athéna

Description

Le premier temple en marbre consacré à la déesse Athéna (vieux Parthénon), construit à partir de 490 avant Jésus-Christ, fut détruit par les Perses dix années plus tard. Ses vestiges servirent à la construction du mur de Cimon. Le nouveau temple d'Athéna Parthénos, qui repose sur les fondations de l'ancien, fut érigé à partir de 447 avant Jésus-Christ. Dessiné par les architectes Ictinos et Callicratès, il fut achevé en 432 avant Jésus-Christ. Phidias, ami de Périclès, exécuta le décor sculpté et supervisa la construction de l'édifice en marbre pentélique.

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Le temple se compose d'un sécos (lieu saint) et d'une pièce occidentale reposant sur un soubassement. Deux colonnades doriques de six colonnes chacune ornent les façades orientale et occidentale [en réalité, les deux colonnades comptent - comme il est aisé de le voir - huit colonnes chacune. Merci à Claude Béziers d'avoir relevé cette faute]. Deux colonnades doriques (ptéron) de huit colonnes chacune entoure l'édifice sur les cotés étroits et de dix-sept sur les cotés longs (temple périptère).

Le Parthénon fut le premier temple doté d'un large sécos de trente mètres (cent pieds ou hécatompédon) de long. Le sanctuaire abritait une statue chryséléphantine (or et ivoire) d'Athéna de douze mètres de hauteur sculptée par Phidias. La divinité en arme tenait une Victoire dans sa main droite. Elle était précédée d'un bassin permettant de maintenir un degré d'humidité suffisant à la bonne conservation de l'ivoire et était entourée, sur trois cotés, d'une colonnade surmontée d'une deuxième colonnade. La salle du trésor, protégée pat un mur transversal et dotée de quatre colonnes ioniques, occupait la partie occidentale du temple.

Les architectes adoptèrent des surfaces horizontales convexes et amincirent les colonnes à leur sommet, tout en les inclinant légèrement vers le centre, afin de corriger les déformations engendrées par l'oeil humain. Ils adoptèrent, dans le même souci, des colonnes d'un diamètre plus large aux angles.

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La frise dorique extérieure, chef d'oeuvre de Phidias, comprenait 92 métopes représentant :
- à l'est : la Gigantomachie, le combat des dieux et des Géants
- à l'ouest : une Amazonomachie : le combat des Grecs contre les Amazones
- au sud : des combats contre les Centaures,
- au nord : des scènes de la guerre de Troie.
Cette frise, encore très partiellement en place, est pour l'essentiel exposée au British Museum, et, dans une moindre mesure, au Musée du Louvre.

Le fronton oriental était orné de l'épisode de la naissance d'Athéna, sortant de la tête de Zeus, et le fronton occidental celui de la dispute de Poséidon et d'Athéna.

La frise intérieure de 160 mètres de long, également sculptée par Phidias, représentait la procession des Panathénées. Les Grandes Panathénées, célébrées tous les quatre ans en l'honneur d'Athéna Polias, proposaient des concours de musique et d'athlétisme. La procession panathénienne qui clôturait la semaine de festivité était l'occasion de remettre un nouveau péplos orné de scènes de la Gigantomachie, à la statue en bois (xoanon) d'Athéna Polias à l'Erechthéion. Une centaine d'animaux était ensuite sacrifiée.

source : insecula

 

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reconstitution des couleurs du Parthénon



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reconstitution de l'entablement du Parthénon


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le sculpteur Phidias (490-430)

 

1868_Lawrence_Alma_Tadema___Phidias_Showing_the_Frieze_of_the_Parthenon_to_his_Friends
Phidias montrant la frise du Parthénon à ses amis, tableau anglais de
Lawrence Alma-Tadema (1868), Birmingham Museum (Phidias est dos à la frise,
devant lui serait Périclès et sa maîtresse Aspasie, à gauche Socrate de dos et Alcibiade)

 

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le Parthénon en travaux


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le Parthénon avant les travaux de restauration


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5 octobre 2008

histoire des chemins de fer en France

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industrialisation : les chemins de fer



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chemin de fer de Lyon à Saint-Étienne (cliquer sur l'image pour l'agrandir)

 

Le chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, par Saint-Chamond, Rive-de-Gier et Givors, fut incontestablement l'œuvre des frères Seguin, auxquels s'était joint Édouard Biot, le fils de Jean-Baptiste Biot, membre de l'Institut. Le père, savant physicien, devait d'ailleurs apporter un concours efficace dans les calculs du nivellement de la ligne.

Les frères Seguin d'Annonay, ingénieurs civils et manufacturiers, formaient déjà une société patentée ayant pour objet toutes opérations industrielles. Marc, dit Seguin Aîné, était le chef écouté et suivi de cette association fraternelle où Camille, Jules, Paul et Charles apportaient une collaboration compétente.

Jean Falaize
La Vie du Rail n° 1841, 29 avril 1982

 

 

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C'est sur le chemin de fer des frères Seguin, en 1831, que furent transportés officiellement des voyageurs pour la première fois en France. Les comptes de la Compagnie, du 1er janvier au 31 octobre 1831, font apparaître - dans un produit brut de 220 000 F pour les transports effectués sur la section de Givors à Rive-de-Gier, alors seule ouverte sur la ligne — une somme de 10 000 F versée par les voyageurs. Comme  il en coûtait un franc à chacun, la  statistique est clairement établie.

Jean Falaize
La Vie du Rail n° 1841, 29 avril 1982





cartes du réseau ferroviaire de 1850 à 1930

carte_1850  carte_1860  carte_1870
carte1890  carte_1910_1930



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carte du réseau ferroviaire français en 1850

 

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carte du réseau ferroviaire français en 1860

 

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carte du réseau ferroviaire français en 1870

 

carte1890
carte du réseau ferroviaire français en 1890

 

carte_1910_1930
carte du réseau ferroviaire français en 1910-1930

 

- source des cartes du réseau ferroviaire

 

artligneLyondx

 

 

du chemin de fer à son domicile

 

Fouquereuil (Pas-de-Calais) place de la Gare
Fourquereuil, commune du Pas-de-Calais, place de la Gare ; carte postale ancienne, avant 1914

 

 

 

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9 octobre 2008

Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? (Daniel Lefeuvre et Michel Renard)

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un livre au coeur du débat

sur l'identité nationale



- Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? un livre de Daniel Lefeuvre, professeur  d'histoire contemporaine àIdentit__nationale_couv_d_f l'université Paris VIII/Saint-Denis, et Michel Renard, professeur d'histoire au lycée Claude Lebois de Saint-Chamond, à paraître le 22 octobre 2008 aux éditions Larousse (collection "à dire vrai" dirigée par Jacques Marseille).

Une réflexion d'historiens contre des condamnations irréfléchies de spécialistes en "sciences sociales" et une mise en garde contre des discours abusifs tenus par des militants d'un anti-racisme qui a oublié ses raisons premières.

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extrait

À l'inverse de ce qu'affirment ses détracteurs, l'identité nationale n'est pas seulement un sentiment, une chimère idéologique, une fabrication arbitraire des artisans de la Troisième République. Il s'agit d'un substrat, d'un décor matériel et mental, de structures de sociabilité, le tout analysé sans complexe par les historiens.

L'argument d'une construction par lequel on cherche à dévaluer le fait national est porté à son comble par la sociologue Anne-Marie Thiesse qui défend la thèse d'un artificialisme absolu : "la nation naît d'un postulat et d'une invention" (La création des identités nationales, 2001). L'historien ne peut accepter cette vision démiurgique. À l'instar du grand spécialiste de la République et du symbolisme républicain, Maurice Agulhon : "C'est une idée en passe de devenir banale aujourd'hui que de dénoncer comme artificielle la construction du sentiment national. La France a été fabriquée. Soit. Mais qu'est-ce qui est naturel en histoire ? Existe-t-il d'autres naturels en histoire que des artificiels qui ont duré ? La durée n'est-elle pas la seule matière de l'histoire ?" (Histoire vagabonde, II, 1996).

Identit__nationale_couv_d_f


Pourquoi défendre l'identité nationale ?

Nous contestons la dévalorisation, sans examen historique, d'un héritage qui a enfanté l'humanisme de Montaigne, le rationalisme de Descartes, la résistance au fanatisme chez Voltaire, le souffle de Hugo. Mais aussi la Révolution française et la République, le courage de Gambetta, le choix absolu de la justice chez les dreyfusards, l'héroïsme des tranchées et les sacrifices de la Résistance. Avec Simone Weil, nous disons que l'amour du passé n'a rien de réactionnaire. - en savoir plus


- le blog du livre Faut-il avoir honte de l'identité nationale ?

resistance
la résistance contre l'occupation allemande en France (1940-1944)
fut bien un combat pour l'indépendance et l'identité nationale


Identit__nationale_couv_d_f


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le livre dans la presse

Nouvel__co_avis
Le Nouvel Économiste, 20 novembre 2008
cliquer sur l'image pour l'agrandir


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10 mai 2008

la Bâtie d'Urfé (XVIe siècle)

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la Bâtie d'Urfé et la Renaissance



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Claude d'Urfé (1501-1558), portrait par Jean Clouet vers 1540. D'Urfé (à gauche), proche de François 1er se fait représenter comme quasi sosie du souverain (à droite). C'est lui qui aménage un manoir du XVe siècle en château renaissance, situé sur le territoire de Saint-Étienne du Molard (Loire) qu'on appelle Bâstie, ou Bâtie d'Urfé. Claude d'Urfé est le grand-père d'Honoré d'Urfé, l'auteur de l'Astrée (1607).

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une visite à la Bâtie d'Urfé, samedi 11 mai 2008


arriv_e
arrivée devant l'entrée du domaine


panneau_pr_sentation
panneau de présentation

Le château de la Bâtie d'Urfé est passé de la maison forte médiévale au modèle du château renaissance au XVIe siècle. C'est vers 1550 que Claude d'Urfé, bailli du Forez et proche du roi François 1er, le met au goût du jour et le dote d'aménagements influencés par ses séjours en Italie : loggia, galerie, niches... Les jardins, créés entre 1546 et 1558, clos de murs crénelés, s'organisaient autour d'un édicule circulaire encore visible actuellement au centre duquel la fontaine a retrouvé sa place originelle.
Le château a été sauvé par la Société archéologique du Forez, la DIANA qui a obtenu un classement parmi les monuments historiques en 1912.
En 1990, la DIANA a remis le château pour plusieurs décennies au Conseil général de la Loire qui assure la mise en valeur du site grâce à de nombreux travaux de restauration et d'embellissement.


panneau_restauration_grotte
panneau informatif sur la restauration de la grotte de fraîcheur

Château de la Bâtie d'Urfé à Saint-Étienne le Molard : restauration de la grotte de fraicheur

Le château et son parc sont l'oeuvre de Claude d'Urfé. Des artistes français et italiens l'élaborent entre 1548 et 1558.
La grotte de fraîcheur, ou nymphée, entièrement décorée à partir de matériaux naturels, constitue le vestibule de la chapelle. Le programme iconographique symbolise, selon les idées de la Contre Réforme catholique, le passage de l'espace profane à l'espace sacré.
La chantier en cours permettra de résorber l'humidité des murs, de restaurer la structure du plafond de bois et de restituer les lacunes des décors : rocaille du sol et des murs, sables collés du plafond, menuiseries et ferronneries. Durée des travaux : six mois.


entr_e_du_parc
entrée du domaine avec la Bâtie au fond


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derrière les arbres, façade de la Bâtie


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la Bâtie, vue de la cour


Diapositive1
la Bâtie, différentes parties du château


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la Bâtie, vue de derrière le pont sur le canal


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la Bâtie, vue de derrière le pont sur le canal


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le pont et le plan d'eau


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bâtiment de dépendances


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le jardin, vu à l'angle de la Bâtie


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au sol la galerie et ses pilastres, à l'étage la loggia et ses colonnes ;
la différence entre une galerie et une loggia est que la première assure
une fonction de passage mais pas la seconde


rampe_cavali_re
le sphinx et la rampe cavalière


shpinx
le sphinx, symbole de sagesse


Simon_de_Cyr_ne_socle_du_sphinx
façade du socle du sphinx :
Simon de Cyrène portant la croix de Jésus


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face latérale du socle du sphinx : évocation du dieu romain de la guerre, Mars,
entouré d'armes et de boucliers et surmontant le corps de ses adversaires vaincus
(scène probablement copié sur une sculpture antique)


rampe_cavali_re__2_
la galerie et la rampe cavalière ; celle-ci servait aux cavaliers pour accéder
directement en salle de réception et impressionner les convives ;
il n'est pas certain qu'elle fut utilisée car sa pente, surtout dans le sens de la descente,
était trop abrupte et effrayait les chevaux (voir ci-desssous)


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vue du haut de la rampe cavalière


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entre une arcade et ses deux pilastres, une fenêtre de la galerie


galerie
la galerie et son muret


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les différents éléments de la galerie


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entre eux pilastres


aile_galerie_et_loggia
rampe cavalière, galerie et loggia

du_haut_de_la_rampe_cavali_re
la loggia en enfilade


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en haut de la rampe, un plafond à caisson


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la loggia et la cour


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la loggia et ses élégantes colonnes


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le bâtiment du corps de garde


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la cour et, à droite, le bâtiment du corps de garde


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la cour


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la grotte de fraicheur (en travaux)


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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le château vu des jardins


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le château vu des jardins


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la rotonde de la Bâtie d'Urfé


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la rotonde de la Bâtie d'Urfé


rotonde__3_
la rotonde de la Bâtie d'Urfé


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maquette et dessins de la Bâtie d'Urfé


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la maquette de la Bâtie d'Urfé exposée au château dans l'ancienne cuisine


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dessin du manoir au XIVe siècle



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dessin du manoir au XIVe siècle
plaque émaillée de Joëlle Verjat (source)


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dessin du château médiéval au XVe siècle


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dessin des transformations du château médiéval en demeure Renaissance


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dessin des constructions du XVIe siècle



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plaque émaillée de Joëlle Verjat (source)




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les travaux des années précédentes à la Bâtie d'Urfé


fa_ade_apr_s_d_croutage
Saint-Étienne-le-Molard, la Bastie d’Urfé, Château de la Bastie d’Urfé.
Vue générale de la façade sur jardin du corps de galerie, après décroutage.
Phot. Inv. J.-M. Refflé © Inventaire général, ADAGP, 2004.


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quelques jalons dans l'histoire de la Bâtie d'Urfé
(document affiché au château)


XIIe/XIIIe s. - Le domaine de la Bâtie est une "grange monastique" appartenant au prieuré de Chandieu. Le site du château est alors certainement occupé par des moulins installés le long d'une dérivation du Lignon.

1265 - Jean de Marcilly acquiert le domaine par échange.

vers 1270 - Le domaine entre dans la famille d'Urfé par le mariage d'Arnoul d'Urfé avec Marguerite de Marcilly.

1313 - Première mention du toponyme La Batia dans le testament d'un paroissien de Saint-Étienne-le-Molard.

1338 - Les seigneurs d'Urfé font hommage de la seigneurie de la Bâtie (Basticia) au comte de Forez.

1405-1440 - Un registre de justice mentionne le fortalitium de la Bâtie, ses fossés et son pont-levis.

1485 - Pierre d'Urfé fonde un couvent de Cordeliers au pied des murs du château.

1500-1558 - Antoinette de Beauvau et son fils Claude d'Urfé se livrent à de nombreuses acquisitions foncières autour de la Bâtie.

1545-1558 - Claude d'Urfé réaménage complètement le château et crée les jardins.

1764 - La seigneurie de la Bâtie, mise en aux enchères, est achetée par le marquis de Simiane.

1778 - La seigneurie est rachetée par un Montbrisonnais, Louis-François Puy de Mussieu. Un état des lieux effectué cette année-là montre que le château est très délabré.

1794 - Louis-François Puy est exécuté après avoir partiicipé au siège de Lyon ; saisie d'une partie de ses biens et destruction des monuments funéraires des Urfé dans la chapelle des Cordeliers de la Bâtie et à l'abbaye de Bonlieu. La famille Puy de la Bâtie parvient néanmoins à conserver le domaine.

1836 - Pierre Puy de la Bâtie, ruiné, vend le domaine à Madame Nompère de Champagny, veuve du duc de Cadore.

1861 - Les propriétaires démarchent - sans succès - Mérimée pour faire classer la Bâtie sur une la liste des Monuments Historiques.

1872 - Les héritiers du duc de Cadore revendent le domaine à un homme d'affaires de Montbrison, M. Verdolin.

1874 - Verdolin vend toute la décoration du château en utilisant les services d'un antiquaire lyonnais, M. Derriaz. Les plus beaux morceaux échouent dans de grandes collections parisiennes.

vers 1875 - Verdolin installe une féculerie et fait reconstruire les bâtiments des communs.

1884 - Faillite de Verdolin. Rachat du château par M. Meyer, qui le revend immédiatement à Jean-Baptiste de Neufbourg.

1904 - Départ des boiseries de la chapelle (alors collection Peyre à Paris) pour les États-Unis.

1907 - Louis de Neufbourg remet en vente le château pratiquement voué à la démolition.

1909 - La Société archéologique de la Diana rachète la Bâtie sous l'impulsion de son président, Alphonse de Saint-Pulgent.

1912 - La Bâtie est classée sur la liste des Monuments Historiques.

1920 - La Diana débute les travaux de restauration, avec le concours de l'administration des Monuments Historiques et du Conseil général de la Loire.

1949 - Les peintures de la chapelle sont réinstallées (dépôt du Musée des Arts Décoratifs de Paris).

1962 - Achèvement du programme de restauration, dont le bilan fut dressé lors du centenaire de la Diana.

1990 - Début d'un nouveau programme de travaux avec, en premier lieu, la réfection de la toiture du corps de bâtiment central.


 

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10 décembre 2006

Population mondiale - références




Population mondiale - références



 

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2015

 

1) données statistiques

 

pop mondiale 17 août 2015 à 18 h 2
population mondiale : résultats statiques le lundi 17 août 2015 à 18 h 27

 

- résultats en évolution sur le site worldometers.

