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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
23 mars 2012

analyse d'un tableau : la Joconde

joconde

 

 

analyse du tableau de Léonard de Vinci

La Joconde (1503-1506)

 

Pourquoi La Joconde a-t-elle une renommée mondiale aussi exceptionnelle, exprimant la peinture en général et l'idéal féminin en particulier ? Qu'est-ce qui constitue l'attirance de ce tableau ? En quoi exprime-t-il l'idéal humaniste de la Renaissance tout en prenant des distances avec les lignes de conduite de cette époque ?

On dit souvent que ce tableau est incontournable, mais on dit rarement pourquoi. Comme si le raisonnement échouait par avance à expliquer ce que "cache" une image... Comme si l'intelligence en était réservée à une élite dotée d'une faculté, d'une intuition à saisir - sans en rendre compte - ce que le commun des mortels était incapable de sentir. Non...! La peinture peut se déchiffrer, s'élucider.

L'explication qui suit tient en grande partie à l'analyse et à la vision de Daniel Arasse (1944-2003), dans Histoires de peintures (Folio, 2004). Elle prend aussi comme références les décryptages du site Peintre-Analyse.com et celle du site la-mona-lisa.oldiblog.com.

 

1) désignation et origine du tableau

Le commanditaire de l'oeuvre est Francesco del Giocondo, riche marchand florentin qui s'adresse au peintre le plus célèbre de son temps, Léonard de Vinci. Celui-ci commence à travailler en 1502/1503. La jeune femme est âgée de 23 ou 24 ans et a déjà donné la vie à deux garçons. La famille déménage et le mari, heureux, veut installer dans la nouvelle demeure, le portrait de son épouse.
Finalement Francesco del Giocondo ne reçut jamais La Joconde car le tableau était inachevé quand Léonard quitta Florence pour Milan en 1506. Il emporta l'oeuvre en France en 1516 et mourut au clos Lucé, à côté d'Amboise,  le 2 mai 1519, protégé par François 1er jusqu'au terme de sa vie. Le tableau est resté en France.
Le titre est La Joconde ou Mona Lisa, pour "ma dona" (Madame), simplifié en "Mona" et son premier prénom, "Lisa".

 

2) identification et cadrage des éléments du tableau

Deux parties composent l'ensemble. Le choix est fait de représenter un mi-corps : buste et bras de la jeune femme, assise, positionnée de trois quarts mais pointant son regard vers le spectateur. Elle est assise sur un fauteuil sans dossier dans le cadre d'une loggia : on perçoit le rebord plat d'un muret et la naissance de deux colonnes, à gauche et à droite.
La Joconde est au centre de la composition, reflétant par ce lieu géométrique la place primordiale que l'humanisme accorde à l'individu. Et l'intersection des diagonales désigne le coeur du personnage.

Joconde diagonales coeur


Ce portrait est installé dans l'arrière-plan d'une nature minérale privée de toute présence humaine. Ce qui est assez inhabituel à l'époque de la Renaissance.
La jeune femme est, en effet, encadrée par deux blocs d'une nature plutôt inhospitalière. La partie droite est plus haute que la partie gauche mais on ignore comment s'effectue le passage de l'une à l'autre puisque le visage de Mona Lisa coupe cet arrière-plan (cf. Daniel Arasse).

Diapositive1
identification des éléments du tableau, d'après la lecture de Daniel Arasse
©
graphisme Michel Renard

3) la lumière

La lumière provient de la gauche et illumine le visage, la gorge et les mains du personnage. Le choix de vêtements sombres accentue la centralité visuelle des parties éclairées. C'est l'humain qui compte, la vitalité de cette jeune femme opposée à l'incertitude inquiétante du paysage auquel elle tourne le dos.

lumière
d'après Peintre-Analyse.com

4) les couleurs

"Les couleurs chaudes sont réservés au modèle. Les couleurs froides à la nature". (source : Peintre-Analyse.com) Il est plus difficile de le voir aujourd'hui car le tableau s'est assombri.

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5) le sfumato

La douceur, la légèreté, le velouté de l'image sont issus dune technique appelée sfumato, que Léonard de Vinci maîtrisait parfaitement. Cela signifie "enfumé", "vaporeux". Les lignes et les contours disparaissent et semblent se fondre les uns dans les autres grâce à la superposition raffinée de plusieurs couches de peinture. ("glacis") Il en ressort une impression de douceur et de sérénité.

- analyse technique (article du journal Libération du 16 juillet 2010 - extraits)

Glacis superposés. La radiographie elle aussi se révélait impuissante, tant elle était elle-même brouillée : les radios des Vinci sont fantomatiques. Avec le concours du Synchrotron européen de Grenoble, et de Bruno Mottin, spécialiste du laboratoire au Louvre, Laurence de Viguerie et Philippe Walter ont mis au point une méthode de modélisation, fondée sur la «spectrométrie de fluorescence des rayons X», permettant de calculer l’épaisseur de couches infimes de peinture et la composition des pigments. La demi-douzaine de Léonard au musée du Louvre a été analysée, les jours de fermeture, directement dans les salles.
Les chercheurs se sont attachés aux visages, dont le réalisme, la finesse de traits et le dégradé des couleurs témoignent d’une exceptionnelle maîtrise technique. Qui n’avaient jamais pu faire l’objet de prélèvements. L’analyse a révélé que Vinci avait déposé à la surface de sa peinture une superposition de glacis lui permettant d’ombrer subtilement sa composition. Pour Philippe Walter, c’est par ce moyen que Léonard pouvait obtenir à la fois une représentation hyperréaliste de la nature et ses fameux effets vaporeux. Le système fonctionne comme un verre opaque : chaque couche translucide lui permettait de jouer sur des variantes dans les clartés et les coloris.

Il faudrait plutôt parler de films, dont chacun fait 1, 2 ou 3 microns. Léonard pouvait ainsi déposer sur sa peinture jusqu’à trente microcouches, le tout inférieur à une quarantaine de microns, l’épaisseur d’un demi-cheveu. Chaque film demandait un temps de séchage pouvant s’étaler de plusieurs jours à quelques mois, ce qui explique que le biographe des peintres de l’époque, Giorgio Vasari, ait pu affirmer que Léonard avait pu passer «quatre années à travailler sur le portrait de la Joconde, avant de le laisser inachevé», tout en se disant ébahi de sa capacité à rendre des tons «plus noirs que noirs».

Résine et huile. Il n’aurait pas été le seul, ni même le premier, à user de cette superposition de glacis, inventée par les peintres flamands avant d’être introduite en Italie. Il avait cependant su jouer de pigments noirs comme l’oxyde de manganèse pour obtenir son effet «fumé». Auquel il a ajouté, pour certains visages, un soupçon de cuivre pouvant donner un reflet bleuté. Il a aussi retranscrit cette méthode avec la nouvelle technique de l’huile, en utilisant un liant probablement composé d’un mélange de résine et d’huile. L’addition des glacis, et la forte présence de manganèse ou de cuivre, apparaît clairement dans les trois chefs-d’œuvre du Louvre, Monna Lisa, Saint Jean Baptiste, et la Vierge à l’enfant avec sainte Anne. [article du journal Libération]

 

6) le sourire de La Joconde

D'après Daniel Arasse, "c'est Léonard qui a inventé l'idée de faire un portait avec un sourire. Il n'y a pas de portrait souriant avant La Joconde (...)". Il l'explique simplement par l'anecdote historique d'un mari comblé par son épouse qui a lui a donné deux enfants mâles : "tout ce qu'on a élaboré autour du sourire de la Joconde s'effondre devant l'analyse historique" (p. 35-37).

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7) le lien entre le sourire et le paysage

"Mais ce n'est pas ce qui fait que ce sourire est fascinant. Je crois que la raison est plus profonde, et il m'a fallu du temps pour percevoir ce que j'en percevais. En fait, ce qui me fascine, c'est ce qui lie profondément la figure au paysage de l'arrière-plan.
Si vous regardez bien ce dernier, vous vous rendrez compte qu'il est incohérent, c'est-à-dire que dans la partie droite, du point de vue du spectateur, vous avez des montagnes très hautes, et tout en haut un lac, plat comme un miroir, qui donne une ligne d'horizon très élevée.
Dans la partie gauche, au contraire, le paysage est beaucoup plus bas, et il n'y a pas de moyen de concevoir le passage entre les deux parties. En réalité, il y a un hiatus, caché, transformé par la figure elle-même et par le sourire de La Joconde. C'est du côté du paysage le plus haut que sourit la Joconde. La bouche se relève très légèrement de ce côté-là, et la transition impossible entre les deux parties du paysage se fait dans la figure, par le sourire de la figure." (Daniel Arasse, p. 37-38).

 

8) l'interprétation du sourire : le temps qui passe, la grâce et le chaos

"Vous me direz, et alors ? Eh bien, je crois qu'à ce moment-là il faut avoir lu les textes de Léonard, se rappeler qu'il était un grand admirateur d'Ovide et de ses Métamorphoses, et que pour Léonard comme pour Ovide - c'est un thème classique et courant -, la beauté est éphémère.
Il y a de fameuses phrases d'Hélène chez Ovide à ce sujet : «Aujourd'hui, je suis belle mais que serai-je dans quelque temps ?».
C'est ce thème-là que traite Léonard avec une densité cosmologique assez extraordinaire, car La Joconde c'est la grâce, la grâce d'un sourire. Or, le sourire est éphémère, ça ne dure qu'un instant. Et c'est ce sourire de la grâce qui fait l'union du chaos du paysage qui est derrière, c'est-à-dire que du chaos on passe à la grâce, et de la grâce on repassera au chaos.
Il s'agit donc d'une méditation sur une double temporalité, et nous sommes là au coeur du problème du portrait, puisque le portrait est inévitablement une méditation sur le temps qui passe. [...] On passe donc, avec ce sourire éphémère de La Joconde, du temps immémorial du chaos au temps fugitif et présent de la grâce, mais on reviendra à ce temps sans fin du chaos et de l'absence de forme." (Daniel Arasse, p. 38-39)

Diapositive1
le cercle rouge indique ce mouvement, du sourire éphémère
au temps immémorial du chaos

 

9) le pont

"Restait ce pont dont je ne comprenais pas la présence jusqu'au moment où j'ai lu Carlo Pedretti, le grand spécialiste de Léonard de Vinci, capable d'écrire comme lui de la main gauche et à l'envers. C'est un homme admirable qui a passé toute sa vie avec Léonard de Vinci.
À propos de cette interrogation sur la présence du pont, il dit une chose très simple à laquelle je n'avais pas pensé, à savoir que c'est le symbole du temps qui passe ; s'il y a pont, il y a une rivière, qui est le symbole banal par excellence du temps qui passe. C'est un indice donné au spectateur que l'étrangeté du rapport entre ce paysage chaotique et cette grâce souriante est le temps qui passe. Le thème du tableau c'est le temps.
C'est aussi pour cette raison que la figure tourne sur elle-même, car un mouvement se fait dans le temps... Et l'analyse peut repartir à ce moment-là. Le tableau est fascinant parce que sa densité et sa sobriété font qu'il n'arrête pas de renvoyer la réflexion et le regard au regard..." (Daniel Arasse, p. 39-40).

"Le thème du tableau c'est le temps"

 

10) un idéal de l'humanisme ?

En quoi La Joconde exprime-t-elle l'idéal de la Renaissance et de l'humanisme ? Léonard a donné de l'idéal de l'humanisme une vision peut-être plus profonde que certains de ses contemporains qui représentaient des personnages dans un environnement plus coloré, plus humain et avec une profusion d'éléments naturels plus rassurants (Botticelli, Ghirlandaio, Piero di Cosimo...).
Léonard de Vinci a inséré le portrait d'un femme souriante (la vie, la grâce) dans la philosophie d'une nature qu'il sait toute-puissante sans que l'on sache vraiment la part que le divin peut prendre au cycle du temps qui passe mais auquel l'homme peut échapper quelques instants.
La peinture disait Léonard de Vinci est cosa mentale (une chose mentale), donc une méditation.


La Joconde est une oeuvre humaniste parce ce que :
1) le modèle, en l'occurrence une femme, est au centre du tableau ;
2) son sourire et sa quiétude sont le signe de la confiance dans l'humanité de l'homme dégagée des terreurs d'un certain discours religieux apocalyptique tel celui de Savonarole (1452-1498) ;
3) le sourire et la simplicité du modèle (sans vêtements rutilants, sans bijoux...) replacent l'homme (la femme) au coeur d'une vie sans artifice ; ces éléments lui donnent une dimension quasi universelle dans laquelle on peut se reconnaître aujourd'hui encore ;
4) si l'humanisme fait de l'homme l'axe d'une dignité nouvelle, il n'en fait pas un nouveau dieu auto-suffisant.

Michel Renard
professeur d'histoire

wpe56503

 

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questions

 

topelement

 

1) La Joconde serait un homme

Des chercheurs italiens spécialisés dans la levée des mystères artistiques ont affirmé mercredi qu'un jeune homme avait servi de modèle pour La Joconde, une thèse qui laisse sceptiques les experts du Louvre.

Silvano Vincenti, président du Comité national pour la valorisation des biens historiques, a assuré devant la presse étrangère à Rome qu'un jeune assistant de Léonard de Vinci, le génie de la Renaissance, appelé Salai fut le modèle du célèbre portrait de Mona Lisa. Salai, de son vrai nom Gian Giacomo Caprotti, entré au service de l'artiste à 16 ans et resté 25 ans à ses côtés, aurait été sa muse et son modèle pour plusieurs tableaux. Selon M. Vincenti, les deux hommes entretenaient une relation "ambiguë" et étaient probablement amants.

