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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
22 août 2007

Guy Môquet en toutes lettres (journal Libération)

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Guy Môquet en toutes lettres


«Je vais mourir!» Emblème de la Résistance, la dernière lettre du jeune militant communiste fusillé en octobre 1941 a été érigée en modèle par Nicolas Sarkozy. Derrière ces mots poignants, se dessine le parcours déterminé d'un adolescent engagé dans le sillage paternel.

Libération, mercredi 6 juin 2007
par Édouard LAUNET
Saint-Lô (Manche) envoyé spécial

I. Un papier jauni
Voici la lettre. Anne-Marie la dépose sans mot dire sur la nappe de la table du séjour. C'est une feuille de papier jauni, avec un quadrillage rectangulaire. Elle est couverte de bas en haut d'une belle écriture scolaire, au crayon à papier. «Je vais mourir !» On ose à peine la toucher. Anne-Marie et son mari Alain Saffray l'ont abritée dans une pochette en plastique transparent. Dans cette maison de Saint-Lô (Manche), au bord d'une rue peu avenante, sur une nappe à gros carreaux rouge et orange, la lettre est posée. «Certes, j'aurais voulu vivre. Mais ce que je souhaite de tout mon coeur, c'est que ma mort serve à quelque chose», écrit Guy Môquet avec pleins et déliés.

Alain et Anne-Marie ont retrouvé la lettre en rangeant les affaires de Prosper Môquet, le père de Guy et d'Anne-Marie. En 1960, Prosper avait adopté la fille de sa seconde épouse : c'est ainsi qu'Anne-Marie est devenue la soeur de Guy Môquet, sans l'avoir jamais connu. C'est à elle qu'est revenu de trier les affaires de Prosper, mort en 1986 à Bréhal, près de Granville. Mais ce n'est que récemment qu'elle et son mari Alain ont découvert cette feuille de papier, pliée en quatre dans le portefeuille de Juliette Môquet, première épouse de Prosper et mère de Guy. «Petite maman.»

On connaissait déjà un original de la lettre de Guy Môquet, celle-là écrite à l'encre, retrouvée également dans les affaires de Prosper et confiée au musée de la Résistance. Mais ce nouvel original serait plus original que le précédent qui est, semble-t-il, une simple recopie à l'encre. Les scientifiques veulent se donner un peu de temps avant de trancher. Dans le courant du mois, le musée prendra possession de ce nouveau document, pour l'exposer sans doute à l'automne dans son établissement de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne).

«Je vais mourir !» C'était le 22 octobre 1941, au camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), près de Nantes. Guy Môquet est fusillé vers 16 heures. Ils sont vingt-sept à tomber, en trois vagues puisqu'il n'y a que neuf poteaux d'exécution. A 15 h 50 tombent Charles Michels, Jean-Pierre Timbaud et sept autres. A 16 heures, Guy Môquet et huit compagnons. A 16 h 10, neuf encore. Guy Môquet a 17 ans et demi. «Ma vie a été courte, je n'ai aucun regret, si ce n'est de vous quitter tous.»
Guy, né à Paris le 26 avril 1924, a l'accent du titi parisien. Sa cousine Denise Legendre, 81 ans, l'entend encore. Ils ont passé quelques mois d'août ensemble à Bréhal, où Guy venait en vacances chez ses grands-parents. Il parle à Denise de Paris, de son lycée Carnot dans le XVIIe, de la vie dans cette capitale où sa cousine n'a jamais mis les pieds. Il cause aussi de politique, beaucoup. «Pour son âge, il était très avancé, se souvient Denise Legendre. Il discutait politique comme un homme. Même quand il n'avait que 14 ans.» Sinon, cousin et cousine aiment aller à la marée vers Bréville-sur-mer, sur une charrette à cheval. «La dernière fois que je l'ai vu, c'était en août 40. Il était venu à bicyclette de Paris.» Août 1940 : Guy a 16 ans et plus guère de liberté devant lui. Il est arrêté le 13 octobre au métro Gare-de-l'Est par des policiers qui traquent les militants communistes. Il n'a que 16 ans mais déjà la rage : son père a été arrêté un an auparavant, en octobre 1939. «Papa est arrêté, je dois le remplacer», annonce-t-il à sa mère. Il commence à militer au sein des Jeunesses communistes. Guy suit le chemin de son père.

II. Le chemin du père
Le sillon de ce père commence à Bréhal, berceau familial. Fils de petits cultivateurs, Prosper Môquet débute sa vie active comme garçon de ferme. La Grande Guerre l'envoie sur le front en 1916. Il n'est démobilisé qu'en septembre 1919. L'ancien soldat ne retourne pas en Normandie mais découvre à Paris un nouveau métier : cheminot. En 1923, il adhère à la fédération CGTU des chemins de fer. Entre au PCF en 1926. Peu à peu, Prosper se révèle : il prend des responsabilités syndicales, devient délégué du personnel, délégué à la sécurité, puis membre de la commission administrative. Le père de Guy se hisse en 1935 jusqu'au poste de secrétaire adjoint de la fédération unitaire des cheminots, au moment de la fusion entre la CGTU et la CGT. Le garçon de ferme normand a fait du chemin.

L'année suivante, en mai 1936, Prosper Môquet se présente aux législatives à Paris, dans la 3e circonscription (le quartier des Épinettes). Il est élu, le voici embarqué dans l'aventure du Front populaire. Le fiston est fier, naturellement. Lui n'a que 12 ans, mais il est déjà un titi des Épinettes.

1939. Le 26 septembre, un mois après la signature du pacte germano-soviétique, le président du Conseil Édouard Daladier prend un décret qui dissout le Parti communiste. Quarante-deux députés du PCF (sur soixante-douze) reconstituent immédiatement un «Groupe ouvrier et paysan français», ce qui leur vaut d'être arrêtés début octobre. Prosper Môquet est des leurs. Il perd son mandat de député en janvier 1940, lorsque la Chambre des députés vote la déchéance des parlementaires communistes ayant refusé de condamner le pacte germano-soviétique. Le 5 février, avec les autres membres du Groupe ouvrier et paysan, Môquet père est renvoyé devant le 3e Tribunal militaire permanent de Paris. L'ordonnance de renvoi leur reproche en particulier «la rédaction et la diffusion d'une lettre en date du 1er octobre 1939, adressée à Monsieur le président de la Chambre des députés, et prônant la paix sous les auspices de l'Union soviétique» ainsi que d'avoir «participé à une activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d'ordre émanant de la IIIe Internationale communiste».

Prosper est jugé à huis clos fin mars, et condamné début avril à cinq ans de prison. L'année suivante, en mars 1941, il est déporté au bagne de Maison-Carrée, en Algérie. Vingt-six autres députés communistes connaîtront le même sort ; ce groupe des vingt-sept est resté célèbre sous le nom de «Chemin de l'honneur», selon l'expression de Florimond Bonte.

III. Les alexandrins du fils
On ne sait ce que Guy, du haut de ses 15 ans, perçoit vraiment des errements du PCF en 1939, mais il est clair qu'à partir d'août de cette année-là, alors que la répression commence à s'abattre sur la presse communiste, s'afficher militant devient risqué. Pourtant, Guy rejoint les Jeunesses communistes à l'automne 1939. En novembre, pour réclamer la libération de son père, il adresse à Édouard Herriot, président de l'Assemblée nationale, un long poème en alexandrins. Extrait : «Je suis jeune Français, et j'aime ma patrie/J'ai un coeur de Français, qui demande et supplie/Qu'on lui rende son père, lui qui a combattu/Pour notre belle France avec tant de vertu.» (1)

À son père en prison, Guy envoie ces autres alexandrins : «Je veux mon cher Papa, te faire savoir ici/Le juvénile amour que j'ai eu jusqu'ici/En celui à présent qui est bien enfermé/En toi mon doux Papa que j'ai toujours aimé» . Il ne suit plus guère les cours du lycée Carnot.

Le 14 juin 1940, les Allemands entrent dans Paris. Guy continue de distribuer des tracts. On lit sur l'un d'eux : «Des magnats d'industrie (Schneider, de Wendel, Michelin, Mercie...), tous, qu'ils soient juifs, catholiques, protestants ou francs-maçons, par esprit de lucre, par haine de la classe ouvrière, ont trahi notre pays et l'ont contraint à subir l'occupation étrangère.» En août, il est avec sa cousine à Bréhal. Le 13 octobre, il est arrêté. Les policiers veulent qu'ils livrent les noms des amis de son père, il est frappé. Direction, la prison de Fresnes. Comme son père, il est inculpé d'«infraction au décret du 26 septembre 1939, portant dissolution des organisations communistes» .

Le gamin de 16 ans et demi est acquitté par la 15e chambre correctionnelle de Paris, et doit être mis en liberté surveillée le 23 janvier 1941. Or il reste prisonnier. Le 10 février, Môquet est transféré à la Santé. Il s'impatiente, écrit au procureur : «Je me permets de protester énergiquement contre ces actes illégaux.» Il est transféré à Clairvaux. Puis au camp de Châteaubriant.

IV. La promesse d'Odette
Le 20 octobre 1941, le commandant des troupes d'occupation de Loire-Inférieure, Karl Hotz, est abattu à Nantes par trois jeunes communistes. Les Allemands veulent que cinquante otages soient fusillés. Le ministre de l'Intérieur du gouvernement Pétain, Pierre Pucheu, est chargé d'établir une liste. Vingt-sept des otages sont pris dans le camp de Châteaubriant. Presque tous des communistes. Parmi eux, Charles Michels, 38 ans, secrétaire général des cuirs et peaux CGT ; Jean-Pierre Timbaud, 37 ans, dirigeant de la métallurgie CGT ; Jean Grandel, 50 ans, secrétaire de la fédération postale CGT. Guy Môquet, 17 ans, fils de député communiste. C'est le plus jeune.

couvertureGuy va mourir. Il écrit cette fameuse dernière lettre à sa famille. Qui commence par : «Je vais mourir !» Et se termine par : «Je vous embrasse de tout mon coeur d'enfant.» Puis il rédige un ultime petit mot. «Ma petite Odette, je vais mourir avec mes 26 camarades, nous sommes courageux. Ce que je regrette, c'est de ne pas avoir eu ce que tu m'avais promis. Mille grosses caresses.» Au camp, Guy est tombé amoureux d'Odette [Nilès], une militante communiste à laquelle il a pu parler au-dessus des barbelés qui, au camp, séparent filles et garçons. Et promesse il y a eu. Dans l'Humanité du 24 mai dernier, Odette a donné le fin mot : «Guy m'avait dit un jour : "Est-ce que tu serais d'accord pour me faire un patin ?" Et moi, qui ne savais pas du tout ce que c'était, j'avais répondu : "Si tu veux"».

Le 22 octobre 1941, à 16 heures, dans la carrière de la Sablière, Guy Môquet est mort.

(1) Cité dans Guy Môquet : une enfance fusillée, de Pierre-Louis Basse, Stock, 2000 (rééd. 2007).

Édouard LAUNET
http://www.liberation.fr/transversales/grandsangles/259277.FR.php
© Libération

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11 février 2007

le Genizah de la synagogue du vieux Caire

collage


le Genizah de la synagogue du vieux Caire

remarquable fond de manuscrits médiévaux

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cliquer sur l'image pour l'agrandir


Depuis plus de 2 000 ans, le judaïsme rabbinique a traditionnellement assigné un lieu spécifique à la conservation des textes hébreux qui ne devaient plus être diffusés (genizah). Le célèbre Genizah du Caire fut constitué principalement entre le dixième et le treizième siècle, et éclaire tous les aspects de la vie médiévale orientale. La plupart de ses fragments de manuscrits sont conservés à la bibliothèque universitaire de Cambridge et représentent une source d'information unique sur les relations entre Juifs, Musulmans et Chrétiens pendant les Croisades. L'histoire de la collection du Genizah de Cambridge, depuis son acquisition il y a plus de 100 ans, est presque aussi remarquable que son contenu.

source



Schechter
Solomon Schechter au travail dans la bibliothèque de l'université
de Cambridge, 1898 (source)


source

lettre manuscrite du philosophe juif Maïmonide trouvée dans le Genizah du Caire,
texte en langue arabe mais en écriture hébraïque (source)



Eleventh century letter from Ephraim ben Shemarya
source



source





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10 décembre 2007

Visite Mémorial de la Shoah le 7/12/07 à Paris, une élève

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Visite Mémorial de la Shoah

le 7 décembre 2007 à Paris : une élève

 

Le coeur plein de la ville lumière, de rires, de soleil


Une chute dans l'abysse des cruautés humaines


Se fait.


Brutale, profonde et sourde.


L'arrivée en ce lieu anesthésie l'espoir.


Une excuse à la souffrance : la mémoire.


En ressortir pour tenter de découvrir dans un sourire, dans un regard complice


la plus grande démonstration d'humanité


Et s'y raccrocher


Puisque rien d'autre n'est stable


Puisque le sol semble s'affaisser


A la vue d'un visage peint de l'innocence enfantine torturée


Et de toile de juste mal tissée où s'aperçoivent, entrelacés,


quelques cheveux emmêlés.


Envie de dire je t'aime à la personne détestée


Uniquement pour détruire une miette de haine en ce monde.


Se demander ce qu'il se passera


Quand les pieds fouleront cette terre anéantie,


Une fois l'âme débarquée en enfer,


Là-bas, tout au bout des rails,


Où termine le chemin de fer.

                               S.B.


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3 décembre 2007

l'Affiche rouge

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l'Affiche rouge

et l'exécution du groupe Manouchian le 21 février 1944

au fort du Mont-Valérien


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L'affiche rouge est célèbre. Pourquoi ? La propagande allemande avait cherché à susciter la répulsion par un montage photographique associant les visages des résistants ("terroristes") arrêtés et les instruments (armes) et résultat de leurs actions (sabotage...). Or, finalement, il s'est produit l'inverse. Le groupe Manouchian a été héroïsé dans la mémoire de la résistance. Le poème d'Aragon, écrit en 1955, mis en chanson par Léo Ferré (lien audio ou autre lien audio) a contribué à ce destin.





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GroupeManouchian
le groupe Manouchian après l'arrestation de ses membres




manouchian3


___________________________________________________


L'affiche rouge

Louis Aragon

Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
Vous vous étiez servis simplement de vos armes
La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans

Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
L’affiche qui semblait une tache de sang
Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir Français de préférence
Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE

Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre
A la fin février pour vos derniers moments
Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand

Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses
Adieu la vie adieu la lumière et le vent
Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses
Quand tout sera fini plus tard en Erivan

Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
Que la nature est belle et que le coeur me fend
La justice viendra sur nos pas triomphants
Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant

Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient le coeur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant

Louis Aragon (1955), Le Roman inachevé, 1956
Chanson interprétée par Léo Ferré.
(autre lien audio)






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23 août 2007

Un peu de rigueur SVP ! (réponse à Berlière et Boulouque)


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signature du pacte germano-soviétique



Un peu de rigueur SVP !


par Xavier Vigna, Jean Vigreux, Serge Wolikow, historiens à l'Université de Bourgogne, UMR CNRS 5605 – L'Humanité, 26 juin 2007


À lire l’article de Jean-Marc Berlière et Sylvain Boulouque, aucun communiste n’a été résistant avant juin 1941. Cette vieille querelle, à la fois historiographique et politique, a donc la vie longue. Pensons au débat Vercors-De Gaulle en 1956, où le premier venant de lire les Mémoires de l’homme du 18 juin, s’interroge et même s’étonne dans une lettre envoyée au second, le 11 février 1956, de retrouver «sous votre plume les calomnies ordinaires que l’on porte contre les communistes ? On a suffisamment de choses à leur reprocher pour ne pas y ajouter des accusations historiquement fausses (...)»

S’il est utile de repenser et revisiter la part des mythes historiques, il ne faudrait pas qu’au nom de ce révisionnisme l’historien oublie le contexte précis et les actes de l’époque.