 

pays les plus peuplés 17 août 2015 à 19 h 20
pays les plus peuplés du monde : résultats statiques le lundi 17 août 2015 à 19 h 20

 

- résultats en évolution sur le site worldometers.

 

 

2) répartition

 

répartition pop mondiale 2011
répartition de la population mondiale en 2011 (source)

 

 

3) évolution

 

évolution population mondiale jusqu'en 1900
évolution des population européenne et mondiale jusqu'en 1900 (source)

 

 

évolution population mondiale de 5 M à 6 MM
évolution de la population mondiale sur 12 000 ans (source image, pas chiffres)

 

* Sur ce graphique, la première date sur l'axe des ordonnées, à droite, est : 1800.

 

 

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2005

 

 

Diapositive1
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Diapositive2
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30 janvier 2009

génocide arménien de 1915 : pétition d'intellectuels turcs

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Özür diliyorum,

«Nous leur demandons pardon»



Une pétition lancée par des intellectuels Turcs relance un vieux débat douloureux sur le génocide arménien de 1915.

Le 15 décembre 2008, une pétition hors du commun a été mise en ligne sur un site internet turc. ÖzürDiliyoruz.com [ce site est désormais inaccessible, seule une page "cache" est visible] abrite en effet un texte écrit par quatre intellectuels turcs (Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu, Ahmet İnsel et Baskın Oran) : «Ma conscience ne peut accepter que l’on reste indifférent à la Grande catastrophe que les Arméniens ottomans ont subie en 1915 et qu’on la nie. Je regrette cette injustice, et pour ma part, je partage les sentiments et les peines de mes frères et sœurs arméniens et je leur demande pardon.»

Le génocide arménien est un des sujets les plus polémiques et sensibles des relations internationales. Le terme «génocide» est en lui-même déclencheur d’âpres débats entre négationnistes convaincus et défenseurs de la cabezas_e_armenioscause arménienne. La Turquie refuse catégoriquement de reconnaître la moindre responsabilité dans les massacres perpétrés contre les Arméniens en 1915.

Pour l’État turc, il n’y a pas eu de génocide. Mais pour mieux comprendre, il faut revenir cent ans en arrière. En 1909, ceux qu’on appelle les «Jeunes-Turcs  veulent coûte que coûte moderniser l’empire Ottoman qui est constitué de nombreuses ethnies et religions. À la fin du XIXème siècle, on compte deux millions d’Arméniens, de confession chrétienne. Les discours des Jeunes-Turcs sont emprunts d’un nationalisme exacerbé. Pour construire un nouvel État, il est nécessaire selon eux de «purifier» la «race» turque. C’est ainsi que commence le génocide des Arméniens d’Asie Mineure. Dans un premier temps, les Jeunes-Turcs font déplacer les populations arméniennes. Les marches se déroulent dans des conditions épouvantables et sont la cause de nombreux morts.

En Occident, ces événements émeuvent l’opinion mais le sultan se justifie en arguant de la nécessité de déplacer les populations pour des raisons militaires. On est en effet en pleine Première Guerre mondiale. C’est pourquoi, encore aujourd’hui, la plupart des Turcs se refusent à parler d’un génocide. Comme l’explique Özge, jeune istanbuliote : «Pour les gens, les morts sont le résultat du déplacement, et non pas d’un génocide. D’ailleurs l’argument est souvent de dire qu’il y a eu des morts chez les Turcs aussi ! Mon mari m’a même demandé : Les Arméniens ont-ils fait une lettre d’excuse, eux ?» Pourtant, les deux tiers de la population arménienne disparaissent pendant l’été 1915.

Les Arméniens n’ont jamais oublié les massacres et se battent depuis lors pour la reconnaissance de ce génocide. Dans l’actualité récente, ce sont les négociations européennes pour l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne qui ont relancé le débat. En effet, l’UE avait envisagé la reconnaissance du génocide comme une condition pour l’intégration de la Turquie. Pour les Turcs, c’est une condition hypocrite : «Les Européens se servent de cette condition comme excuse pour ne pas accepter la Turquie dans l’Europe. Ils savent très bien que le gouvernement turc ne reconnaîtra jamais le soi-disant génocide.» S’exclame Bahar,  Française d’origine turque.

Question brûlante : pourquoi la Turquie s’obstine t-elle à nier le génocide, alors que des historiens et des rescapés ont pu prouver catégoriquement son existence ? Tout d’abord, si l’État turc reconnaissait le génocide, il serait contraint de verser des «dommages et intérêts» aux Arméniens (comme l’Allemagne après la Shoah), ce qui représenterait un coût très lourd pour le pays. Ensuite, et c’est plus grave, le pays serait sans doute amené à restituer des territoires à l’Arménie, territoires qui avaient été promis aux Arméniens avant le génocide. Enfin, la négation de ce génocide est un moyen de garder intacte «l’identité nationale  turque, déjà malmenée ces derniers temps par le conflit entre laïcs acharnés et islamistes convaincus.

Le génocide arménien reste donc un sujet plus que tabou pour la Turquie ainsi que pour les puissances internationales. Celles-ci hésitent encore à reconnaître officiellement le génocide, de peur de froisser leurs relations avec l’État turc. A noter qu’Israël a toujours refusé de reconnaître le génocide afin de conserver les relations privilégiées qu’elle entretient avec cet État, dont la population est majoritairement musulmane.

Cette pétition est donc une première pour la Turquie. Première qui ne semble pas bien vécue par la majorité des Turcs. La classe politique estime qu’une telle initiative sabote la paix nationale. Malgré tout, il semble que l’impact de cette pétition soit moindre sur la population. Özge le confirme : «Je ne pense pas que la pétition va faire bouger les choses, il faudrait plutôt former un groupe de réflexion, composé de personnes des deux côtés. Ici, les gens s’en fichent plutôt, ce n’est pas vraiment d’actualité.» Selon le site Internet d’Europe 1, la pétition a tout de même recueilli 27 000 signatures à ce jour. Rappelons que la Turquie ne fait pas figure d’exception. D’autres génocides n’ont malheureusement jamais été reconnus par les États fautifs.

Elsa Ray, journaliste, source
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Cengiz Aktar, Ali Bayramoglu, Ahmet İnsel et Baskın Oran
les quatre intellectuels qui ont lancé la pétition


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pendaison à Constantinople d'un Arménien
du parti Hentchak le 2 juin 1915



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29 avril 2009

Considérez si c’est un homme

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Si c'est un homme

Primo Levi

                                      Vous qui vivez en toute quiétude
                                      Bien au chaud dans vos maisons,
                                      Vous qui trouvez le soir en rentrant
                                      La table mise et des visages amis,
                                      Considérez si c’est un homme
                                      Que celui qui peine dans la boue,
                                      Qui ne connaît pas de repos,
                                      Qui se bat pour un quignon de pain,
                                      Qui meurt pour un oui ou pour un non.
                                      Considérez si c’est une femme
                                      Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
                                      Et jusqu’à la force de se souvenir,
                                      Les yeux vides et le sein froid
                                      Comme une grenouille en hiver.
                                      N’oubliez pas que cela fut,
                                      Non, ne l’oubliez pas :
                                      Gravez ces mots dans votre cœur.
                                      Pensez-y chez vous, dans la rue,
                                      En vous couchant, en vous levant ;
                                      Répétez-les à vos enfants.
                                      Ou que votre maison s’écroule,
                                      Que la maladie vous accable,
                                      Que vos enfants se détournent de vous.


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Primo Levi en 1986

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le Mémorial de Carpi à proximité de Fossoli, un des camps d’internement italien
où fut emprisonné Primo Levi avant d’être déporté à Auschwitz


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13 novembre 2006

La dernière tentation du Christ


La dernière tentation du Christ

un film de Martin Scorsese (1988)



intérêt de ce film

Le film, La dernière tentation du Christ, trace le portrait de Jésus partagé entre son humanité et sa divinité.

Cette affirmation de la double nature de Jésus, par la religion chrétienne est parfois difficile à comprendre (je ne parle pas d'y croire ou pas, ce n'est pas la question ; à l'école, il ne s'agit que d'acquérir des connaissances et des références critiques permettant de comprendre les grands traits du passé, et donc des religions ; la croyance ou la non croyance concerne chacun dans sa liberté de conscience, cela ne regarde pas l'école laïque).

Le film de Scorsese, tiré du livre de Kazantzakis(1955), met en scène un Jésus qui doute, qui cherche à échapper à la mission qu'il découvre avec angoisse en lui (se sacrifier pour racheter l'humanité de ses péchés), un Jésus dont la part humaine se rebiffe devant cette nature divine, avant de l'accepter.



Où les chrétiens lisent-ils que Jésus est Dieu ? Qu'il a deux natures, humaine et divine, indissolublement mêlée ? Dans l'Évangile. Par exemple, celui de Jean :

Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas ; comment pouvons-nous en savoir le chemin ?

Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi.

Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, et vous l'avez vu.

Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.

Jésus lui dit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m'as pas connu, Philippe ! Celui qui m'a vu a vu le Père ; comment dis-tu : Montre-nous le Père?
Ne crois-tu pas que je suis dans le Père, et que le Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; et le Père qui demeure en moi, c'est lui qui fait les oeuvres.

Croyez-moi, je suis dans le Père, et le Père est en moi ; croyez du moins à cause de ces oeuvres.

Évangile, Jean, 14, 5-11


Pour les chrétiens, Dieu est unique, mais il y a trois personnes en lui : le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Le christianisme appelle cela, la Trinité, et parle du "mystère de la Trinité" ; ce qui signifie : quelque chose de difficile à concevoir, mais cependant accessible à la compréhension. Pour cette religion, Jésus est l'incarnation de la Parole divine, le Verbe divin ; il est ce qu'il est possible de voir de Dieu sous la forme d'un être humain.
Les juifs (c'est-à-dire les autorités religieuses juives liées au Temple) l'ont ainsi compris puisqu'ils lui reprochent de blasphémer et cherchent à le lapider : "Ce n'est pas pour une belle oeuvre que nous voulons te lapider, mais pour un blasphème, parce que toi qui es un homme, tu te fais dieu" (Évangile, Jean, 10, 33).

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Un exemplaire de l’Evangile de Jean provenant
du monastère de Saint Stephanos, à Chypre. Il date de 1156



présentation

- présentation du film sur un site consacré à l'histoire du cinéma :

L'histoire : Jésus, charpentier à Nazareth, fabrique des croix pour les romains. Son ami, Judas désapprouve cette attitude. Plus tard, Jésus sauve de la lapidation, une prostituée, Marie-Madeleine. Mais il se sent investi d'une mission…

   

Scorsese avait pour projet d'adapté le roman de Nikos Kazantzakis depuis plusieurs années. C'est Barbara Hershey (qui joue le rôle de Marie-Madeleine) qui lui offrit le livre, en 1972, pendant le tournage de Boxcar Bertha.
Scorsese nous montre un Christ qui doute et qui refuse d'admettre qu'il est le Messie. Scorsese a confié le rôle à Williem Dafoe, tandis que l'on retrouve Harvey Keitel (qui n'avait pas travaillé avec Scorsese depuis Taxi Driver) dans le rôle d'un Judas qui aide Jésus à accepter son destin.

La vision peu commune des personnages choqua des catholiques. Aux Etats-Unis, un révérend milita pour interdire le film.
En France, des intégristes manifestèrent devant et dans les cinémas projetant le film. Des bombes
lacrymogènes interrompaient régulièrement les projections, et un incendie se déclara dans une salle parisienne.
Le film fut tourné au Maroc avec un budget relativement modeste de 5,6 millions de dollars.


- analyse du début du film par Valentin Noël, de la revue Eclipses, revue de cinéma

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La foto es del momento central de la película : el ángel enviado por Dios para salvar a Jesús (en realidad, ya sabrán, es Satanás) lo desclava de la cruz ; y le besa las llagas, y le explica que Dios no quiere sacrificios sino amor... Los dos se alejan, entonces ; Jesús se muestra aliviado al saber que no es el Mesías, que no tiene que salvar al mundo con su muerte ; y el ángel lo envía a disfrutar del mundo, a casarse con Magdalena y a tener hijos.
Esa es la última tentación. (source)


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La última tentación de Cristo

The last Temptation of Christ

- un commentaire en langue anglaise, par un écrivain étasunien : Ronald Bruce Meyer

- une chronique-résumé de ce film par "Kumar" (?)

Willem Dafoe

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Jesus Christ: Tempted human and perfect God in one.

Évangile de Jean, 8

«Va et ne pèche plus»

1 Quant à Jésus, il partit pour le mont des Oliviers.

2 Mais le lendemain, il revint de bonne heure dans la cour du Temple et tout le peuple se pressa autour de lui ; alors il s'assit et se mit à enseigner.

3 Tout à coup, les spécialistes de la Loi et les pharisiens traînèrent devant lui une femme qui avait été prise en flagrant délit d'adultère. Ils la firent avancer dans la foule et la placèrent, bien en vue, devant Jésus.

4 - Maître, lui dirent-ils, cette femme a commis un adultère ; elle a été prise sur le fait.

5 Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider les femmes de ce genre. Toi, quel est ton jugement sur ce cas ?

6 En lui posant cette question, ils voulaient lui tendre un piège, dans l'espoir de trouver quelque prétexte pour l'accuser.
Mais Jésus se baissa et se mit à écrire du doigt sur le sol.

7 Eux, ils insistaient, répétant leur question. Alors il se releva et leur dit :
- Que celui d'entre vous qui n'a jamais péché lui jette la première pierre !
   
8 Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol.

9 Après avoir entendu ces paroles, ils s'esquivèrent l'un après l'autre, à commencer par les plus âgés, laissant finalement Jésus seul avec la femme, qui était restée au milieu de la cour du Temple.

10 Alors Jésus leva la tête et lui dit :
- Eh bien, où sont donc passés tes accusateurs ? Personne ne t'a condamnée ?

11 - Personne, Seigneur, lui répondit-elle.
Alors Jésus reprit :
- Je ne te condamne pas non plus. Va, mais désormais, ne pèche plus.



The Last Temptation of Christ


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Last Temptation of Christ 11

Last Temptation of Christ 16

Last Temptation of Chist 3

Last Temptation of Chist  1

Last Temptation of Chist  2


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Nikos Kazantzakis

La dernière Tentation du Christ, 1955


Le film La dernière Tentation du Christ (1988) de Martin Scorcese est tiré du livre de Nikos Kazantzakis, La dernière Tentation du Christ, écrit en 1955.

Nikos Kazantzakis, 1883-1957Kazantzakis_couv
 
Picture of Nikos Kazantzakis, author of Zorba the Greek and The Last Temptation of Christ; twentieth century Cretan Literature / Greek Literature

- une biographie de Kazanzakis

- une études des oeuvres de Kazantzakis

Crete and Matala Information

KazantzakisGrave
Δεν ελπίζω τίποτα. Δε φοβάμαι τίποτα. Είμαι λεύτερος
sur sa tombe, Kazantzakis a fait graver l'épitaphe suivante :
Je n'espère rien, je n'ai peur de rien, je suis libre


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20 octobre 2007

E.C.J.S.

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La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830



E.C.J.S.

Éducation civique, juridique et sociale



instruire le peuple, c'est l'améliorer ;

éclairer le peuple, c'est le moraliser ;

lettrer le peuple, c'est le civiliser

(Victor Hugo, 1830)



mai 1790, plantation des arbres de la liberté dans les communes de France
en présence du maire et des gardes nationaux





dossier Guy Môquet

- Dernière lettre de Guy Môquet (22 octobre 1941)

- Guy Môquet en toutes lettres (journal Libération)

- Guy Môquet, une enfance fusillée (un livre de Pierre-Louis Basse)

- Guy Môquet : le mythe et l'histoire (Jean-Marc Berlière et Sylvain Boulouque)

- Un peu de rigueur SVP (par Xavier Vigna, Jean Vigreux, Serge Wolikow, historiens)

- Guy Môquet a-t-il été "résistant" ? (M. Renard)


 

cours et documents

- la notion de civilité (M. Renard)

- photos du monument "Victor de l'Aveyron" prises par des élèves (M. Renard)

- dossier sur la notion de civilité : les enfants sauvages (M. Renard)


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Programme officiel

L'architecture d'ensemble du programme, sur les trois années du lycée, consiste à redécouvrir par l'analyse la notion de citoyenneté, à en étudier les principes, modalités et pratiques, et à la confronter aux réalités du monde contemporain. Il est naturel que l'accent soit mis sur des aspects différents de cette problématique dans chacune des classes du lycée.

En classe de seconde : "De la vie en société à la citoyenneté"
La découverte de la citoyenneté se fait à partir de l'étude de la vie sociale que l'élève peut comprendre pour remonter, par analyse, à sa source politique et à sa construction dans le temps. Des objets d'étude, choisis dans la vie sociale, servent de base à ce travail et permettent de faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté. Par là, on approfondit et enrichit ce qui a été acquis au collège.

En classe de première : "Institutions et pratiques de la citoyenneté"
L'étude de la citoyenneté permet l'analyse du fonctionnement des principales institutions politiques de la cité. Les grands principes constitutionnels ouvrent sur les institutions de la démocratie avec les partis politiques, les systèmes électoraux et les libertés publiques. La présentation des institutions judiciaires peut être faite à partir de divers niveaux intéressant particulièrement les classes concernées (prud'hommes et législation du travail, tribunal de commerce et technologies de la vente, autorité légitime et tribunaux d'exception par exemple). La diversité des conceptions, des institutions et des pratiques de la citoyenneté est appréhendée, par une méthode comparative, dans le temps et dans l'espace.