M. Vincenti a fait état de fortes similitudes entre les traits des visages des protagonistes du Saint Jean Baptiste et L'Ange incarné avec le nez et la bouche de Mona Lisa. Pour ce chercheur, le peintre avait laissé des indices en peignant dans les yeux de La Joconde un minuscule L pour Leonardo et un S pour Salai.

Le chercheur, auteur d'un livre sur le sujet, a dit que son équipe s'était fondée sur l'analyse de reproductions numériques de haute qualité. Mais les affirmations de M. Vincenti sont contestées par le Louvre, propriétaire de la Joconde. Le musée rappelle que "le tableau a été soumis à toutes les analyses de laboratoire possibles en 2004 et en 2009. Aucune inscription (lettre ou chiffre) n'a été décelée lors de ces examens". "Le vieillissement de cette peinture sur bois a provoqué un grand nombre de craquelures dans la matière picturale, qui sont à l'origine de nombreuses formes qui ont souvent été l'objet de sur-interprétations", a-t-il souligné.

Le musée a en outre indiqué "ne pas avoir eu communication de pièces démontrant ces nouvelles hypothèses". M. Vincenti, dont l'équipe s'était fait connaître en juillet en identifiant les restes du Caravage, a mis cette réaction sur le compte de l'embarras. "Je comprends leur incrédulité et leur surprise, au fond c'est la peinture la plus étudiée au monde (..) ils sont vraiment aveugles", a-t-il dit. Appelant les spécialistes du Louvre à "être sérieux et reconnaître" qu'ils se trompent, il a offert sa collaboration avec l'envoi d'une équipe pour faire "des prélèvements de petits fragments de peinture" là où se trouveraient les chiffres et lettres "pour voir s'ils ont été faits à l'époque ou sont apparus avec le temps".

(L'essentiel Online/AFP)
3 février 2011 13:20

 

2) La Joconde serait un assemblage de deux visages

Après cinq siècles de questionnements, le spécialiste Silvano Vincenti prétend avoir enfin percé le mystère de l'identité de la femme au sourire énigmatique. Un examen à l'infrarouge lui permet d'affirmer que le maître ne s'est pas inspiré d'un, mais de deux modèles.

Et si deux visages se cachaient derrière l'ovale gracieux au mystérieux sourire ? Et si La Joconde était aussi un homme ? La défense de ces deux thèses audacieuses est le combat de l'historien de l'art Silvano Vincenti depuis 2011: «Nous sommes en présence de deux modèles. Le premier modèle était Lisa Gherardini, dite Mona Lisa ou la Joconde. Le seco nd modèle était... le jeune Gian Giacomo Caprotti, dit Salaï.» Dans une vidéo, le chercheur prétend en avoir aujourd'hui la preuve irréfutable.

 

 

Salaï, c'est ce petit garçon loqueteux d'une dizaine d'années que Léonard de Vinci rencontre par hasard dans les rues de Milan. Pour quelques florins, le peintre obtient de son père de le prendre dans son atelier.

Léonard de Vinci s'attache vite à celui qu'il surnomme affectueusement «petit diable». Il le forme et en fait un de ses disciples. En grandissant, son protégé affiche une troublante beauté androgyne, qui va inspirer le peintre. Très proche de son maître, l'assistant va rester vingt-cinq ans à ses côtés. Disciple, ami, sans doute amant, et muse, Salai entretient avec Léonard une relation pour le moins ambiguë.

 

On retrouve les traits de Salaï sur le «Saint Jean-Baptiste» de Léonard de Vinci.
Saint-Jean-Baptiste, Léonard de Vinci

 

En 2011, un premier constat conduit Vincenti et son équipe à penser que Salai a servi de modèle à La Joconde. Le nez et la bouche du personnage ressemblent de manière frappante aux traits du Saint Jean-Baptiste, pour lequel Salai avait officiellement posé, visible au Louvre.

 

Mona Lisa, anagramme de «Mon Salaï» ?

Si cette thèse laisse sceptique le conservateur du musée parisien, elle séduit divers chercheurs. Le moindre détail plastique est interprété comme un indice, voire des clefs secrètes qui auraient été disséminées par le maître.

Non visibles à l'œil nu, deux minuscules lettres seraient inscrites dans les yeux de la Joconde: un L pour Léonard et un S pour Salaï... Les examens de la toile n'ont néanmoins pas permis de déceler ces inscriptions qui ne seraient que des craquelures.

Autre théorie fantaisiste : «Mona Lisa» serait une anagramme de «Mon Salaï» : deux mots pour le même ensemble de lettres, à l'image de deux modèles pour un même tableau?

 

pas de sourire sur une première couche

De nouvelles «preuves» s'ajoutent donc maintenant selon Vincenti. «Nous avons percé le mystère de l'identité de La Joconde grâce au passage à l'infrarouge de sa première couche, détaille-t-il. Sur cette première couche, elle ne sourit pas et n'est pas joyeuse. Nous avons superposé tous les détails des peintures de Léonard de Vinci dans lesquels il a pris pour modèle Salai. Et certains détails obtenus correspondent exactement à ceux du portrait de Mona Lisa.»

Peinte à partir des années 1500 et peaufinée jusqu'à la fin de la vie de son auteur, La Joconde est une œuvre de maturité. Léonard a une cinquantaine d'années et y met tout son génie et sa conviction. Pour Vincenti, elle est l'expression de la perfection humaine, d'un idéal de beauté néoplatonicien. Soit une Joconde «homme et femme dans un même corps. D'où cette androgynie qui frappe au premier coup d'œil».

Le Figaro, 25 avril 2016

 

 

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6 janvier 2011

tympan de Conques : univers religieux de l'Occident médiéval

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analyse du tympan de Conques
 

introduction

Étape majeure, entre Le Puy et Moissac, sur le chemin du pèlerinage de Compostelle en Espagne, l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, dans l'Aveyron, est un témoignage très riche du patrimoine architectural médiéval.
Haut-lieu de la chrétienté, elle incarne une expression de l'univers religieux et de la foi des hommes du Moyen Âge.
Conques a préservé de très nombreuses sculptures romanes (tympan du Jugement dernier, chapiteaux historiés) et conserve un trésor de reliquaires, recouverts d’or et d’argent, d’émaux, de camées, d’intailles (
pierres dures et fines gravées en creux pour servir de sceau ou de cachet) et de pierres précieuses.
Un premier monastère fut fondé à l'époque carolingienne par l'abbé Dadon, puis une nouvelle église fut construite au XIe siècle, entre 1041 et 1082 selon les principes de l'art roman. Entre temps, un moine rapporta les relique de sainte Foy qu'il avait dérobées.

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la statue reliquaire de sainte-Foy de Conques

L'élément d'architecture le plus célèbre de l'abbatiale de Conques est le tympan en façade de l'église ; c'est un bas-relief composé de 124 personnages. Il a été réalisé entre 1107 et 1125.

 

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le tympan de Conques avec la figure centrale du Christ



1) l'abbaye de Conques et son tympan à l'été 2007 (photos)

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la façade dans sa partie haute

 

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façade et portail d'entrée avec le tympan

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le tympan au-dessus des deux grandes portes


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le tympan mesure 6m70 de large et 3m60 de haut

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partie gauche du tympan

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partie droite du tympan

 

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partie centrale du tympan


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partie haute du tympan

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2) vocabulaire

- eschatologie : tout ce qui concerne les fins dernières de l'humanité dans une vision religieuse

- Fils de l'homme : une expression abondamment utilisée au début du VIe siècle av. J-C par le prophète Ezéchiel, dans un sens courant : "être humain", soulignant l’humanité. Au IIe siècle av. J-C, Daniel décrit une vision de la nuit où il a vu Dieu sous l’apparence d’un vieillard sur son trône céleste, servi par des milliers d’anges. Dans sa vision apparaît aussi un être comme un fils d’homme qui est la figure allégorique d’Israël.
Au Ier siècle av., un auteur va reprendre le Fils de l’homme et amplifier considérablement ce personnage.
Ce ne sera plus seulement une figure allégorique, mais un être céleste (comme les anges) tenant son existence de Dieu seul avant la création du monde. Il est incarnable et il viendra sur terre "exercer le jugement "aux derniers jours, avant d’assumer définitivement le pouvoir dans le Royaume de Dieu instauré sur une Terre transformée.

"Fils de l’homme" est une expression utilisée essentiellement par Jésus : 44 fois dans l’Évangile de Matthieu, 43 fois dans celui de Luc, 12 fois dans celui de Jean et 10 fois dans celui de Marc.
Les Évangiles – l’histoire de Jésus – vont y ajouter deux caractères très importants que n’avaient imaginés ni l’auteur de Daniel ni celui des Paraboles d’Hénoch, deux caractères typiquement chrétiens :
1 – le Fils de l’homme / Fils de Dieu s’incarne dans un nouvel être humain ;
2 – le Fils de l’homme devra souffrir et mourir avant d’entrer dans sa gloire.

- tympan : espace semi-sphérique décoré de sculptures entre le linteau et l'ensemble des voussures d'un portail d'église romane ou gothique.

- phylactère : banderole (du gr. phulaktêrion, ce qui sert à protéger) enroulée à ses extrémités, imitant souvent le parchemin et sur laquelle figure une inscription. Dans la peinture chrétienne du Moyen Âge, les phylactères servent à inscrire les paroles prononcées par les personnages représentés : texte de l'archange Gabriel dans la salutation angélique, du Gloria pour les anges de la Nativité. Ils sont souvent présentés par des anges... (source d'après : encyclopédie Larousse)

 

3) les références religieuses évangéliques

- Évangile selon saint Matthieu 25, 31...40

Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siègera sur son trône de gloire. Il dira à ceux qui seront à sa droite : «Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !»
Alors les justes lui répondront : «Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?»
Et le Roi leur répondra : «Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.»

 

4) structure d'ensemble, les trois registres

 

4acteurs
les principaux acteurs (source)

 

3temps
les espaces-temps (source)



5) identification des personnages et des inscriptions

 

 

inscriptions traduction
traduction des inscriptions du tympan de Conques (source)

 

inscription linteau Conques
inscription du linteau, à la base du tympan de Conques (source photo)


- inscription du linteau, à la base du tympan : O PECCATORES, TRANSMUTETIS NISI MORES JUDICIUM DURUM VOBIS SCITOTE FUTURUM, ce qui signifie "Pêcheurs, si vous ne réformez pas vos mœurs, sachez que vous subirez un jugement redoutable".

 

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tympan de Conques : le Christ en majesté, jugeant


"Central, le Sauveur est assis majestueusement sur un trône car il est roi de gloire. Ce rayonnement de gloire l'environne par cette nuée d'où surgit un ovale caractéristique, identifiant l'état de ressuscité : la mandorle. Des étoiles l'entourent selon un rythme facilement identifiable alors que deux anges portant un cierge - cérophéraires - l'encadrent en-bas, avec deux autres figures angéliques au-dessus.
Vêtu d'une longue tunique plissée à l'orientale, le Christ porte autour du cou le pallium : cette écharpe de laine blanche brodée de croix noires, réservée au pape et à certains dignitaires ecclésiastiques.
Son bras droit, à la pliure vigoureuse, désigne les hauteurs, la main surmontée de la seule étoile à huit branches. Son bras gauche, souple, présente de face, une main largement ouverte. Le côté ouvert permet aussi d'évoquer l'apôtre Thomas désireux de vérifier que le Ressuscité est bien le Crucifié.
"Toi que nous contemplons dans la foi, fait nous partager la joie éternelle à l'heure du jugement" (Intercession du temps de l'Avent)." source

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croix au-dessus de la tête du Christ

"Une partie du motif de la condamnation se lit encore tout en haut de la croix SREXIDEORUM : Jésus de Nazareth, roi des Juifs.
La lance (LANCEA) et le clou (CLAVI) sont tenus par deux  anges en apesanteur, aux ailes arc-en-ciel.
Le soleil (SOL) et la lune (LUNA) sont personnifiés car une éclipse eut lieu le vendredi saint à l'heure de la mort de Jésus. Ces astres rythment aussi le temps qui est racheté par l'acceptation de la croix, d'où la réflexion de saint Cyrille : "la gloire du Christ c'est sa croix". Ce signe de la croix sera dans le ciel, peut on lire encore : OC SIGNVM CRVCIS ERIT IN CELO CVM... quand il viendra dans la gloire.
"Aussitôt après la détresse de ces jours-là, le soleil s'obscurcira, la lune ne brillera plus, les étoiles tomberont du ciel (...). Alors le signe du fils de l'homme apparaîtra dans le ciel. Tous les peuples de la terre verront le fils de l'homme venir sur les nuées du ciel avec beaucoup de puissance et de gloire"..." (source)

 

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"L'assemblée des saints se tient debout, joyeuse, devant le Christ-Juge"
(traduction de l'inscription qui n'est pas une légende de l'image)

 

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les anges porteurs de phylactères

Auréolés, coiffés à l'identique, les anges déploient leur phylactère en oblique : pliure qui répond aux toitures du registre inférieur.
VMILITAS : l'Humilité est nommée au-dessus de la Vierge Marie "petite servante du Seigneur". La règle monastique de saint Benoît  décrit les douze degrés de cette vertu chrétienne.
Effacée, la Constance vient en seconde place. C'est l'endurance dans les épreuves et les tentations, la persévérance dans la suite du Christ.
CARITAS : l'Amour dont Dieu nous aime et dont nous pouvons aimer le prochain, précède Foi ou Espérance sur le quatrième phylactère.
(source)

 

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sainte Foy priant intercède pour les défunts (© M. Renard)

- "La main de Dieu bénit dans un raccourci spatial la martyre sainte Foy, patronne de l'Église. À la main de Dieu qui descend vers la sainte pour la bénir et l'élire répond celle de la sainte qui monte pour prier Dieu et l'adorer. Le nimbe qui entoure la main de Dieu touche la tête nimbée de sainte Foy. L'image médiévale nous élève vers le sacré." (Jacques Le Goff)


 

6) bibliographie

  • Conques, moyenâgeuse, mystique, contemporaine, Marie Renoue et Renaud Dengreville, éd. du Rouergue, 1997.
  • Un Moyen-Age en images, Jacques Le Goff, éd. Hazan, 2007.
  • Description et interprétation du tympan de Conques, Pierre Seguret (site internet)
  • Le Tympan de Conques en détail du frère Jean-Régis Harmel, prémontré de l'abbaye Sainte Foy (site internet)

 

* mauvais sites

 

 

travail en cours...