Les tracts diffusés par le jeune Môquet ne sont plus ceux de 1939 de défense du pacte germano-soviétique et d’une dénonciation de la «guerre impérialiste». Si dénoncer Vichy et les conditions de vie de l’été et l’automne 1940 n’est pas une forme de Résistance, que reste-t-il pour apprécier la Résistance de 1940 ? La Résistance se limite-t-elle à la dénonciation de l’occupant, en gardant un caractère patriotique ? Il semble que cette vision est réductrice. On peut considérer à rebours que la dénonciation du régime de Vichy, régime de l’exclusion (qui a promulgué le 13 août la «dissolution des sociétés secrètes» et le 3 octobre «le statut des Juifs») et qui prépare l’entrevue de Montoire (24 octobre), est un moment de la Résistance. C’est dans ce contexte que le jeune Môquet est arrêté le dimanche 13 octobre 1940 à la gare de l’Est... Dire qu’il est dans la logique du pacte germano-soviétique et de la ligne de rapprochement avec les forces d’occupation à la fin de l’été 1940 revient à oublier les inflexions qu’impose Thorez depuis Moscou. Pourquoi Môquet a-t-il été arrêté ? Par erreur ? Par zèle ? Ce jeu de bascule est dangereux quant à l’interprétation historique. D’autant que le jeune Môquet, une fois interné, participe à diffuser des messages résistants.

De même que certains résistants à cette date - et pas des moindres - sont à la fois pétainistes et hostiles à l’occupation, on peut sans doute considérer que l’hostilité à Vichy est une étape dans la bascule des communistes vers la Résistance.

Est-ce que la police qui arrête le jeune Môquet dépend d’un régime républicain ? N’y a-t-il pas rupture fondamentale entre Vichy et la IIIe République ? Ce raccourci historique conduit à trahir la réalité et aboutit à un amalgame contestable.

Dans ce même article, les auteurs n’ont pas de mots assez durs contre les jeunes communistes qui font des attentats contre les officiers allemands au moment où Guy Môquet est exécuté comme otage, à l’automne 1941. Où est le sens profond de la dénonciation ? C’est celui d’actes isolés, qui conduisent aux représailles. Lire ces actes de lutte armée, donc de Résistance, à l’aune d’attentats organisés - mais dissimulés par le PCF -, c’est aussi reprendre la terminologie de Vichy et de l’occupant sur des «terroristes», c’est nier les contextes variés et emboîtés de l’époque, c’est escamoter la réalité de l’occupation militaire allemande. Les jeunes engagés dans la lutte armée sont-ils seulement «manipulés», n’ont-ils pas conscience de se battre contre l’occupant ? Si l’on dénie aux otages le droit d’être résistant, pourquoi dire alors que les attentats se font dans «la plus totale improvisation» ? Il s’agit aussi de dénier aux auteurs des attentats le qualificatif de résistant. Toute la résistance qui se fait dans la clandestinité et qui est loin d’être unifiée (ce qui arrivera seulement en 1943) serait alors impensable, inimaginable, voire impossible.

Les deux moments, les deux stigmatisations de la jeunesse - pour ne pas dire du jeunisme - permettent aux auteurs de tout réduire au mythe et à la mystification communistes. N’y a-t-il pas là une déformation induite par la lecture des archives des brigades spéciales, donnant lieu à une sorte d’«histoire spéciale» dont la principale caractéristique serait d’être un tract anticommuniste ?

De fait, nos collègues, au lieu d’élucider les usages politiques du passé que Sarkozy déploie, semblent sombrer dans un anticommunisme suranné. Un tel choix leur appartient, mais aboutit à gommer les complexités du phénomène résistant, à l’intérieur duquel il faut compter des militants communistes, entre le printemps 1940 et l’automne 1941.

L'Humanité, 26 juin 2007


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Jacques Duclos




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17 novembre 2007

Préparation du voyage à Auschwitz - Documentation

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Préparation du voyage à Auschwitz

documentation




natifs de Saint-Chamond, morts en déportation

Dechaud (Pierre, Marius), né le 9 mars 1922 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 23 décembre 1944 à Buchenwald  (Allemagne).

Gilbertas (Paul, Jean, François), né le 10 mars 1922 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 13 avril 1945 à Bergen-Belsen (Allemagne).

Gonon (Joannes, Antoine), né le 22 décembre 1890 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 22 avril 1945 à Ravensbrück (Allemagne)

Mahinc (René, Louis), né le 2 janvier 1926 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 8 juillet 1944 à Melk (Autriche)

Maillon (Mathieu, Marcel), né le 11 novembre 1925 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 4 juin 1944 à Oranienburg (Allemagne)

Pague (Henri), né le 30 mai 1885 à Saint-Chamond (Loire),
décédé le 7 janvier 1945 à Hamburg-Neuengamme (Allemagne).

Rambeaud (Antoine, Marius, Claudius, François), né le 29 mai 1893 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 9 novembre 1943 à Natzwiller (Bas-Rhin).

Richard (Marius, Mathieu, Antoine), né le 17 juin 1908 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 25 novembre 1944 à Neuengamme (Allemagne).

Verrier (Marius), né le 21 novembre 1898 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 13 octobre 1944 à Mauthausen (Autriche).

Verth (Marius, Pierre), né le 10 février 1919 à Saint-Chamond (Loire)
décédé le 2 juillet 1944 à Dachau (Allemagne).



natifs de la Loire, morts à Auschwitz

Alexandre, née Gompel (Rachel), née le 20 décembre 1883 à Saint-Étienne (Loire)
décédée le 5 juillet 1944 à Auschwitz (Pologne).

Alexandre, née Levy (Suzanne), née le 1er avril 1877 à Saint-Étienne (Loire)
décédée le 15 février 1944 à Auschwitz (Pologne).

Barret, née Ressort (Clothilde), le 8 mai 1910 à Briennon (Loire)
décédée le 4 juin 1944 à Auschwitz (Pologne)
et non le 30 mai 1944 à Drancy (Seine).

Chaux née Sapin (Marie, Mathilde), le 14 août 1875 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 15 février 1943 à Auschwitz (Pologne).

Dzviga (Suzanne), née le 24 juin 1926 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 25 novembre 1943 à Auschwitz (Pologne)

Levy (Denise, Caroline), née le 19 juillet 1923 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 12 octobre 1943 à Auschwitz (Pologne).

Lévy, née Nordman (Hélène), née le 3 septembre 1899 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 1 octobre 1944 à Auschwitz (Pologne)

Moise (Simone, Eva), née le 24 janvier 1944 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 4 juin 1944 Auschwitz (Pologne)

Salomon, née Levy (Jeanne), le 10 décembre 1873 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 6 août 1944 à Auschwitz (Pologne).

Samuel, née Wahl (Jeanne, Adèle), le 18 mai 1881 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 25 mai 1944 à Auschwitz (Pologne).

Schlotterer, née Bloch (Jeanne), le 18 avril 1887 à Lure (Loire)
décédée le 15 mars 1944 à Auschwitz (Pologne).

Schnerb (Jacques, Marc), né le 10 septembre 1920 à Saint-Etienne (Loire)
décédé le 21 janvier 1944 à Auschwitz (Pologne).

Seches (Danielle, Emilie), née le 5 mars 1932 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 18 avril 1944 à Auschwitz (Pologne).

Szurek (Hélène), née le 22 février 1934 à Roanne (Loire)
décédée le 4 juin 1944 à Auschwitz (Pologne).

Triolet (Antonin, Claudius), né le 21 janvier 1920 à Saint-Etienne (Loire)
décédé le 2 décembre 1944 à Auschwitz (Pologne).

Wisental (Germaine, Anne), née le 13 juin 1894 à Saint-Etienne (Loire)
décédée le 25 novembre 1943 à Auschwitz (Pologne).

- source : http://mortsdanslescamps.com/france.html


auschwitz



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2 janvier 2008

l'anarchisme : repères et images

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Félix Valloton (1865-1925), gravure sur bois, 1892



l'anarchisme :

repères et images

une définition

anarchisme : négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et haine de toutes les contraintes qui procèdent des institutions (État, Capital, Religion) – selon Sébastien Faure (1858-1942), Encyclopédie anarchiste

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principaux anarchistes

Pierre-Joseph Proudhon
1809-1865

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1840 : Qu'est-ce que la propriété ? ou Recherches sur le principe du droit et du gouvernement (premier mémoire sur la propriété).

Proudhon_propri_t__couv



Michel Bakounine
1814-1876

1869_bakunin_basle   bakounine     9782915731118FS

 

Louise Michel
1830-1905

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Louise Michel en costume de fédéré, cliché Fontange, 1871, Montreuil - musée de l'Histoire vivante

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Louise Michel lors de sa déportation à Nouméa en Nouvelle-Calédonie, 1873-1880, gravure

 

Michel    louise_michel

 

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Louise Michel à la fin de sa vie

 

 

Pierre Kropotkine
1842-1921

communisme_     Kropotkine

 

Ravachol
1859-1892

un militant anarchiste

20040158



Auguste Vaillant
1861-1894

vaillant_execution    vaillant

- guillotiné le 4 février 1894 pour avoir jeté une bombe - qui ne tua personne - à la Chambre des députés le 9 décembre 1893.

 

Geronimo Sante Caserio
1873-1894

Sante_Caserio   caserio_execution

judicicaserio    caser7xm9

- anarchiste italien guillotiné le 16 août 1894 pour avoir assassiné le président de la République Sadi Carnot, le 24 juin 1894 à Lyon, acte destiné à venger Auguste Vaillant. Son exécution eut lieu à 4 h 55 devant la prison Saint-Paul à Lyon.

______________________________________________________________

 

anarchistes de la Loire

(Saint-Étienne, Saint-Chamond...)

 

Ravachol, 1859-1892

un militant anarchiste

20039499_p

 

Le 6 janvier 1858, naissance de Sébastien Faure à Saint-Étienne.
Figure importante de l'anarchisme français.
Il fut séminariste avant d'être libre-penseur, et socialiste du parti ouvrier avant de devenir anarchiste en 1888. Après l'exécution d'Auguste Vaillant en 1894, il devient le tuteur de sa fille Sidonie. Il est jugé six mois plus tard lors du Procès des trente : ils seront acquîtes. En 1895, il fonde avec Louise Michel : Le Libertaire. Lors de l'affaire Dreyfus, il soutient activement celui-ci. En 1900, il publie le journal Les Plébeiennes. En 1904 il crée, près de Rambouillet, une école libertaire "La Ruche". Elle ne cessa de se développer (jusqu'à la guerre qui la contraindra à fermer en 1917). En 1916, Sébastien Faure lance le périodique Ce Qu'il Faut Dire, qui sera de nombreuses fois censuré. En 1918, il est emprisonné pour avoir organisé un meeting interdit.
En 1928, en désaccord avec "L'Union Anarchiste Communiste Révolutionnaire", il crée "L'Association des Fédérations Anarchistes", mais reviendra à l'Union Anarchiste en 1934.
Outre ses qualités de pédagogue et d'orateur, il est aussi l'auteur de nombreux libres : La douleur universelle (1895), Mon communisme (1921), L'imposture religieuse (1923), Propos subversifs, etc.
Il est également l'initiateur de l'Encyclopédie Anarchiste.
Il meurt à Royan, le 14 juillet 1942.

 

liabeuf_Le 2 juillet 1910, à Paris, à 4 h 47, Jean Jacques Liabeuf, est guillotiné.
Né le 11 janvier 1886 à Saint-Étienne, ce jeune ouvrier cordonnier au chômage commet quelques larcins qui lui valent une interdiction de séjour dans sa ville natale. Il s'installe à Paris. En juillet 1909, il est arrêté par deux agents de police qui le font condamner le 14 août, à trois mois de prison et à une nouvelle interdiction de séjour, pour "proxénétisme". Condamné injustement, à sa sortie de prison, il décide de se venger de cet affront sur des agents de police. Le 8 janvier 1910, armé d'un pistolet et de deux tranchets de cordonnier, protégé par des brassards hérissés de pointes acérées (de sa fabrication), il tue un des policiers, blesse le second à la gorge et en envoie six autres à l'hôpital avant d'être arrêté.
Le socialiste révolutionnaire et antimilitariste Gustave Hervé, prend sa défense dans le journal La Guerre Sociale, son article "Doit-on le tuer ?" fait scandale et lui vaut d'être condamné le 22 février, dans un procès tumultueux, à 4 ans de prison. Initiée par les anarchistes, l'agitation gagne alors toute la gauche et la condamnation à mort de Liabeuf le 7 mai, est l'objet d'une énorme manifestation.
Son exécution dans la nuit du 1er au 2 juillet se fait dans un climat d'insurrection, un agent est tué et des centaines de manifestants blessés dans les affrontements avec la police. Jusque sous le couperet de la guillotine, Liabeuf n'aura de cesse de crier : "Je ne suis pas un souteneur".

source

 

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10 janvier 2008

les Américains, leur histoire et le cinéma

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les Américains, leur histoire et le cinéma

la guerre du Vietnam



Les bérets verts
John Wayne, 1968

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Voyage au bout de l'enfer
Michael Cimino, 1978

- présentation et analyse du film sur analysefilmique.free.fr


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des jours heureux à l'enfer...


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Apocalypse Now
Francis Ford Coppola, 1979

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Full Metal Jacket

Stanley Kubrick, 1987

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Good Morning Vietnam
Barry Levinson, 1988


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Entre ciel et terre
Oliver Stone (film franco-américain), 1992

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Terence Malick, 1998

- excellente étude de la Ligne Rouge sur cine-studies.net

- une présentation du film

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La Ligne Rouge, une réflexion profonde sur le sens de la guerre,

de la violence, sur le sens de nos vies. Après l'avoir vu, vous ne

parlerez plus jamais de la guerre comme avant.

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Nous étions soldats
Randall Wallace, 2002

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Mémoires de nos pères (Flags of Our Fathers)
Clint Eastwood, 2006


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*Air America*
*
Flags of our fathers*
*
Apocalypse Now*
*
Vietcong*
*
les Bérets verts*
*
la 317ème section* film français
*China Beach*
*
Dear America, lettres du Viet-Nam*
*
l'Enfer du devoir*
*
Entre ciel et terre*
*
Charlie Bravo* film français
*Army brothers*
*
Full metal Jacket*
*
Good morning, Viet-Nam*
*
Hoa-Binh*
*
Indochine* film français
*le Merdier*
*
Diên Biên Phu*
*
le Mort-vivant*
*
Né un 4 Juillet*
*
Nous étions soldats*
*
Outrages*
*
Platoon*
*
le Retour*
*
Un américain bien tranquille*
*
R-Point*
*
Une balle dans la tête*
*
le Vol de l'intruder*
*
Voyage au bout de l'enfer*
*
Forest Gump*

cf. blog de Cédric


- travail effectué avec Cédric P., lycéen en classe de 1ère



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16 novembre 2007

le calendrier républicain

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le calendrier républicain

adopté le 24 octobre 1793



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liens

- Fabre d'Églantine , Rapport sur le calendrier révolutionnaire, 24 octobre 1793

- le calendrier républicain, université d'Orléans  

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les quatre saisons et le nom de tous les jours


l'automne

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cliquer sur l'image pour l'agrandir


l'hiver

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le printemps

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cliquer sur l'image pour l'agrandir


l'été

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cliquer sur l'image pour l'agrandir



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Calendrier révolutionnaire établi et signé par Fabre d'Eglantine

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L’abandon du calendrier révolutionnaire - 9 septembre 1805                   
Le 22 fructidor an XIII un senatus-consulte impérial, sur rapport de Laplace, a abrogé le calendrier «français» (républicain) et établi le retour au -calendrier «romain» (grégorien) «à partir du 11 nivôse prochain» (1er janvier 1806). Ainsi prenait fin, après 12 ans, 2 mois et 27 jours, le parcours de ce calendrier instauré par le décret de la Convention du 24 octobre 1793 avec l’ambition de rompre au nom de la raison avec une nomenclature jusque-là fondée sur «la superstition et le fanatisme». Une campagne active et des mesures autoritaires en avaient assuré le succès en l’an II, en l’an III, puis en l’an VI (1798). Le Directoire en avait rappelé le caractère obligatoire.