En classe terminale : "La citoyenneté à l'épreuve des transformations du monde contemporain"
La confrontation de la citoyenneté aux grandes transformations du monde contemporain permet de déboucher, hors de toute intention polémique, sur des thèmes faisant débat, par exemple les différentes conceptions de l'égalité, le rôle des médias, l'indépendance de la justice, ou sur des questions résultant des évolutions familiales, scientifiques ou sociales. On aborde aussi les problèmes posés par l'unification européenne et la mondialisation avec leur impact sur les institutions politiques. On traite notamment le thème de "la défense et la paix" sur lequel le système éducatif s'est engagé à faire réfléchir les élèves dans le cadre de la fin du système de conscription.


La salle des séances de l'Assemblée nationale


Programme de seconde


"De la vie en société à la citoyenneté"

I - Objectif général de la classe de seconde

Étudier dans toutes ses dimensions la citoyenneté et son exercice dans la société constitue l'axe de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS) dans les trois niveaux du lycée. L'objectif de cet enseignement en classe de seconde consiste à redécouvrir cette notion de citoyenneté, déjà définie au collège, en partant de la vie en société.

Cette confrontation au réel est une mise à l'épreuve. Elle permet l'appropriation active de cette notion. On partira donc de la vie sociale, saisissable par l'élève, pour remonter à sa source politique. Quel que soit le domaine de la vie sociale considéré, les individus rencontrent les règles collectives qui organisent leur vie en société et définissent les droits et les devoirs de chacun, les institutions chargées de les mettre en œuvre et de les faire respecter, les sanctions contre ceux qui enfreignent ces règles.

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lycée Charlemagne, une classe et son professeur d'histoire, 1960-61


L'apprentissage de la citoyenneté implique que le citoyen connaisse ces règles, sache d'où elles viennent et les valeurs qui les fondent. Cet apprentissage suppose d'en appréhender la diversité des pratiques dans le temps comme dans l'espace, et d'être éventuellement capable de les critiquer.
La démarche privilégiée consiste donc à choisir des objets d'étude dans la vie sociale pour faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté, à travers, notamment, la préparation et la tenue d'un débat argumenté.
Au terme de ce travail, on vérifie si les élèves ont acquis les notions qui fondent la citoyenneté.

II - Thèmes et notions

Afin de limiter les risques d'une trop grande dispersion, quatre thèmes sont proposés pour servir d'entrée dans le programme de la classe de seconde. Ils permettent d'appliquer la démarche retenue : partir de la vie en société pour illustrer une dimension de la citoyenneté. Ce sont :

Citoyenneté et civilité
Citoyenneté et intégration
Citoyenneté et travail
Citoyenneté et transformation des liens familiaux

On utilisera, au choix, un ou plusieurs de ces quatre thèmes qui ne sont pas énoncés dans un ordre contraignant. Un document d'accompagnement présente des illustrations possibles de la méthode préconisée. Il montre que le même thème peut être utilisé de plusieurs manières, suggérant qu'au fil du temps, ces illustrations pourront se périmer ou s'enrichir de matériaux fournis par l'actualité ainsi que des pratiques et innovations des professeurs.

À partir du travail sur l'un ou plusieurs de ces thèmes, les sept notions suivantes doivent être abordées et avoir reçu une première définition :

Civilité
Intégration
Nationalité
Droit
Droits de l'homme et du citoyen
Droits civils et politiques
Droits sociaux et économiques

Ces notions, présentes dans les programmes du collège et des autres disciplines de la classe de seconde, permettent de comprendre le sens de la citoyenneté en partant des expériences des élèves et de leurs représentations.

Au terme de la classe de seconde, une synthèse des différents acquis se réalisera autour de la définition de la citoyenneté.


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Assemblée nationale, Paris



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29 janvier 2009

«la pauvreté n’est pas une cause de l’immigration»

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décembre 2007* : au large du Sénégal 


Aperçu sur les  migrations sénégalaises

Tierno DIALLO

Le Sénégal compte une forte population d’émigrés en Europe. La plupart de ces personnes reviennent au pays, selon une étude partielle du programme Migration Afrique-Europe (Mafe) sur les migrations sénégalaises qui a aussi dressé le profil de l’émigré sénégalais qui n’est pas toujours celui du clandestin adepte des pirogues de la mort.

par Tierno Diallo

ImageAprès un an d’enquête, l’équipe du programme Migration Afrique-Europe (Mafe) a tenu sa première séance de restitution, la semaine dernière à Paris. Il s’agit de «résultats préliminaires», indique Chris Beauchemin, chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), qui montrent que les émigrés sénégalais «retournent» de plus en plus dans leur pays. «On nous parle beaucoup d’immigration en Europe comme s’il n’y avait jamais de sortie d’Europe. En réalité, il y a très peu de pays qui ont des données statistiques sur les sorties de leur territoire. Il y a une proportion importante de gens qui ont quitté le Sénégal et qui reviennent dans un temps relativement court. Dix ans après leur départ, il y a quand même un quart des personnes qui revient, ce qui n’est pas mal», soutient le chercheur.

Aussi, il ressort de l’étude que «la pauvreté n’est pas une cause de l’immigration». Car, pour le chercheur, «n’importe qui ne peut pas décider de partir, il faut pouvoir payer les frais de voyage. Elle n’est donc pas donnée à n’importe qui, aux pauvres en particulier. La plupart des recherches partout dans le monde montre que les migrations internationales n’affectent pas du tout les plus pauvres, mais au contraire ceux qui ont déjà un certain niveau de richesse». Autre élément de l’enquête en cours : les retours au pays seraient motivés par des «raisons familiales», telles que les décès, la polygamie, le divorce. Il y a aussi la féminisation de l’émigration, même si sur trois migrants on ne note qu’une seule femme. En outre, la destination de l’argent des émigrés a attiré la curiosité des enquêteurs, selon qui, le souci premier des expatriés est «l’immobilier».

Par ailleurs, lors des débats, les intervenants ont relevé des «failles» dans le travail présenté par les chercheurs. D’après le député Amadou Ciré Sall, «l’étude n’est pas complète parce que certaines questions n’ont pas été prises en compte, comme les migrations du Sénégal en Afrique». «Je me suis demandé pourquoi ils ont choisi Dakar, alors que les régions périphériques sont des régions d’émigration. On aurait pu fouiller dans ces régions pour permettre de comprendre le phénomène de l’émigration aujourd’hui, et surtout son utilité», poursuit M. Sall.
Le sociologue des migrations, Mamadou Dème, fustige, quant à lui, le fait de réduire l’ambition des expatriés au seul investissement dans l’immobilier. «Comme si avoir un toit était une raison essentielle d’émigrer, alors que le toit reste un élément de l’ensemble. Ce n’est pas une immigration de construction d’habitats, c’est ça qui n’apparaît pas dans leur travail. Ils ont cherché à voir en quoi l’influence de l’immigration, en matière d’apport financier, était susceptible d’apporter un impact important dans le processus d’habitat au Sénégal.»

L’équipe de Mafe a pris acte de ces critiques relevées ça et là. Peut-être qu’eIle en prendra compte pour la suite de leur enquête qui vise à produire des «données et des statistiques fiables sur les migrations entre le Sénégal et l’Europe». Elle rassemble l’Ong Enda Tiers-monde, des instituts de recherche au Sénégal et en Europe et des associations de ressortissants, tel le comité de Suivi du Symposium des Sénégalais de l’Extérieur. Le but étant de donner «un regard plus juste sur les migrations sénégalaises».
D’après Annelaure Wittmann, coordinatrice d’Enda Europe, ces études «doivent permettre aux politiques de mettre en lumière des aspects mal connus ou mal présentés, à la fois par les médias et par les politiques. Des migrations sénégalaises dont on présente essentiellement le côté migration clandestine». Et de préciser : «Nous voulons montrer le côté circulaire des migrations, c’est-à-dire les allers et les retours.
C’est important donc de produire des statistiques pour remettre les idées à leur place et qui permettent de dire qu’il n’y a pas que les pirogues. C’est donc un peu pour démêler tous ces amalgames qu’on a lancé le programme Mafe.» Selon Mme Wittmann, la particularité de cette enquête est «d’interroger principalement des ménages à Dakar (afin) de pouvoir faire une comparaison entre les ménages qui ont des migrants, les ménages qui n’en ont pas, les migrants de retour, les gens qui n’ont jamais migré, etc.».

correspondant, 29 janvier 2009
source

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source : BBC news


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* 40 clandestins sénégalais morts en mer. L'embarcation était partie de l'île de Diogué, en Casamance, au sud du Sénégal avec 90 personnes à son bord. Pour une raison encore inconnue, le bateau de fortune a échoué, samedi, à Yoff, au nord de Dakar, après une dizaine de jours en mer. 70 personnes ont pris la fuite avant l'arrivée de la police et 20 autres ont été hospitalisées dans différents centres de soins de la capitale sénégalaise. Le porte parole de la police sénégalaise a affirmé qu'une quarantaine de personnes étaient mortes en mer et avaient été jeté par-dessus bord de la pirogue. Le Sénégal est devenue en quelques années la base arrière de tous les migrants clandestins qui veulent tenter la douloureuse aventure vers l'Europe.

(source)


- lien : l'impact local des revenus migratoires dans le département de Louga (Sénégal) : approche géographique, par Papa Issa Ndiaye (2007)

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une villa d'émigré à Djelerlou Syll (Sénégal) - source

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12 février 2009

droit de suffrage électoral

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«Ça c'est pour l'ennemi du dehors, pour le dedans, voici
comme l'on combat loyalement les adversaires...»

L'urne et le fusil, gravure de M.L. Bosredon, avril 1848



évolution du droit de suffrage électoral

de 1790 à 1851


                                                                       hommes de + 21ans
                                              électeurs               (en millions)            en %

1790                          4 500 000               8,2            55        suffrage indirect

1792                          7 000 000               8,2            85        suffrage indirect

1795                          6 000 000               8               75        suffrage indirect

1800                          6 000 000               8,1            74        suffrage indirect

1815                            110 000                8                 1,4

1815 (15 mai)                66 500                8                 0,8

1825                             89 000                8,8               1

1830                           166 000                9,2               1,8

1845                           241 000              10,3               2,3

1848                        9 600 000              10,7             90

1850                        6 800 000              10,7             64        loi du 31 mai 1850

1851                        9 800 000              10,7             92


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5 mars 1848, décret du Gouvernement provisoire
sur les élections prévues pour le 9 avril
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)




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27 mars 2009

option théâtre

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pourquoi avoir choisi l'option théâtre ?

les réponses de Silya et Phoebé, de Première ES

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Silya, Première ES
Je fais du théâtre depuis que je suis en 6e. Au début c'était pour m'amuser. Aujourd'hui, c'est une passion. Quand je me suis inscrite, je n'ai pas pensé au Bac et aux points que peut me rapporter l'option. C'était la continuité. Le théâtre m'apporte tellement de choses : la culture, la confiance en moi.

Phoebé, Première ES
Je fais du théâtre depuis que je suis au collège. C'est une source incroyable de culture. On s'enrichit parce que l'on voit plein de pièces. Sur scène, on se défoule. Le théâtre m'a appris à gérer mon stress et c'est une aide super à la prononciation. Au théâtre, on est obligé d'articuler et de poser notre voix.

Le Progrès, 27 mars 2009

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Pourquoi le théâtre ?


Peter BrookPeter_Brook
- Peter Brook dans l’Espace vide : «Pourquoi le théâtre ? Dans quel but ? Le théâtre est-il un anachronisme, une survivance bizarre qui reste debout comme un vieux monument, une habitude surannée ? […] Le théâtre occupe-t-il une place réelle dans nos vies ?».

Théâtre vivant
- On peut faire du théâtre pour deux raisons : pour aider les gens à réfléchir sur la condition humaine ou pour les aider à oublier.
On peut penser que l’existence apporte un lot de souffrances tel qu’il est préférable de s’en délester un peu, le temps d’un spectacle par exemple, pour ressentir une légèreté que la vie quotidienne ne nous apporte guère. On peut aussi, à travers le théâtre, s’interroger sur le sens de la vie, sur la nature de l’homme et croire que le théâtre nous aide à être plus libre, à démêler ce qui nous angoisse, ce qui nous empêche d’avancer. Deux directions opposées, toutes deux utiles et sans doute complémentaires.

"Pourquoi on a créé Théâtre vivant ?" - source


Théâtre "Grains de sable"
Pourquoi faire du théâtre ?
Hé, oui : lire des textes jusqu'à trouver le coup de foudre, apprendre apprendre apprendre le texte jusqu'à en être hanté la nuit, dire mille fois la même phrase jusqu'à ce qu'elle sonne juste, être enfermé même si les sirènes du large nous appellent, recommencer encore et encore, convaincre... Malgré TOUT ÇA, nous persistons à faire du théâtre, mais pourquoi ?

Pour éprouver le pouvoir des mots, explorer les dits mais surtout les non-dits, donner sens aux silences, donner sa voix aux mots d'un autre ?
Pour se perdre dans un labyrinthe jusqu'à ce qu'une lueur apparaisse, suivre ce fil, se battre pour le restituer, le perdre aussi pour s'entêter à le retrouver ?
Bien sûr, mais aussi pour devenir autre, ce n'est que le théâtre qui nous donne cette possibilité de vivre une autre vie, d'être celui qu'on n'aurait pas aimé être ou d'atteindre un jardin secret profondément enfoui.  C'est aussi retrouver notre enfance, la douce ou cruelle époque de "moi, j'étais, toi tu fais... Mais non, c'est pas ça !". L'ivresse d'être peu à peu habité par un être de papier qui s'incarne, prêter notre chair, notre corps, retrouver l'utilité, la nécessité du mouvement pour exprimer ses émotions, libérer ses émotions dans un monde de plus en plus uniforme qui nous demande d'être lisse. Faire du théâtre pour mieux se connaître, se perdre dans ses propres profondeurs qui feront écho à celles du spectateur, se frotter aux aspérités, aux dangers d'être soi sous le masque du personnage, finalement sentir notre humanité. N'est-ce pas pour cela que le théâtre fascine ?

Mais le théâtre c'est aussi  la rencontre, rencontre d'imaginaires qui se croisent et se répondent : auteur, comédiens, metteur en scène, spectateurs. Chaque spectacle est unique, trouvera des résonances différentes chez chacun, langage à la fois universel et intime qui nous bouleverse. Quelle étrangeté, lorsque nous sommes sur la scène que de sentir la présence réactive de cette masse qui nous épie, qui attend, qui mêle son souffle au nôtre ; quelle terrible angoisse aussi !
Nous faisons aussi du théâtre pour résister à la routine de la difficulté  d'être totalement soi, aux divertissements qui ne cherchent qu'à endormir la conscience, à la facilité de ne pas se remettre en question.
Théâtralement vôtre !!!

source

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30 mai 2009

Serment du Jeu de Paume (J.-L. David)

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le Serment du Jeu de Paume

analyse du tableau de David (1791)

 

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Quatorze études pour le Serment du Jeu de Paume

Jacques-Louis DAVID (Paris 1748 - Bruxelles 1825)

Plume et encre noire, lavis gris, sur traits de crayon (excepté pour l’étude d’homme en haut à gauche, exécutée à la mine de plomb) sur papier crème, 0,490 x 0,600 m
Annotations au crayon de la main de David, en haut à gauche :
Martin d’Auch, au centre : ceux qui arrivent peuvent / encore avoir leurs chapeaux sur la tête / par distraction, à droite : arrivés donc arrivés donc. Le long du bord droit, essais de plume et de teintes de gris.
Mise au carreau partielle à l’extrême droite de la rangée médiane.
Pièce de papier irrégulièrement découpée collée en plein à droite du premier groupe, à gauche sur la rangée médiane.

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le Serment du Jeu de Paume

L'événement entré dans l'histoire sous le nom de "Serment du Jeu de Paume" a eu lieu le 20 juin 1789. Une année plus tard, en septembre 1790, le Club des Jacobins (Dubois-Crancé) a commandé au peintre Jacques-Louis David (1748-1825) un tableau célébrant cet épisode de la révolution. Il était destiné à être exposé dans l'Assemblée nationale. Sous forme de croquis et dessins, l'oeuvre fut exécutée entre septembre 1790 et septembre 1791.

L'idée centrale était de faire passer le message unitaire du Serment, réaffirmé par celui de la Fête de la Fédération (14 juillet 1790) : l'unité des patriotes, de la révolution. Or, en septembre-octobre 1791, cette unité est brisée et le tableau commémore donc une période finie de la révolution. Mais David voulut la proclamer à nouveau et maintenir l'idéal des Jacobins.
Par ailleurs, le tableau n'est pas une reconstitution exacte de la réalité. David y a introduit des absents.