 

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2 juillet 2012

Une langue constitue aussi une manière de penser, une façon de voir le monde, une culture

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Claude Hagège : "Imposer sa langue,

c'est imposer sa pensée"

 

 

lundi 02 juillet 2012 à 13h38

Pour le grand linguiste Claude Hagège, le constat est sans appel : jamais, dans l'histoire de l'humanité, une langue n'a été « comparable en extension dans le monde à ce qu'est aujourd'hui l'anglais » (1). Oh ! il sait bien ce que l'on va dire. Que la défense du français est un combat ranci, franchouillard, passéiste. Une lubie de vieux ronchon réfractaire à la modernité. Il n'en a cure.

Car, à ses yeux, cette domination constitue une menace pour le patrimoine de l'humanité. Et fait peser sur elle un risque plus grave encore : voir cette «langue unique» déboucher sur une «pensée unique» obsédée par l'argent et le consumérisme. Que l'on se rassure, cependant : si Hagège est inquiet, il n'est pas défaitiste. La preuve, avec cet entretien où chacun en prend pour son grade.

 

Claude Hagège

Claude Hagège © Yann Rabarier pour Le Vif/L'Express

 

Le Vif/L'Express : Comment décide-t-on, comme vous, de consacrer sa vie aux langues ?
Claude Hagège :
Je l'ignore. Je suis né et j'ai grandi à Tunis, une ville polyglotte. Mais je ne crois pas que ce soit là une explication suffisante : mes frères, eux, n'ont pas du tout emprunté cette voie.

Enfant, quelles langues avez-vous apprises ?
À la maison, nous utilisions le français. Mais mes parents m'ont fait suivre une partie de ma scolarité en arabe - ce qui montre leur ouverture d'esprit, car l'arabe était alors considéré comme une langue de colonisés. J'ai également appris l'hébreu sous ses deux formes, biblique et israélienne. Et je connaissais l'italien, qu'employaient notamment plusieurs de mes maîtres de musique.

Combien de langues parlez-vous ?
S'il s'agit de dénombrer les idiomes dont je connais les règles, je puis en mentionner plusieurs centaines, comme la plupart de mes confrères linguistes. S'il s'agit de recenser ceux dans lesquels je sais m'exprimer aisément, la réponse sera plus proche de 10.

Beaucoup de Français pensent que la langue française compte parmi les plus difficiles, et, pour cette raison, qu'elle serait «supérieure» aux autres. Est-ce vraiment le cas ?
Pas du tout. En premier lieu, il n'existe pas de langue «supérieure». En France, le français ne s'est pas imposé au détriment du breton ou du gascon en raison de ses supposées qualités linguistiques, mais parce qu'il s'agissait de la langue du roi, puis de celle de la République. C'est toujours comme cela, d'ailleurs : un parler ne se développe jamais en raison de la richesse de son vocabulaire ou de la complexité de sa grammaire, mais parce que l'Etat qui l'utilise est puissant militairement - ce fut, entre autres choses, la colonisation - ou économiquement - c'est la «mondialisation». En second lieu, le français est un idiome moins difficile que le russe, l'arabe, le géorgien, le peul ou, surtout, l'anglais.

L'anglais ? Mais tout le monde, ou presque, l'utilise !
Beaucoup parlent un anglais d'aéroport, ce qui est très différent ! Mais l'anglais des autochtones reste un idiome redoutable. Son orthographe, notamment, est terriblement ardue : songez que ce qui s'écrit «ou» se prononce, par exemple, de cinq manières différentes dans through, rough, bough, four et tour ! De plus, il s'agit d'une langue imprécise, qui rend d'autant moins acceptable sa prétention à l'universalité.

Imprécise ?
Parfaitement. Prenez la sécurité aérienne. Le 29 décembre 1972, un avion s'est écrasé en Floride. La tour de contrôle avait ordonné : «Turn left, right now», c'est-à-dire «Tournez à gauche, immédiatement !» Mais le pilote avait traduit «right now» par «à droite maintenant», ce qui a provoqué la catastrophe. Voyez la diplomatie, avec la version anglaise de la fameuse résolution 242 de l'ONU de 1967, qui recommande le «withdrawal of Israel armed forces from territories occupied in the recent conflict». Les pays arabes estiment qu'Israël doit se retirer «des» territoires occupés - sous-entendu : de tous. Tandis qu'Israël considère qu'il lui suffit de se retirer «de» territoires occupés, c'est-à-dire d'une partie d'entre eux seulement.

Est-ce une raison pour partir si violemment en guerre contre l'anglais ?
Je ne pars pas en guerre contre l'anglais. Je pars en guerre contre ceux qui prétendent faire de l'anglais une langue universelle, car cette domination risque d'entraîner la disparition d'autres idiomes. Je combattrais avec autant d'énergie le japonais, le chinois ou encore le français s'ils avaient la même ambition. Il se trouve que c'est aujourd'hui l'anglais qui menace les autres, puisque jamais, dans l'Histoire, une langue n'a été en usage dans une telle proportion sur les cinq continents.

En quoi est-ce gênant ? La rencontre des cultures n'est-elle pas toujours enrichissante ?
La rencontre des cultures, oui. Le problème est que la plupart des gens qui affirment « Il faut apprendre des langues étrangères » n'en apprennent qu'une : l'anglais. Ce qui fait peser une menace pour l'humanité tout entière.

À ce point ?

Seuls les gens mal informés pensent qu'une langue sert seulement à communiquer. Une langue constitue aussi une manière de penser, une façon de voir le monde, une culture. En hindi, par exemple, on utilise le même mot pour «hier» et «demain». Cela nous étonne, mais cette population distingue entre ce qui est - aujourd'hui - et ce qui n'est pas : hier et demain, selon cette conception, appartiennent à la même catégorie. Tout idiome qui disparaît représente une perte inestimable, au même titre qu'un monument ou une oeuvre d'art.

Avec 27 pays dans l'Union européenne, n'est-il pas bien utile d'avoir l'anglais pour converser ? Nous dépensons des fortunes en traduction !
Cette idée est stupide ! La richesse de l'Europe réside précisément dans sa diversité. Comme le dit l'écrivain Umberto Eco, «la langue de l'Europe, c'est la traduction». Car la traduction - qui coûte moins cher qu'on ne le prétend - met en relief les différences entre les cultures, les exalte, permet de comprendre la richesse de l'autre.

Mais une langue commune est bien pratique quand on voyage. Et cela ne conduit en rien à éliminer les autres !
Détrompez-vous. Toute l'Histoire le montre : les idiomes des Etats dominants conduisent souvent à la disparition de ceux des Etats dominés. Le grec a englouti le phrygien. Le latin a tué l'ibère et le gaulois. À l'heure actuelle, 25 langues disparaissent chaque année ! Comprenez bien une chose : je ne me bats pas contre l'anglais ; je me bats pour la diversité. Un proverbe arménien résume merveilleusement ma pensée : «Autant tu connais de langues, autant de fois tu es un homme.»

Vous allez plus loin, en affirmant qu'une langue unique aboutirait à une « pensée unique »...
Ce point est fondamental. Il faut bien comprendre que la langue structure la pensée d'un individu. Certains croient qu'on peut promouvoir une pensée française en anglais : ils ont tort. Imposer sa langue, c'est aussi imposer sa manière de penser. Comme l'explique le grand mathématicien Laurent Lafforgue : ce n'est pas parce que l'école de mathématiques française est influente qu'elle peut encore publier en français ; c'est parce qu'elle publie en français qu'elle est puissante, car cela la conduit à emprunter des chemins de réflexion différents.

Vous estimez aussi que l'anglais est porteur d'une certaine idéologie néolibérale...
Oui. Et celle-ci menace de détruire nos cultures dans la mesure où elle est axée essentiellement sur le profit.

Je ne vous suis pas...
Prenez le débat sur l'exception culturelle. Les Américains ont voulu imposer l'idée selon laquelle un livre ou un film devaient être considérés comme n'importe quel objet commercial. Car eux ont compris qu'à côté de l'armée, de la diplomatie et du commerce il existe aussi une guerre culturelle. Un combat qu'ils entendent gagner à la fois pour des raisons nobles - les États-Unis ont toujours estimé que leurs valeurs sont universelles - et moins nobles : le formatage des esprits est le meilleur moyen d'écouler les produits américains. Songez que le cinéma représente leur poste d'exportation le plus important, bien avant les armes, l'aéronautique ou l'informatique ! D'où leur volonté d'imposer l'anglais comme langue mondiale. Même si l'on note depuis deux décennies un certain recul de leur influence.

Pour quelles raisons ?
D'abord, parce que les Américains ont connu une série d'échecs, en Irak et en Afghanistan, qui leur a fait prendre conscience que certaines guerres se perdaient aussi faute de compréhension des autres cultures. Ensuite, parce qu'Internet favorise la diversité : dans les dix dernières années, les langues qui ont connu la croissance la plus rapide sur la Toile sont l'arabe, le chinois, le portugais, l'espagnol et le français. Enfin, parce que les peuples se montrent attachés à leurs idiomes maternels et se révoltent peu à peu contre cette politique.

Pas en France, à vous lire... Vous vous en prenez même de manière violente aux « élites vassalisées » qui mèneraient un travail de sape contre le français.
Je maintiens. C'est d'ailleurs un invariant de l'Histoire. Le gaulois a disparu parce que les élites gauloises se sont empressées d'envoyer leurs enfants à l'école romaine. Tout comme les élites provinciales, plus tard, ont appris à leur progéniture le français au détriment des langues régionales. Les classes dominantes sont souvent les premières à adopter le parler de l'envahisseur. Elles font de même aujourd'hui avec l'anglais.

Comment l'expliquez-vous ?
En adoptant la langue de l'ennemi, elles espèrent en tirer parti sur le plan matériel, ou s'assimiler à lui pour bénéficier symboliquement de son prestige. La situation devient grave quand certains se convainquent de l'infériorité de leur propre culture. Or nous en sommes là. Dans certains milieux sensibles à la mode - la publicité, notamment, mais aussi, pardonnez-moi de vous le dire, le journalisme - on recourt aux anglicismes sans aucune raison. Pourquoi dire «planning» au lieu d'«emploi du temps» ? «Coach» au lieu d'«entraîneur » ? «Lifestyle» au lieu de «mode de vie» ? «Challenge» au lieu de «défi» ?

Pour se distinguer du peuple ?
Sans doute. Mais ceux qui s'adonnent à ces petits jeux se donnent l'illusion d'être modernes, alors qu'ils ne sont qu'américanisés. Et l'on en arrive à ce paradoxe : ce sont souvent les immigrés qui se disent les plus fiers de la culture française ! Il est vrai qu'eux se sont battus pour l'acquérir : ils en mesurent apparemment mieux la valeur que ceux qui se sont contentés d'en hériter.

Mais que dites-vous aux parents qui pensent bien faire en envoyant leurs enfants suivre un séjour linguistique en Angleterre ou aux Etats-Unis ?
Je leur réponds : «Pourquoi pas la Russie ou l'Allemagne ? Ce sont des marchés porteurs et beaucoup moins concurrentiels, où vos enfants trouveront plus facilement de l'emploi.»

Si une seule mesure était à prendre, quelle serait-elle ?
Tout commence à l'école primaire, où il faut enseigner non pas une, mais deux langues vivantes. Car, si on n'en propose qu'une, tout le monde se ruera sur l'anglais et nous aggraverons le problème. En offrir deux, c'est s'ouvrir à la diversité.

Le français pourrait-il être le porte-étendard de la diversité culturelle dans le monde ?
J'en suis persuadé, car il dispose de tous les atouts d'une grande langue internationale. Par sa diffusion sur les cinq continents, par le prestige de sa culture, par son statut de langue officielle à l'ONU, à la Commission européenne ou aux Jeux olympiques. Et aussi par la voix singulière de la France. Songez qu'après le discours de M. de Villepin à l'ONU, s'opposant à la guerre en Irak, on a assisté à un afflux d'inscriptions dans les Alliances françaises.

(1) Contre la pensée unique, par Claude Hagège.
Odile Jacob, 250 p.

PROPOS RECUEILLIS PAR MICHEL FELTIN-PALAS

 

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5 février 2011

peinture chrétienne gothique (XIVe siècle)

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Duccio,

Scènes de la Passion du Christ

(1308)




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1- l'entrée du Christ à Jérusalem


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9 - Premier reniement de Pierre


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10  - le Christ devant Caïpeh (grand prêtre)





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Il est intéressant de noter les différentes fonctions des scènes représentées sur les deux faces de la Maestà. La façade avant représente une image de dévotion destinée à la communauté des fidèles (ce qui explique sa taille, bien visible de tous les coins de l'église), tandis que l'arrière était essentiellement destiné au clergé desservant le sanctuaire. La face arrière se compose de quatorze panneaux, initialement séparés par des colonnes ou pilastres qui ont été perdus avec le cadre extérieur dans le démembrement de 1771.