Mais très tôt, si les administrations en avaient tant bien que mal respecté les clauses, de vives résistances s’étaient fait jour tant dans les classes populaires, et principalement dans les campagnes, que dans les élites restées attachées à la religion.On soulignait aussi les imperfections, voire le caractère «utopique», de ce calendrier calqué sur la nature… mais dont l’universalisation eût posé des -problèmes sous d’autres climats et d’autres latitudes.

La généralisation des -résistances, la «renaissance religieuse» expliquent, après brumaire, les étapes qui voient le repos du dimanche rétabli après le Concordat et les almanachs rechristianisés, même si, significativement, le calendrier républicain est resté officiel jusqu’à la date rappelée ci-dessus. Les rapporteurs du décret ont exprimé leur regret du système abrogé et le souhait qu’un jour «l’Europe calmée, rendue à la paix et à ses conceptions utiles sentira le besoin de perfectionner ses -institutions sociales» en réutilisant «les débris perfectionnés du calendrier auquel la France renonce à ce moment», certains que Sa Majesté Impériale et Royale eût préféré attendre du temps qui fait triompher la raison des préjugés «l’occasion de faire adopter un meilleur systèmede mesure des années». On ne se risquera pas, en 2005, à réitérer ce vœu : victorieuse dans son ambition de remodeler les structures de l’espace, par le système métrique, la Révolution a échoué dans sa tentative à l’égard de celle du temps.

Michel Vovelle
professeur émérite à l’université de Paris I
source

            



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15 novembre 2007

statue de Marianne à Saint-Chamond, place de la Valette

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21 juin 2007



statue du centenaire de la Révolution,

place de la Valette (1889)



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statue du centenaire de la Révolution, place de la Valette à Saint-Chamond (42)


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statue du centenaire de la Révolution, place de la Valette à Saint-Chamond (42)


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- photos prises le 21 juin 2007 - © Michel Renard

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la statue, le 22 octobre 2007


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statue du centenaire de la Révolution, place de la Valette à Saint-Chamond (42)


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statue du centenaire de la Révolution, place de la Valette à Saint-Chamond (42)


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statue du centenaire de la Révolution, place de la Valette à Saint-Chamond (42)


- photos prises le 22 octobre 2007 - © Michel Renard

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images utilisées en classe

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cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer


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cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer


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2 février 2008

souvenir d'Antoine Pinay

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Pinay à son bureau, rue de Rivoli à Paris



le bureau de maire d'Antoine Pinay



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bureau de maire d'Antoine Pinay, déposé au lycée Claude Lebois à Saint-Chamond

 

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il est dans l'espace d'accueil des parents (hall d'entrée)

 

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plateau de marqueterie

 

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le bureau est resté en mairie avant d'être confié au lycée 

 

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Antoine Pinay fut maire de Saint-Chamond de 1929 à 1977

 

 

- photos prises le samedi 2 février 2008 vers midi

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Antoine Pinay (1891-1994) fut chef du gouvernement du 8 mars 1952 au 23 août 1952.
Industriel élu député de la Loire, il vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, mais aide la Résistance pendant le conflit. Nommé président du Conseil en mars 1952, où il lance un premier emprunt national, suivi d’un second (en 1958) et restaure le franc. Ministre des Affaires étrangères en 1955, il résout la crise marocaine et ouvre la voie à l’autonomie tunisienne. Son libéralisme économique et son attachement à l’Algérie française le conduisent à démissionner en janvier 1960. Véritable praticien de l’économie, il reste l’une des grandes figures politiques de l’après-guerre.

 

- la biographie d'Antoine Pinay sur le site du médiateur de la République :

Médiateur de la République de janvier 1973 à mai 1974   
1891 : naissance à Saint-Symphorien-sur-Coise (Rhône) 
1929 - 1977 : maire de Saint-Chamond (Loire) 
1934 - 1936 : conseiller général de la Loire, puis député indépendant de Saint-Étienne 
1938 - 1940 : sénateur 
Après la guerre, député républicain indépendant de la Loire avec différentes responsabilités ministérielles 
1952 - 1953 : président du Conseil prenant également en charge le portefeuille des Finances, il s’est consacré au redressement de la situation financière de la France,
1955 : aux Affaires étrangères dans le gouvernement d’Edgar Faure. 
1958 : nommé par le général de Gaulle «ministre des Finances et des Affaires économiques», il a mené la réforme monétaire instituant le "nouveau franc".
1960 : Il a remis sa démission en janvier 1960 et abandonné toute activité politique nationale. 
Il est décédé en décembre 1994.

 

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images

 

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Pinay et Pétain à Saint-Chamond en mars 1941

 

 

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Antoine Pinay, le 14 juin 1952

 

 

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30 novembre 2007

lettre aux parents de la classe de TERM ES1

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lettre aux parents de la classe

de Terminale ES1


Madame, Monsieur,

La classe de Terminale ES1 a la possibilité d'effectuer le mardi 11 décembre un voyage d'étude à Auschwitz (Pologne)  organisé par le Mémorial de la Shoah. Ce voyage sera précédé d'une visite préparatoire à Paris, le vendredi 7 décembre.

Voici quelques précisions :


1) le vendredi 7 décembre

Visite préparatoire au Mémorial de la Shoah à Paris, 17 rue Geoffroy l'Asnier (4è)

Rendez-vous à 7 H 30 : gare de Saint-Chamond

départ train de St-Chamond 7h44, arrivée à Paris à 11h

proposition : une visite de Paris en bateau «les vedettes du pont neuf»

départ de la pointe de l'île de la Cité à 12h, tour de 1h coût = 4,50€

prévoir repas et boisson tirés du sac pour midi

13h visite du Mémorial ; le musée n'admet aucun objet métallique, ni dans les poches ni dans les sacs.

retour : 21 H à Saint-Chamond

Professeurs accompagnateurs : M. Goudard et Mme Thomas.

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mémorial de la Shoah à Paris

 

2) le mardi 11 décembre

Un autobus affrêté par la région nous conduit à l'aéroport et nous ramènera le soir.

Départ probable à 4 H 30, du lycée pour être à 5h30 à l'aéroport de Satolas

Lyon -Cracovie en avion

Cracovie-Auschwitz en autobus

le matin : visite de Birkenau, là où arrivaient les Juifs de France puis halte devant le monument international pour une évocation des victimes

l'après-midi : visite du camp d'Auschwitz, en particulier le bloc 20 puis du crématoire 1 non détruit et où un four a été en partie reconstitué.

Retour à Cracovie prévu pour 18h, décollage 20h

un repas chaud est servi dans l'avion.

arrivée vers 22h à Lyon

professeurs accompagnateurs : M. Moulin et Mme Thomas

 

Prévoir

vêtements chauds : les températures peuvent descendre à – 15 °

chaussures pour marcher

un en-cas pour midi

 

Formalités

Chaque élève doit être muni d'une pièce d'identité : carte ou passeport en cours de validité

les parents ou responsables légaux d'élèves mineurs doivent demander en mairie une autorisation de sortie du territoire

un chèque de 50 € est libellé à l'ordre de l'«agent comptable du lycée»

40 € si l'élève est adhérent à la MDL.


Prière de rendre rapidement et au plus tard

le mardi 20 novembre :

les autorisations ci-jointes complétées et signées

le paiement

et l'autorisation de sortie du territoire

chaque élève aura sa pièce d'identité, ce qui lui est nécessaire pour la journée en veillant à bien respecter les consignes de sécurité : ni objet coupant, ni liquide.

Il serait judicieux de prévoir un sac à dos pour un groupe d 'élèves avec étiquetage et mise en soute.

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8 février 2008

grèves du Midi viticole en 1907

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les "troubles" du Midi en 1907

la révolte des viticulteurs languedociens

 

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Marcellin Albert (1851-1921)

 

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contexte historique

Des viticulteurs en lutte

En 1907, le Languedoc viticole s’estime menacé par la concurrence des vins d’Algérie et la chaptalisation. La Confédération générale viticole réalise une manière d’union sacrée entre les producteurs, des plus petits aux plus grands. De puissants rassemblements crédités de dizaines de milliers de participants se succèdent du 7 avril au 9 juin 1907.

Dans les quatre départements concernés, les conseils municipaux présentent leur démission collective et appellent à la grève de l’impôt. Des perceptions, préfectures et sous-préfectures sont attaquées. Le gouvernement fait appel aux gendarmes et à la cavalerie.

Le sang coule à Narbonne où quatre manifestants sont tués les 19 et 20 juin. À Béziers, le 21, le 17e régiment d’infanterie, majoritairement composé, selon l’usage, de réservistes et de conscrits du pays, craint que les soldats venus des régions septentrionales ne menacent leurs compatriotes. Ils quittent leur caserne, se portent devant la foule et mettent crosse en l’air (ce qui vaudra aux «mutins» d’être expédiés en Tunisie). Clemenceau réplique par de nouvelles démonstrations de force. Le 23 juin une loi est cependant votée, qui réprime la chaptalisation abusive.

Quatre ans plus tard, les viticulteurs de l’Aube se mobilisent pour une tout autre cause. Malgré la mauvaise récolte de 1910, le cours du raisin reste bas. Les viticulteurs de la Marne suspectent les marchands d’avoir acheté et vendu sous le nom de champagne des vins de l’Aube, en infraction au décret du 17 décembre 1908 qui limite l’aire géographique de l’appellation.

Ils s’attaquent aux chais et aux fûts des viticulteurs et négociants de l’Aube, qui répliquent sur un mode similaire à Ay et à Epernay en premier lieu. Tous sont soutenus par leurs élus respectifs. La troupe s’interpose. Le décret est finalement reporté.

Les statues de Ferroul, à Narbonne, de Gaston Chéry à Bar-sur-Aube ou le célèbre «Salut à vous…» de Montéhus sont là pour attester de l’inscription durable de ces événements dans l’histoire et la sensibilité régionales.

Danielle TARTAKOWSKY
professeur d'histoire contemporaine
à l'université Saint-Denis/Paris VIII

 

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statue du Dr Ferroul à Narbonne

la révolte des vignerons

Le 11 mars 1907, 87 vignerons du village d’Argeliers conduits par Marcellin Albert se rendent à Narbonne où siège une commission d’enquête parlementaire envoyée pour étudier la crise de mévente des vins qui sévit depuis sept ans. Afin d’obtenir le droit de vivre en travaillant leur terre, ils exigent que la lutte contre la fraude soit mise à l’ordre du jour et inaugurent une série de manifestations pacifiques qui envahissent, dimanche après dimanche, les esplanades des villes du Languedoc et du Roussillon pour atteindre le 9 juin, à Montpellier, le chiffre de 500 000 participants, inégalé depuis.

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Marcellin Albert

Bientôt rallié par Ernest Ferroul, maire socialiste de Narbonne, et appuyé sur une mobilisation générale sans distinction d’opinion ni de classe sociale, Marcellin Albert adresse au gouvernement de Clemenceau un ultimatum pour le vote d’une loi et déclenche, le 10 juin, la grève de l’impôt et la démission des municipalités.

Le Midi est occupé militairement, la plupart des dirigeants de la révolte sont emprisonnés, des fusillades font six morts à Narbonne les 19 et 20 juin. Le 17ème régiment d’infanterie de Béziers se mutine alors, et ne se soumet que sous promesse d’indulgence, avant d’être expédié à Gafsa (Tunisie).

Reçu par Clemenceau le 23 juin, Marcellin Albert est discrédité par le prêt d’un billet de 100 francs pour payer son retour.

Les 29 juin et 15 juillet sont votées les lois qui encadrent pour un siècle la production et le marché des vins en France, en imposant la déclaration des récoltes, en réglementant le sucrage, en pourchassant la fraude et en contrôlant le mouvement des vins. La Confédération générale des vignerons (C.G.V.), première organisation d’un grand secteur agricole, est créée à Narbonne, le 22 septembre, sous la présidence de Ferroul.

Le mouvement de 1907 a tenu en haleine la presse nationale et l’opinion publique pendant plusieurs mois, ce qui suffirait à justifier son évocation. Par sa masse, sa durée, l’unanimité manifestée, il représente la dernière grande révolte paysanne qui s’est déroulée en France, devenant une référence permanente pour d’autres mouvements. Par ses méthodes modernes : fixation des objectifs, propagation des mots d’ordre par la presse, pancartes, discours, interventions parlementaires, il illustre la démocratie participative.

Par ses résultats qui inaugurent une intervention permanente de l’État dans la régulation d’un secteur économique, il modifie profondément l’économie française. Enfin, il institue des préoccupations écologiques et éthiques, avec la défense du vin naturel, et politiques, avec la référence affirmée au midi occitan, la volonté de défendre l’emploi et la prise en compte des spécificités régionales dans la conduite des affaires publiques.

Rémy Pech
professeur d'histoire contemporaine
à l'université de Toulouse-le-Mirail
source

 

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la période qui amena à la révolte de 1907

Le 30 avril 1905, Jean Jaurès venait parler aux arènes de Béziers, principalement aux ouvriers agricoles en grève. Mais Marcelin était présent, accompagné de 30 vignerons d’Argeliès, et ils avaient mis leur programme sur leurs chapeaux : «Viticulteurs méridionaux, travailleurs agricoles, ouvriers, commerçants, Debout, Debout pour le salut du Midi, Par la grève des corps élus, par le refus de l’impôt, défendons nos droits à l’existence».

Les parlementaires de la majorité gouvernementale, socialiste Félix Aldy, les radicaux G. Doumergue et Albert Sarraut tentent d’obtenir de l’Assemblée un titre fiscal de mouvement pour les achats de sucre à partir de 50 kg, et une surtaxe sur les vins de sucre. Le 14 juin ce projet est repoussé par 386 voix contre 200.

Cette décision politique provoque une montée en puissance de l’action du Comité d’Argeliès. Le Conseil municipal d’Argeliès démissionne le 16 juin, et recueille une première pétition 400 signatures principalement, «les soussignés décident de poursuivre leurs justes revendications jusqu’au bout, de se mettre en grève contre l’impôt, de demander la démission de tous les corps élus, et engagent toutes les communes du Midi et de l’Algérie à suivre leur exemple aux cris de : Vive le vin naturel ! à bas les empoisonneurs !» suivi de celui d’Alignan du Vent, de Puissalicon, d’Aigues Vives.

Dans l’Hérault 33 conseils municipaux approuvent les démissions et sont près à suivre. Le 19 juin mille vignerons réunis à Sallèles d’Aude décident de s’opposer par la force aux interventions des huissiers qui venaient saisir les biens des plus endettés, et cette décision a une application immédiate, un huissier qui venait saisir un vigneron d’Argeliès, dut repartir, un peu secoué, avec un billet : «Les soussignés, agissant en vertu d’une décision prise par les contribuables et viticulteurs de la commune d’Argeliès, invitent le porteur de contraintes, à cesser toutes poursuites au sujet du recouvrement de l’impôt.».

Le Comité Régional Viticole prépare une manifestation de protestation pour le 2 juillet aux arènes de Béziers qui réunit 15 000 personnes, de nombreux ouvriers sont présents aux côtés des viticulteurs et des décisions sont prises, démission des élus, il ne sera pas opposé des candidats lorsque de nouvelles élections surviendront, les propriétaires promettent de ne plus licencier de personnel, mais cette volonté semble contestée par les municipalités des grandes villes, Béziers, les élus du Gard refusent la grève des impôts...