M. Renard

 

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identification des personnages du tableau de David,

Le Serment du Jeu de Paume

 

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identification nominale de 35 personnages du tableau de David,
Le Serment du Jeu de paume (Michel Renard)

1 - Bailly, lit le serment, astronome (1736-1793)

2 - Target, a rédigé le serment, avocat (1733-1806)

3 - Siyès, abbé, grand vicaire de l'évêque de Chartres (1748-1836)

4 - Pétion (1756-1794)

5 - Robespierre (1756-1794)

6 - Merlin de Douai (1754-1838), s'appuie sur l'épaule de Pétion

7 - Dubois-Crancé

8 - le Père Gérard (Michel Gérard, dit), vêtu comme un paysan breton et les mains jointes (1735-1815)

9 - Mirabeau (1749-1791)

10 - Barnave, député du Dauphiné (1761-1793)

11 - Martin d'Auch, député de Catelnaudary, le seul qui ne prête pas serment (1741-1801)

12 - Dom Gerle, bénédictin, prieur de la Chartreuse du Port Sainte-Marie, jacobin (1736-1801) ; mais il était absent

13 - l'Abbé Grégoire, curé d'Embermesnil, député de Nancy (1750-1831)

14 - Rabaut Saint-Étienne, pasteur protestant, député de Nîmes (1743-1793)

15 - Barère, député de Tarbes (1755-1841)

16 - Reubell, député de Colmar (1747-1807)

17 - Thibault, curé de Saint-Clair de Souppes, élu du clergé à Nemours (1747-1813)

18 - Le Chapelier, député de Rennes, l'un des fondateurs du "Club breton" (1754-1794)

19 - Le Goarze de Kervelegan, élu de Quimper (1748-1825)

20 - Lanjuinais, député de Rennes (1755-1827)

21 - Delaville-Leroux, élu de Lorient (1747-1803)

22 - Gleizen, élu de Rennes (1737-1801)

23 - Marat, écrivant L'Ami du Peuple (1743-1793) ; mais Marat n'était pas député et son journal ne parut qu'en septembre

24 - Maupetit, élu de Tours, présenté comme malade, allégorie de la vieillesse (1742-1831)

25 - un des deux sans-culottes, présents dans la salle ; celui-ci porte un bonnet phrygien ; il soutient Maupetit

26 - Muguet de Nanthou, député de Vesoul (1760-1808)

27 - Prieur de la Marne, élu de Châlons-sur-Marne, ami de David (1756-1827)

28 - Camus, élu de Paris, cherche à faire voter Martin d'Auch (1740-1804)

29 - Guilhermy, l'autre député de Castelnaudary, dissuade Camus de forcer le vote de Martin d'Auch (1761-1829)

30 - Jallet, Jacques, curé de Chérigné en Poitou (1732-1791)

31 - Lecèsve, René, curé de Sainte-Triaise de Poitiers (1733-1791)

32 - Ballard, David-Pierre, curé de Poiré-sur-Velluire (1728-1798)

33 - Malouet, député de Riom (1740-1814), fixe dans les yeux le député de Saint-Domingue, Gouy d'Arsy (1753-1794)

34 - Laborde de Méréville, riche financier, député du tiers à Étampes (1761-1802)

35 - Dupont de Nemours (1739-1817)

36 - le docteur Guillotin (1738-1814)

37 - Mounier, député du Dauphiné (1758-1806)

 

repérer Marat

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l'angle en haut à droite du tableau de David


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quelques identifications

 

quelques gros plans

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l'union des religieux

 

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Martin d'Auch

 

liens

- voir la belle animation avec identification de plusieurs prestataires du Serment : http://www.histoire-image.org/media/media.php?i=518

- le Serment du Jeu de paume, une oeuvre éminemment maçonnique

 

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analyse des images

La scène prend place dans la salle du Jeu de paume dont David dessina l’architecture in situ. Dans la composition d’ensemble connue par le grand et magnifique dessin de Versailles exposé au Salon de 1791, les députés sont regroupés au delà d’une ligne fictive comme sur la scène d’un théâtre, laissant ainsi au public l’illusion d’appartenir à l’autre moitié (invisible) des spectateurs de la scène.

Cette théâtralité est encore relevée par la gestuelle des députés prêtant serment. Sur la toile inachevée, la nudité suggérée sous les vêtements concourt encore à l’idéalisation de la scène à laquelle David n’assista pas, mais qu’il souhaita hisser au rang d’acte universel. Tous les regards convergent vers Bailly, maire de Paris, ébauché sur la toile au crayon blanc, comme l’ensemble des figures encore nues. C’est Bailly, doyen du tiers état, qui répond au marquis de Dreux-Brézé, émissaire du roi : «Je crois que la nation assemblée ne peut pas recevoir d’ordres.»

Sur ces dessins à l’anatomie parfaite, héroïque, sont esquissés les habits à la peinture grise, puis les corps sont à nouveau, toujours nus, remodelés à la peinture grise ombrée de bistre. Le grand fragment de la toile inachevée de David présente quatre portraits presque finis : Barnave, Michel Gérard, Dubois-Crancé et Mirabeau. Parmi les personnages ébauchés on distingue Robespierre, Dom Gerle, l’abbé Grégoire, Rabaut-Saint-Etienne, le docteur Guillotin et Treilhard.

Quant au grand dessin d’ensemble, même si plusieurs personnages, dont Bailly, y sont déjà reconnaissables, le livret du Salon de 1791 précisait curieusement que «l’Auteur n’a pas eu l’intention de donner la ressemblance aux membres de l’Assemblée». David n’en avait pas moins commencé à peindre quelques têtes

Robert Fohr et Pascal Torrès
source


Interprétation

David souhaite ici fonder une nouvelle peinture à l’image de la nouvelle France révolutionnaire : toile symbole s’il en est, Le Serment du Jeu de paume aurait dû rivaliser avec L’École d’Athènes d’un Raphaël tant par l’ampleur de la composition que par le souffle qui l’anime, par son théâtral dépouillement, sa pureté inspirée de l’antique, que par l’ordre et la clarté qui président à la distribution des personnages et à la rigueur de l’action. La notion même de serment, symbole de l’engagement de la nation dans son unité indestructible, sera au cœur de tous les grands engagements de la Révolution.

C’est l’idée de la fête unificatrice (comme celle de la Fédération) qui préside donc à l’exécution de ce chef-d’œuvre dont la destination, voulue par la Constituante, était la salle des séances de l’Assemblée. Le destin du Serment du Jeu de paume est à l’image de la mouvance révolutionnaire : la souscription lancée par les jacobins pour financer sa réalisation n’aboutit point.

La Constituante décida de financer l’œuvre de David aux frais du «Trésor Public», mais l’engagement progressif de l’artiste dans la Révolution et le fossé qui se creusa entre les modérés et les extrémistes rendirent caduque cette divinisation de l’unité nationale, et la toile ne fut jamais achevée. Elle reçut même, selon le témoignage de Vivant Denon, de nombreux coups de baïonnette lors de l’insurrection du 10 août 1792, alors qu’elle était entreposée dans la Grande Galerie du Louvre.

 

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La salle du Jeu de paume, à Versailles, le 20 juin 1789. 
Bailly, debout sur la table,
prête serment le premier.
Dessin de Prieur (Musée du Louvre).
 

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Sylvain Bailly (1736-1793), astronome, maire de Paris,
tenant le texte du Serment du Jeu de Paume
,
Jacques-Louis David (1748-1825) (d'après)

 

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texte du serment du 20 juin 1789

«L’Assemblée nationale, considérant qu’appelée à fixer la Constitution du royaume, opérer la régénération de l’ordre public et maintenir les vrais principes de la monarchie, rien ne peut empêcher qu’Elle ne continue ses délibérations dans quelque lieu qu’Elle soit forcée de s’établir, et qu’enfin, partout où ses membres sont réunis, là est l’Assemblée nationale ; Arrête que tous les membres de cette Assemblée prêteront à l’instant serment solennel de ne jamais se séparer et de se rassembler partout où les circonstances l’exigeront, jusqu’à ce que la Constitution du royaume soit établie et affermie sur des fondements solides, et que, ledit serment étant prêté, tous les membres et chacun d’eux en particulier confirmeront par leur signature cette résolution inébranlable.»

* Qui a rédigé le texte du Serment du Jeu de Paume ?

Traditionnellement, on avance le nom de Target, député de Paris. Mais on trouve aussi Jean-Baptiste-Pierre Bevière (1723-1807). Ou encore Mounier, le député du Dauphine qui avait organisé l'Assemblée de Vizille le 21 juillet 1788, dont on dit qu'il fut l'inspirateur de l'idée du serment. On lit parfois qu'il est la co-rédaction de Target, Bevière et Sieyès...

 

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la salle du Jeu de Paume (source)

 

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27 juin 2009

bac 2009 : Histoire-Géographie 2009

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l'histoire et la géographie

au Bac 2009



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la façade atlantique des États-Unis

 

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source

1) la façade atlantique des Etats-Unis

Introduction : La façade atlantique des Etats-Unis s’étire du Maine au Nord, au Golfe du Mexique, au Sud (voir carte). Elle comprend les Grands Lacs et est composée de deux ensembles parallèles ; le littoral fortement urbanisé, et l’arrière pays, où les villes sont les relais de celles du littoral.

Comment caractériser cette façade maritime ? Est-elle l’une des grandes façades du monde ?

Nous verrons dans un premier temps quels sont les atouts du développement de cette façade. Puis, nous nous interrogerons sur le poids de cette façade. Enfin, nous nous concentrerons sur un des éléments moteurs de cette façade, la Megalopolis.

A - Une façade ouverte sur l’Europe, riche en ressources

La façade atlantique est davantage ouverte sur l’océan et donc l’Europe que sur l’arrière pays. En effet, au Nord, les Appalaches forment une barrière rocheuse ; au Sud, le Mississipi et son delta forment des obstacles difficiles à franchir.

Historiquement, c’est à partir de cette façade maritime que les Européens, à partir de la fin du XVe siècle, ont exploré et conquis l’espace américain.

Cette façade possède d’importantes ressources naturelles.

Faune : Les côtes sont riches : au Nord, baleine et morue autrefois, homard aujourd’hui. Au Sud, la pollution des estuaires est un handicap à la pêche.

Hydrocarbures : au Sud de la façade maritime, le golfe du Mexique est l’une des régions majeures productrices d’hydrocarbures notamment avec l’exploitation des gisements off-shore (25% de la production nationale)/


B-  Une interface entre les États-Unis et le monde

On distingue quatre ensembles :

- Les grandes portes océaniques ouvertes sur l’Océan atlantique et sur le monde ; elles sont constituées de ports importants bien reliés à l’arrière pays par les voies de communication terrestres ou aériennes : Megalopolis, Chicago, Nouvelle Orléans, Houston, Miami.

- Les littoraux spécialisés : tourisme en Floride, hydrocarbures au Texas.

- Les espaces transfrontaliers que le libre échange dans le cadre de l’ALENA renforce : le long du Rio Grande (Mexique), la région des Grands Lacs (Canada) que l’on appelle «Main Street America» ou la «grande rue de l’Amérique» qui s’étire de Chicago à Québec.

- L’arrière pays qui s’organise autour de métropoles-relais : Atlanta pour le Sud-Est, Dallas pour le Sud-Ouest.

source : université de Provence

 

2) la façade atlantique de l'Amérique du nord : beaucoup d'informations et de croquis

1 - Qu'est-ce qu'une façade littorale ? (Yves Guiet)

2 - Francis Monthé  a réalisé plusieurs croquis :
                un premier d'après le croquis de M Dorel

                un second, sur organisation et dynamiques spatiales
 (2 versions, une version allégée au fomat gif , une originale en pdf - 1,4 Mo -)

3 - Le travail de Pierrick Gaucher : Le croquis - La légende    - Légende, autre version

4 - Olivier Quéruel, prof au lycée de Vire, a conçu un modèle graphique sur cet espace

5 - Une animation conçue par Jacques Muniga :
     http://perso.wanadoo.fr/croquis.geo.sdlv/Croquis/Amerique_du_Nord_SDLV.htm
-
           (en copie d'écran, le croquis proposé et sa légende )

6 - Sur le site d'Anne Philippon, Joelle Salazar propose un croquis et sa légende

7 - La carte de  Lise-Marie Couronne
     (Manuel Hatier, p 135, dir Annette Ciattoni, coord Gérard Rigou)
          reproduite avec l'aimable autorisation des éditions Hatier.

8 - 2 propositions de Vincent Capdepuy

- Deux autres propositions sur le site des historiens & Géographes de Versailles
                         (avec leur accord) :
   . Le croquis d'Anne-Marie Destefanis
           (également à partir du croquis de G Dorel)

   . Deux réalisations de Claude Robinot (Lycée GSH, Etampes) :
           le schéma      -   le croquis de synthèse

Ces mêmes réalisations, sur le site de Versailles

- Ces croquis sont à comparer avec un exemple de la géographie régionale enseignée en 1965,
le croquis sur le Sud-Est des EU (Nathan p 181)

source : Daniel Letouzey

 

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notes et croquis divers

1) l'organisation spatiale de la façade atlantique

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source



2) la façade atlantique de l'Amérique du nord

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source

http://lewebpedagogique.com/geographie/pour-faire-le-point-sur-les-etats-unis/


3) la façade atlantique des États-Unis

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source

 

4) L'organisation spatiale de la façade atlantique de l'Amérique du nord

Les mots clés et sigles à connaître impérativement

Arrière pays  - cabotage - Cartier - Cortès - conurbation -façade littorale - fall line - fond d'estuaire - frontière - gentrification - Hinterland - hurricane - interface - Ligne Mason-Dixon - "Main street"- Maquiladoras - Mégalopolis - mexamerique - mégalopole - MIT - piers - pont transcontinental - poultry Belt - produits pondéreux - Range - Rust belt - Seaway - synapse Snowbirds - technopole - "Twin-city" -
"ville-mondiale" -

Une façade est un espace littoral, interface entre un arrière-pays continental et un avant pays océanique, auxquels il est relié par des réseaux de communication denses et variés. C'est àl a fois un espace d'échanges et de production dont les activités ont pu entraîner un phénomène de littoralisation (concentration démographique, portuaire et urbaine.)

La façade atlantique s'étend du Saint Laurent au golfe du Mexique inclus et associe les trois pays de l'ALENA.

En quoi peut-on dire que la façade atlantique est une aire de puissance ?

source : blog de Carl, lycée Dessaignes de Blois



5) carte façade atlantique

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source : hg-le-perroquet

 

 

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correction

Pistes de correction du bac Histoire-Géographie 2009 (majeure géographie série S)

Proposées par Louis Brun, professeur d'histoire-géographie au  lycée Jacob Holtzer de Firminy
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24 octobre 2007

Histoire du lycée Claude Lebois et anciens élèves

26 juillet 2009

corrigés de la série L, Bac 2008

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Les candidats planchent  sur l'épreuve de philosophie du baccalauréat
le 16 juin 2008 au lycée Chaptal à Paris



Bac de philo :

retrouvez les corrigés de la série L

EDUCATION - 20minutes.fr a demandé à deux professeurs de philosophie leurs premières pistes à l'issue de l'épreuve...

L'épreuve de philosophie du bac général s'est achevée ce lundi à midi en France métropolitaine. Caroline Bline avait donné ses conseils pour réussir l'examen le jour J. 20minutes.fr lui a demandé ses premières pistes concernant les sujets de la série L, ainsi qu'à François L'Yvonnet, également professeur de philo.

Pour la série L :

Les deux professeurs estiment que les candidats de cette série ont été confrontés à des sujets difficiles et techniques. «Ils supposaient une connaissance étroite du cours, ce qui n'est pas forcément le plus intéressant», estime François L'Yvonnet.


- «La perception peut-elle s'éduquer?»

«La perception était une notion du programme. C'est Le concept du sujet à développer. Il faut d'emblée distinguer la perception au sens de «sensation» physique, qui renvoie aux cinq sens, de la perception comme phénomène intellectuel et rapport au réel.

Carole Bline suggère trois parties :

I - Non, la perception ne s'éduque pas car elle est spontanée et du domaine des sens. C'est un rapport immédiat au monde. Le candidat peut faire référence à Platon et à l'allégorie de la caverne.

II - Si l'on prend la perception dans sa seconde acceptation, c'est-à-dire un phénomène intellectuel, elle peut bien sûr s'éduquer et être améliorée. Il faut d'ailleurs se méfier de la perception au sens de sensation car elle est trompeuse. Le candidat peut de nouveau faire référence à Platon, qui privilégiait à cet égard la raison, ainsi qu'à Descartes.

III - La perception est toutefois un accès au réel plus riche que la raison et c'est en cela qu'elle peut et doit être éduquée. L'art en est le meilleur exemple. «L'artiste voit et donne à voir», rappelle François L'Yvonnet. Le candidat peut faire référence à Nietzsche dans cette troisième partie, précise Carole Bline.


- «Une connaissance scientifique du vivant est-elle possible?»

«Ce sujet est très bateau, il suffisait de bien maîtriser le cours», observe Carole Bline. Il fallait, souligne-t-elle, bien rappeler ce qu'est le vivant dans l'introduction (de la plante à l'homme en passant par l'animal). «C'est l'enjeu même de la biologie, qui est une science assez tardive car on a longtemps étudié “la vie” et non le “vivant”», ajoute François L'Yvonnet.

Là aussi, trois parties étaient possibles, selon Carole Bline :

I - «Oui, dans la mesure où la science permet d'étudier les mécanismes du vivant. Elle a même permis de sortir de la thèse du vitalisme, défendue depuis Aristote jusqu'au XVIIe siècle. Suggérant qu'une force vitale distingue l'inerte du vivant, elle a alimenté la conception religieuse et métaphysique du vivant.

II - Toutefois, le «vivant» ne peut être limité à une matière entièrement maîtrisable par la science. Kant distinguait ainsi le vivant d'un objet en prenant l'exemple du mécanisme d'une montre: malgré son ingéniosité, elle ne peut ni se réparer toute seule ni se reproduire. Le vivant est donc caractérisé par le projet vital qui l'anime. «Le candidat pouvait se servir de son cours sur l'esprit et la matière», souligne Carole Bline.

III - «Cette partie pouvait être consacrée à l'aspect moral de la question», explique cette dernière. Une approche exclusivement scientifique du vivant est dangereuse dans la mesure où celui-ci ne peut pas être considéré uniquement comme un objet d'étude. Exemple : les expérimentations sur les animaux. La souffrance de ces derniers est réelle, contrairement à qu'affirmait Descartes.

- Expliquer un extrait des «Cahiers pour une morale» de Sartre.

«Ce texte jonglait avec les concepts de contingence et de hasard, explique François L'Yvonnet. Le premier fait référence au libre-arbitre cartésien, où le sujet s'autodétermine, le second au déterminisme radical, où le sujet n'a pas le choix. C'est de la rencontre entre les deux que naît la liberté “en situation”. Exemple: la scène du meurtre dans L'Étranger de Camus. Face à une situation donnée, hasardeuse (un homme a le soleil dans les yeux), le sujet agit d'une certaine façon (il tire sur l'individu qui est en face de lui). Il signifie le monde par son action, lui confère du sens», conclut François L'Yvonnet.