Hormis l'entrée à Jérusalem et la Crucifixion, chaque panneau présente deux épisodes. La partie centrale du registre inférieur qui représente l'agonie au jardin des Oliviers et l’arrestation du Christ est deux fois plus large que les autres compartiments, sauf en ce qui concerne le panneau de la Crucifixion au registre supérieur, de même taille, mais avec une scène unique. De nombreuses théories ont été avancées par les critiques quant à l’ordre des séquences, rendu problématique par la variété des sources du Nouveau Testament qu’utilise Duccio. Il est certain que le cycle débute en bas à gauche et s’achève en haut à droite, en procédant de gauche à droite sur le registre inférieur, puis sur le registre supérieur.

 

 

L’entrée à Jérusalem
La scène est inhabituelle en raison de l'attention accordée au paysage, riche en détails. La route pavée, la porte de la ville et ses remparts, les embrasures des murs, les tours élancées et le bâtiment polygonal de marbre blanc témoignent d’une mise en page remarquablement réaliste. Le petit arbre, flétri et sans feuilles à l’arrière de la tête du Christ, est le figuier qu’il a trouvé sans fruits et qu’il a maudit. Florens Deuchler a suggéré que cette scène tire sa source d’un travail historique du premier siècle après JC, le «De Bello Judaico» de Flavius Josèphe, très connu au Moyen-Âge. Le panneau de Duccio est une reproduction fidèle à la description de Jérusalem dans le livre V de l’historien juif. La photographie infrarouge durant la restauration a révélé plusieurs changements dans la zone située autour de l'arbre au centre et autour de la route.

 

 

Le lavement des pieds
Seul Jean raconte l’épisode du Lavement des pieds. Le cadre est l'intérieur d'une salle très simple, avec comme seuls éléments décoratifs le plafond à caissons et l’espèce de rose sur la paroi arrière. Ce détail doit être imaginé dans la scène suivante, celui de la Cène, car il est caché par l’auréole du Christ. Il réapparaît en effet dans la scène du discours aux apôtres qui, selon l'évangile à lieu dans la même salle.
Le Lavement des pieds reflète quelques échos de l'art byzantin, dans le groupe compact des apôtres et le geste de Pierre, tandis que la position de Christ rappelle les modèles occidentaux. La forme des sandales noires, bien décrites par Cesare Brandi «comme si elles étaient des scarabées précieux en onyx», est typique de l’époque.

 

 

La Cène
La Cène est dominée par la figure centrale de Jésus qui, à la stupéfaction des apôtres, offre le pain à Judas Iscariote, absent de la scène suivante (il s’est éclipsé pour trahir), mais présent dans la scène de l’arrestation. La position de Jean est classique, mais cependant son auréole se trouve derrière le dos du Christ. Des bols en bois, des couteaux, une cruche décorée et un plat de viande, l'agneau pascal, sont disposés sur la table, couverte d'une simple nappe tissée en motifs de losanges.

 

 

Le Christ prend congé des Apôtres
Après le repas, toujours d’après Jean, alors que Judas s’esquive pour trahir son maître, le Christ parle une dernière fois à ses onze apôtres et les prépare à leur mission future d’enseigner le « ommandement nouveau». Assis de trois-quart devant la porte ouverte, il contraste avec le groupe compact des disciples, positionnés tous de la même manière et plongés dans l’écoute et la réflexion. La scène est animée par les drapés doux de personnages, et les auréoles de la rangée supérieure des disciples donnent de la profondeur à la scène. Comme dans le lavement des pieds et la dernière Cène, Duccio a évité, pour des raisons d’équilibre et d’espace, de peindre des auréoles aux personnages du premier plan.

 

Le pacte avec Judas

 

La trahison de Judas et son pacte avec le Sanhédrin se déroulent dans un environnement extérieur où l'espace est organisé en différents degrés de profondeur. Le groupe des personnages se trouve sur le même plan que le pilier de droite et est rassemblé devant une loggia voûtée d’ogives et à grandes et arches en plein cintre. La tour polygonale, un peu en arrière du bâtiment central, remplit l'arrière-plan.

 

Jésus au jardin des Oliviers

 


 

Dans l'agonie du mont des Oliviers, Jésus se tourne vers Pierre, Jacques le Majeur et Jean, et de les admoneste afin qu’ils ne tombent pas en tentation, alors que les autres disciples dorment. Sur la droite, en conformité avec l'Evangile de Luc, le seul à mentionner l’apparition d’un ange, il se retire dans la prière. Il se dégage une grande atmosphère de calme, rompue uniquement par les gestes du Christ, de Pierre et de l’Ange…

 

L’arrestation de Jésus

 

Le mont des Oliviers devient le théâtre d’une l'agitation inattendue dans la scène de l’arrestation du Christ, qui raconte trois épisodes distincts : au centre le baiser de Judas, à gauche Pierre coupant l'oreille du serviteur Malchus, et à droite la fuite des apôtres. L'intensité dramatique de la scène est renforcée par la succession de lances, lanternes et torches, dans les mouvements excités des personnages et l'expressivité de leurs visages. Le paysage, uniquement décoratif dans les scènes précédentes, prend ici un nouveau rôle scénique : la végétation et les falaises rocheuses, d'inspiration nettement byzantine, font partie intégrante de l'action : dans la scène de l’agonie les trois arbres à droite isolent le Christ, tandis que dans cette scène ils jouent une sorte de rôle, comme s’ils permettaient aux disciples de s'échapper.

 

Le Christ devant Anne

 

La règle de l'autonomie absolue de chaque scène est rompue avec bonheur dans ce panneau. Les deux épisodes, racontée par Jean, se produisent simultanément, mais dans des endroits différents et l'escalier joue un rôle de lien dans l’espace et dans le temps. Alors que Jésus est traduit devant le Grand Prêtre Anne, Pierre reste dans la cour où une servante le reconnaît comme comme ami de l'accusé : de sa main, il fait le geste de dénégation. L’environnement est rempli des détails architecturaux qui animent la scène : la porte à arc brisé ouvrant sur un porche, la fenêtre gothique à baie géminée du petit balcon souligné d’une bande lombarde, l’arcature du mur du fond de la salle d’audience, le plafond à caissons de petits carrés… Pierre, dont le halo passe curieusement derrière la tête de son voisin, se chauffe les pieds d'une manière très réaliste.

 

Le Christ devant Caïphe
Selon l'Évangile de saint Matthieu, le panneau doit être lu de bas en haut. Les scènes du Christ devant Caïphe et du Christ aux outrages se déroulent dans le même lieu, la cour de justice du Sanhédrin, où le Christ est amené devant le Grand Prêtre Caïphe et les Anciens.
Duccio donne une grande importance au personnage isolé parmi une foule de casques et de visages anonymes qui lève la main et pointe le doigt pour attirer le regard du spectateur. Réminiscence anticipative au geste du Baptiste montrant le crucifié ? Caïphe est représenté dans une attitude de colère et d'indignation face à Jésus : les mains sur sa poitrine, il déchire sa tunique rouge, montrant celle qu’il porte en dessous (détail est raconté par Matthieu et Marc). Au seuil de la salle, Pierre renie une seconde fois.

 

Le Christ outragé
Selon l'Évangile de saint Matthieu, le panneau doit être lu de bas en haut. Les scènes du Christ devant Caïphe et du Christ aux outrages se déroulent dans le même lieu, la cour de justice du Sanhédrin.
Dans cette scène il y a beaucoup plus d’animation : le Christ, les yeux bandés (selon la version de Marc et de Luc) et immobile dans son manteau sombre, est outragé et battu par les soldats sous les quolibets des pharisiens.
À l'extérieur de la salle, Pierre renie encore devant la servante, alors que le coq chante…

 

Les Christ accusé par les pharisiens devant Pilate
Les scènes où Pilate apparaît (le Christ accusé par les Pharisiens, le premier interrogatoire du Christ, le second interrogatoire, Pilate se lavant les mains…) se déroulent dans le palais du gouverneur. Les minces colonnes spiralées de marbre blanc et la décoration sculptée en haut des murs sont une référence à l'architecture classique. Pilate, dépeint avec la solennité d'un empereur romain et coiffé comme lui d'une couronne de laurier, évoque le monde de l'antiquité classique.
Comme dans l'Evangile, le groupe des pharisiens, au demeurant en pleine excitation (remarquer encore une fois la main avec le doigt pointé), se trouve à l'extérieur du bâtiment : les Juifs évitent de pénétrer à l'intérieur pour ne pas se souiller avant la Pâque. À droite, au milieu des soldats qui regardent vers Pilate et les Juifs, le Christ semble écrasé de solitude…

 

Pilate interroge le Christ une première fois

 

Le Christ devant Hérode
Pilate, apprenant que Jésus relève de la juridiction d'Hérode, l’envoie au roi pour qu’il le juge. Après l’avoir questionné, après l’avoir traité avec dérision et mépris, Hérode le renvoie au gouverneur romain, après l’avoir fait revêtir d’une tunique blanche, distinctive des fous.

 

Le Christ devant Pilate
Le Christ, renvoyé par Hérode dans la robe blanche des fous, est à nouveau devant Pilate. Bien que placée dans deux environnements architecturaux différents la disposition des deux scènes est presque identique, à la fois dans la distribution des personnages et dans leurs mouvements. Le Christ, décrit dans un état de grande tristesse, est muré dans un silence total. Les gestes de Pilate et d’Hérode sont les mêmes dans les trois scènes. Le trône du roi avec des marches, sa structure de base embellie et ornée, se différencie très nettement du siège très simple du gouverneur.

 

La flagellation
La flagellation est à peine mentionnée dans les Évangiles. La description qu’en fait Duccio est d’une remarquable inventivité, visant à illustrer chaque moment de la Passion. Le personnage de Pilate désobéit à toutes les règles de la perspective.

 

Le couronnement d’épines
La composition respecte fidèlement les Écritures et la scène est illustrée dans les moindres détails.

 

Pilate se lave les mains
Tout un panneau est consacré au lavement des mains de Pilate, malgré que l'histoire ne soit que brièvement et seulement racontée par Matthieu. Encore une fois, la scène est remplie de mouvement et de vitalité ; la perspective est rendue par différents plans se superposant dans la scène : Pilate, le grand attroupement devant le pilier gauche.

 

Le chemin du calvaire
La scène de la montée au Golgotha, telle que la représente Duccio, est une scène « intermédiaire » entre le passé et les événements futurs. D'une part, la figure du Christ, avec ses mains encore liées, renvoie le spectateur aux différents épisodes du procès. D'autre part, la direction vers laquelle tous les personnages se meuvent (vers le panneau de la Crucifixion à droite de la scène) et la croix que porte Simon de Cyrène, sont une allusion au supplice ultime.

 

La crucifixion
L'intensité émotionnelle des épisodes de la Passion atteint son moment le plus dramatique dans la scène de la Crucifixion, qui, placée au registre supérieur du centre, domine l'ensemble de la face arrière du retable. La croix élancée se détache du fond or, divisant la foule en deux groupes distincts. À gauche, le groupe des fidèles du Christ, calme et bien ordonné, mais dont les visages expriment la douleur et l’affliction : on y trouve Marie, Mère de Jésus, les « trois Maries » (Marie de Cléophas, sœur de la Vierge, Marie Salomé, mère de Jacques et de Zébédée et Marie-Madeleine vêtue de rouge, avec sa longue chevelure déliée) et Jean l'Evangéliste.

ur la droite, les membres du Sanhédrin et les gardes Juifs froment une foule bigarrée et très agitée, insultant et se moquant du crucifié. Le modelé fin du visage du Christ n'est pas sans rappeler le plasticisme des ivoires gothiques, tandis que le contraste très fort opposant les deux groupes a des parallèles avec la Crucifixion de la chaire de la cathédrale, sculptée par Nicola Pisano en 1266-1268. La scène se déroule dans un paysage désolé de rochers déchiquetés, allusion claire au Golgotha.
Le modelé très fin du visage du Christ n’est pas sans rappeler le plasticisme des ivoires gothiques.

 

La déposition de la croix
La déposition, avec le même fond or que la crucifixion (excluant toute possibilité de distraire l’oeil), est représentée comme un moment d’une intense émotion. Joseph d'Arimathie et Jean soutiennent le corps sans vie, alors que Nicodème enlève les clous des pieds et que la Vierge accueille son fils mort dans ses bras, contemplant son visage aux yeux clos. Une des Maries serre contre son visage un bras du Christ bras, tandis que les autres tiennent leurs mains couvertes dans les plis de leurs manteaux. Les visages expriment le tragique du deuil. Le filet de sang au pied de la croix, également présent dans la précédente scène, ajoute une note de réalisme dramatique.

 

La mise au tombeau
Les mêmes personnages que dans la Crucifixion apparaissent dans la mise au tombeau. Seule est absente la femme au manteau bleu. Tous sont penchés sur le corps du Christ. Joseph maintient le linceul alors que Jean soulève doucement la tête de Christ et que Marie l’embrasse pour la dernière fois. Seule Marie-Madeleine exprime son désespoir en levant les deux bras au ciel.

 

La descente aux limbes
L'épisode de la descente aux enfers n'est pas mentionné dans les évangiles canoniques, mais relatée dans l’Evangile apocryphe de Nicodème. Il s'agit d'un thème iconographique peu diffusé dans la peinture occidentale : il révèle clairement l’influence de l'art byzantin par l'utilisation abondante de la couleur or sur le vêtement du Christ et la présentation de la scène elle-même. Ayant ouvert les portes de l'enfer, le Christ arrive dans les limbes pour y libérer ses aïeux : tout en aidant Adam à se lever, il terrasse un Satan hideux, vaincu et aveuglé par la rage.