Jean Clavel, spécialiste
de l’histoire viticole languedocienne
source

 

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tumulus dressés par les habitants à l'endroit où sont tombées les victimes

 

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images des "troubles du Midi"

 

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Narbonne en 1907, porte de la sous-préfecture enfoncée par les manifestants,
et gardée ensuite par la troupe

 

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le maire de Nabonne, le docteur Ferroul a présenté sa démission
en solidarité avec les viticulteurs

 

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légende de la carte :
la caserne du 17e après la mutinerie ;
le cadran de l'horloge brisé d'un coup de fusil ;
traces de balles Lebel sur la façade

 

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soldats du 9e bivouaquant la nuit sur le boulevard Gambetta

 

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cuirassiers et soldats du 9e bivouaquant

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le colonel du 9e au milieu de ses hommes

 

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arrestation du Dr Ferroul, maire de Narbonne


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"le défenseur des gueux est en prison quand les fraudeurs sont en liberté !"

 

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femmes manifestant


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Melle Cécile Bourrel morte


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funérailles de Melle Cécile Bourrel

 

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funérailles des victimes du 20 juin 1907 à Narbonne

 

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potence érigée sur la place de l'hôtel de ville
à Narbonne à l'adresse de Clemenceau

 

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Marcellin Albert a été reçu par Clemenceau le 23 juin 1907

 

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Marcellin Albert

 

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démontage des barricades de l'hôtel de ville de Narbonne

 

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rassemblement

 

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analyse d'images

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La révolte des viticulteurs du Midi [L'Illustration, 18 mai 1907]

 

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Le serment des vignerons fédérés à Montpellier [L'illustration juin 1907].

Les acteurs des manifestations

Ces photographies (ou cartes postales) donnent à voir les acteurs de quelques-unes de ces manifestations. À Carcassonne, une forte proportion d’hommes, accompagnés de quelques femmes. Tous sont en tenue du dimanche (on est monté en ville…), signifiée par les lavallières ou les spectaculaires chapeaux des dames. La visible disparité des tenues (des pantalons inégalement repassés) révèle la nature interclassiste du mouvement. En Champagne, des femmes, en plus grand nombre, ouvrent ostensiblement la marche, précédée, il est vrai, par deux «hommes de confiance» ; avec, dans les rangs, une partition des sexes.

Des hommes en tenue du dimanche, mais également ici, s’agissant en particulier des femmes, des tenues de travail (tablier, hottes de viticulteurs et harnachements), cependant rehaussées d’insignes aux allures de médailles distribuées lors des comices agricoles. Les manifestants arborent partout des pancartes de facture soignée. Celles de Narbonne constituent une exception si on les compare aux manifestations ouvrières contemporaines.

En se référant aux «gueux» et aux «paysans», elles affichent une identité revendiquée, mais sociologiquement peu conforme à celle des manifestants. Dans l’Aube, on s’en tient à désigner les villages mobilisés ; avec, dans ce département qui est aussi bien ouvrier, une majorité de drapeaux rouges au côté du tricolore. Partout prévaut le sentiment d’une organisation solide.

En face, la troupe, en charge du maintien de l’ordre. À Ay, les dragons chargent. À Béziers, la carte postale immortalise le geste des «mutins» qui mettent, stricto sensu pour deux d’entre eux, crosse en l’air et, pour d’autres, fusil bas. Au premier plan, une femme en cheveux, et en tablier, sans doute sortie de sa boutique, contemple la scène cependant. À l’arrière-plan, on distingue une foule de manifestants (ou de passants ?).

Poses
Des contraintes techniques obligent les photographes à privilégier des moments d’accalmie. La charge des dragons qui seule fait exception est-elle même photographiée dans un moment de calme relatif (des manifestants s’éloignent d’un pas vif mais d’autres, dont une femme, regardent la scène). Toutes les autres sont prises avec l’accord des acteurs qui prennent la pose comme s’il s’agissait là d’une fête convenue. Non sans risque accru s’agissant des «mutins».

Avec, en Champagne, des mines sévères mais des sourires dans le Languedoc. S’ensuit une image pacifiée de ces mouvements parmi les plus violents de la Belle Époque. Ces photographies constituent une source de premier ordre pour une anthropologie des manifestations d’alors. Pour des raisons largement techniques, elles révèlent beaucoup moins bien la violence à l’œuvre dans l’un et l’autre camp.

Danielle Tartakowsky
source

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chants de lutte

la Vigneronne

Chant des manifestants vignerons de 1907.Ce "Chant de Guerre" était extrait de l’Opéra «Le Dauphin Charles IV» d’Halévy. Adapté par le docteur Senty et le pharmacien Blanc, d’Argeliès dans l’Aude, compagnons du Comité de Marcelin Albert, sur un texte de leur création, ils le chantaient dans leurs assemblées.

source

voici le texte de la chanson :

"Jadis tout n’était qu’allégresse
Aux vignerons point de soucis
Hélas ! Aujourd’hui, la tristesse
Règne partout en ce pays (bis)
On n’entend qu’un cri de colère
Un cri de rage et de douleur (bis)

Guerre aux bandits narguant notre misère
Et sans merci guerre aux fraudeurs,
Oui, guerre a mort aux exploiteurs,
Sans nul merci guerre aux fraudeurs
Et guerre a mort aux exploiteurs
Oui...

En vain on veut sécher nos larmes
Nous berçant d’espoir mensongers ;
Les actes seuls donnent des armes
Quand la patrie est en danger (bis)
Tous au drapeau, fils de la terre
Et poussons tous ce cri vengeur (bis)

C’est dans l’union qu’on aiguise
Les glaives qui font les vainqueurs,
Et la victoire n’est promise
Qu’à l’union des gens de coeur (bis)
Quand la bataille s’exaspère
Il ne faut pas de déserteurs ! (bis)"

 

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soldats du 17e crosses en l'air

Gloire au 17e
par Montéhus, enregistré en 1907

Légitime était votre colère
Le refus était un devoir
On ne doit pas tuer ses père et mère
Pour les grands qui sont au pouvoir
Soldats votre conscience est nette
On n’se tue pas entre Français 
Refusant d’rougir vos baïonnettes
Petit soldats oui vous avez bien fait

Refrain
Salut salut à vous
Braves soldats du 17ème
Salut braves pioupious
Chacun vous admire et vous aime
Salut salut à vous
À votre geste magnifique
Vous auriez en tirant sur nous
Assassiné la République

Comm’ les autres vous aimez la France
J’en suis sûr même vous l’aimez bien
Et  sous le pantalon garance
Vous êtes restés des citoyens
La patrie c’est d’abord sa mère
Cell’ qui vous a donné le sein
Et vaut mieux même aller aux galères
Que d’accepter d’être son assassin

Espérons qu’un jour viendra en France
Où la paix la concorde régnera
Ayons tous au cœur cette espérance
Que bientôt ce grand jour viendra
Vous avez j’té la premièr’ graine
Dans le sillon d’l’Humanité
La récolte sera prochaine
Et ce jour là vous serez tous fêtés

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Gaston Montéhus (1872-1952)

Le 9 juillet 1872, naissance de Gaston Montéhus (Gaston Mardochée Brunswick, de son vrai nom), à Paris. Chansonnier, un temps socialiste révolutionnaire et antimilitariste.
D'abord socialiste modéré, il évolue ensuite (1906) vers un antimilitarisme virulent proche des positions de Gustave Hervé et de son journal "La Guerre Sociale". Auteur de centaine de chansons dont les plus connues comme : "Gloire au 17e" (1907) et "La Grève des Mères" (1910) sont reprises par le Paris révolutionnaire. Elles sont souvent interrompues par les antisémites réactionnaires de Drumont ou par la police (à cause de leur contenu subversif), provoquant des bagarres lors des tours de chants.
Mais dès qu'éclate la guerre (1914), il suit le virage de Gustave Hervé applaudissant "l'Union sacré" et au patriotisme. Franc-maçon, membre du parti socialiste S.F.I.O, il obtiendra en 1947, (ironie de l'histoire) la "légion d'honneur". Il meurt en décembre 1952.

"Légitime était votre colère
Le refus était un devoir
On ne doit pas tuer ses père et mère
Pour les grands qui sont au pouvoir"

Ces quelques vers de "Gloire au 17ème" qui font l'apologie des soldats mutins du 17ème Bataillon de ligne qui refusèrent de tirer sur les vignerons révoltés du sud de la France (en 1907), ont valu à Montéhus de passer devant la Cour d'Assises.

source : éphéméride anarchiste

 

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cartographie

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le Languedoc viticole

 

Le plus ancien Vignoble de France

Avec la construction du Canal du Midi au XVIIe siècle sous l’impulsion de Louis XIV, le commerce du vin et de tout le secteur économique en général, connaît une grande prospérité. Le Canal du Midi sillonne presque tout le Vignoble, de Toulouse à Agde.
En 1868, le Phylloxéra détruisit tout le vignoble. Avec la reconquête du Terroir par la vigne, le Languedoc produit le plus gros volume de Vin de Table en France, avec des rendements allant jusqu’à 120 hectolitres à l’hectare.
En 1945, après la création de l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) en 1936, le Vignoble et ses Terroirs extraordinaires commencent à être reconnus. Les premières appellations en VDQS (Vin De Qualité Supérieure) apparaissent sur tous les noms de Terroirs aujourd’hui en AOC (Appellation d’Origine Contrôlée).
Depuis le début des années 1980, le vignoble connaît un grand remaniement tant quantitatif que qualitatif. Connu jusque là, pour ses vins de table, le Languedoc réapprend son Terroir en arrachant plus de 100 000 hectares de cépages (pas toujours à bon escient). D’autres sont venus les remplacer en prenant les premières places qualitatives et tous les rendements ont fortement diminué pour se situer aujourd’hui sur des rapports de 30 à 35 hectolitres par hectare.

Les géographies du Languedoc – Un Amphithéâtre tourné vers la mer

Le Vignoble Languedocien s’étend sur trois départements, de l’Aude avec le Terroir de Fitou, au Gard avec les Costières de Nîmes. Ces derniers étant rattachés politiquement aux Vins de la Vallée du Rhône, mais dont la typicité méditerranéenne s’identifie sans conteste au Languedoc. En passant par l’Hérault, où se concentrent les principales appellations.
Grâce à cet étalement du vignoble et une superficie en AOC de 53 000 hectares (sur les 300 000 que compte le vignoble languedocien), on peut imaginer l’existence d’une incroyable diversité de sols, de climats et de cépages.
En bordure de mer, les sols sont à tendance sablonneuse, calcaire ou argileuse. Aux affleurements des petites crêtes et vallées, ils seront schisteux, marneux, avec de vastes terrasses de cailloux roulés. Sur certains Terroirs la vigne peut culminer jusqu’à 400 mètres.

source

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chevaux de labour, vigne Labouche, 1907

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liens

- photos des soldats du 17e par compagnies

vigne

 

- retour à l'accueil

7 février 2008

voyage à Auschwitz (Terminale ES1)

4 décembre 2007

Ravachol, militant anarchiste né à Saint-Chamond

Diapositive1



Ravachol, militant anarchiste

1859-1892

 

ravachol

 

histoire de Ravachol

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résultats de la bombe lancée par Ravachol,
le 27 mars 1892, à Paris, 39 rue de Clichy, au domicile
du substitut du procureur Bulot

 

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explosion du restaurant Véry,
boulevard Magenta à Paris, le 25 avril 1892

"Vers 1892 la «terreur verte» s’empare de Paris. Verte est la couleur de la poudre utilisée dans la plupart des engins déposés par les anarchistes (Ravachol, Henry, Vaillant) qui utilisent aussi la «dynamite». Une nouvelle tâche est confiée au laboratoire avec la création, le 1er avril 1893, d’un service des explosifs chargé de neutraliser et de détruire les engins dangereux (en particulier les obus de la guerre de 1870 retrouvés au cours des terrassements).

Une permanence est organisée de jour comme de nuit pour effectuer les enquêtes après attentats par explosifs ou explosions accidentelles.Les quatre premiers démineurs s’illustrent en transportant sans accident les nombreux engins jusqu’aux quatre bastions situés sur les fossés de fortification qui entourent la capitale."

source : site de la Préfecture de Police de Paris (laboratoire)

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image de l'arrestation de Ravachol



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image de l'arrestation de Ravachol

 

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6 mai 1892

 

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liens

- biographie de Ravachol, par Marc Nadaux, professeur d'histoire, sur le site anovi

- histoire de Ravachol, avec de nombreuses illustrations, sur le site forez-info.com

- histoire de Ravachol, reprise du livre de Jean Maitron, Ravachol et les anarchistes, sur le site politique rebellyon.info

- relation des activités de Ravachol, de ses derniers attentats et de son arrestation, d'après le livre de Jean Maitron, sur le site geneahist-goupil.over-blog.com

 

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gravure de Ravachol devant la guillotine
par Charles Maurin, colorée par Eric Beaunie

 

déclaration de Ravachol à son procès, 21 juin 1892

 

Selon le journal Le Père Peinard, du 2-10 juillet 1892, Ravachol n'a pu prononcer ce discours, les juges lui ayant rapidement interdit de continuer à parler.

Si je prends la parole, ce n’est pas pour me défendre des actes dont on m’accuse, car seule la société, qui par son organisation met les hommes en lutte continuelle les uns contre les autres, est responsable.

En effet, ne voit-on pas aujourd’hui dans toutes les classes et dans toutes les fonctions des personnes qui désirent, je ne dirai pas la mort, parce que cela sonne mal à l’oreille, mais le malheur de leurs semblables, si cela peut leur procurer des avantages. Exemple : un patron ne fait-il pas des vœux pour voir un concurrent disparaître ; tous les commerçants en général ne voudraient-ils pas, et cela réciproquement, être seuls à jouir des avantages que peut rapporter ce genre d’occupations ? L’ouvrier sans emploi ne souhaite-t-il pas, pour obtenir du travail, que pour un motif quelconque celui qui est occupé soit rejeté de l’atelier ? Eh bien, dans une société où de pareils faits se produisent on n’a pas à être surpris des actes dans le genre de ceux qu’on me reproche, qui ne sont que la conséquence logique de la lutte pour l’existence que se font les hommes qui, pour vivre, sont obligés d’employer toute espèce de moyen.

Et, puisque chacun est pour soi, celui qui est dans la nécessité n’en est-il pas réduit à penser :

«Eh bien, puisqu’il en est ainsi, je n’ai pas à hésiter, lorsque j’ai faim, à employer les moyens qui sont à ma disposition, au risque de faire des victimes ! Les patrons, lorsqu’ils renvoient des ouvriers, s’inquiètent-ils s’ils vont mourir de faim ? Tous ceux qui ont du superflu s’occupent-ils s’il y a des gens qui manquent des choses nécessaires ?»

Il y en a bien quelques-uns qui donnent des secours, mais ils sont impuissants à soulager tous ceux qui sont dans la nécessité et qui mourront prématurément par suite des privations de toutes sortes, ou volontairement par les suicides de tous genres pour mettre fin à une existence misérable et ne pas avoir à supporter les rigueurs de la faim, les hontes et les humiliations sans nombre, et sans espoir de les voir finir. Ainsi ils ont la famille Hayem et le femme Souhain qui a donné la mort à ses enfants pour ne pas les voir plus longtemps souffrir, et toutes les femmes qui, dans la crainte de ne pas pouvoir nourrir un enfant, n’hésitent pas à compromettre leur santé et leur vie en détruisant dans leur sein le fruit de leurs amours. Et toutes ces choses se passent au milieu de l’abondance de toutes espèces de produits ! On comprendrait que cela ait lieu dans un pays où les produits sont rares, où il y a la famine.

Mais en France, où règne l’abondance, où les boucheries sont bondées de viande, les boulangeries de pain, où les vêtements, la chaussure sont entassés dans les magasins, où il y a des logements inoccupés !

Comment admettre que tout est bien dans la société, quand le contraire se voit d’une façon aussi claire ?

Il y a bien des gens qui plaindront toutes ces victimes, mais qui vous diront qu’ils n’y peuvent rien.

Que chacun se débrouille comme il peut !

Que peut-il faire celui qui manque du nécessaire en travaillant, s’il vient à chômer ? Il n’a qu’à se laisser mourir de faim. Alors on jettera quelques paroles de pitié sur son cadavre.