Recueilli par Catherine Fournier
16 juin 2008, 20minutes.fr

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9 décembre 2007

Robert Desnos : «Demain… »

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Robert Desnos : «Demain… »


Robert Desnos naît le 4 juillet 1900, à Paris. Entre 1918 et 1920, il découvre le mouvement Dada et est présenté à André Breton. Il commence à publier et se lance dans toutes sortes d'expérimentation sur le langage. En 1922-1923, il devient un membre actif du groupe surréaliste. Il travaille comme journaliste d'abord à Paris-Soir (1925-1926), puis à Le Soir (1926-1929), à Paris-Matinal (1927-1928) et au « Merle ». Passionné de cinéma, il publie des chroniques cinématographiques dans divers journaux.

En 1927, lorsque le groupe surréaliste se rapproche du Parti Communiste, Desnos s'éloigne et rompt en 1929. Ses amours se partagent entre Yvonne George, chanteuse de music-hall des années 20 et Youki Foujita avec laquelle il vit à partir de la fin des années 20. En 1934, il adhère au Comité de vigilance des Intellectuels antifascistes et à l'Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.E.A.R.). Il abandonne son pacifisme pour l'action antinazie. Il part se battre dans l'armée française en 1939-40 : «J'ai décidé de retirer de la guerre tout le bonheur qu'elle peut me donner : la preuve de la santé, de la jeunesse et l'inestimable satisfaction d'emmerder Hitler» (Lettre du 20 janvier 1940 à Youki.

Il continue d'être journaliste (à Aujoud'hui) sous l'occupation et ce travail lui permet de couvrir ses fonctions dans le réseau de résistance AGIR auquel il appartient à partir de juillet 1942 : son rôle consiste d'un part à fournir des informations à la presse clandestine et d'autre part à rédiger et fabriquer des pièces pouvant aider des membres du réseau et des Juifs. En même temps, il participe à diverses publications clandestines.

Robert Desnos est arrêté un matin, le 22 février 1944 par la Gestapo. Il est d'abord emprisonné à Fresnes, puis interné dans le camp de Compiègne du 20 mars au 27 avril 1944. Il fait partie d'un convoi de 1 700 hommes qui arrive à Auschwitz le 30 avril 1944. Il est ensuite déporté vers le camp de Buchenwald (12 au 14 mai 1944), puis sera déplacé vers Flossenbürg le 25 mai, puis vers le kommando de Flöha, en Saxe (usine Messerschmitt). Le 14 avril 1945 sous la pression des armées alliées, le kommando de Flöha est évacué. Le 15 avril, 57 d'entre eux sont fusillés. Vers la fin du mois d'avril la colonne est scindée en deux groupes : les plus épuisées - dont Desnos - sont acheminés jusqu'à Térézin (Theresienstadt), en Tchécoslovaquie. Il y meurt du typhus le 8 juin 1945.


Âgé de cent-mille ans, j'aurais encore la force

De t'attendre, o demain pressenti par l'espoir.

Le temps, vieillard souffrant de multiples entorses,

Peut gémir : neuf est le matin, neuf est le soir.

Mais depuis trop de mois nous vivons à la veille,

Nous veillons, nous gardons la lumière et le feu,

Nous parlons à voix basse et nous tendons l'oreille

À maint bruit vite éteint et perdu comme au jeu.

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore

De la splendeur du jour et de tous ses présents.

Si nous ne dormons pas c'est pour guetter l'aurore

Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.

                                                                                   État de veille, 1942


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29 août 2009

classes de M. Renard : 2009-2010

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ancien hospice de la Vieille Charité à Marseille ; aujourd'hui musée et université :
cette dédicace me convient parfaitement



pages des classes de M. Renard :

2009-2010


- 2e 2

- 2° 5

- 1e STG

- 1e S2

- 1 ES


vue_fen_tre__2_
la mer à Marseille, vue de la Corniche ; au fond les îles du Frioul avec
le château d'If
évoqué par Alexandre Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo


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6 avril 2011

Arte : documentaire sur le génocide des arméniens

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génocide Arménien par les Turcs

 


La chaine Arte va diffuser un documentaire sur le génocide des arméniens, mercredi 20 avril à 20 h 40.

En arménien, le mot Aghet signifie catastrophe. Cette catastrophe, c’est celle du massacre d’un million et demi d’Arméniens entre 1915 et 1918, dans l’empire ottoman. Mais la Turquie d’aujourd’hui refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans ce que les historiens sont presque unanimes à qualifier de génocide. Le président turc Erdogan déclare avoir encore besoin de preuves.

Et même si l'on commence, timidement, à oser aborder publiquement le sujet dans le pays, ceux qui s’opposent à la version officielle risquent gros. Après l'assassinat, début 2007, du journaliste turc arménien Hrant Dink, c'est le Prix Nobel de littérature Orhan Pahmuk qui a été traîné en justice.

Le documentariste Eric Friedler enquête depuis plusieurs années sur les motifs politiques qui poussent encore des gouvernements et des individus à nier ce génocide. Il a beaucoup voyagé pour interviewer des intellectuels turcs, l’ancien ministre arménien des Affaires étrangères Raffi Hovannisian, le député français Patrick Devedjian, le boxeur Arthur Abraham et d’autres représentants de la diaspora arménienne en Allemagne, en France, en Syrie et aux États-Unis.

Il a également épluché les archives diplomatiques allemandes et américaines. Les différentes sources consultées lui permettent de faire la chronique impitoyable du drame arménien et d’en suivre la chronologie. Pour donner corps à son film, il insère les témoignages vécus de médecins, d’enseignants, de missionnaires, de correspondants de presse et d’infirmières qui se trouvaient en Turquie à l’époque. Leur voix retentit grâce à quelques uns des meilleurs acteurs allemands actuels comme Hanns Zischler, Martina Gedeck et Burghart Klaussner.

correspondant



http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Aghet--1915-le-genocide-armenien/3813028,CmC=3818692.html

- dossier Arménie sur ce blog

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30 avril 2011

le Louvre et l'ignorance des "anti-illuminati"

Pyramide_Louvre 

 

Réponse à la vidéo

"Illuminati et le Louvre"

Michel Renard

 

Url :
http://www.youtube.com/watch?v=rPUmNrme85M&playnext=1&list=PL2878AC4B1FDBEFCB

- l'utilisateur a supprimé la vidéo à cette adresse... mais j'en avais retranscrit tout le texte. Et on la retrouve à cette nouvelle adresse :
http://www.youtube.com/watch?v=Za7W8jT_K2Q

Finalement, un élève de Seconde (sept. 2014) m'informe qu'il a retrouvé cette vidéo à l'adresse suivante :

https://www.youtube.com/watch?v=KeQoIqFwx2s&list=PLX7Wt7Utj6WWTNN-tk3hM6FG5B5OG2JdX&index=1vre

* les photos des sculptures extérieures du Louvre ne sont pas de moi. Elles proviennent du site : http://louvre.sculpturederue.fr/

 

1 - Une vidéo délirante sur les sculptures du Louvre

J'ai découvert cette vidéo avec amusement et effarement tout à la fois. Amusement devant l'ignorance du commentateur et son obsession d'une symbolique franc-maçonne en réalité absente de ce qu'il décrit. Effarement devant l'attrait que peut représenter cette indigence sous-culturelle pour des esprits non informés et a-critiques.

Le commentateur n'est pas haineux, il manifeste une espèce de naïveté sympathique. Mais son propos est frappé d'une inconsistance qui rend son "analyse" mystificatrice.

J'entreprends, ci-dessous, d'en démontrer l'inanité interprétative et de rétablir la signification historique de ces œuvres.

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vidéo - 0 mn 02 : "Aujourd'hui, nous allons étudier les Illuminati et la franc-maçonnerie, à l'intérieur même du musée du Louvre."

réponse – "Étudier"… quelle prétention…! Il aurait fallu commencer par définir ce que sont ces Illuminati et ce qu'est la franc-maçonnerie, et quel rapport ils pourraient éventuellement entretenir avec cet ancien palais royal qu'est le Louvre devenu musée. Non, rien de cela. Quelques photos avec des commentaires totalement infondés. Le tout, inscrit dans le délire anti-illuminati et anti-complot qui s'est emparé des esprits simples à travers la foire des vidéos postées sur Youtube.

Les théories du complot font des ravages sur internet. Elles ont pour avantage de paraître délivrer une "vérité" cachée au plus grand nombre. Celui qui accède à cette "vérité" se met à "croire" que l'ordre du monde, depuis des siècles, n'est que la mise en œuvre du programme de sociétés secrètes à la volonté toute-puissante. En ce moment, ces réseaux occultes seraient dominés par les Illuminati, nouveaux "Maîtres du monde" prônant le satanisme, le sionisme et le Nouvel ordre mondial.

Évidemment, on trouve toujours des bribes de déclarations, des formules, des signes, des rencontres privées, des initiatives tendant à "prouver" la réalité de ce complot permanent. On voit les Illuminati partout. Mais tout cela est sur-interprété et porté par une paranoïa puissante.

 

Les Illuminés de Bavière (1776-1784)

En réalité, les Illuminés de Bavière (Illuminaten, en allemand, et non "illuminati") ont été créés par Adam Weishaupt, un professeur de droit, en 1776 pour combattre l'intolérance religieuse et répandre les idées des Lumières.

Ils étaient égalitaristes, républicains, hostiles à l'Église et à la monarchie. Devant son peu de succès, Adam Weishaupt tenta de donner une forme maçonnique (avec initiation) à sa confrérie. Et parvint à infiltrer la franc-maçonnerie en Autriche, en Bohème et en Hongrie.

Les Illuminaten furent interdits en 1784 par le prince Charles Théodore, électeur de Bavière qui émit un édit ordonnant la dissolution de toute société secrète. Le dernier dirigeant de la société des Illuminaten, Christian Bode, se rendit en France en 1787 et rencontra une haute personnalité de la franc-maçonnerie française. Mais de là à démontrer que l'Illuminisme bavarois fut "exporté" et qu'il prit le contrôle en France, il y a toute la marge qui sépare le délire du fait historique avéré.

De toute façon, on ne voit pas le rapport avec le Louvre, édifice construit et décoré pendant plusieurs siècles par la monarchie française puis par différents pouvoirs jusqu'au Second Empire.

 

2 - La Navigation et la Mécanique

vidéo - 0 mn 23 : "Là, voilà deux personnages qui portent des symboles francs-maçons. C'est quand même relativement incontestable, qui indique bien que la franc-maçonnerie donne des signes. Nous avons le compas sur la main droite et un signe franc-maçon sur la main gauche. Ensuite, nous avons l'étoile au centre. Là, à nouveau sur le pied, le compas, on le reconnaît très très bien, et là l'ancre. Tout ça, ce sont des symboles francs-maçons."

PavillonColbert_PolletNavigationMecanique

 

réponse – Cette composition n'a rien de franc-maçonne. Il s'agit de "La Navigation commerciale et la Mécanique" réalisée par Joseph Michel Ange Pollet (1814-1870) en 1857. Elle est à gauche de la porte du pavillon Colbert entourant un oeil de boeuf du rez-de-chaussée, alors qu'à droite, on trouve deux autres allégories, "La Télégraphie et l’Imprimerie".

Le compas est l'instrument de mesure des navigateurs (pour calculer et reporter des distances sur des cartes) comme des architectes ou des "mécaniciens". C'est un symbole du savoir sur le monde matériel.

La main, à gauche, ne fait que reproduire l'image du compas. L'étoile à cinq branches (pentagramme) est un symbole très ancien à multiples significations, et notamment la manifestation de la lumière. Il n'a rien de spécifiquement franc-maçon. Il évoque aussi le monde terrestre par rapport au macrocosme qui nous dépasse. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'une étoile, repère des marins, figure dans une allusion à la Navigation.

Quant aux roues dentées et à l'engrenage, il s'agit d'un mécanisme connu dès l'Antiquité à l'époque d'Héron d'Alexandrie (Ier siècle de notre ère). Et les premières représentations d'ancre marine datent du VIe siècle av. notre ère, celles avec élargissement des bras en pattes apparurent au Ier siècle de notre ère. Il n'y a pas de compas sur cette évocation mécanique.

Par contre, une équerre est tenue dans la main gauche du personnage de droite – ce que n'a pas relevé notre commentateur vidéo. L'origine de cet instrument est disputée ; Théodore de Samos au VIe s. av. (le constructeur du temple d'Artémis à Éphèse), ou Dédale, personnage mythologique et célèbre architecte du labyrinthe où fut enfermé le Minautore. Autre instrument de mesure célèbre, l'équerre est aussi un puissant symbole de savoir.
Il n'y a donc rien "d'incontestablement" franc-maçon ici.

PavillonColbert_PolletTelegrapheImprimerie
le Télégraphe et l'Imprimerie,
autres statues du pavillon Colbert

 

3 - Saint Bernard

vidéo - 0 mn 51 : "Là, nous avons un saint qui est porteur de lumière. Saint Bernard, eh oui. C'est relativement symbolique".

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réponse – Mais où va-t-il chercher que Saint Bernard est "porteur de lumière"…? Où…? C'est tout simplement saugrenu. Cette sculpture de François Jouffroy (1806-1882) date de 1857. Elle représente l'ecclésiastique Bernard de Clairvaux, moine cistercien (1090-1153) très influent dans les débats et les conflits de l'Église à l'époque. Il est surtout connu pour son prêche en faveur de la deuxième Croisade après la chute du comté chrétien d'Édesse en "Terre Sainte" (1144). Sa harangue prononcée le 31 mars 1146 à Vézelay entraîna les chevaliers à la Croisade. On le voit ici appeler son auditoire à se croiser. Il n'est pas question de "porteur de lumière"…!

 

4 - Un ange avec un sexe ?

vidéo - 1 mn 06 : "Nous avons un ange avec un sexe".

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réponse – Ce n'est pas un ange mais un génie. Tout simplement. Il y a en a des dizaines sur les couronnements de nombreuses ailes ou pavillons du Louvre. Celui-ci figure sur le couronnement de l’aile Colbert, à côté d'autres personnifiant la Paix, le Printemps, la Pêche…

Ce prétendu ange n'est qu'une allégorie de "l’Art romain" due à Ferdinand Taluet (1820-1904) et datant de 1857. Une "République française", conçue par le même auteur, en 1848, est visible au musée d'Angers ; c'était une figure de femme déjà vêtue à la romaine. Le modèle antique est l'une des règles de l'académisme au XIXe siècle.

Cet "art romain" est pourvu de plusieurs attributs, notamment :

- l'aigle, oiseau du dieu grec Zeus puis du romain Jupiter, fréquemment utilisé par d'autres peuples ; il est l'enseigne des légions romaines mais aussi, plus tard, de Napoléon 1er ;

- le glaive et la couronne de lauriers, symboles des succès militaires de Rome ;

- les baguettes ou faisceau des licteurs représentant la puissance de juger ;

- le rouleau tenu dans la main droite évoquant l'activité législatrice romaine.

Un génie n'est pas un ange. Qu'il soit montré comme un enfant sexué n'a rien d'étrange.

 

5 – Porteur de lumière. Symbolique de quoi ?

vidéo – 1 mn 11 : "Nous avons à nouveau un personnage porteur de lumière… très symbolique".

PavillonColbert_RobertScience

réponse – Symbolique de quoi ? J'aimerais le savoir…! En réalité, cette sculpture monumentale, appelée en architecture une "console d'amortissement", représente "La Science". Son auteur Louis Elias Robert (1821-1874) l'a réalisée en 1857. Les historiens spécialistes de la statuaire publique au XIXe siècle ont montré que c'étaient surtout les hommes de science et d'industrie qui, sous le Second Empire, avaient l'honneur de statues publiques.

Ici, c'est la science en tant que telle qui est personnifiée. Son symbole tient dans le flambeau exprimant la lumière de la raison et du génie. Dans de nombreuses traditions, la flamme symbolise la purification, l'esprit et le savoir. Que les écrivains, savants et philosophes du XVIIIe siècle affrontant l'obscurantisme pour faire triompher la connaissance rationnelle aient été qualifiés de "Lumières" s'inscrit dans ce symbolisme. Voltaire le dit clairement en désignant les concepteurs de l'Encyclopédie comme : "une société de savants remplis d'esprit et de lumières" (1751).

Que les francs-maçons revendiquent aussi la lumière ne saurait faire confusion. Ce sont moins les savoirs rationnels qui, sans être méprisés, sont recherchés, mais plutôt une lumière spirituelle. À la clôture des travaux d'une loge, le Vénérable dit : "Mes Frères, quand pour perfectionner votre travail vous chercherez la lumière qui vous est nécessaire, souvenez-vous qu'elle se tient à l'orient, et que c'est là seulement que vous pouvez la trouver." (Dictionnaire thématique illustré de la Franc-Maçonnerie, Jean Lhomme, Édouard Maisondieu, Jacob Tomaso, éd. Du Rocher, 1993, p. 404).

On ne peut donc assimiler toute référence à la lumière au symbolisme maçonnique.

 

6 - Encore du n'importe quoi…!

vidéo – 1 mn 18 : "Là, nous avons un flambeau avec des serpents autour, et au-dessus de ce flambeau – c'est très symbolique, un soleil ; donc le porteur de lumière. Le soleil peut… chacun peut interpréter ce qu'il veut ; ça peut être le roi-Soleil ou il peut représenter aussi Horus ; c'est fort possible puisque tout au long de notre ballade, il y a pas mal de symboles d'Horus. Et de chaque côté de ce flambeau, il y a des anges… est-ce [sic] des anges ou est-ce [re-sic] des démons ? Tout est possible".

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réponse – Encore du n'importe quoi…! Ici, le couronnement de la lucarne du pavillon Colbert représente "la Terre et l’Eau", œuvre de Nicolas Victor Vilain (1818-1899) réalisée en 1857.

D'abord, il n'y a pas de flambeau, mais un caducée, c'est-à-dire un bâton ou une baguette entourée de deux serpents dont les têtes se font face et surmonté de deux ailes déployées (symbole du dieu Hermès/Mercure).
La scène est une évocation des quatre éléments de la nature :

- à gauche, une allégorie de l'Eau avec quelques rangs de vagues à ses pieds, la coque d'un navire et ses bouches de canon ;

- à droite, l'allégorie de la Terre et des deux activités qu'en tirent les hommes : l'élevage (tête de bœuf dans la main gauche) et la culture (bêche dans la main droite) ;

- au centre, un ciel constellé (l'air) ;

- au sommet, le soleil (le feu) irradiant et personnifié ; à gauche, un monstre marin ; à droite, des animaux sauvages ; double image d'une nature peut-être anté-humaine.