 

Les trois Maries à la tombe
La subtilité des postures dans la scène des trois Maries au caveau est remarquable. Les femmes sont représentées dans les attitudes mèlées d'émerveillement et de peur ; leurs mouvements délicats vers l'arrière et les gestes nerveux de leurs mains montrent leur étonnement devant la soudaine apparition. Pour la réalisation de ces trois personnages, il semble que Duccio se soit inspiré de la Sibylle de Giovanni Pisano sculptée sur la façade de la cathédrale de Sienne. En face, l'ange est assis tranquillement sur le couvercle du sarcophage déplacé et pointe un doigt vers le tombeau vide. Sa robe blanche (plus blanche et aérienne que le linceul au bord du sarcophage) coule doucement sur lui avec des plis harmonieux et contraste magnifiquement avec les rochers sombres, illuminant l'ensemble de la composition.
Les femmes sont représentées dans les attitudes mèlées de l'émerveillement et de la peur ; leurs mouvements délicats vers l'arrière et les gestes nerveux de leurs mains montrent leur étonnement devant la soudaine apparition.

 

«Noli me tangere»
Dans l'apparition à Marie-Madeleine, le paysage rocheux fait partie intégrante de la mise en scène : les ravins escarpés insèrent le dialogue intime dans un milieu de solitude absolue, et dont les arbres (qui figurent à nouveau dans un panneau depuis la scène où le Christ est fait prisonnier) sont les seuls témoins. Jésus se présente de la même manière que dans la scène de la descente en enfer, avec la croix surmontée d’un petit drapeau flottant au vent, tandis que Marie-Madeleine capte le regard dans son manteau rouge vif. La barre oblique des roches accompagne et met l'accent sur la forme de son corps en flexion.

Le chemin d’Emmaüs
Seul l'Evangile de saint Luc mentionne que le Christ, vêtu comme un pèlerin, apparaît à ses disciples sur le chemin d'Emmaüs. Duccio reprend le texte de l'Évangile, en reproduisant le portrait d'un authentique pèlerin médiéval qui se distingue par le sac à dos sur l'épaule, la «pèlerine» et le chapeau à larges bords typique. Comme dans la partie inférieure, la composition est orientée vers la droite, où il ya un village sur une colline. Un détail intéressant est la route pavée avec deux variantes : une partie avec des pavés ronds et, sous la porte principale, avec des pierres à pavage régulier.

 

 

 

 

 




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26 décembre 2007

souvenirs d'élèves - Term ES1

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Je me souviens


Je me souviens, c’était le 11 décembre 2007, nous avions RDV à la gare de Saint Chamond.

Je me souviens d’avoir pris l’avion, une fois à Cracovie, des Polonais, des porte-paroles des Juifs m’attendaient.

Je me souviens, dans le bus avant d’arriver à Birkenau, Ginette, une ancienne déportée expliquait son histoire, réelle mais inimaginable.

Je me souviens de l’immensité du camp et de sa tranquillité malgré toute l’horreur du passé.

Je me souviens de mon mal-être.

Je me souviens de ces blocs atroces.

Je me souviens de ce voyage et les souvenirs restent.

Je me souviens de l’arrivée au camp d’Auschwitz.

Je me souviens de l’immensité du site.

Je me souviens du vide laissé par ces bâtiments détruits.

Je me souviens des histoires des rescapés.

Je me souviens de la souffrance au fond de leur voix.

Je me souviens de cette minute de silence.

Je me souviens de cette sortie silencieuse du site.

Je me souviens de cette dernière vue sur Auschwitz.

Je me souviens du long rail.
Je me souviens de l’immensité du paysage.

Je me souviens de cette barrière infranchissable.

Je me souviens de cette image sur un livre d’histoire.

Je me souviens de la solitude.

Je me souviens du silence pesant.

Je me souviens du froid vivant.

Je me souviens de maisons vides.

Je me souviens d’un camp vide mais ravageur de tant de vie.

Je me souviens de ces pensées qu’aucun mot ne saurait exprimer.

Je me souviens d’une journée tellement triste.

Je me souviens d’une violence tellement forte.

Je me souviens de leurs sourires qui devront malheureusement un jour mourir.

Je me souviens du mardi 11 décembre 2007 dans l’avion en destination de la Pologne.

Je me souviens de cette appréhension au fond de moi-même lors de mon arrivée face à cette vue immense et vide, trop importante dans notre Histoire.

Je me souviens de Ginette et de ses histoires qui nous ont fait trembler de peur et de compassion.

Je me souviens de tous ces monuments qui ont servi à la destruction de tant d’humains.

Je me souviens pour toujours.

Je me souviens de l’immensité du camp lors de notre arrivée.

Je me souviens d’avoir ressenti l’atrocité du massacre quand on nous a tout expliqué.

Je me souviens de toutes ces chaussures entassées pour donner un aperçu de toutes ces personnes torturées.

Je me souviens des toilettes insalubres dont se servaient toutes ces filles fatiguées.

Je me souviens de mon effroi à l’entrée de la chambre à gaz.

Je me souviens de ce grand vide, je me souviens de ces rails interminables, je me souviens de ces conditions de vie déplorables, de cette atrocité des lieux.

Je me souviens de ce dégoût éprouvé à la vue des fours crématoires, synonymes de mort.

Je me souviens de ces vêtements d’enfant ayant été auparavant portés.

Je me souviens de ces cheveux entassés par milliers devant lesquels il paraît impossible de s’imaginer l’horreur des choses.

Je me souviens de la mort, présente à chaque endroit du camp.
Je me souviens de toutes ces choses, de tous ces moments qui resteront gravés dans ma mémoire à jamais.

Je me souviens de notre arrivée au camp et de l’expression sur le visage de mes camarades.

Je me souviens du moment que l’on a passé devant l’entrée des camps.

Je me souviens du silence pesant qui régnait lors de la visite.

Je me souviens des gouttes de pluie qui rendaient cet endroit encore plus effrayant.

Je me souviens du visage de madame Kolinka et de la tristesse dans sa voix lorsqu’elle nous a raconté son arrivée.

Je me souviens de notre incompréhension et de l’ampleur du désastre face aux explications.

Je me souviens des frissons qui m’ont traversé lors de notre entrée dans les chambres à gaz.

Je me souviens de toutes ces chaussures enfermées derrière cette vitre qui nous rappellent les milliers de victimes.

Je me souviens de mon soulagement d’avoir évité une telle souffrance.

Je me souviens d’un grand mur avec un porche : l’entrée du camp.

Je me souviens d’un grand vide et d’un grand silence.

Je me souviens d’une femme, une ancienne déportée, nous racontant cette vérité que certains ont essayé de nous cacher.

Je me souviens de cette montagne de chaussures enlevées à des hommes, des femmes, des enfants.

Je me souviens de ces baraques, avec, à l’intérieur, des choses semblables à des étagères dans lesquelles ils devaient dormir.

Je me souviens de ces 40 km2 toujours présents bien que détruits.

Je me souviens de la douleur certaine.

Je me souviens de cette tonne de cheveux.

Je me souviens de cette image effroyable de l’entrée du camp de Birkenau. Cette entrée tant de fois vu dans les livres d’histoire et qui, une fois devant nous réellement, nous plonge tous dans un silence glacial, plein d’émotions.

Je me souviens des émouvants témoignages de Ginette qui nous permettaient de sentir encore mieux l’atmosphère qui devait régner à l’époque.

Je me souviens du brouillard qui descendait et qui donnait aux lieux une atmosphère glaciale et effroyable, pleine d’émotions et de tristesse.

Je me souviens de ce grand silence, un silence qui paradoxalement accentuait l’émotion du lieu et transmettait un calme tragique où les idées, les questions, les représentations fusaient dans les esprits.

Je me souviens de la tombée de la nuit, une tombée de nuit assez tôt : tout un symbole. Une nuit à l’image de cette histoire ; sombre, brumeuse et glaciale. Une tombée rapide, comme celle des millions d’êtres humains en si peu de temps.

Je me souviens de l’entrée dans la chambre à gaz. Moment le plus émouvant de la journée. A l’intérieur, l’émotion et le silence étaient si lourds que les sentiments ne pouvaient que nous submerger.

Je me souviens de l’entrée du camp, cette entrée aujourd’hui vide mais qui a vu passer tant d’innocentes victimes.

Je me souviens de l’immensité, cette immensité désormais vide mais pleine d’horreur.

Je me souviens d’un récit, celui de Ginette, ancienne déportée, en me demandant encore aujourd’hui comment elle a pu témoigner avec tant de courage et de précision.

Je me souviens des cheveux, des tonnes de cheveux entassés, destinés à la fabrication de tapis.

Je me souviens des chaussures, surtout celles d’enfants morts loin, mais en même temps si près de leurs parents.

Je me souviens d’une triste apparition.

Je me souviens d’un semblant de gare.

Je me souviens de barrières infranchissables.

Je me souviens de rails à sens unique.

Je me souviens d’une sombre ambiance.

Je me souviens de sinistres lieux.

Je me souviens de bâtiments écroulés.

Je me souviens de ces reliques de mort.

Je me souviens d’un lieu ne laissant pas indifférent.

Je me souviens d’une confusion de sentiments.

Je me souviens d’un sombre portrait.

Je me souviens de lieux inoubliables.

Je me souviens du témoignage de la déportée dans le car.

Je me souviens de la minute de silence.

Je me souviens des portraits des déportés.

Je me souviens des conditions de vie des habitants du camps .

Je me souviens du froid.

Je me souviens de ces tonnes de chaussures, de cheveux...

Je me souviens de l’atmosphère du camp à notre entrée.

Je me souviens du passage dans la chambre à gaz.

Je me souviens du contact froid des barbelés.
Je me souviens des regards baissés, plein d’humanité.

Je me souviens des sanglots de la jeune fille à quelques pas de moi, devant ces fantômes d’enfants.

Je me souviens d’avoir guetté la figure sombre du camp.

Je me souviens de ses yeux.

Je me souviens de la pluie froide, de la boue et des briques rouges.

Je me souviens de la mer de cheveux qui m’entourait, comblait le vide, qui m’étouffait.

Je me souviens d’avoir vacillé, je me souviens d’avoir été enseveli sous l’angoisse et la peur dans la chambre à gaz. Je me souviens avoir senti les morts. Je me souviens que le monde brûlait dans un four crématoire.


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27 octobre 2012

photos du lycée Claude Lebois à Saint-Chamond

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photos du lycée Claude Lebois

à Saint-Chamond

 

sommaire

 

- Hommes et femmes (1)

- salle des professeurs

- entrée principale du lycée

- plaque du souvenir des "morts pour la France" (1914-1918)

- le cabinet d'Histoire-Géographie

- Festiclaude du 12 juin 2008

- journée portes ouvertes : 15 mars 2008

- photos du lycée 30 mai 2007

- le C.D.I. (juin 2009)

 

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mercredi 17 juin 2009

 

adresse : 8, boulevard Alamagny - 42403 Saint-Chamond cedex - tél. 04 77 22 096 37

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30 juillet 2012

l'histoire de Damiens n'est pas une affaire de moeurs

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réalité ou fiction ?

à propos d'un livre de Marion Sigaut

Mourir à l'ombre des Lumières. L'énigme Damiens

 

Robert-François Damiens (1715-1757), domestique parisien de son état, est connu dans l'histoire pour avoir commis un "attentat" contre le roi Louis XV le 5 janvier 1757 à Versailles alors que le souverain allait monter dans son carrosse. Il suffisait simplement de toucher le roi pour que cela soit qualifié "d'attentat". Il fut jugé et condamné à mourir de manière atroce. Son supplice fut le dernier écartèlement de l'histoire de France. (voir aussi : enfance et supplice d'un régicide).

 

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gravure évoquant le supplice de Damiens, le 28 mars 1757


L'époque est un peu compliquée. La monarchie a perdu de son aura. Elle est soutenu par un courant de l'Église catholique, l'ordre des Jésuites, mais combattu par un autre, les jansénistes, qui ont de solides positions dans le Parlement, c'est-à-dire dans le milieu judiciaire.

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Christophe de Beaumont, archevêque de Paris de 1746 à 1781, ennemi des jansénistes

Ce conflit dura des dizaines d'années, notamment à propos de la bulle (décision religieuse) Unigenitus édictée par le pape Clément XI en 1713 qui condamnait les thèses des jansénistes. Le roi Louis XV laissait gouverner son ministre Fleury. Il mena deux guerres, assez impopulaires.

 

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audience au Châtelet (l'un des lieux du Parlement) sous Louis XV

Damiens mena une carrière de domestique très apprécié à Paris. Passé un court temps chez les Jésuites, il côtoya surtout les milieux des parlementaires (juges) jansénistes dans lesquels il entendait très souvent critiquer le roi. Malheureusement, en juillet 1756, il déroba à son nouvel employeur, la somme importante de 240 livres et s'enfuit dans sa région d'origine (l'Artois). La mort était le sort promis aux domestiques qui volait leur maître.
Peut-être est-ce pour cela que, perdu pour perdu, il se résolut à ce geste contre le roi.

Un livre intitulé Mourir à l'ombre des Lumières. L'énigme Damiens, est paru en 2010, écrit par une "historienne" et romancière, Marion Sigaut, qui, par ailleurs s'est exprimé dans plusieurs vidéos sur internet.

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J'ai lu cet ouvrage d'une traite, un samedi de fin juillet 2012. Bon récit, palpitant, mais ce n'est pas un livre d'histoire. Marion Sigaut n'a "percé" aucun "mystère" comme on le prétend.