C’est ce que j’ai voulu laisser à d’autres. J’ai préféré me faire contrebandier, faux monnayeur, voleur, meurtrier et assassin. J’aurais pu mendier : c’est dégradant et lâche et c’est même puni par vos lois qui font un délit de la misère. Si tous les nécessiteux, au lieu d’attendre, prenaient où il y a et par n’importe quel moyen, les satisfaits comprendraient peut-être plus vite qu’il y a danger à vouloir consacrer l’état social actuel, où l’inquiétude est permanente et la vie menacée à chaque instant.

On finira sans doute plus vite par comprendre que les anarchistes ont raison lorsqu’ils disent que pour avoir la tranquillité morale et physique, il faut détruire les causes qui engendrent les crimes et les criminels : ce n’est pas en supprimant celui qui, plutôt que de mourir d’une mort lente par suite des privations qu’il a eues et aurait à supporter, sans espoir de les voir finir, préfère, s’il a un peu d’énergie, prendre violemment ce qui peut lui assurer le bien-être, même au risque de sa mort qui ne peut être qu’un terme à ses souffrances.

Voilà pourquoi j’ai commis les actes que l’on me reproche et qui ne sont que la conséquence logique de l’état barbare d’une société qui ne fait qu’augmenter le nombre de ses victimes par la rigueur de ses lois qui sévissent contre les effets sans jamais toucher aux causes ; on dit qu’il faut être cruel pour donner la mort à son semblable, mais ceux qui parlent ainsi ne voient pas qu’on ne s’y résout que pour l’éviter soi-même.

De même, vous, messieurs les jurés, qui, sans doute, allez me condamner à la peine de mort, parce que vous croirez que c’est une nécessité et que ma disparition sera une satisfaction pour vous qui avez horreur de voir couler le sang humain, mais qui, lorsque vous croirez qu’il sera utile de le verser pour assurer la sécurité de votre existence, n’hésiterez pas plus que moi à le faire, avec cette différence que vous le ferez sans courir aucun danger, tandis que, au contraire, moi j’agissais aux risque et péril de ma liberté et de ma vie.

Eh bien, messieurs, il n’y a plus de criminels à juger, mais les causes du crime à détruire. En créant les articles du Code, les législateurs ont oublié qu’ils n’attaquaient pas les causes mais simplement les effets, et qu’alors ils ne détruisaient aucunement le crime ; en vérité, les causes existant, toujours les effets en découleront. Toujours il y aura des criminels, car aujourd’hui vous en détruisez un, demain il y en aura dix qui naîtront.

Que faut-il alors ? Détruire la misère, ce germe de crime, en assurant à chacun la satisfaction de tous les besoins ! Et combien cela est facile à réaliser ! Il suffirait d’établir la société sur de nouvelles bases où tout serait en commun, et où chacun, produisant selon ses aptitudes et ses forces, pourrait consommer selon ses besoins.

Alors on ne verra plus des gens comme l’ermite de Notre-Dame-de-Grâce et autres mendier un métal dont ils deviennent les esclaves et les victimes ! On ne verra plus les femmes céder leurs appas, comme une vulgaire marchandise, en échange de ce même métal qui nous empêche bien souvent de reconnaître si l’affection est vraiment sincère. On ne verra plus des hommes comme Pranzini, Prado, Berland, Anastay et autres qui, toujours pour avoir de ce métal, en arrivent à donner la mort ! Cela démontre clairement que la cause de tous les crimes est toujours la même et qu’il faut vraiment être insensé pour ne pas la voir.

Oui, je le répète : c’est la société qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer la société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes ; et votre œuvre, en s’attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n’est votre justice qui s’amoindrit à punir les effets.

Je ne suis qu’un ouvrier sans instruction ; mais parce que j’ai vécu l’existence des miséreux, je sens mieux qu’un riche bourgeois l’iniquité de vos lois répressives. Où prenez-vous le droit de tuer ou d’enfermer un homme qui, mis sur terre avec la nécessité de vivre, s’est vu dans la nécessité de prendre ce dont il manquait pour se nourrir ? J’ai travaillé pour vivre et faire vivre les miens ; tant que ni moi ni les miens n’avons pas trop souffert, je suis resté ce que vous appelez honnête. Puis le travail a manqué, et avec le chômage est venue la faim. C’est alors que cette grande loi de la nature, cette voix impérieuse qui n’admet pas de réplique, l’instinct de la conservation, me poussa à commettre certains des crimes et délits que vous me reprochez et dont je reconnais être l’auteur.

Jugez-moi, messieurs les jurés, mais si vous m’avez compris, en me jugeant jugez tous les malheureux dont la misère, alliée à la fierté naturelle, a fait des criminels, et dont la richesse, dont l’aisance même aurait fait des honnêtes gens !

Une société intelligente en aurait fait des gens comme tout le monde !

Ravachol

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Ravachol, Vaillant, Henry, Caserio

 

- un des chants que l’Almanach du Père Peinard pour 1894 publia en l'honneur de Ravachol


LA RAVACHOLE
(Air de La Carmagnole et du Ça Ira)

Dans la grand’ville de Paris
Il y a des bourgeois bien nourris.
Il y a les miséreux
Qui ont le ventre creux:
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son, vive le son,
Ceux-là ont les dents longues,
Vive le son
D’l’explosion!

Dansons la Ravachole,
Vive le son, vive le son,
Dansons la Ravachole,
Vive le son
D’l’explosion!
Ah, ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois goût’ront d’la bombe,
Ah, ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois on les saut’ra…
On les saut’ra!

Il y a les magistrats vendus,
Il y a les financiers ventrus,
Il y a les argousins.
Mais pour tous ces coquins
Il y a d’la dynamite,
Vive le son, vive le son,
Il y a d’la dynamite,
Vive le son
D’l’explosion!

Il y a les sénateurs gâteux,
Il y a les députés véreux,
Il y a les généreux,
Assassins et bourreaux,
Bouchers en uniforme,
Vive le son, vive le son,
Bouchers en uniforme,
Vive le son
D’l’explosion!

Il y a les hôtels des richards,
Tandis que les pauvres dèchards,
A demi-morts de froid
Et soufflant dans leurs doigts,
Refilent la comète,
Vive le son, vive le son,
Refilent la comète,
Vive le son
D’l’explosion!

Ah, nom de dieu, faut en finir!
Assez longtemps geindre et souffrir!
Pas de guerre à moitié!
Plus de lâche pitié!
Mort à la bourgeoisie,
Vive le son, vive le son,
Mort à la bourgeoisie,
Vive le son
D’l’explosion!»

[in Jean Maitron, Ravachol et les Anarchistes: Paris, Julliard, 1964]

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bibliographie

 

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arton1933



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19 janvier 2007

Iconographie et cartographie des Croisades

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krak des chevaliers (Qalaat al Hosn) en Syrie




Iconographie et cartographie

des Croisades






http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Clermont2.jpg

Urbain II prêchant la croisade à Clermont en 1095
(Livre       des Passages d'Outre-mer, XVe siècle, BN, MS Fr. 5594, f. 9).
En toute vraisemblance, Urbain adressa la foule à       l'extérieur et non à l'intérieur comme l'indique cette image.



http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Croise2.jpg
Deux croisés de la famille Minutolo, agenouillés en prière
Naples, Dôme de Saint-Janvier, XIVe siècle




http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Antioche.jpg
prise d'Antioche en 1097


http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Antioche2.jpg
La prise d'Antioche par les croisés, XIIIe siècle, Guillaume de Tyr,
Histoire d'Outremer, Bibliothèque municipale, Lyon



http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Charge2.jpg
combat entre croisés et musulmans



http://pages.usherbrooke.ca/croisades/IMAGES/Jerus4.jpg
Les croisés à l'assaut de Jérusalem en 1099, Guillaume de       Tyr,
Histoire d'Outremer
, Bibliothèque municipale, Lyon



patience...
IIe croisade : l'armée de Saladin - Guillaume de Tyr, Histoire d'Outremer.
Manuscrit enluminé sur parchemin (300 feuillets, 40 x 30 cm). Paris, 1337. BnF, Manuscrits (Fr 22495 fol. 229v)
L'armée de Saladin, sultan d'Égypte et de Syrie, inflige une terrible défaite aux Francs
à Hattin en juillet 1187 et entre à Jérusalem en octobre.


carte de la 2eme croisade.jpg (57889 octets)
carte de la 2e Croisade -
source : élèves de l'École normale supérieure




L'image “http://www.convivialiteenflandre.org/fiches/3_croisades/enluminure_templiers.jpg” ne peut être affichée car elle contient des erreurs.
Templiers



affaire_templiers
Templiers






- sources : l'un des sites les plus fournis en images relatives aux Croisades est celui de l'université de Sherbrooke au Canada





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19 novembre 2007

Apothéose de Napoléon III, par Cabasson (1854)

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Apothéose de Napoléon III,

une peinture de Cabasson, 1854



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Guillaume Alphonse Cabasson, l'apothéose de Napoléon III, 1854,
musée national du Château de Compiègne

 

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autre reproduction
(cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer)

 

lecture du tableau

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On peut distinguer trois registres (bandes horizontales) regroupant des blocs de personnages, différenciés par une inégale luminosité du fond céleste : la clarté augmente en allant du bas vers le haut du tableau. (cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer)

 

identification des personnages

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(cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer)

 

registre médian

- 1 : Napoléon III, debout sur le char (comme les héros fêtés lors des triomphes à Rome)

- 2 : la France tenant le drapeau tricolore surmonté de l'aigle impérial.

- 3 : l'attelage de trois chevaux guidé par les deux personnages suivants.

- 4 : Hercule (Héraklès, chez les Grecs), héros symbole de la force, parfois aussi du peuple ; il est vêtu de la peau du lion de Némée tué à l'occasion du premier des douze travaux ; et tient une massue.

- 5 : Athéna (Minerve chez les Romains), déesse de l'intelligence au combat (stratégie), portant l'égide (cuirasse assurant l'invulnérabilité) coiffée du casque, tenant un bouclier rond décoré de la tête de la Gorgone Méduse (gorgonéion) tuée par Persée, et une lance.

3 figures féminines représentant les arts :

- 6 : allégorie de l'architecture.

- 7 : allégorie de la sculpture.

- 8 : allégorie de la peinture.

3 figures féminines représentant les pouvoirs :

- 9 : l'Autorité.

- 10 : la Justice, assise sur un lion.

- 11 : la Loi.

 

registre supérieur

- 12 : une Victoire couronne (laurier) l'empereur et tient un rameau d'olivier dans l'autre main.

- 13 : une Renommée annonce l'événement.

- 14 : l'aigle impérial napoléonien.

- 15 : au paradis, Napoléon 1er salue son neveu ; il est accompagné des maréchaux d'empire.

- 16 : deux petits anges (putti) tiennent l'urne du suffrage universel et la feuille du résultat victorieux de Napoléon III (21 novembre 1852 : restauration de la dignité impériale).

 

registre inférieur

- 17 : allégorie de l'Abondance ; elle tient dans son bras droit Amalthée, la corne d'abondance.

- 18 : Hermès, dieu du Commerce et messager des dieux ; il porte le caducée.

- 19 : Démeter (Cérès, chez les Romains), déesse de la fertilité et des moissons.

- 20 : deux anges tiennent les armoiries impériales.

 

analyse spatiale

Diapositive3
(cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer)

À chaque registre correspond un univers distinct. Le registre médian dessine la puissance de l'empereur divinisé et servi par tous les attributs de la force, de la compétence au combat, de l'autorité, de l'intelligence et des beaux-arts. Le registre supérieur l'inscrit dans la félicité céleste et l'éternité contemplative. Le registre inférieur assure qu'il est le protégé des dieux nourriciers, que la richesse et l'opulence matérielle lui sont garanties.

 

interprétation

Diapositive4
(cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer)

L'apothéose est la déification d'un mortel, c'est-à-dire l'admission parmi l'univers des dieux. Dans l'ancienne Rome, l'empereur n'était divinisé qu'après sa mort. Ici, Napoléon III reçoit l'apothéose de son vivant. C'est une façon dithyrambique de glorifier l'empereur en l'assimilant à Héraklès (L'apothéose d'Hercule, tableau de François Lemoyne, 1733-1736, à Versailles) ou aux souverains de la Rome impériale.

On remarque deux anomalies dans cet ordonnancement. En haut à droite, que vient faire l'évocation du suffrage universel dans l'univers céleste ? Cela veut peut-être dire que l'empereur en est dépendant, qu'il ne le contrôle pas. Le suffrage est un principe situé au-dessus de lui.

En bas à gauche, les armoiries impériales semblent remonter du tréfonds des cieux, comme un héritage provenant de ses aieux. Ce qui est bien le cas : Napoléon III est un Bonaparte et bénéficie du prestige de son ancêtre.

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- une lecture de ce tableau (contexte historique, analyse de l'image, interprétation) sur le site de la Réunion des Musées Nationaux : l'histoire par l'image, 1789-1939

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- Musée du Second Empire à Compiègne













la famille impériale

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- L'apothéose d'Hercule par François Le Moyne, 1733-1736, château de Versailles (plafond peint, fragment)

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30 avril 2008

l'Étranger d'Albert Camus - documentation

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L'Étranger, d'Albert Camus, 1942

éléments d'information et d'iconographie




différentes couvertures du livre



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Lo straniero, film de Luchino Visconti, 1967



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déclarations de Camus à propos de l'Étranger


«...J'ai résumé L'Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu'elle est très paradoxale : 'Dans notre sociéte tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort'. Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société ou il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c'est pourquoi des lecteurs ont été tenté de le considérer comme une épave. Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est  simple : il refuse de mentir.
[...]

...On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L'Étranger l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n'est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. Il m'est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j'avais essayé de figurer dans mon personnage le seul christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l'aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l'affection un peu ironique qu'un artiste a le droit d'éprouver a l'égard des personnages de sa création.»

Albert Camus, 1955, éd. La Pléiade





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28 avril 2008

Origines guerre 1914-1918

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l'étincelle dans les Balkans : 28 juin 1914 à Sarajevo

 

l'engrenage de l'été 1914

une représentation ondulatoire

 

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L'engrenage des événements et des décisions qui conduit à l'entrée en guerre des principales puissances européennes à l'été 1914 est comparable au jet d'un caillou dans un bassin. L'impact du projectile dans l'eau propage une onde de choc sous forme de ronds plus ou moins concentriques chaque fois plus grands et plus éloignés du centre.

Ce qui se propagea, l'été 1914, ce furent les perceptions réciproques de dangerosité des mouvements de l'adversaire, la nécessité d'y répliquer. La mécanique qui présida à cet engrenage fut le système des alliances en Europe, opposant deux blocs (Triple Alliance et Triple Entente).

 

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28 juin 1914
L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, et sa femme sont assassinés à Sarajevo par des nationalistes serbes. Au cours des semaines suivantes («crise de juillet»), le conflit s’envenime, il dépasse les frontières régionales et devient une crise européenne.

28 juillet 1914
Déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Suivent les déclarations de guerre de l’Allemagne à la Russie (1er août) et à la France (3 août). Après l’invasion allemande de la Belgique, la Grande-Bretagne entre en guerre aux côtés de l’Entente franco-russe (4 août). Seuls 17 États resteront neutres pendant toute la durée du conflit, parmi lesquels les Pays-Bas, l’Espagne, le Mexique et la Suisse. Entre 1914 et 1918, près de 70 millions d’hommes sont mobilisés.