Au milieu, le caducée, attribut de Mercure, messager des dieux de l'Antiquité grecque. Il pourrait être invoqué comme un équilibre entre les aspects maléfique et bénéfique des serpents maîtrisés par Mercure ; est-ce un message de stabilité, de sérénité dans la destinée humaine ?

On peut également envisager une interprétation politique (je n'ai trouvé aucun commentaire savant de cette composition ; je laisse donc aller une explication personnelle…). On aurait alors une image de la puissance du roi que l'effigie du Soleil permet d'identifier aisément. La culture des images depuis le XVIe siècle est basée sur la mythologie et l'allégorie. Aujourd'hui, nous avons perdu ces codes Mais le culte solaire du souverain s'enracine dans une longue tradition historique à laquelle la Rome impériale a sacrifié au IIIe siècle.

Louis XIV a adopté le soleil comme emblème. Dans ses Mémoires pour l'instruction du Dauphin, il écrit pour l'année 1662 : "On choisit pour corps le soleil qui, dans les règles de cet art, est le plus noble de tous, et qui, par la qualité d'unique, par l'éclat qui l'environne, par la lumière qu'il communique aux autres astres qui lui composent comme une espèce de cour, par le partage égal et juste qu'il fait de cette même lumière à tous les divers climats du monde, par le bien qu'il fait en tous lieux, produisant de tous côtés la vie, la joie et l'action, par son mouvement sans relâche, où il paraît néanmoins toujours tranquille, par cette course constante et invariable, dont il ne s'écarte et ne se détourne jamais, est assurément la plus vive et la plus belle image d'un grand monarque" (Louis XIV, Mémoires, éd. "Texto" Tallandier, 2007, p. 172).

Le Roi-Soleil présiderait alors à l'ordonnancement de la nature (Eau et Terre), comme il a su le montrer à Versailles. Louis XIV entend dominer la nature ("L'homme doit se rendre comme maître et possesseur de la nature", Descartes) comme illustration de sa puissance politique. S'il contrôle la nature, alors il contrôle le monde.

En tout cas, il n'est absolument pas question d'anges ni de démons ni d'Horus comme le prétend le commentaire de cette vidéo affligeante.

 

7 – Quels symboles ?

vidéo – 1 mn 54 : "Là, nous avons encore un personnage porteur d'un flambeau et derrière lui un aigle, un aigle ou un faucon, tout ça c'est très significatif… toujours l'oiseau qui est très représenté, et sous ses pieds il y a une bête… ça aussi, c'est très, très très symbolique… et après voilà… chacun… moi, c'est ma pensée, mon interprétation, je ne dis pas que j'ai la vérité…".

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réponse – Mais "ton" interprétation, on s'en moque…! Sur quoi te bases-tu pour dire de telles choses…? Cela seul est intéressant. On peut discuter certes, mais à partir de bases sérieuses, pas à partir de rien.

Ici, la sculpture porte le titre : "la Paix". Elle est d'Antoine Auguste Préault (1809-1879) qui l'a composée en 1857, avec des motifs inspirés de la mythologie gréco-romaine.

La Paix est une allégorie féminine tenant un grand flambeau dans la main droite et vêtue d'un peplos. Au-dessus, un aigle déployé, symbolise la puissance victorieuse et protectrice. Deux séries de symboles accompagnent la Paix. À gauche, sur le dos d'un lion dompté mais vigilant, les images de la culture grecque : masques du théâtre tragique et comique, une phorminx (harpe) dont se sert l'aède quand il chante, et peut-être une corne d'abondance signifiant la richesse et l'abondance. À droite, le haut d'une colonne et les volutes de son chapiteau ionique, une sphère terrestre qu'une main semble gouverner paisiblement, puis un sac empli de céréales (?) et, enfin, la hampe et la pointe d'un étendard.

Voilà ce dont nous sommes redevables à la Paix : la culture et la prospérité. Cette évocation est à mettre en vis-à-vis d'une autre sculpture d'Antoine Auguste Préault : "la Guerre", de 1857 aussi. On y trouve le même recours à l'univers gréco-romain avec le célèbre Gorgonéion, tête de la Méduse tranchée par Persée qui l'offrit à Athéna dont la déesse fit un bouclier (l'égide).

Rien de franc-maçon dans tout ce descriptif.

 

8 - Satan ? est-ce sûr ?

vidéo – 2 mn 20 : "Là, par contre, c'est très explicite, très clair. Nous allons voir de chaque côté deux têtes de Satan, et l'âme de Satan, si on peut parler d'âme car au début il s'agit d'un ange déchu qui, après s'être opposé à Dieu a perdu son identité d'ange et est devenu l'ange rouge qu'est Satan. Représentation artistique montre réellement qui est Satan. C'est vraiment très clair. Et là, tout au-dessus, vous allez voir une couronne et une croix, une croix du Christ. Mais je vois plutôt une croix pas très claire...

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réponse – Quelle assurance qu'il s'agit de deux figures de Satan ? Les cornes ne l'indiquent pas a priori. Elles sont l'attribut des représentations de faunes ou de satyres dérivés du bouc ou du bélier mais ne sont pas forcément associées au diable.

L'image commentée est celle du monogramme de Napoléon III sur le pavillon Sully au Louvre. Je n'ai pas trouvé l'auteur de cette composition ni d'informations sur le sens qu'il a voulu donner à ce travail.

J'estime cependant qu'il y a un contresens à voir Satan dans les deux visages à la base de cet ensemble sculpté.

D'abord parce que tout visage doté de cornes ne renvoie pas à Satan mais à de multiples représentations zoo-anthropomorphiques remontant à l'Antiquité grecque et réinjectées dans l'art occidental depuis la Renaissance jusqu'à nos jours (le "Prélude à l'après-midi d'un faune" de Claude Debussy a été composé entre 1892 et 1894 et les dessins de faunes dus à Jean Cocteau datent de la fin des années 1950). Ensuite, parce qu'au XIXe siècle, la figure de Satan a été positivée. Elle n'a rien de commun avec les délires "satanistes", réels ou supposés, d'aujourd'hui.
Pour de nombreux écrivains, sans parler de Milton (1608-1674, "Le Paradis perdu"), de Vigny et Lamartine jusqu'à Hugo, elle signifie le potentiel de vie, de désir, de bonheur que l'Église avait comprimé pendant des siècles : "L'une des obsessions les plus constantes du XIXe siècle concerne en effet bizarrement le personnage de Satan. Pour la première fois avec une telle ampleur, une telle énergie collective, des écrivains, des romanciers, des philosophes ou des poètes entreprirent ce qu'il faut bien appeler la révision en profondeur du procès du démon et sa réhabilitation" (Philippe Muray, Le XIXe siècle à travers les âges, 1994; éd. Tel-Gallimard, 1999, p. 644).

Il est toujours difficile de distinguer s'il s'agit de cornes de bouc (caprin) ou de bélier (ovin). Dans le cas d'un bélier, l'image renvoie au premier signe du zodiaque représentant "l'énergie régénératrice du cosmos et la renaissance printanière du Soleil sortant des ténèbres hivernales" (Matilde Battistini, Astrologie, magie et alchimie, éd. Hazan, 2005).

Je citerai ici, une explication que m'a fournie directement Guillaume Fontelle, historien du Louvre (par exemple sur ce site) : "Les têtes grotesques qui ornent les clefs des fenêtres sont un motif très courant de l’architecture du XVIe au XVIIIe siècle que Lefuel, l’architecte de Napoléon III a maintenu pour des raisons d’homogénéité stylistique. Quant à la tête de lion, c’est aussi un élément classique du répertoire des «cuirs bellifontains» (la forme chantournée sur laquelle se détache le monogramme). Il ne faut donc pas leur donner accorder une signification particulière."

Le monogramme de Napoléon III est porté par un écrin qui est une métaphore de la Nature, avec les deux têtes de faune, image d'énergie créatrice, de fécondité, et non pas image de Satan ; avec des Putti mi-végétaux mi-hommes ; avec des guirlandes de fruits. C'est la nature créatrice et féconde qui est célébrée et non le diabolisme de Satan. La couronne impériale, dont les fleurons alternent les aigles de puissance et des motifs végétaux, est surmontée d'une croix tout à fait normale pour Napoléon III protecteur du Pape et du Vatican.

 

9 - Moïse non reconnu…!

vidéo - 3 mn 04 : "Là, il y a un écrit qui parle d'Égypte (…) On parle d'Égypte et de Dieu… enfin d'un Dieu, parce que ça a plutôt rapport avec Horus."

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réponse – comment ne pas reconnaître ici Moïse ? La sculpture date de 1806 et a pour auteur Jean Moitte (1746-1810) ; elle est sur l'aile Lemercier dans la cour Carrée. Moïse tenant les Tables de la Loi, reçues sur le Sinaï, n'est ni Dieu ni Horus. Il n'y a là aucun mystère, aucune allusion franc-maçonne ni "illuminati".

Le texte (cf. Ancien Testament, Exode, 20) est partiellement lisible : "Je suis (…) Seigneur, votre Dieu, qui vous a tiré de la terre d'Égypte, de la maison de servitude Vous n'aurez point d'autre Dieu (…)", etc.

Il existe d'autres évocations de Moïse dans la statuaire extérieure du Louvre, comme celle-ci due à Mme Bertaux et datant de 1878, sur l'aile de Marsan, cour du Carrousel.

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10 – 1806, et alors…?

vidéo - 3 mn 32 : "Là, il y a un texte difficile à décrypter et par-dessus il y a écrit 1806, c'est quand même relativement étrange."

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réponse – Cette inscription se trouve sur la sculpture de Jean Moitte (1806) intitulée "La Loi. Thucydide et d’Hérodote". L'allégorie de la Loi écrit : "Napoléon le Grand" mais cette formule a été effacée en 1815 et le geste iconoclaste a gravé "1806", date de réalisation de l'œuvre. Aucune étrangeté, là encore.

 

11 - Femme d'Horus…?

vidéo - 3 mn 48 : "Là, il y a la femme d'Horus qui porte la lumière, et à côté il y a deux symboles très très clairs."

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réponse – Et en quoi ces symboles sont-ils clairs…? En réalité, ce personnage est la représentation d'Isis, due à Jean Moitte en 1806. Elle est placée dans une série de législateurs : Moïse, Manco Capac (empire inca) et Numa (pour Rome). Isis, dans le mythe égyptien (ennéade osirienne), est la sœur et l'épouse d'Osiris qu'elle réussit à ressusciter et dont elle enfante d'un fils, Horus.
Ses attributs sont nombreux et diversifiés. Ici, elle porte sur sa tête le disque solaire et les cornes de la déesse Hathor (vache nourricière), surmonté d'une fleur de lotus (allusion aux marais du Delta où elle cache son nouveau-né). Dans sa main droite, elle tient un sistre, instrument sacré utilisé lors des cérémonies rituelles et pour se protéger des crues du Nil. Sur son épaule gauche, un faucon évoquant évidemment Horus, son fils. Dans sa main gauche, encore une fleur de lotus. Les seins nus (Isis lactans) renvoient à sa fonction maternelle allaitant Horus enfant.

Isis législatrice ? Le rapport avec la mythologie de l'ancienne Égypte n'est pas évident. D'ailleurs, avant de sculpter Isis sur cette lignée de législateurs, il avait été question d'y placer un pharaon.

Le thème d'Isis législatrice apparaît tardivement dans l'Antiquité ("tu as donné des lois"), à l'époque grecque puis romaine. Isis est alors pourvue de multiples pouvoirs "elle est déesse souveraine, solaire, démiurge, maîtresse des éléments, législatrice, inventrice de bienfaits nombreux pour les hommes (écriture, langues, temples, mystères), déesse des femmes et incarnation de la fonction maternelle, protectrice des naissances, des récoltes, maîtresse du destin" (cf. article de Laurent Bricault, "La diffusion isiaque : une esquisse" (Stuttgart, 2004).

Il est vrai que les francs-maçons, aussi, considèrent Isis comme la "Mère universelle législatrice et rédemptrice", mais ils ne sont pas les seuls…!

 

12 - Qui est Manco Capac…?

vidéo - 3 mn 56 : "Là, nous avons Horus qui, lui aussi, porte la lumière, et main gauche (de son côté), il porte un ange… étrange hein, avec un symbole maçonnique."

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réponse – Il suffit simplement de chercher le titre de la sculpture pour s'apercevoir que le commentateur de la vidéo accumule ignorance sur contre-sens. Ici, il s'agit d'un personnage de l'univers inca : "Manco Capac", œuvre de Jean Moitte, en 1806.

Historique ou mythique ? L'existence de Manco Capac est incertaine. Il apparaît comme le fils du Soleil, fondateur de l'empire inca à Cuzco au Pérou et dispensateur des connaissances en matière d'agriculture et d'artisanat. D'où sa présence dans ce choix de "législateurs". L'astre rayonnant sur la tête de Manco Capac n'a rien de surprenant pour ce peuple adorateur du soleil. L'oiseau porté dans la main droite peut être un condor, vénéré chez les Incas. La figure humaine ailée reposant sur piédestal et supportée par la main gauche, est assez difficile à identifier. Mais on ne voit pas en quoi, ce serait un symbole maçonnique…

 

13 - Le Génie de la France

vidéo - 4 mn 11 : "Là, nous avons un ange, un ange en théorie n'a pas de sexe, mais là il a un sexe d'homme ; et tout autour de lui, il a sa cours. Normalement, le seul devant qui on doit se mettre à genoux, ce n’est pas un ange mais Dieu… en théorie, mais après cela regarde chacun. Moi, je vous donne mon interprétation."

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réponse - Interprétation fantaisiste, là encore. Il n'est pas question d'ange sur ce bas-relief mais d'une œuvre intitulée : "Le Génie de la France sous les traits de Napoléon, évoquant Minerve et les divinités de la Paix et de la Législation pour qu’elles succèdent à Mars et à l'appareil guerrier que la Victoire a rendu inutile". Son auteur est Claude Ramey et la sculpture date de 1811, en plein règne et à l'apogée de l'empire napoléonien.

L'empereur est représenté sous la forme d'un athlète grec, dans une nudité héroïque et classique. Mais ce n'est pas un ange. Les ailes n'évoquent que sa dimension allégorique (le "Génie de la France"). Donc, rien à voir avec un Dieu ni rien d'ésotérisme. Du symbolisme simplement.

 

14 - Armoiries royales et coq gaulois

vidéo - 4 mn 37 : "Là, nous avons un faucon ou un aigle, et tout autour un serpent. C'est très clair. Derrière, nous avons la lumière, toujours significative du porteur de lumière et non de la lumière elle-même. Et de chaque côté, il y a des anges. Je trouve cela étrange qu'il y ait ce serpent autour… Normalement, aucune représentation de Dieu ne doit être faite sur Terre car nul ne sait qui est Dieu, nul ne l'a vu. Voilà, c'est une représentation artistique."

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réponse - Propos totalement décousu qui n'explique rien du tout. Il n'est absolument pas question de représenter Dieu ici.

En réalité, ce fronton porte le titre suivant : "Un coq, entouré d’un serpent qui se mord la queue, est soutenu par des génies". Il est dû, au départ, à Guillaume II Coustou et date de 1759. Guillaume Coustou, fils (1716-1777), possédait un grand atelier de l'autre côté de la Colonnade du Louvre.
Il avait initialement sculpté les armoiries royales au centre du grand fronton du pavillon de Saint Germain-l’Auxerrois, côté cour carrée, comme on peut le vérifier dans le "Carnet d’attachement pour la sculpture de la Cour Carrée, 1757-1758" (plume, encre noire et encre rouge, Paris, Centre historique des Archives nationales). Les armoiries royales ceinturées des rayons du soleil étaient supportées par deux anges tenant une guirlande et portés par des nuages.

Mais le symbole central fut détruit à la Révolution et remplacé par un coq gaulois et les anges transformés en génies. Le serpent qui se mord la queue (ouroboros, en grec), est une très ancienne image du monde, du cycle perpétuel de la nature renaissante. Dans le Moyen Âge chrétien, le cercle renvoie au céleste, à la perfection. Il peut être figuré par un serpent arrondi et formant un anneau (cf. Marie-Madeleine Davy, Initiation à la symbolique romane, XIIe siècle, éd. 1977).

Le serpent offre évidemment de multiples significations selon les registres mythologiques. En tout cas, il n'est pas réductible à un ésotérisme illuminati.

 

15 - Le compas

vidéo - 5 mn 13 : "Là, nous avons un personnage qui a un compas dans la main. J'aimerais savoir réellement ce que représente un compas pour la franc-maçonnerie… Il y a en ce moment une publicité qui passe avec un gros compas, énorme, qui fait peur… Voilà, tout ça est quand même très étrange, très mystérieux."

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réponse - C'est mystérieux seulement pour celui qui se contente de préjugés et ne cherche pas à se renseigner sérieusement.

Le titre de cette composition est : "Minerve accompagnée des Sciences et des Arts". Elle est due à Jacques Lesueur et date de 1811. Le compas n'est pas réservé au symbolisme maçonnique. Il est l'un des instruments d'Uranie, muse de la mythologie grecque de l'astronomie, grâce auquel elle mesure le globe terrestre. Elle est presque toujours représentée avec ces deux attributs.
Le compas est utilisé par les mathématiciens grecs de l'Antiquité. Son invention était attribuée à Talos, neveu de Dédale. L'architecte romain Vitruve, au Ier siècle avant notre ère, emploie trente fois le terme "circinus" avec le sens très précis de compas dans son "De architectura". Au Moyen Âge, le compas est l'instrument du maître de chantier. À l'époque de la Renaissance, le compas est mis en valeur par la réception des "Éléments" d'Euclide. Une recherche plus précise permet de multiplier les allusions multiples au compas comme signe de savoir.