L'hypothèse d'un Damiens agissant, par l'attentat contre Louis XV en 1757, comme père vengeur des outrages infligés à sa fille relève de la fiction pure et simple.

Marion Sigaut affirme avoir trouvé l'existence d'une fille de Damiens dans l'ouvrage de l'historien américain, Dale Van Kley (1984), auteur par ailleurs du savant Les origines religieuses de la Révolution française (Points-Seuil, 2006).

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Or, la mention d'une épouse et d'une fille de Damiens figure dans les "Pièces originales et procédures du procès..." datant de 1757...!
(Books-Google sur internet : http://books.google.fr/books?id=JvRCAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false, voir p. 308-360).

Ses recherches semblent donc assez superficielles.

J'ai interrogé moi-même, au lendemain de ma lecture, l'historien américain Dale Van Kley (Ohio State University) qui, lui, a effectué des investigations longues et rigoureuses.

Dale Van Kley m'a répondu, immédiatement, avoir passé de nombreuses semaines aux Archives à propos des enlèvements d'enfants et avoir dépouillé les papiers de TOUS les commissariats parisiens pour l'année 1750 (année supposée de l'enlèvement et du viol de la fille de Damiens selon Marion Sigaut).

Or, aucun enlèvement de fille n'est signalé. Et aucun enlèvement de fille ou garçon n'a eu lieu rive gauche, où Damien habitait, rue Étienne-des-Grès...!

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Damiens a agi pour des raisons de convictions religieuses (il en avait peu en fait) et politiques surtout. Ce n'est pas une affaire de moeurs, même si l'époque n'en manquait pas, et même si le roi Louis XV est connu pour ses turpitudes.

Marion Sigaut a écrit un bon roman historique. Mais il ne faut pas le faire passer pour un travail historien. On ne peut jouer sur les deux registres. Sinon cela relève de l'imposture.

Qui n'a tout fait pour la vérité n'a rien fait (paraphrase de Robespierre qui disait : "si vous ne faites tout pour la liberté, vous n'avez rien fait", Sur la nécessité de révoquer le décret sur le marc d'argent, avril 1791).

Michel Renard
professeur d'histoire
Saint-Chamond (Loire)

 

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Paris au XVIIIe s., devant le Louvre

 

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portrait de Damiens peu avant son supplice
(on a exagéré la "méchanceté" de ses traits)

 

____________________________

 

la différence entre les Jésuites et les jansénistes

 

L'odre des Jésuites fut créé en 1540... Grâce suffisante

Les jansénistes, grâce efficace

 

à suivre

 

 

 

 

 

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4 août 2012

regarder en soi-même pour y retrouver le monde

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Années, un roman d'Annie Ernaux

Michel RENARD

 

J’ai lu aujourd’hui le livre d’Annie Ernaux, Années (Gallimard, 2008).

On en sort, évidemment, dominé par la nostalgie de ce tracé de vie d’une femme qui sent la vieillesse la séparer du monde qui bouge.

Mais aussi étrangement troublé par la distance qu’elle instaure entre ses sentiments et le lecteur par son procédé narratif, un peu sociologique (je le dis sans malveillance ; l’influence de Georges Perec, Les choses, est perceptible) consistant à décrire une «elle» insérée dans le tourbillon des événements et des métamorphoses d’un peu plus d’un demi siècle… Comme un garde-fou contre les effusions d’une sensibilité, de ses passions et de ses regrets.

«Ce ne sera pas un travail de remémoration, tel qu’on l’entend, visant à la mise en récit d’une vie, d’une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l’imaginaire des jours passés du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu’elle a connus…» (p. 239). Y est-elle parvenu ?

L’ambition était vaste. Elle fournit un enchevêtrement des deux : le récit fragmentaire de sa vie et celui des «jours passés du monde», en tout cas de son monde.

Oui, tout est vrai. On s’y retrouve, mais pas en entier puisqu’il s’agit des indices du monde tel qu’ils se sont imprimés en elle.

J’ai aimé la justesse de nombreuses formulations. Parlant de son jeune amant : «Il m’a arrachée à ma génération. Mais je ne suis pas dans la sienne. Je ne suis nulle part dans le temps. Il est l’ange qui fait revivre le passé, rend éternel» (p. 203).

Ou encore : «…elle sait que la question n’a pas de sens, qu’aucune question n’a de sens s’appliquant aux choses du passé» (p. 177).

À propos des repas de familles à la fin des années 1970 et de leurs sujets de discussion : «Le temps des enfants remplaçait celui des morts» (p. 136).

Et cette confidence d’une grande mélancolie presque mystique : «…plus que tout, maintenant, elle voudrait saisir la lumière qui baigne des visages désormais invisibles, des nappes chargées de nourritures évanouies, cette lumière qui était déjà là dans les récits des dimanches d’enfance et n’a cessé de se déposer sur les choses aussitôt vécues, une lumière antérieure» (p. 241).

Les lycéens y trouveront la fresque vécue d'une séquence historique qui va des années d'après-guerre jusqu'à 2006/2008. L'évocation d'événements historiques, d'auteurs, de livres, de personnages connus.

Michel Renard

 

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lien

- entretien avec Annie Ernaux

- http://newsletter.paris-sorbonne.fr/spip.php?article2304

 

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14 septembre 2012

journée "intégration" des classes de Seconde

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après-midi dans la nature avec la 2e 7 :

journée "intégration" de septembre 2012

 

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quelques élèves de la classe de 2e7, le vendredi 14 septembre 2012

 

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quelques élèves de la classe de 2e7, le vendredi 14 septembre 2012

 

Cela s'appelle la "journée d'intégration" pour les classes de 2e au lycée. Des professeurs accompagnent les nouveaux élèves pour une excursion ou une initiative de découverte du lycée. Finalement, c'est sympathique... et pédagogiquement efficace.

Nous sommes allés avec la 2e 7 au-dessus de Saint-Chamond, à Saint-Martin-en-Coailleux (ça ne s'invente pas...) : une heure de marche (évidemment menée en tête par M. Renard) et itinéraire de découverte conscienseusement préparé par la professeure de Physique, Mme Guillot... Les élèves se connaissent mieux entre eux et avec leurs professeurs. Soleil et vent frais...

Avant, on effectuait des sorties en fin d'année scolaire. J'avais remarqué, il y a longtemps déjà, qu'une sortie en début d'année avait beaucoup plus d'efficacité sur la cohésion de la classe et les relations professeurs/élèves (ou le contraire).

Bien sûr, une sortie au musée du Louvre serait plus stimulante intellectuellement parlant... Mais il faut compter avec le peu de moyens dont dispose un lycée de province. En revanche, ce lycée bénéficie d'un environnement qui permet de faire réfléchir les élèves à la grande histoire, par exemple à travers les vestiges des bombardements alliés de 1944 sur les Aciéries de la Marine à Saint-Chamond.

M. Renard, professeur d'histoire

 

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21 septembre 2012

Hermès/Mercure, tableau de 1611

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Hermès-Mercure

 

 - Qui est l'auteur de ce tableau...? J'ai cherché plusieurs heures, sollicité plusiers avis a priori compétents... En vain. Finalement, j'ai trouvé que l'on pouvait questionner "Google images" en envoyant l'image comme requête quelque soit le nom du fichier jpg (enfin... cela ne fonctionne pas toujours...).

J'avais bien diagnostiqué la date de l'oeuvre comme appartenant au XVIIe siècle (la peinture à sujets mythologiques sous la Renaissance ne fait généralement pas cohabiter les personnages de la mythologie avec des "mortels"). Avant Nicolas Poussin (1595-1665) et d'une autre facture que française... j'ai cherché du côté de l'école espagnole et de la peinture russe... fausses pistes. Il s'agit d'un peintre flamand.

L'artiste est né en 1558 et mort en 1617 et s'appelle Hendrik Goltzius (cf. en langue anglaise ; sur Wikipedia). Le tableau date de 1611. Il est aujourd'hui au musée Frans Hals à Haarlem aux Pays-Bas. Le titre en flamand est : "Mercurius als personificatie van de schilderkuns" et en anglais "Mercury as personification of painting", soit, en français :  Mercure peintre.

Hermès est représenté avec ses attributs habituels. Le caducée, servant à guérir les morsures de serpents, symbole complexe attribué aux hérauts qui les rend inviolables, mais devenu également symbole du commerce et de l'éloquence. Le coq, symbole de la nouvelle journée. Les sandales ou le casque ailé, symbole du dieu messager des autres divinités.
La peinture...

Enfin, Mercure est aussi, un dieu "psychopompe", c'est-à-dire celui conduit les âmes récemment décédées en enfer.

 

Ce que je ne parviens pas à comprendre, c'est le sens de la présence de cette femme à gauche du tableau... Peut-être une image de la vie, jusque dans son impudence sommaire et crue, opposée à la mort évoquée sur le côté droit du tableau... Hermès psychopompe assurant l'inévitable passage entre l'une et l'autre...

 

(à suivre)

Michel Renard
professeur d'histoire

 

 

 

 

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3 octobre 2012

"Bel Ami", roman et film

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Littérature et société

Bel Ami, roman de Guy de Maupassant (1885)

et film de Philippe Triboit (2005)

 

Pourour mes élèves de 2e7 ("Littérature et société", 2012-2013)... un sublimissime dialogue du film Bel Ami, qui ne ne figure pas dans le roman de Maupassant, mais qui révèle avec une force inouïe le cynisme des rapports sociaux et la dépendance des sentiments et des relations entre les êtres à leurs égards...
(entre 1 mn 30 et 4 mn 32) :
http://www.youtube.com/watch?v=YxwtHigS0Fk

Bel Ami, roman de Guy de Maupassant (1885) et film de Philippe Triboit (2005).
 

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Dialogues d’une scène du film qui ne figure pas dans le roman (après le duel dont Bel Ami sort blessé... dans le film) :

- Bel Ami : …et tous les faux-culs, derrière, qui m’encourageaient. Ah, ils doivent bien rigoler maintenant.
Quand je pense que je me suis sacrifié pour eux, Clotilde… J’ai risqué ma vie et c’est eux qui ramassent. Je crois que je préfère encore le désert.
- Clotilde de Marelle : C’est ça, maintenant que tu as fait le plus difficile, tu veux fuir comme un lâche… Tu es devenu un héros, tu as investi et tires-en les bénéfices.
- Bel Ami : Les bénéfices ? J’croirais les entendre, tiens ! … Il doit bien y avoir autre chose. Une vie plus simple. J’ai commencé ici, je peux recommencer ailleurs Clotilde… Divorce et pars avec moi. J’ai fait un papier sur une colonie de Français au Mexique, j’ai gardé des contacts là-bas …
- Clotilde : …mais tu dis n’importe quoi… Mais qu’est-ce que j’irais faire au Mexique ?
- Bel Ami : Là ou ailleurs, peu importe. Le monde est vaste. Du moment que je suis avec toi… regarde-moi…Est-ce que tu divorcerais pour moi ?
- Clotilde :  …mais là n’est pas la question. Pour l’instant, tu vois tout en noir, mais ça va se passer.
- Bel Ami : Je ne parle pas de cela. Est-ce que tu divorcerais pour moi ? Pour porter mon nom, arrêter de me voir ici comme une voleuse, on a rien volé, pourquoi faudrait se cacher ? Et puis, je pourrais élever Laurine, tu sais…
- Clotilde : ... hein, hein… en donnant des cours de cheval ?
-
Bel Ami : Et alors, il n’y a pas de honte !
- Clotilde : Mais non.. mais…
- Bel Ami : Ce matin, tu es venue dans la prairie parce que j’allais mourir… alors est-ce que tu vivrais avec moi ? [Clotilde détourne la tête] REGARDE-MOI !
- Clotilde : Avec ma fille, tu es ce que j’ai de plus cher au monde…
- Bel Ami : Alors, divorce et épouse-moi.
- Clotilde:: C’est ridicule… mais on va parler de cela maintenant ? T’es en vie, on est là tous les deux, c’est ça qui est important .
- Bel Ami : Clotilde !
 

Bel Ami tu veux vraiment que je te répondre
Clotilde de Marelle, maîtresse de Bel Ami


- Clotilde : Mais tu veux vraiment que je te réponde ?
- Bel Ami : [ne dit rien mais son visage attend une réponse]
- Clotilde :  J’te mentirai jamais… C’est ma façon à moi de t’aimer… Alors NON ! Je ne divorcerai pas… J’ai un nom, un rang, un mari, une fortune qui nous a bien aidé, je te le rappelle…, une vie agréable, une fille à élever… Tu critiques notre monde parce que t’en fais pas encore partie… hum, hum… Mais attends un peu quand t’auras pris leurs habitudes… Moi j’y suis née, j’my suis mariée, c’est dans ce monde-là que je t’aime, à ma manière… Bel Ami… il y a tant de rage en toi, et j’aime tellement le plaisir…
- Bel Ami :  Et comment tu peux m’parler de plaisir… C’est ma condition que tu me reproches !
 