Markus Pöhlmann
source

 



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21 décembre 2006

Nourrir les hommes en Afrique subsaharienne

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Nourrir les hommes en Afrique

subsaharienne


étude de cas

bilan de l'étude cas - manuel Hatier, avril 2006, p. 53



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documents

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Selon un Rapport (1997) sur les approvisionnements

alimentaires en Afrique subsaharienne,

20 pays sont confrontés

à des crises alimentaires exceptionnelles



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source : fao.org


Les pays d'Afrique subsaharienne confrontés à des crises alimentaires exceptionnelles sont passés de 13 à 20 depuis le début de 1997, selon un rapport spécial de la FAO publié le 24 novembre. En 1997/98, les besoins d'importations céréalières seront plus importants que l'année précédente, principalement du fait que les récoltes ont été affectées par des conditions météorologiques défavorables, d'après le rapport "Situation alimentaire et perspectives de récolte en Afrique subsaharienne".

En Afrique de l'Est, les pluies insuffisantes ont limité la production céréalière pendant tout 1997. Le sud de l'Ethiopie, le Kenya, la Somalie, la Tanzanie et l'Ouganda ont été frappés par une grave sécheresse en début d'année, ce qui a fortement réduit les récoltes de céréales. L'irrégularité des pluies plus tard dans l'année a affecté les récoltes de la campagne principale, notamment en Erythrée, en Ethiopie, en Tanzanie et en Ouganda. En Afrique de l'Est, la production céréalière totale de 1997 devrait être nettement inférieure à la bonne récolte de l'an dernier. La Tanzanie et l'Ouganda devraient être les plus durement frappés; on prévoit des baisses de production céréalière respectivement de 30 et 27 pour cent.

Dans la région des Grands Lacs, les prix des denrées alimentaires déjà élevés sont en hausse. Bien que la crise des réfugiés se fasse moins sentir, la situation alimentaire reste précaire. Le retour en masse des réfugiés en décembre dernier a fait gonfler la demande d'aliments, mais la reprise de la production alimentaire n'a pas été aussi rapide. La situation a été aggravée par des conditions atmosphériques défavorables et des combats continus dans certaines régions du Rwanda et du Burundi.

Au Burundi, l'insécurité, le mauvais temps et l'embargo économique imposé par les pays voisins se sont conjugués pour limiter la croissance de la production, faisant monter les prix hors de portée d'un grand nombre de personnes vulnérables. La situation alimentaire des réfugiés rwandais qui se trouvent toujours dans la République démocratique du Congo (ex-Zaïre) est extrêmement précaire depuis le départ forcé du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Dans la République du Congo, les combats récents ont obligé un grand nombre de personnes à quitter leurs foyers et ont fortement perturbé le système des approvisionnement vivriers.

Selon le rapport, en Afrique de l'Ouest les perspectives de récolte sont mitigées en raison des vagues de sécheresse survenues à mi-campagne dans de nombreuses régions du Sahel. Les pluies insuffisantes dans la plus grande partie du Sénégal, de la Gambie et de la Mauritanie en juillet et en août ont gravement affecté les cultures à semis précoce. Bien que les pluies aient été plus abondantes fin août et en septembre, les perspectives restent médiocres pour les cultures pluviales.

La situation est très critique en Sierra Leone, où la production et le commerce ont été perturbés par les conflits intérieurs et la rupture des relations diplomatiques et économiques avec les pays voisins. "En Sierra Leone, les perspectives alimentaires demeurent sombres", lit-on dans le rapport. "Pour d'importants groupes de population, l'accès aux aliments est devenu très difficile à cause des pénuries et des prix élevés qui en découlent et en raison de l'effondrement généralisé des moyens de subsistance." La malnutrition augmente et risque de s'aggraver encore avec l'imposition de sanctions. Malgré des conditions de croissance extrêmement favorables et les efforts des organisations non gouvernementales pour fournir des intrants aux agriculteurs, la production vivrière souffre toujours de l'insécurité et des déplacements de population.

La situation des disponibilités alimentaires en Afrique australe reste généralement stable, quoique les récoltes aient pâti des conditions météorologiques défavorables dans certaines régions et malgré "l'inquiétude suscitée par l'éventualité d'une sécheresse pendant la prochaine campagne". D'après le rapport, les récoltes céréalières en Afrique australe pour 1997 sont supérieures à la moyenne mais inférieures d'environ 10 pour cent à celles de l'an dernier. Le Malawi a souffert à la fois de la sécheresse et des inondations et la production céréalière a fortement chuté, rendant la situation alimentaire extrêmement précaire.

Le rapport indique que grâce à d'importantes réserves céréalières dans de nombreux pays d'Afrique australe, la situation alimentaire devrait rester stable en 1997/98. Mais compte tenu de "la nervosité générale suscitée par l'éventualité d'une sécheresse provoquée par El Niño", les agriculteurs pourraient conserver une part plus importante de leur production céréalière pour leur consommation familiale, ce qui obligerait à importer davantage de céréales de pays extérieurs à la sous-région. Redoutant une nouvelle sécheresse, les gouvernements encouragent les agriculteurs à semer des cultures tolérant la siccité et à adopter des mesures de conservation des eaux plus efficaces.

Le rapport énumère quatre domaines nécessitant une action prioritaire de la part de la communauté internationale:

  • tout devrait être fait pour redresser la situation alimentaire catastrophique en Sierra Leone;
  • davantage de pays d'Afrique de l'Est - dont la Somalie, la Tanzanie et l'Ethiopie - ont besoin d'une aide alimentaire;
  • la poursuite de l'assistance d'urgence s'impose dans la région des Grands Lacs;
  • une assistance soutenue de la part des donateurs est nécessaire au redressement du secteur agricole du Rwanda, du Libéria et d'autres pays où les espoirs d'une paix durable sont devenus réalité.

28 novembre 1997

- source : fao.org (Organisation des Nations-Unies pour l'alimentation et l'agriculture)





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3 octobre 2015

Population en France




La population en France




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Au 1er janvier 2004, la population de la France métropolitaine est estimée à 59,9 millions d'habitants auxquels s'ajoutent 1,8 million d'habitants des départements d'outre-mer, soit un total de 61,7 millions [1]. En métropole, la population a augmenté de près de 266 000 habitants en 2003 (+ 0,4 %). La croissance a été un peu plus faible qu'en 2002, l'excédent des naissances sur les décès ayant légèrement diminué (les naissances sont restées au même niveau, mais les décès ont été un peu plus nombreux) et l'excédent des immigrations sur les émigrations (le solde migratoire) ayant été aussi un peu plus faible d'après les estimations de l'Insee.

Gilles Pison, Population et sociétés, n°399, mars 2004,  




 

Selon l'Insee, près de 9% des habitants en France sont des immigrés

Le Figaro, 13 octobre 2015

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/10/13/01016-20151013ARTFIG00012-selon-l-insee-pres-de-9-des-habitants-en-france-sont-des-immigres.php

 

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Par «immigré», Chantal Brutel, de la cellule statistique et études sur l'immigration de l'Insee, à qui l'on doit cette étude, désigne «une personne née de nationalité étrangère à l'étranger et résidant en France», certaines ayant pu devenir françaises par la suite. Par «étranger», elle qualifie «une personne qui réside en France et ne possède pas la nationalité française».

 

 

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12 janvier 2008

crise de la République (1889) : le général Boulanger

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crise de la République (1889)

le général Boulanger (1837-1891)

 


La crise Boulangiste
Après la nomination du général Boulanger en tant que ministre de la Guerre par Freycinet le 7 janvier 1886, le ministre sut très vite créer autour de lui un courant d'enthousiasme en améliorant sensiblement les conditions de vie des soldats. Ainsi il fut élu triomphalement le 27 janvier 1889 et naquit le boulangisme (rassemblement du peuple) qui voulut venger la commune et rassembla des patriotes qui voulaient humilier l'Allemagne, des monarchistes même qui voulaient profiter de la vague boulangiste. Incarné par des hommes aussi différents que Paul Déroulède, un ex-républicain, Henri Rochefort converti au nationalisme antisémite ou encore le sénateur Naquet, il représenta la première apparition d'une vraie force politique antiparlementaire.
Outre les décisions vigoureuses des républicains (rétablissement du scrutin d'arrondissement, interdiction de la Ligue des patriotes), outre les mesures symboliques prises (centenaire de 1789, l'Exposition Universelle…), l'échec fut sans doute le résultat des contradictions irréductibles de cette coalition dont Boulanger était le seul ciment.
La République a été sauvée mais entre les années 1890 et 1800, deux nouvelles crises allaient voir le jour, entraînant un glissement vers la gauche de la majorité.

source : site académie de la Réunion


Boulanger, Georges, général et homme politique français né à Rennes en 1837 et mort à Ixelles, Belgique, en 1891, ministre de la Guerre (parti républicain) de 1886 à 1887. Sa popularité est due à divers coups d'éclat et des circonstances peu banales :

Il réussit à faire expulser du gouvernement le duc D'Aumale, le quatrième fils de Louis-Philippe ; il soutint les mineurs grévistes et invita l'armée envoyée contre eux de se joindre à leur mouvement ; il améliora les conditions des soldats, etc., etc.

Sa prestance (à cheval) en fit une figure très populaire (par exemple à Longchamp, 14 juillet 1886) et c'est suite à cet événement que l'un des chanteurs les plus populaires de l'époque, Paulus substitua, dans le deuxième couplet d'En revenant de la revue le vers suivant :

«Ma tendre épouse bat des mains
Quand défilent les saint-cyriens
Ma bell'-mèr' pouss' des cris
En r'luquant les spahis
Moi j'faisais qu'admirer
Notr' brav' général Boulanger»

Le succès de cette chanson fut énorme et ne fit qu'accroître sa popularité.

Ayant su rallier et grouper autour de lui tous les mécontents, de l'extrême gauche à la droite dure et nationaliste, il fut triomphalement élu dans plusieurs départements (ainsi qu'à Paris) mais plutôt indécis (certains disent velléitaire), il renonça en 1889 à faire le coup d'État qui allait le porter au pouvoir - pourtant appuyé par tous - et il s'enfuit en Belgique. Condamné à la prison à perpétuité par contumace, il finit par se suicider sur la tombe de sa maîtresse.

Ce qui avait fait dire à Clémenceau : «Il est mort comme il a vécu : en sous-lieutenant.»

Source : www.udenap.org

 

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- voir, sur ce blog, les paragraphes 11, 12, 13, 14 et 15 qui concernent la crise boulangiste, dans le dossier sur les crises politiques sous la IIIe République

- voir au bas de cette page, les dessins d'élèves sur Boulanger


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document d'approfondissement


le général Georges Ernest Boulanger

figure marquante de la seconde moitié du XIXe siècle,

tant sur le plan politique que militaire


                                                           

De la carrière des armes à la carrière  politique                            

Georges Ernest Boulanger naît à Rennes, le 29 avril 1837. Reçu à l’École impériale militaire de Saint-Cyr-l’Ecole en 1854, dans la promotion De Crimée - Boulanger___chevalSébastopol, il participe aux campagnes de Kabylie comme lieutenant de turcos. En 1859 il combat en Italie, où une blessure à la poitrine, reçue à Rochebetto, lui vaut la Légion d'honneur. En 1861, il est en Cochinchine, contre Tu-Duc et se trouve de nouveau blessé, à Traï-Dan, d'un coup de lance à la cuisse. Capitaine-instructeur à l'école de Saint-Cyr, il y annonce à ses élèves le déclenchement de la guerre contre la Prusse.            

Promu chef de bataillon en 1871, «à la suite d'actes héroïques » qui lui valent notamment une nouvelle blessure reçue pendant la bataille de Champigny, au cours de la défense de Paris. Il reçoit alors le commandement du 114e régiment d'infanterie de ligne, qu’il dirige contre la Commune de Paris.
À la tête de cette unité, il est encore blessé le 24 mai 1871, pendant la prise du Panthéon. Cité nommément dans le rapport du maréchal de Mac-Mahon, il est promu commandeur de la Légion d'honneur le 24 juin 1871, à l’âge de trente-quatre ans. Colonel commandant le 133e régimentaumale d’infanterie en 1874, il est placé sous les ordres du duc d'Aumale [ci-contre]. C’est à l’appui de ce dernier, et de ses partisans orléanistes, qu’il doit d’ailleurs sa nomination comme officier général l’année suivante.            

Spécialiste du combat d’infanterie, qu’il enseignait déjà à Saint-Cyr, il devient directeur de cette arme au ministère de la Guerre en 1882, et met en place ses premières réformes en faveur des troupes à pied, qui assurent sa popularité. À ce poste, soutenu à la fois par le duc d’Aumale et les Républicains, il s’affirme comme l’homme du consensus et devient, à 45 ans, l’un des officiers généraux les plus en vue. Promu deux ans plus tard au grade de général de division, il commande l’armée française en Tunisie et s’y distingue par son intransigeance dans la défense de l’armée, notamment lorsqu’il fait tripler la peine de six jours de prison infligé à un Italien ayant souffleté un lieutenant français à Tunis : s’il frise l’incident diplomatique, et est finalement privé de son commandement par le gouvernement Brisson, Boulanger se fait aussi remarquer à cette occasion par sa fermeté et vient de donner naissance au mythe du «Général Revanche».            
Désormais soutenu par Clemenceau et par les radicaux, il entre comme ministre de la Guerre dans le troisième cabinet Freycinet, le 7 janvier 1886. Sensible et moderniste pour les uns, démagogue pour les autres, il met en œuvre une intense politique de rénovation. Officier d’infanterie resté longtemps au contact de la troupe, Boulanger s’intéresse d’abord à la condition du soldat : il entreprend d’en améliorer le confort, par exemple en réévaluant l’ordinaire ou en autorisant le port de la barbe pour les conscrits. Puis il passe à des mesures de fond, politiquement sensibles, en ramenant la durée du service militaire obligatoire de cinq à trois ans et en élaborant une loi plus restrictive sur les exemptions, symptomatiquement surnommée «les curés sac au dos». Cette dernière initiative, jointe à la radiation de l’armée des princes d’Orléans, lui aliène finalement  le soutien des conservateurs. La presse, quant à elle, souligne son ingratitude…

Mais le ministère Boulanger est également une époque de modernisation générale. L’armement et l’équipement en sont les domaines les plus marquants, et l’adoption du fusil Lebel, encore en usage dans certains  corps en 1940, l’exemple le plus emblématique.              

Boulanger et la gendarmerie

Toutefois, si cet aspect de l’œuvre politique du général Boulanger est très bien  connue, un pan entier de son action au ministère reste en revanche largement ignorée : il s’agit du train de réformes qu’il met en place, dès son arrivée, concernant la gendarmerie. Cette dernière, en effet, fait question au début de la Troisième République. Dès 1871, de nombreux projets de réorganisation de l’armée et de rationalisation de son budget ont proposé la démilitarisation de la gendarmerie, laquelle aurait dû, selon leurs auteurs, être confiée tantôt au ministère de l’Intérieur, tantôt à celui de la Justice, voire aux conseils généraux. Sa dissolution pure et simple, «par voie d’extinction du corps de la gendarmerie» est même envisagée. Et si aucune de ces propositions n’est réalisée sous «l’ordre moral», rien ne vient non plus prendre en compte la source de ces interrogations : la nécessaire réforme d’un corps directement légué par Napoléon III.              

L’arrivée des Républicains au gouvernement relance naturellement l’affaire (...).

C’est qu’en réalité, Boulanger porte un vif intérêt à ce qui lui paraît le chantier essentiel dans la préparation de la «Revanche», et la mesure préalable à toute autre réforme : l’organisation de la mobilisation. Pour son chef de cabinet, Théodore Cahu, auteur en 1889 d’un petit opuscule intitulé La mobilisation et le général Boulanger, toute l’énergie du ministre converge en effet sur ce point, son attachement au succès du plan de mobilisation passant même, au besoin, par des manœuvres occultes. Or, à l’heure où est ouvertement envisagée la reconquête de l’Alsace-Lorraine, alors qu’à cette fin est programmé un vaste «redressement militaire» de la France, la gendarmerie apparaît aux yeux du général-ministre comme une interface hors pair pour encadrer l’ensemble du territoire, veiller sur l’exécution, dans chaque village, des prescriptions de l’autorité militaire, et en dernier lieu assurer la mise en route des conscrits et des rappelés.