Dans la franc-maçonnerie, le compas est la plupart du temps associé à l'équerre, ce qui n'est pas le cas sur ce fronton du Louvre qui n'a donc rien d'étrange.

 

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16 - Un palais n'est pas une église ni une mosquée

vidéo - 5 mn 42 [discours sans aucun rapport avec les images montrées] : "Les catholiques, c'est clair. Vous pouvez aller à la messe, vous pouvez voir les choses, c'est clair. Il n'y a rien de secret, rien de caché. Vous allez dans une mosquée, c'est ouvert, pareil, rien n'est caché, tout est clair. Il n'y a pas de choses étranges, de trucs mystiques. Pareil, chez les juifs, c'est la même chose, rien de caché, pas de secret. À côté de ça, la franc-maçonnerie, c'est tout un tas de petites choses cachées, étranges, bizarres. J'aimerais qu'un franc-maçon m'explique sa vision du monde et pourquoi ils rendent tout mystérieux, ils veulent pas dire la vérité. Qu'est-ce qu'ils ont à cacher, hormis le fait qu'il y a une part d'élite, les 33e degrés qui font des choses un peu étranges. Ça fait pas très sain, ça fait peur. C'est peut-être voulu après tout."

réponse - Mais quel rapport entre le Louvre et une église ou une mosquée…? Aucun. Le Louvre est une ancienne demeure royale, du Moyen Âge jusqu'au XVIIe siècle. Il n'a pas de fonction religieuse. La richesse de sa décoration est l'expression de l'apparat dont s'entoure le monarque qui montre sa magnificence et sa puissance, son goût pour les arts également. La statuaire extérieure, pour l'essentiel, date des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles. Elle porte donc la marque des conceptions artistiques de l'époque. Notamment l'empreinte de la mythologie et de l'art grec de l'Antiquité. Il faut apprendre à connaître ces oeuvres, à les décrypter. Et ne pas leur attribuer, arbitrairement, des significations qu'elles n'ont pas.

La franc-maçonnerie appartient aux "sociétés" fondées sur une initiation à un ésotérisme, c'est-à-dire une vision du monde réservée à des individus qui ont accompli un cheminement spirituel.

Chez, les chrétiens on appelle ça l'hermétisme ou la théosophie, chez les musulmans on parle du soufisme (tasawûf), chez les juifs on évoque la Kabbale. Cela existe donc déjà dans les religions. En islam, on dirait que Dieu se manifeste par le zâhir (l'exotérique) et par le bâtin (l'ésotérisme). L'ésotérisme est une explication du monde au second degré, souvent difficile d'accès pour les exotériques. C'est la distinction entre la sharî‘a (voie large) et la tarîqa (voie étroite). La voie soufie rassemble l'élite spirituelle (al-khâssa) qui se distingue des autres croyants (al-‘âmma). Ces derniers ne connaîtront Dieu que dans l'Au-delà alors que les soufis cherchent à connaître Dieu dans ce monde.

Les francs-maçons ne "rendent pas tout mystérieux". La réalité (al-haqq, en arabe) est en partie mystérieuse et les symboles sont un langage qui permet d'accéder à cette réalité.

L'ordre symbolique est aussi étudié par l'anthropologie, par exemple chez Lévi-Strauss.

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17 - La main de Justice et Napoléon III, au pavillon Denon

vidéo - 6 mn 50 [reprise du discours sur les sculptures] : "Là, vous avez la symbolique. La base, c'est nous, l'humanité en bas, au centre vous avez une fenêtre. Et tout au-dessus, vous avez l'élite, avec toujours le porteur de lumière, du côté gauche, et au centre un personnage qui porte un flambeau avec un main, et cette main elle fait un signe, un signe très probablement franc-maçon. Je ne donnerai pas mon analyse sur ce signe là car je ne suis pas de la franc-maçonnerie ; mais peut-être qu'un franc-maçon pourrait me dire : trois doigts levés et la main fermée. Expliquez-moi ce que ça veut dire. Là, nous avons un flambeau avec des serpents. Là aussi, j'aimerais avoir des explications, hormis le fait qu'on connaît un peu l'histoire, l'origine de la Bible, du Coran. On connaît un peu cette histoire avec le serpent de la Genèse. Moi j'aimerais avoir des explications. Trois doigts levés et le reste fermé, les deux doigts. Qu'est-ce que ça veut dire ce signe ? Il y a tellement de signes dans la franc-maçonnerie. C'est vraiment obscur, étrange".

 

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le pavillon Denon

réponse – Une fois encore, le commentaire de ces sculptures prouve l'ignorance du commentateur. Quand il dit qu'il y a l'humanité en bas et l'élite au-dessus, il montre qu'il ne connaît strictement rien à l'histoire de l'architecture. Le motif des cariatides, qu'il assimile à "l'humanité", sont des statues de femmes soutenant un entablement et un fronton en lieu et place de colonnes. C'est très ancien. Les plus célèbres sont celles de l'Érechtion sur l'Acropole à Athènes, sur lesquelles le sculpteur du Louvre, Jean Goujon a pris exemple. Elles ne représentent pas "l'humanité" en général, ou alors celle-ci aurait exclut les hommes…! Par ailleurs, sur les quatre couples de cariatides, deux ne soutiennent que l'entablement, sans aucune scène figurée au-dessus…

 

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La scène est intitulée par son auteur, le sculpteur Pierre Simart (1806-1857), "Napoléon III entouré de la paix et des arts" et date de 1857. Nous sommes alors sous le Second Empire. Simart avait déjà reçu plusieurs commandes publiques, c'est lui qui avait travaillé au tombeau de Napoléon 1er aux Invalides.

Voici la description de cette image sur le site consacré à la statuaire extérieure du Louvre :

"Le pavillon Denon (du nom du premier directeur du musée du Louvre) est entièrement centré sur la mise à l’honneur de Napoléon III. Le fronton représente Napoléon III entouré de la paix et des arts (ou L'empereur fort de ses destinées et de l'appui que lui donne la reconnaissance des français pour les bienfaits de Napoléon 1er, clôt l'ère des révolutions et des discordes civiles), oeuvre néoclassique de Pierre Simart. Il s’agit de l’unique représentation de l’empereur dans le cadre du Louvre d’aujourd’hui (le Napoléon III à cheval d’Antoine Barye pour les guichets Lesdiguières fut enlevé en 1870)." (source : http://louvre.sculpturederue.fr/page272.html).

Alors, que représente cette main qualifiée "d'obscure et d'étrange" par notre commentateur ignorant ?

 

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La main de Justice n'est pas un signe franc-maçon. C'est l'un des symboles de la monarchie française qui date au moins du XIIIe siècle. Il s'agit d'un bâton de bois ou d'or surmonté d'une main d'ivoire avec trois doigts ouverts, renvoyant à la Trinité chrétienne, en principe tenue par la main gauche du souverain. Cet insigne désigne le pouvoir royal comme détenteur du droit de justice d'origine religieuse.

Selon certains, les doigts de la main ont également, pour chacun d'eux, un sens symbolique : le pouce représenterait Dieu, l'index la Raison, le majeur la Charité ; les deux autres repliés, la Foi et la Pénitence. Mais cette distribution symbolique n'a pas de source identifiée. Elle ne figure pas dans le célèbre ouvrage de Cesare Ripa (1593), L'iconologia qui est un "recueil de personnifications allégoriques de vertus, de vices, de tempéraments, de passions, qui met à contribution la littérature ancienne sur les hiéroglyphes, la physiognomonie, les emblèmes, le symbolisme des couleurs, les bestiaires et les encyclopédies du Moyen Âge"("Encyclopaedia Universalis").

La dimension religieuse et monarchique de cet insigne est cependant évidente. Et la main de Justice n'est absolument pas un signe franc-maçon.

 

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la force

 

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l'ordre

Plus bas, sur l'édifice, un fronton inférieur est encadré de deux groupes représentant la Force et l’Ordre, œuvre d’Antoine Barye (en vis-à-vis de la Paix et la Guerre, toujours de Barye, du pavillon Richelieu), qui assoient encore l’image de la puissance de l’empereur Napoléon III. Cette position sur l'édifice prouve que l'ordonnancement vertical n'est pas une hiérarchie de valeur qui placerait "l'humanité" sous "l'élite", puisque les allégories de la Force et de l'Ordre sont intégrées plus bas que les cariatides censées représenter "l'humanité" selon le commentaire fantaisiste de la vidéo.

Quand le commentateur croit reconnaître un "flambeau avec des serpents", il ignore, une fois encore, ce qu'est le caducée qui n'a rien à voir avec un serpent.

 

18 – Le globe terrestre

vidéo - 8 mn 02 : "Là, nous avons un beau globe avec écrit Afrique, Australie.. étrange ça aussi… Comme par hasard, en plus, on entend parler de nouvel ordre mondial, de mondialisation… On dirait que c'était déjà prévu, depuis tellement longtemps. Tout ça, c'est quand même clair, c'est quand même visible. Mais c'est vrai qu'à l'époque, on n'avait pas de jumelles… c'est très haut, il faut vraiment lever les yeux pour voir toutes ces petites choses très intéressantes autour du Louvre. Allez-y ! Ça vaut vraiment la peine. Analysez, voilà… laissez libre cours à votre pensée personnelle. Voilà, voilà… L'obscurité, l'obscurité… Moi, c'est ma pensée, mon envie de m'exprimer là-dessus. Je trouve tout ça bien obscur, bien étrange. Par contre, le musée du Louvre est très beau, très intéressant."

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Réponse – Discours d'une indigence rare…! Voir dans toute représentation de la sphère terrestre la préfiguration du "Nouvel ordre mondial" est une pure idée paranoïaque et anachronique.

Que les francs-maçons soient attachés à la symbolique de la sphère comme celle de l'universalité, ne fait que les inscrire dans une très ancienne lignée du savoir et de l'imaginaire humain en général.

La sphéricité de la Terre est connue des Grecs anciens depuis Pythagore, Parménide, Platon ou Aristote. En Égypte, le grec Ératosthène, qui dirigeait la bibliothèque d'Alexandrie au IIIe siècle avant notre ère, donna la première estimation du rayon du globe dont la mesure est à peu près exacte…! Le savoir islamique maîtrisait cette conception à l'époque de l'âge d'or de son astronomie entre les IXe et XIIe siècles.

La tradition chrétienne monarchique utilisait la sphère, concrétisation de l'orbis terrarum (disque terrestre qu'entoure le fleuve Océan et non conscience de la rotondité de la Terre), comme illustration du pouvoir sur le monde. Charlemagne a été représenté tenant dans sa main le globe surmonté d'une croix. Il est difficile d'anticiper dans cette imagerie les tentatives de "nouvel ordre mondial" du capitalisme globalisé de la fin du XXe siècle.

Imaginer que "toutes ces petites choses très intéressantes", repérées par le commentateur de la vidéo, ne sont pas forcément visibles à l'œil nu, c'est oublier que ces œuvres étaient commandées, discutées puis fabriquées dans des ateliers avec un maître sculpteur et ses aides. Au XIXe siècle, l'État a fait travailler des centaines de sculpteurs et de sculpteurs ornemanistes. Il n'y avait pas d'officines obscures où auraient été conçues secrètement cette dispersion des signes ésotériques…

Par ailleurs, le commentateur multiplie les contradictions, parfois à quelques phrases d'intervalle… Ainsi : "Tout ça, c'est quand même clair", et plus loin : " Je trouve tout ça bien obscur"… Il faudrait trancher !

Et quand on appelle à "… laisser libre cours à votre pensée personnelle", on pêche par défaut de méthode intellectuelle. Analyser, c'est d'abord éviter l'anachronisme et l'arbitraire du jugement, en recherchant le sens que ces œuvres et ces symboles avaient pour ceux qui les ont réalisés selon les modes artistiques de l'époque, les conditions sociales de leur travail, leurs préférences personnelles. Prétendre décoder un signe franc-maçon dans tout compas ou toute allusion à la lumière est une grosse bêtise. C'est tout.

La sculpture évoquée ici est intitulée "L'Art et la Science", œuvre de François Jouffroy en 1857. Placée au fronton du pavillon Mollien, côté cour Napoléon, elle représente diverses expressions de la culture : théâtre grec ancien, musique, palette de peintre, livre de géométrie…
Que cette apologie du savoir et des compétences artistiques soit disposée autour d'un globe terrestre dont on montre les régions qu'on ambitionne de voir atteinte par cette culture, est le signe que celle-ci se pense comme universelle. Et il faut bien reconnaître que la culture produite de la Grèce jusqu'à l'Occident européen au XIXe siècle, a sans conteste élevé le niveau général de l'humanisme universel, de la dignité entre les êtres et de la compétence scientifique. C'est ce qu'on l'on croit fermement au XIXe siècle. Même si la domination occidentale a aussi exporté autre chose de moins glorieux.

 

 

19 – Quel homme-Dieu…?

vidéo - 9 mn 06 : "Alors là, c'est quand même significatif de l'Égypte ancienne. Nous avons le bateau, avec un homme-Dieu, on va dire ça… parce que c'est un peu la représentation de ce que veulent devenir certains êtres humains. Au centre de ce bateau, il y a un côté divin, et autour vous avez toujours… Côté gauche, vous avez un ange encore porteur de ces deux serpents. C'est quand même très étrange, hein… Faut quand même savoir… Lisez la Bible, lisez le Coran, c'est valable, ça vaut vraiment le coup."

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réponse – Encore un contre-sens…! Ce fronton du pavillon Turgot, dans la cour Napoléon, représente "l'Abondance", œuvre d'Eugène Guillaume (1822-1905) en 1857, d'après un dessin d'Édouard Baldus (1813-1889). C'est une allégorie, et non un "homme-Dieu" (mais où va-t-il chercher cela…?) sous forme d'un buste de femme coiffée d'un casque. Peut-être s'agit-il d'Athéna-Minerve (semi-cuirasse, ou égide, sur la poitrine, boucliers protecteurs sur les côtés) ? La vigilance de la déesse étant, en effet, source de sécurité et de paix qui garantissent l'abondance. Les rameaux d'olivier, sur le côté droit de l'allégorie, évoquant "Minerva Pacifera".

Athéna-Minerve sur un bateau n'a rien d'étonnant. Ce n'est pas la barque de la religion égyptienne qui fait passer les trépassés au royaume des morts, mais plus vraisemblablement le navire qu'elle construisit pour mener Jason et les Argonautes en Colchide à la recherche de la Toison d'Or. Et le vaisseau renvoie de toute façon à la puissance des échanges commerciaux.

Deux allégories secondaires entourent la principale. À sa droite, l'une porte un caducée qui n'est autre que le célèbre attribut d'Hermès, dieu du commerce, tout à fait à propos sur une telle fresque. Dans son autre main, elle tient une corne d'abondance. L'autre figure présente aussi une corne d'abondance mais on distingue mal ce qu'elle tient dans sa main gauche.

Comme il ne saurait y avoir d'abondance sans loi ni justice, deux petits génies montrent, l'un une main de justice, et l'autre une table de loi. Une fois encore, rien d'étrange dans cette composition. Sauf pour les esprits non informés qui prennent leurs préjugés pour des réalités.

Pour la curiosité, il existe, sur un autre fronton, une sculpture de même configuration mais sans titre particulier et d'allure plus martiale. Elle est due à Théodore Gruyère en 1868.

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Conclusion – Ne s'improvise pas commentateur qui veut. Le décodage de la symbolique artistique d'œuvres s'étalant sur au moins trois siècles exige un minimum de connaissances préalables, d'investigation rigoureuse, de souci historique. Le commentateur de cette vidéo n'y a pas souscrit.

Il est parti avec l'idée que les francs-maçons, les "illuminati", disposaient d'un pouvoir de parasitage des productions artistiques visibles au musée (ancien palais royal) du Louvre. Comme si ce groupe, dirigeant secrètement la société, avait besoin de parsemer de ses symboles occultes l'imaginaire du peuple. Cette hypothèse est absurde. Si une instance toute puissante exerçait réellement un tel pouvoir sur les destinées du monde, pourquoi aurait-elle recours à ces subterfuges ?

Mais, surtout, le décodage proposé s'avère totalement erroné. C'est une imposture intellectuelle sans excuse. Elle méprise le savoir immense accumulé par tous les esprits rigoureux qui ont inventorié les manifestations symboliques de l'esprit humain dans cet espace culturel remontant à l'Antiquité gréco-romaine. L'auteur se croit lucide parce qu'il postule une réalité secrète dont il percevrait les émanations cabalistiques. Mais il oublie le b-a ba de la méthode critique : vérifier les informations, les croiser, identifier les généalogies symboliques réelles, aller chercher le savoir à sa source authentique et non supposée.

Le Louvre n'est pas le repère de messages subliminaux délivrés par la franc-maçonnerie, contrairement à ce que prétend cette vidéo. C'est le dépositaire d'œuvres artistiques dont la symbolique exige un peu plus que le "libre cours laissé à la pensée personnelle". Il faut des connaissances solides et vérifiées avant de tenter des interprétations aléatoires et/ou défaillantes.

Michel Renard
Professeur d'histoire

 

Source iconographique principale : http://louvre.sculpturederue.fr/index.html

- visite d'un temple maçonnique : le Grand Orient de France  : http://www.liberation.fr/culture/06014785-la-face-cachee-des-francs-macons?xtor=EPR-450206 (un peu rapide...)

 

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18 septembre 2009

le sujet

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le sujet


- trouvé sur philagora : révision sur la notion : le sujet

le sujet

Maîtrise = Le sujet apparaît avec la maîtrise de soi, l'attention qui permet de "réaliser" les niveaux de conscience (attention à soi, attention au monde, attention à autrui). Par cette maîtrise de soi, le sujet peut devenir l'auteur de ses représentations (conscience réfléchie) et de ses actions (conscience morale). il accède aussi à l'invention, à la création de soi par soi : en choisissant il se choisit (revoir l'échelle de Jacob : attention => mémorisation => combinaison => invention et poser le problème du rapport entre la nature et la culture.)