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5 décembre 2012

terrritoires de l'empire romain

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carte des provinces de l'empire romain

 

1) Baetica (Hispania); 2) Lusitania (Hispania); 3) Tarraconesis (Hispania); 4) Narbonensis (Gallia); 5) Aquitania (Gallia);
6) Lugdunensis (Gallia); 7) Belgica (Gallia); 8) Britannia; 9)Germania Inferior; 10) Germania Superior;
11) Langobardi/Cherusci/Sugambri; 12) Rhaetia; 13) Italia; 14) Sicilia (Italia); 15) Corsica et Sardinia; 16) Alpes Penninae (Gallia); 17) Alpes Cottiae (Gallia); 18) Alpes Maritimae (Gallia); 19) Noricum; 20) Pannonia; 21) Dalmatia; 22) Dacia;
23) Moesia; 24) Thracia; 25) Macedonia; 26) Epirus; 27) Achaea; 28) Asia; 29) Bithynia; 30) Galatia; 31) Lycaonia;
32) Lycia; 33) Pisidia; 34) Pamphylia; 35) Cyprus; 36) Cilicia; 37) Cappadocia; 38) Pontus; 39) Armenia Inferior;
40) Sophene; 41) Osroene; 42) Commagene; 43) Armenia; 44) Assyria; 45) Mesopotamia; 46) Syria; 47) Judaea (Palaestina); 48) Arabia Petraea; 49) Aegyptus; 50) Cyrenaica; 51) Numidia; 52) Africa; 53) Mauretania; 54) Baleares (Hispania).

 

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30 janvier 2012

littérature et société - Musset et George Sand

 

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littérature et société : le romantisme

Alfred de Musset et George Sand : Michel RENARD

 

L'année scolaire 2010-2011, une nouvelle "option" de la classe de Seconde, intitulée "Littérature et société" fut proposée aux élèves de lycée... et aux professeurs volontaires pour l'assurer.

Professeur d'Histoire, je m'y suis lancé, sensible à l'exaltation intellectuelle du romantisme pour lui-même et pour l'image qu'il donne du XIXe siècle. Les rapports entre l'histoire, telle que conçue dans dans les programmes scolaires, et le romantisme comme expression littéraire de cette époque me semblaient une source de curiosité pouvant susciter l'intérêt des élèves... comme il avait suscité le mien également.

Nous commençâmes par Musset et Sand. Lecture d'extraits de La confession d'un enfant du siècle de Musset et vision du film de Diane Kurys, Les enfants du siècle (1999), avec Juliette Binoche et Benoît Magimel. Film un peu surjoué par Binoche, Magimel et quelques autres mais présentant l'intérêt d'une tentative de restitution de l'atmosphère romantique, de ses libertés et de ses excès.

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L'étude du romantisme présente le double avantage d'une approche du XIXe siècle par-delà les implacables dynamiques économiques (révolution industrielle) ou bouleversements politiques (chute de l'Empire, 1830, 1848, Second Empire...), et d'un abord de la sémantique de l'émotion, des sentiments, de l'individualisme et des états d'âme qu'une jeunesse adolescente a un peu perdu d'appréhender dans ces temps de frustration et de violence des rapports entre filles et garçons. [mais il paraît que cette année, en "Littérature et société", on "étudie" le rap...!!]

Le film de Diane Kurys commence par une lecture de George Sand du livre de Musset, une fois leur histoire terminée (vingt mois...), La confession d'un enfant du siècle (1836). On entend Musset prononcer ces paroles : "Le monde était en ruines, et nous venions au monde. La guerre était finie, nous arrivions après la gloire, après l’idéal, il nous restait le désespoir pour seule religion et pour toutes passions le mépris.  Les femmes s’habillaient de blanc comme les fiancées, et nous les enfants du siècle, vêtus de noir comme les orphelins, nous les regardions, blasphème à la bouche et le cœur vide. J’allais dans ce désert, serré dans le manteau des égoïstes… quand soudain, je la rencontrai…"

J'ai cherché d'où provenaient ces mots. Mais je ne les trouvais pas dans La confession d'un enfant du siècle. Ni internet ni Google ne me renseignaient. On les indiquait comme des citations de Musset sans jamais fournir leur source. Agacé, j'ai fini par écrire au préfacier de la dernière édition du livre de Musset. (janvier 2012) Où donc Musset aurait-il écrit ces phrases ?

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Le professeur Frank Lestringant (université de Paris Sorbonne) me répondit immédiatement : "C'est tout simplement la substance du chap. II de la Confession, paraphrasée et résumée plutôt que citée. Sur le blanc et le noir, voir p. 69-70. Bien cordialement".

Voilà donc la vérité. Ce n'est pas une citation de Musset mais la reformulation condensée d'extraits de La confession d'un enfant du siècle. J'ajouterais même, aux évocations du chapitre II mentionnées par Frank Lestringant, les images du début de ce même chapitre, notamment cette fameuse phrase : "Alors il s'assit sur un monde en ruines une jeunesse soucieuse".

 

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On lit dans le chapitre II : "Mais il est certain que tout d'un coup, chose inouïe, dans tous les salons de Paris, les hommes passèrent d'un côté et les femmes de l'autre ; et ainsi, les unes vêtues de blanc comme des fiancées, les autres vêtus de noir comme des orphelins, ils commencèrent à se mesurer des yeux" (p. 69-70).

Je remercie le professeur Lestringant d'avoir apporté cette précision. Les recueils de citation sur internet - qui ne fournissent quasiment jamais les sources des propos retenus - pourront mettre à jour leur chapitre Musset. Quant à Diane Kurys, elle a fait du Musset - c'est son droit de créatrice de fiction même appuyée sur l'histoire - mais les propos ne sont pas de la plume de l'Enfant du siècle...

Michel Renard

 

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30 novembre 2012

les origines de Rome et les étapes de son histoire

Capitole romain et musee romain, louve nourriissant Romulus et Remus 054a

 

 

les origines de Rome selon la tradition

 

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une généalogie

 

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une autre généalogie

 

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Énée et le roi Latinus

 - il existe deux versions au sujet des épouses d'Énée. Une première affirme qu'il s'est marié avec Créuse, fille du roi Priam de Troie. Une seconde prétend qu'il épouse Lavinia, fille du roi Latinus lorsqu'il arrive dans le Latium. L'historien latin Tite-Live (59 av. - 17 ap.) dans Histoire romaine cite les deux versions comme plausibles.

 

Diapositive1

 

 correction

Diapositive2
la fille du roi Latinus s'appelle Lavinium

 

 

La fondation de Rome d’après Virgile

Document 1 : Le mythe d’Énée

D’après le poète Virgile, Enée, fils d’Anchise et de la déesse Vénus, s’enfuit de Troie incendiée par les Grecs. Après que son navire ait longé les côtes de la Crète, de la Grèce, du sud de l’Italie et de la Sicile, il s’arrête à Carthage, royaume africain de la reine Didon. Mais, il s’attarde peu car les Dieux lui ont promis une terre en Italie. Après, un long voyage, il débarque enfin sur les rives du Tibre, dans le Latium. Le dieu Jupiter rassure alors Vénus, sur le sort de son fils et de ses descendants :

«Rassure-toi, Vénus, le destin de ton fils Enée reste immuable. Tu le verras édifier les murs de Lavinium, puis il mènera dans toute l’Italie une grande guerre brisant les peuples farouches. Pour son peuple il établira des lois et des murailles. Après trois années de règne sur le Latium, son jeune fils Ascagne, que l’on surnomme désormais Iule, régnera pendant trente années sur Albe-la-Longue qu’il munira de puissants remparts. Là, règneront durant trois fois cent longue années les descendants d’Ascagne jusqu’au jour où une prêtresse de sang royal, Iulia, enceinte du dieu Mars, donnera naissance à des jumeaux, Romulus et Rémus. Ensuite, sauvés et bien nourris à l’abri de leur louve nourricière, Romulus et Rémus perpétueront la race. Romulus bâtira Romeet donnera son nom aux Romains. Telle est ma volonté à moi, Jupiter, père des dieux et des hommes.»

D’après VIRGILE. L’Enéide. Livre 1. v. 255-275. 1er s. av. J.-C.

D’après une traduction française de Jean Regnault de Segrais sur Wikisources et sur http://bcs.fltr.ucl.ac.be/Virg/V01-223-417.html. (Université de Louvain)

 

a)Document 1 : Quelle est la nature du document, son auteur et sa date ?

b) Document 2 : À l’aide des noms de lieux mentionnés dans le texte de Virgile, complète la carte du périple d’Énée.

Document 2 : Du périple d’Énée à Romulus

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les grandes phases de l'histoire

de Rome sous l'Antiquité

 

 

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tableau à compléter

 

 correction

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- à la fin de la période républicaine de l'histoire de Rome, cette cité était à la tête de territoires conquis comprenant :
1 900 000 km2 en Europe
   600 000 km2 en Asie
   440 000 km2 en Afrique
soit, au total, près de 3 millions de km2.

 

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tableau à compléter

 

correction

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2 décembre 2012

la citoyenneté dans le monde romain

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la citoyenneté dans le monde romain

 

 

 

1) la citoyenneté sous la Rome royale

 

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correction

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patriciens et plébéiens sous la Rome royale

 

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buste de Lucius Junius Brutus aux Musées du Capitole.
Selon les traditions, Junius Brutus, le neveu du dernier roi Tarquin le Superbe (c'est-à-dire l'orgueilleux),
est le fondateur légendaire de la République romaine, en 509 av. J.-C.

 

 

2) la citoyenneté sous la Rome répubicaine

 

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à compléter

 

correction 

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le cursus honorum

 

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correction

Fonctionnement-de-la-Republique-romaine

 

CursusHonorum

 

 

 

le recensement


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Ce relief en marbre datant de la fin du IIe siècle av. J.-C. a été trouvé sur le Champ de Mars à Rome. Il décrit une scène de "recensement" : répertoriés par tribus, les citoyens sont répartis en cinq classes selon leur richesse et inscrits sur un registre, le "cens".
Ce classement détermine leur rang dans l'armée romaine, du moins pour les plus jeunes de chaque classe, les "juniores". Le cens est établi régulièrement à plusieurs années d'intervalle. Ce sont les "censeurs", deux magistrats élus tous les cinq ans, qui en ont la charge.
Au centre du relief, à droite de l'autel, le censeur en toge préside au sacrifice en l'honneur de Mars qui clôture la cérémonie de purification, le "lustrum". C'est un "suovetaurile" : on y sacrifie un porc, une brebis et un taureau, comme on le voit sur l'image ci-dessus. Le "lustrum" a lieu tous les cinq ans et a donné son nom à l'intervalle de temps qui sépare deux purifications. Le dieu Mars est représenté à gauche de l'autel.


source

 

Sur ce bas relief en Marbre nous pouvons voir deux personnes en train de jouer d'un instrument (le personnage de droite joue de la flûte double et celui de gauche de la cithare).Les deux personnes sont deux hommes habillés de toges lors d'un sacrifice en l'honneur de Mars. C'est un sarifice suovetorile (sacrifice d'un porc, d'une brebis et d'un taureau). Juste à côté du flûtiste nous pouvons voir la lance d'un soldat surveillant l'autel ou les animaux vont être sacrifiés.

- suovetaurile : de sus (porc), ovis (mouton) et taurus (taureau) ; immolation de trois victimes mâles au dieu Mars et destinée à purifier et bénir la terre.

 

 

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correction

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 3) la citoyenneté sous la Rome impériale

 

 

(à suivre)

 

 

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6 décembre 2012

le triomphe de la République par Dalou

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le triomphe de la République, Dalou, 1889-1899

statue érigée place de la Nation à Paris

étude iconographique du symbolisme républicain

 

 

 

Le "Triomphe de la République" est une statue et même un ensemble monumental élevé place de la Nation à Paris. Son auteur est le sculpteur Aimé-Jules Dalou (1838-1902),

 

 

images

 

1statnat1
centrée

 

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façade latérale gauche avant

 

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avant du monument

 

1treph1partie supérieure

 

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face arrière

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détail de la façade latérale gauche


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vue de face et de la partie droite

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façade latérale droite (partie)

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façade latérale droite (partie)

 

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arrière du monument

 

 

images anciennes

 

Dalou 1
carte postale ancienne (comme toutes les images qui suivent),
monument de face, droit quart gauche

 

Dalou 2
monument de profil gauche : le génie de la Liberté, la République, la paix

 

Dalou 3
profil gauche, avec un crocodile menaçant (qui a disparu aujourd'hui)

 

Dalou 4
profil gauche de l'ensemble monumental

 

Dalou 5
le monument vu de face, et passants déambulant autour (avant Première Guerre mondiale)

 

Dalou 6
façade latérale gauche

 

Dalou 7
profil gauche et bassin avec crocodile

 

Dalou 8
monument de face et son reflet dans l'eau du bassin

 

Dalou 9
face trois quart gauche, carte postée en 1907

 

Dalou 10
le momument vu en contre-plongée

 

 

Dalou 11
la statue de Dalou et son environnement, place de la Nation

 

Dalou 12
carte postale anglaise colorisée

 

Dalou 13
autre vue en contre-plongée, carte postée en 1908

 

Dalou 14
image et commentaire explicatif

 

Dalou 15
encore une vue du profil gauche mais prise de haut avec le bassin

 

Dalou 16
profil de gauche et bassin avec crocodiles

 

Dalou 17
vue de face avec les colonnes du trône au fond

 

Dalou 18
face latérale gauche

 

Dalou 19
face latérale gauche

 

dessin Delahaye
dessin de Delahaye

 

 

 identification des éléments

 

Triomphe Rép Dalou
schéma à compléter

 

 

 

 (à compléter)

 

 

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15 décembre 2012

Gladiator et l'histoire de Rome

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le film Gladiator (2000, Ridley Scott),

fiction et histoire

 

 

 

 

065

 

 

067

 

 

 

 

contrôle : complétez les parties manquantes des dialogues

 

- Maximus : Si vous vous retrouvez tout seuls, …………….. dans de verts pâturages avec le soleil sur le visage, n'en soyez pas troublés, car vous êtes aux Champs Elyseum, et vous êtes déjà …………… ! […]
Frères, ce que l’on fait dans sa vie, …………………………..……… !