Elle lui semble en outre toute disposée pour assurer la surveillance des populations, et notamment des étrangers et suspects d’espionnage. C’est ainsi qu’il ordonne explicitement à la gendarmerie, par la «loi Boulanger» du 18 avril 1886 et surtout dans les circulaires d’application qui lui font suite, de contrôler étroitement les étrangers résidant en France, notamment dans les régions frontalières, ainsi que les itinérants dont le comportement aurait attiré l’attention. Ces textes sont en fait l’embryon des fameux «Carnets A et B», recension des individus suspectés de vouloir faire échec au plan de mobilisation (que Georges Clemenceau réorienta, à partir de 1907, dans le sens d’un fichier concernant surtout les anarchistes et antimilitaristes, tout en en laissant la gestion à la gendarmerie).

Ainsi, lorsque la question de la démilitarisation est de nouveau posée, par la voie parlementaire, Boulanger trouve, vis-à-vis de la représentation nationale, un argument imparable. À ceux qui estiment en effet que la gendarmerie, à l’époque essentiellement centrée sur des missions de police rurale, devrait être retranchée d’un budget de la Guerre entièrement orienté vers la «Revanche», il objecte, au cours d’une fameuse séance à la Chambre, qu’au nom même de la «Revanche», l’Arme doit rester une force militaire : «Si nous avons pu mener à bonne fin l’organisation de nos forces nationales en cas de mobilisation, lance-t-il aux députés, c’est grâce au concours dévoué et infatigable que nous a prêté la gendarmerie». L’argument faisant mouche, la question est ajournée sine die, même si l’opposition ne désarme pas. (...)

S’attaquera-t-il à présent à l’épineuse question de la gendarmerie mobile, dont le dernier bataillon a été dissout le 29 mars 1885 ? Toute entreprise est en fait brutalement suspendue au mois de mai 1887, à la suite de l’affaire Schnaebelé, un incident diplomatique sur la frontière allemande. Alors que Boulanger réclame la mobilisation des troupes de couverture, manœuvre qu’il vient de préparer minutieusement, et même la signification à Berlin d’un ultimatum, il perd l’appui du président de la République et quitte le ministère à la faveur d’un remaniement, le 29 mai 1887.

             
Epilogue

La suite est connue : nommé au commandement de la région militaire de Clermont-Ferrand, ce qui est  perçue comme une demie disgrâce, il est retenu par la foule, dix mille personnes envahissant la gare de Lyon. Finalement «exilé» dans le Puy-de-Dôme, il y acquiert le soutien des différents partisans d’un État fort, venus de tous les bords de l’échiquier politique.
Dès l’automne 1887, alors que l’affaire de la vente des décorations pousse le président Grévy à démissionner, Boulanger devient la figure de ralliement des monarchistes, mais aussi de bonapartistes, radicaux et nationalistes. C’est ainsi que le 1er janvier 1888, il rencontre secrètement, en Suisse, le prince Jérôme Bonaparte, qui lui assure le soutien bonapartiste. Se présentant alors, le mois suivant, à des élections législatives partielles dans plusieurs départements, il est déclaré inéligible en raison de son appartenance à l’armée active. Rayé des cadres et cassé de son grade le 25 mars, il entre enfin à la Chambre des députés, le 12 juillet suivant.              

La République semble en péril lorsqu’il se présente à Paris, bastion du parti républicain, à la faveur du décès en cours de mandat du député Hude. Victorieux à une écrasante majorité, le 27 janvier 1889, Boulanger, poussé par cinquante mille personnes, hésite à marcher sur l’Elysée, puis y renonce finalement. Poursuivi par la haute cour et contraint à l’exil, il se réfugie en Belgique, où il se suicide sur la tombe de sa maîtresse, le 10 septembre 1891. Clemenceau, qui l’avait naguère soutenu pour entrer au gouvernement, aura ce mot cruel et célèbre : «il est mort comme il a vécu, en sous-lieutenant».

***

Aspirant Louis Panel - Service historique de la défense, département de la Gendarmerie nationale.

            

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le général Boulanger vu par des élèves talentueuses


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Amélia, 1e ES 1 (1er avril 2009)

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Drifa, 1e ES 2 (1er avril 2009)


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6 novembre 2006

Le film "Ridicule" (1996)

Cliquez sur la photo pour revenir aux miniatures



"Ridicule"


Les vices sont sans conséquence, le ridicule tue !

film de Patrice LECONTE (1996)


Première scène : une ancienne humiliation vengée par une autre humiliation

Monsieur de Milletail : Vous vous souvenez de moi, messire... Cherchez bien. Ai-je donc tellement changé moi aussi ? Le marquis de... Patatras... Ah... ça y est, vous y êtes... oui, j'étais tombé lors d'un bal en dansant. Patatras ! Comme c'est piquant. Je ne m'en suis jamais relevé. Où est-il votre bel esprit ? Envolé ? Quelle perte fâcheuse pour les salons.
- J'ai vu bien des pays depuis... oh... avec des mœurs plus rudes... Pourtant, je n'ai jamais cessé d'y penser... Mais je sens que je vous fatigue, monsieur.

[il s'éloigne du vieillard assis et se dirige vers la porte. Il croise la servante]

- Je vais attendre madame de Blayac au salon et laisser monsieur se reposer.
La servante : Je vous ai annoncé. Elle est à sa toilette.
Monsieur de Milletail : J'ai peur que dans sa joie, monsieur de Blayac ne se soit oublié.


L'arrivée de Grégoire au château de M. de Blayac

Grégoire Ponceludon de Malavoy : Pardon messieurs, c'est la maison de monsieur de Blayac ?
Monsieur de Milletail : Vous êtes un de ses proches ?
Grégoire : J'ai une lettre de recommandation pour monsieur de Blayac.
Monsieur de Milletail : Vous tombez bien. Il reçoit en ce moment même.
Monsieur de Bellegarde : Vous le reconnaîtrez facilement à sa veuve. Adieu, monsieur.

[mouvement - Grégoire fait la file pour saluer madame de Blayac, la veuve. On voit ses souliers poussiéreux]

Grégoire : J'ai fait le voyage depuis le pays de Dombes.
L'abbé de Vilecourt : C'est votre premier séjour à Versailles ?
Grégoire : J'y ai vu le jour par hasard, au cours d'un voyage...
L'abbé  de Vilecourt : Ah! Courtisan de naissance...
Grégoire : On peut naître dans une écurie sans se croire cheval.


http://www.seattlefilm.org/siff2004/_uploaded/image/production/ridicp01colorsm.jpg


Sur la pelouse à Versailles

Monsieur de Bellegarde : Vos premières armes, monsieur, peuvent nous donner quelque espoir.
Grégoire : Ce méchant petit abbé est un intime de la reine et je m'en suis fait un ennemi...
Monsieur de Bellegarde : C'est le bel esprit qui ouvre les portes... et vous n'en êtes pas dépourvu.
Grégoire : Qui se soucie du pays de Dombes ?
Monsieur de Bellegarde : Ah ! Personne d'autre que vous, ça bien sûr ! Mais, patience. Si la Cour s'intéresse à votre personne, alors le pays de Dombes aura ses entrées à Versailles.
Grégoire : J'ai dépensé en une semaine de quoi vivre un an chez moi.
Monsieur de Bellegarde : Si l'inconfort ne vous fait pas peur, je peux vous assurer du gîte. Mon devoir était de vous décourager, mais si vous passez outre, il est de vous aider.
Grégoire : Pourquoi faites-vous cela, monsieur ?
Monsieur de Bellegarde : La droiture et le bel esprit sont rarement réunis.


http://www.citecinema.com/Histoire-Du-Cin%C3%A9ma/Historique/Septi%C3%A8me-P%C3%A9riode/Ridicule.jpg



Albert Delpy

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Fanny Ardant, Jean Rochefort et Patrice Leconte

 

            




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Bernard Dhéran - 1996      Carlo Brandt - 1996      Fanny Ardant - 1996 


Bernard Giraudeau - 1996       Lucien Pascal - 1996      

Judith Godrèche - 1996


Philippe Du Janerand - 1996      Urbain Cancelier - 1996      Philippe Magnan - 1996


José Fumanal - 1996     Maurice Chevit - 1996     Jacques Mathou - 1996


Charles Berling - 1996     Jean Rochefort - 1996


Charles Berling (Le Marquis Gr�goire Ponceludon de Malavoy)
Judith Godr�che (Mathilde de Bellegarde)

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Fanny Ardant (Madame de Blayac)
Jean Rochefort (Le Marquis de Bellegarde)

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Bernard Giraudeau (L'Abb�e de Vilecourt)
Fanny Ardant (Madame de Blayac)

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Judith Godr�che (Mathilde de Bellegarde)

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Charles Berling (Le Marquis Gr�goire Ponceludon de Malavoy)

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25 août 2008

Révolution industrielle - présentation

Diapositive1



la révolution industrielle

une mise en perspective par Jean-Pierre RIOUX


Diapositive2
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Exercice - Dans ce texte, relevez :

1) une mise en perspective historique de très longue durée ;

2) une définition descriptive ;

3) une description des mutations économiques et sociales de cette révolution.

9782020108713FS

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les causes du démarrage britannique

une courte synthèse par Claude BÉAUD

C'est en Angleterre, sur le charbon, que se développe la première révolution industrielle (…) Claude Fohlen dans Qu'est-ce que la révolution industrielle ? (1971) distingue quatre causes principales de ce phénomène :
1) La première tient à la multiplication des inventions dès le XVIIIe siècle, en Angleterre, dans le textile, la métallurgie et l'énergie, avec la machine à vapeur de James Watt (1769). Le plus souvent, ces inventions sont dues à l'ingéniosité d'artisans, au désir de répondre aux besoins du marché, d'où l'enchaînement des inventions pour les "mécaniques" textiles.
2) La deuxième est le passage rapide de l'invention à l'innovation technique : la fabrication des machines ou l'application des procédés nouveaux nécessite des capitaux fournis, suivant quelques exemples anglais, par de grands propriétaires fonciers ou de grands commerçants ou plus souvent par autofinancement et croissance interne des entreprises industrielles naissantes.
3) La troisième est le passage de l'innovation technique à l'innovation industrielle, qui fait de l'entrepreneur, selon Schumpeter, le personnage central de la révolution industrielle. À cet égard, l'Angleterre semble également plus favorisée que la France.
4) Quant à la quatrième, la plus importante, c'est la pression de la demande interne et externe plus forte en Angleterre qu'en France. Malgré une population trois fois plus faible, la Grande-Bretagne représentait un marché unifié et plus consommateur, et surtout vendait déjà des produits manufacturés réputés dans le monde entier. La France ne retrouve un commerce extérieur significatif que vers 1840. Telles sont les causes essentielles du démarrage britannique plus précoce.

Claude Béaud, article "Industrie",
Dictionnaire du XIXe siècle européen, Puf, 1997

Questions

1) quels sont les domaines de production touchés par la révolution industrielle ?

2) relevez les cinq termes qui résument les causes principales du démarrage industriel de la Grande-Bretagne.


9782130559108FS

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creusot1847
site des usines du Creusot en 1847


Pourquoi la révolution industrielle ?

Pourquoi en Angleterre ? Et en Europe ?

Alain PLESSIS

 

Il faut globaliser. Très tôt, on a chercher les causes. Les origines sont-elles dans les transformations de l’offre ou de la demande ? Les auteurs ont fourni différentes hypothèses.

Pour Marx, l’origine est dans l’expropriation des paysans des enclosures et l’exploitation violente des pays coloniaux sous domination britannique. Les études sur le terrain ne collent pas du tout avec cette thèse. Pour François Crouzet, le développement industriel ne coïncide pas avec les comtés où il y a beaucoup d’enclosures. Selon Paul Bairoch, (Révolution industrielle et sous-développement, 1963), la révolution agricole précède, libère de la main-d’œuvre, ouvre des débouchés. Selon Rostow, il s’est produit des changements d’investissements. Il propose une réfutation de Marx. Pour lui, l’origine est à trouver dans les changements de comportement, dans "l’influence d’une élite d’entrepreneurs aux idées nouvelles".

Aujourd’hui Rostow est apparu dépassé. Le débat est devenu plus global. La majorité des auteurs disent que les changements sont venus de l’offre, de la technologie. La technologie est cruciale mais il faut l’esprit d’entrepreneur. Il faut qu’il y ait des hommes qui aient une culture. L’histoire économique est capitale mais ne s’explique pas seulement par des raisons économiques. Qu’est-ce qui a favorisé l’offre ? C’est l’absence de réglementations entre autres. Les technologies industrielles expliquent la révolution industrielle anglaise et ensuite il y a eu des transferts. Il faut imiter les produits anglais.

Une école privilégiant la technologie s’est formée autour de François Caron. Selon lui, il faut que des acteurs apparaissent, des producteurs, des techniciens. De nouvelles mentalités apparaissent avec des "bricoleurs de génie". Les problèmes à résoudre s’enchaînent jusqu’à la révolution des télécommunications. Le dynamisme du système technique est fondamental. François Caron reconnaît que la technologie construit le social et elle est le produit du social.

Le consensus est large sur ce qui se passe du côté de l’offre et de l’organisation du travail avec les ouvriers, les machines. Patrick Verley, La première révolution industrielle, pose la question de savoir si la demande n’est pas à l’origine de la révolution industrielle. Pour David Landes, L’Europe technicienne, c’est la demande qui suscite des innovations en Angleterre. Verley a pris au sérieux l’optique demande. C’est la demande de certains biens qui dépassent la masse critique ce qui oblige à changer de système et à innover. Il a étudié les budgets et mis en évidence l’apparition de nouveaux besoins qui a un effet déstabilisant.

Le marché, quand il change d’échelle, entraîne la révolution de la consommation. Le début du confort, de la copie du luxe, entraîne l’évolution des modèles de consommation. C’est l’évolution des modèles de consommation dans la société anglaise qui débouche sur une consommation massive. À cela s’ajoute le marché extérieur. L’Angleterre exporte. Les exportations ont joué un rôle important. C’est à partir de 1840 que la dynamique technologique a joué un rôle pas avant. L’accroissement de la consommation ne satisfait pas Caron ni Crouzet. Consommation ou technologie, le débat reste ouvert aujourd’hui.

compte-rendu d'une conférence d'Alain Plessis,
professeur d'histoire à l'université,
colloque de Blois, 4 avril 2001 (source)

Questions

1) selon l'auteur, deux thèses explicatives des origines de la révolution industrielle sont aujourd'hui dépassées ; lesquelles ?

2) autour de quels facteurs explicatifs, le débat sur les origines de la révolution industrielle tourne-t-il aujourd'hui ?

3) dans l'explication par la technologie, quels sont les composants humains indispensables ?

4) dans l'explication par la demande, quel mécanisme permet d'expliquer le recours à l'innovation technique ?




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62BN
Roue hydraulique de la forge d'Aube (Orne)



France : une hypothétique

révolution industrielle


Nathalie PETITEAU


Révolution industrielle. Phénomène né en Angleterre au XVIIIe siècle, qui aurait touché la France à partir de 1760-1780, se prolongeant jusque dans les années 1880 et marquant le passage rapide d'une économie d'ancien type, dans laquelle l'agriculture est prépondérante, à une économie dont l'industrie est le moteur essentiel.

L'expression "révolution industrielle" fait référence au démarrage d'une croissance d'un type nouveau, auquel correspondent des innovations techniques, et renvoie à l'épanouissement du capitalisme triomphant. Les historiens ont même distingué plusieurs révolutions industrielles successives : la première serait fondée sur l'énergie de la vapeur, la seconde sur celle de l'électricité, la troisième sur le nucléaire. Pourtant, le concept de révolution industrielle pour le XIXe siècle n'appartient plus aujourd'hui qu'à une tradition historiographique infirmée par les résultats des recherches sur les modalités de l'industrialisation des régions françaises.