Origine = Le Sujet de vient donc celui qui dit OUI ou NON en connaissance de cause :  il est donc à l'origine de ses pensées, de sa volonté, de ses actes. C'est un pouvoir de commencement (dans la nature rien ne commence, rien n'est libre, car tout phénomène est déterminé par un processus causal antérieur).

Seul l'homme peut décider, engager une action qui vient d'une invention, commencée (revoir le "pouvoir natal" et relire le texte de Rousseau "Nul être matériel n'est actif par lui-même, et moi je le suis ... ma volonté est indépendante de mes sens, je consens ou je résiste ... je connais la volonté que par le sentiment de la mienne.")

Morale => Droit => Politique = Le sujet est la condition de possibilité de ces trois notions.

=> Morale : elle a pour fondement l'impératif catégorique qui exige absolument (sans considérations particulières) que je considère autrui comme un Sujet, libre, une fin en soi , ce qui lui donne une dignité, une valeur infinie, ce qui exige le respect. Autrui, comme personne, ne peut être considéré comme un simple moyen. 

=> Droit : la loi oblige : elle s'adresse donc à la liberté. Le droit ne peut se concevoir avec des êtres qui ne seraient pas responsables : la condition de possibilité du droit c'est donc le Sujet

=> Politique : en démocratie, c'est l'exercice du pouvoir par les représentants des citoyens :  si le peuple est le souverain, la souveraineté lui revient : sans citoyens libres qui obéissent à la loi qu'ils se sont prescrites, la politique est remplacée par le dressage et la dictature. (revoir Arendt, Le pouvoir partagé)

       

CONCLUSION SUR  CONSCIENCE / INCONSCIENT / SUJET

Si de l'avis de vous tous ce parcours vous a intéressé (!) c'est que, en reliant ces trois notions, le nouveau  programme(merci) nous permet de mieux comprendre comme nous sommes "impliqués":

  • le Sujet, chacun de nous si nous le voulons, est le résultat d'un arrachement et d'un attachement : de avoir conscience à  prendre conscience ; de être intéressé à  s'intéresser.        

Nous retrouvons les racines de la philosophie, la distinction fondamentale de l'opinion et de la science, du spontané et du réfléchi. Celui qui prend conscience doit non seulement se détourner de l'opinion mais faire apparaître ce qui lui est inconnu (là où était ça je dois advenir, Freud ). Le Sujet est donc ce qui advient grâce à un effort d'attention.

Avec la conscience immédiate ce n'est pas la liberté qui est donnée, mais l'idée d'une libération toujours possible. Voilà pourquoi aucun homme ne peut être méprisé : le sanctionner c'est le respecter car la sanction n'est possible que parce qu'il était libre et responsable. Cette reconnaissance  de sa valeur, c'est le respect.


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10 septembre 2009

la modernisation agricole au XIXe siècle

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la modernisation agricole au XIXe siècle


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En tête de lettre de la société Lotz fils de l’Aîné,
par Guiguet, fin XIXe siècle. Archives départementales
de Loire-Atlantique - Nantes.
 source

- Au début du XIXe siècle, à l’instar de la majorité des régions françaises, l’agriculture reste la première ressource du département [de Loire-Atlantique]. À partir des années 1820, afin d’accroître les surfaces agricoles, une politique d’assèchement des marais et de défrichement des landes est menée. Dans ce contexte, en même temps que se développe l’utilisation des engrais, de nouveaux outils sont peu à peu employés, métamorphosant le travail de la terre et permettant la mise en place de véritables industries agricoles.

La batteuse connaît un engouement précoce. Le gain de main-d’œuvre et sa rapidité pour des quantités plus importantes expliquent son adoption par le monde paysan. Dans le département, l’entreprise Lotz l’Aîné se fait particulièrement remarquer dans ce domaine.

A contrario, la charrue moderne connaît des débuts plus laborieux en raison de l'attachement des campagnes à leur matériel traditionnel. Malgré tout, la charrue brabant [inventée en Belgique] est largement diffusée à la fin du XIXe siècle. À Châteaubriant, l’entreprise Huard se spécialise dans se type de matériel.

L’entreprise Lotz installée à Nantes en 1833, produit 2 350 machines à vapeur et 5 200 batteuses et égreneuses jusqu’en 1899 et reçoit 228 médailles. Lotz fils est le premier à être décoré de l’Ordre du mérite agricole.

auteur et source



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22 octobre 2011

"devoir de mémoire" ? avec M. Degraix et M. Renard

Affiche-LOSCAMINOS

 

"devoir de mémoire" (France)

ou "récupération de la mémoire" (Espagne) ?

un débat au cinéma de Rive-de-Gier, 20 octobre 2011

 

Le Progrès 22 oct 2011
cliquer sur l'image pour l'agrandir et lire l'article
(de gauche à droite : Michel Renard, Ginette Mouin, Jean-Luc Degraix)

- compte rendu du débat de jeudi dernier au cinéma de Rive-de-Gier à propos du film sur l'Espagne, "Les chemins de la mémoire", dans le journal Le Progrès de ce 22 octobre 2011, avec la participation de deux professeurs du lycée : Jean-Luc Degraix et Michel Renard.

- site du film "Les Chemins de la mémoire"

 

Éléments des interventions de Michel Renard

Le film, au regard du thème de la mémoire, n'est pas comparable à la situation française. En France, la notion de "devoir de mémoire" se répand largement à partir des années 1980. En Espagne, à la mort de Franco en 1975, la problématique est inverse et fondée sur le "pacte d'oubli". On décide de ne pas évoquer le passé pour rendre possible la démocratie, la coexistence politique d'anciens franquistes et de partisans du passé républicain.


De 1975 à 1995, l'Espagne développe une politique de réconciliation, avec le vote de lois diverses. De 1995 à 2004, naît et croît une vague mémorielle avec la création de l'Association pour la récupération de la mémoire historique qui milite activement pour l'ouverture des fosses et l'exhumation des corps. Depuis 2004, et l'élection du socialiste Zapatero, petit-fils d'un capitaine de l'armée assassiné par ses pairs, une nouvelle politique mémorielle est impulsée avec la longue élaboration et le vote de la loi de décembre 2007.


En France, le "devoir de mémoire" repose sur un consensus, notamment la condamnation de la persécution des juifs sous l'Occupation. En Espagne, la "récupération de la mémoire historique" fait largement débat et  même contestation.
Avec le "devoir de mémoire", on envisageait d'abord de rendre vérité et hommage aux victimes, puis on passe à l'idée de corriger la souffrance individuelle des descendants par la réparation matérielle.

***

Pourquoi cette émergence mémorielle en Espagne à partir des années 1990 ? On peut discerner trois causes :

1) un effet de génération avec la disparition de la plupart des témoins de la guerre civile ;

2) l'arrivée à l'âge adulte des petits-enfants (ex. Zapatero) des victimes de la guerre civile ; (l'effet "troisième génération" avait déjà été observé pour la mémoire des massacres d'Arméniens) ;

3) la levée de la crainte d'une résurgence d'un conflit armé en Espagne.

D'une manière plus générale, on relève une temporalité parallèle du phénomène mémoriel dans plusieurs pays, aux États-Unis, en France et en Espagne.

Aux États-Unis, dès 1988, on avait assisté à une politique de dédommagements des citoyens américains d'origine japonaise emprisonnés arbitrairement à partir de 1941. Puis, dans les années 1996-1998, se développèrent les class actions (plaintes collectives) contre les banques suisses pour indemniser les victimes ou descendants de victimes de l'Holocauste.

Le point commun de ces attitudes mémorielles ? C'est non seulement l'idée d'établir une vérité sur un passé conflictuel mais surtout l'idée d'obtenir une réparation matérielle. On passe du droit pénal au droit civil. Il s'agit d'un nouveau régime d'historicité. Le passé considéré comme indépassable et pensé d'abord en termes politiques (avec un jugement pénal du genre Tribunal de Nuremberg) est désormais conçu comme un passé à repenser juridiquement dans les termes du droit individuel même si les responsables ont disparu.

C'est l'idée qu'une société ne peut vivre démocratiquement de manière pacifiée que si ses traumatismes historiques donnent lieu à une compensation des victimes ou descendants de victimes. C'est "refuser que le temps consacre l'injustice" (Antoine Garapon, Peut-on réparer l'histoire ? éd. Odile Jacob, 2008, p. 65).

Mais, en Espagne, il a d'abord fallu passer par la restitution, la "récupération" d'un passé nié pendant 40 ans de dictature franquiste.

***

La caractéristique du film documentaire, Les chemins de la mémoire, est de n'évoquer que les victimes du franquisme - il est vrai plus nombreuses que les victimes du républicanisme durant la guerre civile. Les morts dus aux nationalistes puis au régime franquiste après la victoire de 1939 sont plus importantes en nombre, pour deux raisons.
D'abord parce que les territoires conquis dès 1936 puis jusqu'en 1939 furent plus étendus et que la répression s'y exerça sans mesure. Ensuite, parce que Franco ne fit pas la paix en 1939 et sa vengeance s'exerça pendant de longues années dans le cadre des tribunaux militaires (Auditorias de Guerra). Il y eut jusqu'à 270 000 prisonniers politiques en décembre 1939, et encore 112 000 trois ans plus tard. En 1944, on en comptait presque 50 000 et il fallut attendre 1950 pour que le chiffre descende sous les 30 000.

 

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Ceci dit, il y eut aussi une répression républicaine aveugle, de 1936 à 1939, contre les supposés nationalistes  (tous ne l'étaient pas forcément...) et à l'intérieur même de la Gauche. Et le film a choisi de ne pas en parler. À l'image du livre Les fosses du franquisme d'Emilio Silva et de Santiago Macías (éd. Calmann-Lévy, 2006).

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Mais alors, le film n'est effectivement qu'une vision des chemins d'une mémoire. Et oublie l'autre mémoire. On dira que l'autre a été largement célébrée pendant 40 ans. Cest vrai. La mémoire des victimes du franquisme pourrait cependant s'écrire au pluriel. Car les opposants au national-catholicisme de Franco ont eu aussi leurs propres divisions et se sont massacrés entre eux.

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Sans oublier que certains furent aussi sauvés par des nationalistes, des phalangistes... comme le faisait remarquer une participante à la soirée en évoquant le cas de son propre père sauvé d'une arrestation par le message d'un phalangiste qui l'avertit la veille au soir. Ou que certains républicains sauvèrent des phalangistes. Comme on le voit dans le roman Les soldats de Salamine de Javier Cercas (2002).

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Mémoire, histoire, quel rapport entre les deux ? J'écoute la mémoire, je réfléchis avec l'histoire.

Michel Renard
professeur d'histoire

 

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13 décembre 2009

les liaisons dangereuses

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Choderlos de Laclos


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Choderlos de Laclos

- Les liaisons dangereuses, 1782 : roman épistolaire

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l'exécution littéraire du galant :
"Et qu'avez-vous donc fait que je n'aie surpassé mille fois ? Vous avez séduit, perdu même beaucoup de femmes : mais quelles difficultés avez-vous eu à vaincre ? quels obstacles à surmonter ? où est le mérite qui soit véritablement à vous ? Une belle figure, pur effet du hasard ; des... grâces que l'usage donne presque toujours, de l'esprit à la vérité, mais auquel du jargon suppléerait au besoin ; une impudence assez louable, mais peut-être uniquement due à la facilité de vos premiers succès ; si je ne me trompe, voilà tous vos moyens".

Lettre 81, de la marquise de Merteuil au vicomte de Valmont,
Les liaisons dangereuses, Choderlos de Laclos.

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3 août 2010

le kantisme est un idéalisme mitigé de réalisme

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qu'est-ce que le kantisme ?

E. Janssens


Le kantisme est, nous semble-t- il, un idéalisme mitigé de réalisme, un phénoménisme atténué par un étrange retour au monde des choses-en-soi et de l'intelligible pur.

L'innovation fondamentale de la Critique de la raison pure consiste à expliquer la connaissance, non par l'action des choses sur notre entendement, comme on l'avait fait jusqu'alors, mais par les lois a priori de l'esprit, modelant à leur image les données ou intuitions sensibles.

Cette méthode nouvelle, son auteur la considérait comme une révolution analogue à celle qui avait renversé le système géocentrique de Ptolémée. "On avait admis jusqu'ici - écrit Kant dans la préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure - que toutes nos connaissances devaient se régler sur les objets... Que l'on recherche donc une fois si nous ne serions pas plus heureux dans les problèmes de la métaphysique, en supposant que les objets se règlent sur notre connaissance... Il en est ici comme de l'idée que conçut Copernic : voyant qu'il ne pouvait venir à bout d'expliquer les mouvements du ciel en admettant que toute la multitude des astres tournait autour du spectateur, il chercha s'il ne serait pas mieux de supposer que c'est le spectateur qui tourne et que les astres demeurent immobiles" (1).

notes

(1) Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, trad. Barni, t. I, p.24.

E. Janssens, extrait d'une dissertation intitulée :
Le néo-criticisme de Charles Renouvier, Louvain,
Institut de philosophie, 1904.

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explication des notions

- le kantisme, ou philosophie kantienne, est la théorie élaborée par Kant à la fin du XVIIIe siècle.

"Alors que le matérialisme dominait en France, (...) et que le dogmatisme le plus absolu dominait l'esprit allemand, un philosophe parut qui, avec une puissance sans égale d'analyse et de synthèse, prétendit démontrer à chaque système philosophique qui l'avait précédé toute l'inanité de ses principes et l'étroitesse de ses vues ; c'était Kant, et c'était le dogmatisme de Wolf et le scepticisme de Hume qu'il voulait attaquer de front ; c'était avec eux qu'il prétendait en finir, et pour cela, il entreprit de faire la critique de la raison humaine, de marquer ses bornes et son étendue et de mesurer sa portée.

Contre les matérialistes et les sceptiques, Kant défendit le point de vue selon lequel l'esprit ou plutôt l'entendement possède a priori des principes de savoir ; et contre les dogmatistes il maintint que l'expérience seule peut conduire à la certitude de l'existence réelle ou objective et que, même dans cet ordre de faits, nous ne pouvons encore être assurés que les choses soient telles qu'elles nous apparaissent. Il faisait cependant une exception en faveur des vérités morales, de la loi du devoir dont nous pouvons percevoir la réalité objective et la certitude absolue." (dictionnaire Imago @ Mundi source)

- idéalisme : "le propre de l'idéalisme est de ne pas admettre que la réalité externe soit la cause de nos représentations, soit qu'il nie cette réalité externe (immatérialisme), soit qu'il en nie l'indépendance par rapport à l'esprit (Kant), soit qu'il affirme que sa cause est l'Idée (Platon)". S. Auroux, Y. Weil, Nouveau vocabulaire des études philosophiques, Paris, Hachette, 1975, pp. 106-107.

- réalisme : thèse philosophique selon laquelle le monde existe bien en dehors de la représentation que nous en avons.
"Au contraire des idéalistes, les réalistes considèrent que les formes n'existent pas en dehors de leurs incarnations physiques. C'est plutôt l'esprit humain qui abstrait ces formes à partir de l'observation attentive des choses qu'il y a à connaître avec nos cinq sens. Les réalistes insistent sur l'existence objective des formes dans le monde". (source)

- phénoménisme :

"Doctrine philosophique dont la thèse principale, sous sa forme absolue, consiste à révoquer en doute l'existence de toute substance matérielle ou spirituelle sous les phénomènes perçus par les sens et la conscience. Le phénoménisme est ainsi un cas très particulier d'une doctrine beaucoup plus vaste, l'idéalisme.
Car, tandis que l'idéalisme, étroitement uni avec le rationalisme par ses plus grands représentants, Platon, Descartes, Malebranche, Hegel et Schelling, résout simultanément le problème de la connaissance et celui de l'existence, le phénoménisme s'associe volontiers à l'empirisme pour donner à la question : «de quoi les êtres sont-ils faits ?» cette réponse : «ils ne sont qu'un faisceau de phénomènes».

Ni l'idéalisme, ni l'empirisme des Anciens n'ont revêtu la forme phénoméniste. Malgré les différences qui les séparent, Platon et Épicure s'accordent à reconnaître aux apparences sensibles un support substantiel, objectivement réel, Idée chez l'un, Atome chez l'autre.
Éprise de raison ou attachée à l'expérience, toute la philosophie antique est substantialiste, et le Moyen âge l'a suivie dans cette voie au point de réaliser certaines qualités sensibles de la matière.
Il faut arriver jusqu'à Descartes pour trouver, sous des dehors purement substantialistes, le germe de la thèse phénoméniste. Sans doute, Descartes distinguait, sous les qualités sensibles relatives au sujet qui connaît, l'étendue, essence invariable de la matière. Mais il préparait ainsi la voie aux disciples plus hardis et plus conséquents qui devaient réduire l'idée d'étendue elle-même à des sensations tactiles et musculaires et dissiper ainsi le dernier substratum métaphysique de tout attribut sensible." (dictionnaire Imago @ Mundi source)

- chose-en-soi, noumène : c'est une "réalité" intelligible que l'on peut penser. Dans la philosophie kantienne, le noumène s'oppose au phénomène sensible. Le noumène ne peut être connu puisque toute connaissance implique une intuition sensible.
Le noumène ne peut avoir de sens qu'en relation avec les notions d'objet transcendental et de chose-en-soi.
La chose-en-soi est cette réalité inconnaissable que nous devons supposer pour comprendre ce qu'est un phénomène : elle se phénoménalise, se manifeste, apparaît en lui.
Le sujet transcendental suppose, dans le mécanisme de la connaissance, que soit posé un objet en général, dit objet transcendental (qui n'est pas sensible).
Noumène et chose en soi sont assimilés parfois, la chose-en-soi est confondue avec l'objet transcendental. Le sujet humain, en tant qu'il n'est pas entièrement déterminé par des causes naturelles, est dit noumène.
(source : Kant, une révolution philosophique, Michèle Crampe-Casnabet, éd. Bordas, 1989, lexique, p. 179.

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