Des évolutions majeures dans le domaine des techniques. Les conditions de la production industrielle ont été modifiées par des innovations technologiques dans des secteurs industriels porteurs. L'Angleterre demeure la matrice de ces progrès : dans le textile, invention par John Kay de la navette volante en 1733 qui permet de tisser des pièces d'étoffe de grande largeur ; mise au point entre 1765 et 1779, de la mule jenny, nouvelle technique de filage répondant à l'augmentation de la demande ; fabrication, en 1785, par Cartwright, du premier tissage mécanique.
Mais ces techniques ne pénètrent que lentement dans quelques centres textiles français, comme les usines Pouyet-Quertier, en Normandie, sous la monarchie de Juillet. La métallurgie progresse, elle aussi grâce  au puddlage, dont le brevet est déposé en Angleterre, en 1784 : permettant, par brassage, d'éliminer les impuretés de la fonte au coke, ce procédé est expérimenté au Creusot dès 1785. De continuelles améliorations, tel le convertisseur Bessemer (1855), marquent ensuite l'histoire de la sidérurgie. La machine à vapeur, perfectionnée par James Watt entre 1769 et 1781, fournit, quant à elle, l'énergie nécessaire à l'exploitation des mines de charbon et de fer, à la mécanisation de certaines usines textiles ou forges, puis au fonctionnement des chemins de fer à partir de 1831.
Adaptées progressivement et ponctuellement en France, ces techniques impliquent une mutation qualitative fondamentale entre 1760 et 1870, avec la rationalisation des processus de production et l'apprentissage de la discipline du travail collectif ; mais elles n'induisent nullement une "révolution" : elles comptent seulement parmi les préalables d'une évolution industrielle tandis que les progrès techniques du XIXe siècle font souvent appel au savoir-faire artisanal.

Les autres préalables d'une hypothétique révolution industrielle. Les travaux menés sur le cas anglais ont conduit les historiens à définir les préalables de la révolution industrielle : à la révolution technologique s'ajouteraient l'accumulation antérieure de capital, la révolution démographique, la révolution agricole. En réalité, les débuts de l'industrialisation ont nécessité peu de capitaux tandis que l'industrialisation de la seconde moitié du XIXe siècle en demande bien davantage ; les relations entre démographie et industrialisation sont indirectes, le surpeuplement des campagnes ayant induit une pluriactivité sans fournir aux entrepreneurs tous les ouvriers qualifiés dont ils avaient besoin ; les grands progrès agricoles n'ont pas précédé mais suivi ceux de la première industrialisation. En définitive, il n'est pas pertinent de lire l'histoire de l'industrialisation de la France à l'aune du modèle anglais car il existe une voie d'industrialisation à la française.

"Un développement sans révolution" (Denis Woronoff). Les indicateurs macro-économiques indiquent 9782020338240FSque l'évolution a été progressive, en accélération constante, du début du XVIIIe siècle à nos jours : les changements se sont produits sans take off (décollage), ce qui rend peu opératoire le concept de "révolution industrielle". Le taux de croissance de 1815 à 1914 est modéré, entre 1,8% et 2,6% par an, avec toutefois une décélération après 1860. Néanmoins, l'approche quantitative globale convient mal à la perception des transformations (Patrick Verley). Certains secteurs comme le coton connaissent une incontestable modernisation et une croissance soutenue jusqu'à la fin des années 1850, à l'abri cependant d'une législation protectionniste qui souligne le rôle de l'État dans le développement industriel.
Quelques régions comme le nord de la France offrent des paysages caractéristiques de la "révolution industrielle" à l'anglaise, même si, en 1850, "le charbon n'a pas encore gagné la partie" (Claude Fohlen) : il est vrai que l'amélioration des turbines hydrauliques permet à de nombreuses unités de production d'échapper au coûteux achat d'une machine à vapeur et de profiter de l'énergie des cours d'eau, animant ainsi de nombreuses vallées industrielles. Du reste, l'accroissement de la productivité, de 1,2% à 1,6% par an entre 1835 et 1874, s'explique autant par une augmentation des effectifs ouvriers que par des investissements de capitaux dans de nouvelles formes de production.

De grandes entreprises minoritaires. Rares sont en définitive les entreprises correspondant, dans la France du XIXe siècle, à la définition que Pierre Léon donne de la grande industrie ("entreprises concentrant plusieurs catégories de travailleurs spécialisés, utilisant des machines et des techniques nouvelles et des capitaux importants"). Elles sont minoritaires face aux petites unités, notamment aux ateliers de la proto-industrie qui sont insérés dans une économie de marché mais font appel à une main d'œuvre rurale et pluriactive. Ces petites entreprises ont souvent constitué un premier pas vers l'industrialisation, et leur modeste vitalité suffit à rappeler que la notion de "révolution industrielle" est à utiliser avec précaution.

Nathalie Petiteau, article "révolution industrielle"
Dictionnaire de l'histoire de France, Larousse, 2006

703924

Questions

1) quelle est l'idée principale de ce texte ?

2) quel critère permet de distinguer trois révolutions industrielles différentes ?

3) quelles nouveautés ont-elles permis de modifier les conditions de la production industrielle en Angleterre ?

4) Quel site industriel métallurgique français est-il mentionné dans ce texte?

5) Quelle est l'alternative à l'achat d'une coûteuse machine à vapeur ?

6) Définissez le terme de "proto-industrie".

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liens

- l'électricité : histoire des découvertes successives




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12 septembre 2008

éloge des victimes de la guerre, par Périclès

Diapositive1




éloge des victimes de la guerre,

apologie des institutions, par Périclès

Thucydide, Guerre du Péloponnèse



D'après Thucydide, Périclès (461-399) prononce en 431 une oraison funèbre en l'honneur des guerriers morts au combat. Il fait également l'éloge d'Athènes, de ses institutions et des ses héros. Voici pourquoi, selon Périclès, Athènes est un exemple à suivre pour la Grèce et même pour l'humanité tout entière.

texte de Thucydide

XXXIV - Le même hiver, les Athéniens, conformément à la tradition, célébrèrent aux frais de l'État les funérailles des premières victimes de la guerre. En voici l'ordonnance. On dresse une tente sous laquelle l'on expose trois jours auparavant les restes des défunts. Chacun apporte à son gré des offrandes à celui qu'il a perdu. Lors du convoi, des chars amènent des cercueils de cyprès ; il y en a un par tribu, où l'on renferme les restes de tous les membres d'une tribu. Une litière vide et drapée est portée en l'honneur des disparus, dont on n'a pas retrouvé les corps, lors de la relève des cadavres. Tous ceux qui le désirent, citoyens et étrangers, participent au cortège. Les femmes de la parenté se placent près du sépulcre et poussent des lamentations (1). Puis on dépose les restes dans le monument public, qui se dresse dans le plus beau faubourg. C'est là que de tout temps on inhume ceux qui sont morts à la guerre ; on a fait néanmoins une exception pour les morts de Marathon ; en raison de leur courage éminent on les a inhumés sur le lieu même du combat. L'inhumation terminée, un orateur, désigné par la république parmi les hommes les plus remarquables et les plus considérés, fait l'éloge funèbre qui s'impose. Puis l'on se retire. Tel est le cérémonial des funérailles. Durant toute cette guerre, chaque fois que l'occasion s'en présenta, on respecta cette tradition. Pour faire l'éloge des premières victimes, ce fut Périclès, fils de Xanthippos, qui fut choisi. Le moment venu, il s'éloigna du sépulcre, prit place sur une estrade élevée à dessein, pour que la foule pût l'entendre plus facilement, et prononça le discours suivant :

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XXXV – «La plupart de ceux qui avant moi ont pris ici la parole, ont fait un mérite au législateur d'avoir ajouté aux funérailles prévues par la loi l'oraison funèbre en l'honneur des guerriers morts à la guerre. Pour moi, j'eusse volontiers pensé qu'à des hommes dont la vaillance s'est manifestée par des faits, il suffisait que fussent rendus, par des faits également, des honneurs tels que ceux que la république leur a accordés sous vos yeux ; et que les vertus de tant de guerriers ne dussent pas être exposées, par l'habileté plus ou moins grande d'un orateur à trouver plus ou moins de créance. Il est difficile en effet de parler comme il convient, dans une circonstance où la vérité est si difficile à établir dans les esprits. L'auditeur informé et bienveillant est tenté de croire que l'éloge est insuffisant, étant donné ce qu'il désire et ce qu'il sait ; celui qui n'a pas d'expérience sera tenté de croire, poussé par l'envie, qu'il y a de l'exagération dans ce qui dépasse sa propre nature. Les louanges adressées à d'autres ne sont supportables que dans la mesure où l'on s'estime soi-même susceptible d'accomplir les mêmes actions. Ce qui nous dépasse excite l'envie et en outre la méfiance. Mais puisque nos ancêtres ont jugé excellente cette coutume, je dois, moi aussi, m'y soumettre et tâcher de satisfaire de mon mieux au désir et au sentiment de chacun de vous.

XXXVI – «Je commencerai donc par nos aïeux. Car il est juste et équitable, dans de telles circonstances, de leur faire l'hommage d'un souvenir. Cette contrée, que sans interruption ont habitée des gens de même race (2), est passée de mains en mains jusqu'à ce jour, en sauvegardant grâce à leur valeur sa liberté. Ils méritent des éloges ; mais nos pères en méritent davantage encore. À l'héritage qu'ils avaient reçu, ils ont ajouté et nous ont légué, au prix de mille labeurs, la puissance que nous possédons. Nous l'avons accrue, nous qui vivons encore et qui sommes parvenus à la pleine maturité. C'est nous qui avons mis la cité en état de se suffire à elle-même en tout dans la guerre comme dans la paix. Les exploits guerriers qui nous ont permis d'acquérir ces avantages, l'ardeur avec laquelle nous-mêmes ou nos pères nous avons repoussé les attaques des Barbares ou des Grecs, je ne veux pas m'y attarder ; vous les connaissez tous, aussi je les passerai sous silence. Mais la formation qui nous a permis d'arriver à ce résultat, la nature des institutions politiques et des moeurs qui nous ont valu ces avantages, voilà ce que je vous montrerai d'abord ; je continuerai par l'éloge de nos morts, car j'estime que dans les circonstances présentes un pareil sujet est d'actualité et que la foule entière des citoyens et des étrangers peut en tirer un grand profit.

XXXVII - «Notre constitution politique n'a rien à envier aux lois qui régissent nos voisins-; loin d'imiter les autres, nous donnons l'exemple à suivre. Du fait que l'État, chez nous, est administré dans l'intérêt de la masse et non d'une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie. En ce qui concerne les différends particuliers, l'égalité est assurée à tous par les lois ; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur personnelle ; enfin nul n'est gêné par la pauvreté et par l'obscurité de sa condition sociale, s'il peut rendre des services à la cité. La liberté est notre règle dans le gouvernement de la république et dans nos relations quotidiennes la suspicion n'a aucune place ; nous ne nous irritons pas contre le voisin, s'il agit à sa tête ; enfin nous n'usons pas de ces humiliations qui, pour n'entraîner aucune perte matérielle, n'en sont pas moins douloureuses par le spectacle qu'elles donnent. La contrainte n'intervient pas dans nos relations particulières ; une crainte salutaire nous retient de transgresser les lois de la république ; nous obéissons toujours aux magistrats et aux lois et, parmi celles-ci, surtout à celles qui assurent la défense des opprimés et qui, tout en n'étant pas codifiées, impriment à celui qui les viole un mépris universel (3).

XLI - «En un mot, je l'affirme, notre cité dans son ensemble est l'école de la Grèce (4) et, à considérer les individus, le même homme sait plier son corps à toutes les circonstances avec une grâce et une souplesse extraordinaires. Et ce n'est pas là un vain étalage de paroles, commandées par les circonstances, mais la vérité même ; la puissance que ces qualités nous ont permis d'acquérir vous l'indique. Athènes est la seule cité qui, à l'expérience, se montre supérieure à sa réputation ; elle est la seule qui ne laisse pas de rancune à ses ennemis, pour les défaites qu'elle leur inflige, ni de mépris à ses sujets pour l'indignité de leurs maîtres. Cette puissance est affirmée par d'importants témoignages et d'une façon éclatante à nos yeux et à ceux de nos descendants ; ils nous vaudront l'admiration, sans que nous ayons besoin des éloges d'un Homère ou d'un autre poète épique capable de séduire momentanément, mais dont les fictions seront contredites par la réalité des faits. Nous avons forcé la terre et la mer entières à devenir accessibles à notre audace, partout nous avons laissé des monuments éternels des défaites infligées à nos ennemis et de nos victoires. Telle est la cité dont, avec raison, ces hommes n'ont pas voulu se laisser dépouiller et pour laquelle ils ont péri courageusement dans le combat ; pour sa défense nos descendants consentiront à tout souffrir.»

Thucydide, Guerre du Péloponnèse /II,
chapitres XXXIV-XLI, éditions GF, p. 133-137



traduction par Jean Voilquin, notes de Jean Capelle
(1) Toutes les restrictions apportées par les lois aux démonstrations de douleur à l'occasion des enterrements étaient levées, quand il s'agissait de funérailles nationales. Tout le monde, citoyens, métèques, même les femmes, était autorisé à suivre le cortège. - Solon passe pour avoir chargé un orateur en renom de l'éloge des combattants tombés à l'ennemi.
Ce faubourg est le Céramique extérieur, au N-O de la ville, où existait une nécropole non loin de la porte Dipyle, une des entrées les plus fréquentées de la ville. On y a découvert de grands vases et sont encore debout des édicules, des stèles funéraires (de Dexiléos, d'Hégéso, etc .) dont les sculptures comptent parmi les oeuvres caractéristiques du plus pur style attique. Les parents des morts, outre les vases ou lécythes, apportaient des bandelettes, des couronnes, des rameaux .

(2) Les Athéniens étaient très fiers de leur qualité d'autochtones. Ils ne sont pas installés dans l'Attique en pays conquis comme les Spartiates campés dans la Laconie très peuplée, qu'ils contiennent dans l'obéissance avec leurs 9.000 hoplites. Périclès le leur rappelle pour les flatter.

(3) Périclès fait l'éloge du gouvernement démocratique qu'il a contribué à substituer à un régime aristocratique et qui aurait pu faire la grandeur d'Athènes, à condition qu'il y eût toujours des Périclès ou des Démosthène pour diriger l'Assemblée du peuple et que ces hommes nécessaires, ces hommes providentiels fussent écoutés plus que les Cléon, les Alcibiade, les Eschine. On peut discerner dans cet éloge des Athéniens la critique des moeurs et du régime de Sparte.

(4) Périclès ne pouvait qu'exciter contre Athènes la jalousie des autres cités et de Sparte en particulier, en proclamant que sa ville était l'École de la Grèce et que les citoyens pouvaient s'enorgueillir d'être gouvernés par les maîtres les plus dignes. Justement les villes alliées de la thalassocratie athénienne ne cessaient de se plaindre de ne pas jouir de «l'isonomie», d'être traitées en «sujettes». Elles se tournaient vers Sparte, s'imaginant que l'État dorien respectait mieux que sa rivale, Athènes, la liberté des États grecs. Athènes et Périclès se faisaient des illusions en croyant qu'ils seraient récompensés de la prospérité que leur puissance assurait à leurs alliés.


HopliteBlesse
hoplite blessé, temple d'Aphaïa, Égine, vers 500/480 av.



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prothésis : lors des funérailles, le corps du défunt est lavé, parfumé, oint d'huile et habillé de linge blanc puis le cadavre est exposé sur un lit d'apparat dans le vestibule de la maison ; la prothésis (exposition du cadavre) dure un jour et s'accompagne de chants de deuil et de lamentations rituelles de douleur.

800px_Prothesis_Dipylon_Painter_A517
scène de prothésis : exposition et déploration du mort,
détail d'un cratère, v. 750 av. J.-C., découvert dans le cimetière du Dipylon à Athènes

Prothesis

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