- Commode : Je l'ai manquée ? J'ai manqué la bataille ?!
Marc Aurèle : ……………………………………...

- Maximus : Cinq mille de mes hommes sont là-bas ……………………………….. Trois mille d'entre eux sont couverts de sang et d'entailles, deux mille n'en reviendront jamais ! Je ne veux pas croire qu'ils se sont battus et sont morts pour rien !
Marc Aurèle : Et que voudrais-tu ……………… Maximus ?
Maximus : Qu’ils se sont battus pour toi ! ... Et pour Rome.
Marc Aurèle : Et qu'est-ce que Rome, Maximus ?
Maximus : J'ai vu beaucoup du reste du monde. Il est b………, et c………… et s………… ... Rome est la lumière !
Marc Aurèle : C'est que tu n'y es jamais allé ! Que tu n'as pas vu ce qu'elle est devenue !

- Maximus : Mes ………….., je vous demande de me guider. Mère bien aimée, indique-moi comment les dieux voient mon avenir. Père bien aimé, …………………………………………………………………….., murmure-leur que je ne vis que pour les retrouver. Mes ancêtres, je vous honore et j'essaye de vivre avec la dignité que vous m'avez …………………..

- Commode : Tout ce que j'ai voulu c'est vivre selon tes vœux, César... Père.
Marc Aurèle : Commode... Tes fautes de fils sont ……………………………………… !
Commode : J'aurais massacré le monde entier... si seulement tu m'avais aimé !

- Gracchus : Le véritable cœur de Rome n'est pas dans le ……..…. du sénat, il est dans le …………. du Colisée.

- Proximo : Je n'étais pas le meilleur parce que je tuais plus vite, j'étais le meilleur ……………………………… …………………….

- Maximus : Mon nom est Maximus Decimus Meridius, commandant en chef des armées du nord, général des légions Félix, fidèle serviteur du vrai empereur …………………... Père d'un fils assassiné, époux d'une femme assassinée et j'aurai ma ……..............……. dans cette vie ou dans l'autre.

- Lucilla : Les dieux t'ont épargné ! Aujourd'hui j'ai vu un ……………… devenir plus puissant que l'empereur de Rome !
Maximus : Les dieux m'ont épargné ? Je suis à leur merci, avec comme seul pouvoir ……………………………… !
Lucilla : C'est le …………………… !

- Commode : Que vais-je faire de toi ? Tu ne veux donc pas... mourir ? Sommes-nous si différents toi et moi ? Quand il le faut, tu prends la vie des autres, comme moi.
Maximus : Aujourd'hui je n'ai plus …………………………………… et j'en aurai fini.
Commode : Alors prends-la tout de suite !

- Maximus : Tu te battrais avec moi ?
Commode : Pourquoi pas ? Tu crois que j'ai peur ?
Maximus : Je ……………………………………………..
Commode : Contrairement à Maximus l'invincible qui ne connait pas la peur ?
Maximus : J’ai connu un homme qui a dit un jour : "……………………………………... Tout ce qu’on peut faire, c’est sourire à la mort."
Commode : Je me demande si ton ami a souri à sa propre mort.
Maximus : Tu dois le savoir. C’……………………………..

- Lucilla : Est-ce que Rome vaut la vie ……………………… ? Nous l'avons cru autrefois. Il faut le croire à nouveau. Il était un soldat de Rome, ………………….. !

 

 

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18 mars 2013

l'homme vitruvien (Léonard de Vinci)

homme Vitruve photo

 

l'homme de Vitruve

dessin de Léonard de Vinci (1492/1496)

 

exercice sur l’Homme de Vitruve

Dessin à la plume, encre et lavis (usage d’une seule couleur diluée pour obtenir différentes intensités) sur papier, intitulé Étude des proportions du corps humain selon Vitruve, réalisé par Léonard de Vinci aux alentours de 1492. L’homme de Vitruve est le symbole de l'humanisme, l’homme étant conçu selon des proportions mathématiques et étant considéré comme le centre de l’univers. Pourquoi ?

 

- au compas (ou à la main), surligner de jaune le périmètre du cercle.

-  à l’aide d’une règle, surligner de rouge le périmètre du carré.

1) sur la paume de votre main, poser les quatre doigts joints de l’autre main. Que remarquez-vous ?

2) sur la plante de votre pied, poser la paume de votre main (ou plusieurs fois les doigts joints). Que remarquez-vous ?

3) sur votre coudée (allant du coude jusqu'à l'extrémité de la main), poser la paume de votre main (ou plusieurs fois les doigts joints). Que remarquez-vous ?

4) à l’aide d’une règle graduée, mesurer votre coudée et comparer-la à votre taille. Que remarquez-vous ?

5) combien de paumes faut-il ajouter pour faire un homme ?

6) combien de coudées font un double pas ?

7) comparer la longueur de vos bras étendus et votre propre taille. Qu’observez-vous ?

8) comparer la dimension entre la racine de vos cheveux et le bas du menton. Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

9) comparer la dimension entre le sommet de votre tête et le bas du menton. Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

10) comparer la dimension depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête. Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

11) combien de fois la plus grande largeur des épaules est-elle contenue dans la taille d’un homme ?

12) comparer la distance depuis le dessous du genou jusqu’au début des parties génitales. Qu’observez-vous ?

13) comparer la distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille. Qu’observez-vous ?

 

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texte de Léonard de Vinci

et réponses aux questions ci-dessus

 

Traduction du texte manuscrit de Léonard de Vinci : «[...] que la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci. Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée : quatre coudées font la hauteur d’un homme. Et quatre coudées font un double pas, et vingt quatre paumes font un homme ; et il a utilisé ces mesures dans ses constructions.

Si vous ouvrez les jambes de façon à abaisser votre hauteur d’un quatorzième, et si vous étendez vos bras de façon que le bout de vos doigts soit au niveau du sommet de votre tête, vous devez savoir que le centre de vos membres étendus sera au nombril, et que l’espace entre vos jambes sera un triangle équilatéral.

La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur.

Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine de cheveux, un septième. Depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête, un quart de la hauteur de l’homme.

La plus grande largeur des épaules est contenue dans le quart d’un homme. Depuis le coude jusqu’au bout de la main, un quart. Depuis le coude jusqu’à l’angle de l’avant bras, un huitième. La main complète est un dixième de l’homme. Le début des parties génitales est au milieu.

Le pied est un septième de l’homme. Depuis la plante du pied jusqu’en dessous du genou, un quart de l’homme. Depuis sous le genou jusqu’au début des parties génitales, un quart de l’homme.

La distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille : un tiers du visage».

 

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"la Nature a distribué les mesures du corps humain

comme ceci", Léonard de Vinci

 

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 graphismes : Michel Renard

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Mais qui est donc l’homme de Vitruve ?

hypothèse d’analyse symbolique

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L’homme de Vitruve de Léonard de Vinci

 

Au-delà de la question des proportions anatomiques idéales, on trouve dans l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci, un enseignement ésotérique, mobilisant certains archétypes universels fondamentaux. Livrons nous donc à une analyse plus approfondie du symbole afin comme disait le grand métaphysicien Ibn Arabî «de dissocier l’écorce du noyau et l’apparent du caché».

Examinons donc le premier archétype qui est symbolisé par le carré. Cette figure géométrique illustre la stabilité et la matière. Les quatre cotés représentent l’Homme limité dans une réalité finie, l’Homme basant son raisonnement sur les données sensibles ou rationnelles, en somme l’homme contemporain dont l’esprit est dominé par la raison, le calcul, la prévision et l’évaluation.

Tackh USHTE grand chef amérindien définissait d’ailleurs le cadre comme le symbole fondamental de l’homme blanc: «Le cadre de sa maison, des buildings où sont ses bureaux, avec des murs de séparation. Partout des angles et des rectangles : la porte qui interdit l’entrée aux étrangers, le dollar en billet de banque, la prison. Les rectangles, ses angles, un cadre. De même pour les gadgets de l’homme blanc – boîtes, boîtes et encore boîtes – téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles. Toutes ces boites ont des coins, des angles abrupts – des arêtes dans le temps, le temps de l’homme blanc, ses rendez-vous, le temps de ses pendules, ses heures de pointe – c’est ce que les coins signifient à mes yeux. Vous êtes devenus les prisonniers de toutes ces boîtes.» Affirmait-il.

 

carré, cercle

Et l’on oppose traditionnellement au carré, le cercle, symbole reflétant l’infini, l’idéal, l’unité et la perfection. Car l’homme contenu dans le cercle est celui qui a transcendé la matière par la réalisation spirituelle. L’homme dans le cercle est celui qui a consommé l’union avec sa part divine ou cosmique, à laquelle il ne retourne qu’en abandonnant son individualité.

Car le cercle est la figure géométrique des corps stellaires qui composent l’Univers. Toutes les formes de vie sont abritées dans le cercle, cercle tellurique de la terre d’abord puis cercle physiologique de l’utérus qui imprime au fœtus sa position arrondie. L’homme nouveau, apte à la renaissance est donc celui capable d’échapper à la finitude et aux contraintes liées au monde de la corruption et de la génération qu’est le monde de la matière. Il devient capable d’échapper aux limitations de temps et d’espace lorsqu’il s’élève au-dessus de sa conscience individuelle pour rejoindre la conscience cosmique qui englobe toute autre forme de conscience.

Symbole alchimique par excellence, l’homme de Vitruve tente de réaliser l’union du ciel (cercle) et de la terre (carrée) grâce au passage du rationnel au transcendant pour ainsi établir un équilibre entre ces deux principes opposées. Il réalise ainsi une renaissance et l’avènement de l’homme nouveau, l’Homme universel. Cet homme universel revient à l’androgynat primordial puisqu’il transcende la dualité des couples terre/ciel, féminin/masculin et passif/actif.

D’autre part la posture de l’homme de Vitruve nous rappelle celle de Jésus sur la croix. Léonard de Vinci ne tentait-il pas en soulevant cette énigme de nous initier à la symbolique hermétique de la crucifixion ? Le Christ cloué à la croix symboliserait ainsi l’homme aliéné à la matière qui ne peut se libérer de celle-ci que par une mort à lui-même, extinction de la conscience inférieure et individuelle, pour renaître à nouveau en tant que fils de Dieu lui-même.

La question qui se pose maintenant est : De quelle manière peut-on passer du carré au cercle ? En d’autres termes comment résoudre la quadrature du cercle ? La résolution de la quadrature du cercle est un problème qui hante les mathématiciens depuis l’antiquité ; de quelle manière construire un carré et un cercle de surface équivalente en tenant compte du nombre irrationnel π ? Ce problème n’a jamais été résolu en raison de la transcendance de π. Ce qui nous amène à nous éloigner de la perspective géométrique et algébrique pour tenter de résoudre le problème sous un angle nouveau.

Adoptons une approche symbolique du problème. Quel symbole pourrait réaliser la synthèse du carré et du cercle ? Comment faire en sorte que le carré devienne un cercle ? La réponse qui s’impose est «grâce au mouvement !»

Et le symbole du carré en mouvement est le swastika.

swastika

Le swastika est un carré en rotation autour d’un centre immobile. Il est tout à la fois, un symbole antique mésopotamien, chrétien, byzantin, celte, hindouiste et bouddhiste. Il représente le feu central, la lumière primordiale, les quatre éléments, les quatre forces primordiales et les quatre points cardinaux. Ce symbole renvoie également à la roue solaire dont le mouvement génère la lumière originelle, il est le symbole cosmique de la transcendance.

On peut également relever que roue mais aussi cercle se dit "tchekre" en sanscrit. C’est le nom des sept centres énergétiques du corps ; le coccyx, le sexe, le nombril, le cœur, la gorge, le front et la fontanelle. Mises en mouvement, ces sept roues ouvrent la porte des sept cieux qui conduisent à l’autoréalisation.

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On peut donc conclure que l’homme de Vitruve de Léonard de Vinci définit à la fois les proportions anatomiques idéales du corps humain mais également la manière d’atteindre la plénitude de l’âme. Il est en cela le symbole de l’homme complet. Après tout «Mens sana in corpore sano» [un esprit sain dans un corps sain] n’était-elle pas la devise de la renaissance ?

http://lenversdelacaverne.unblog.fr/2011/06/19/mais-qui-est-donc-lhomme-de-vitruve/

 

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L'inscription de l'homme de Vitruve dans la double géométrie du carré et du cercle fait de celui-ci un être double : l'homme terrestre, réalité finie, relative [carré], disposant certes de la raison mais pas de celle qui lui permettrait d'accéder à l'au-delà de celle-ci (si elle existe...) ; et l'homme pouvant entrer en contact avec l'infini [cercle], avec la transcendance, avec l'universel et le ciel. Le passage de l'un à l'autre s'effectue par la mise en mouvement du carré à partir de sa représentation sous l'antique forme du svastika qui se mue en cercle.
Les harmonies mathématiques de l'homme vitruvien appartiennent donc à à la fois à son existence terrestre (créature de Dieu) et à l'éventualité de son salut (témoin de Dieu dans l'Au-delà).

Michel Renard
professeur d'histoire

 

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2 octobre 2012

symbolisme républicain à Saint-Chamond

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Parcours républicain à Saint-Chamond

 

En 1889, la municipalité de Saint-Martin-en-Coailleux fit ériger une statue commémorant le centenaire de la Révolution française, place de la Valette. Les quatre faces du socle comportent des inscriptions. Quelle en est la signification ?

 

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- réponse : Reprise d’une devise apparue, parmi d’autres, sous la Révolution française (Robespierre en décembre 1790), mentionnée ensuite dans la constitution républicaine de 1848 et finalement adoptée par la IIIe République par le décret n° 88 du 25 septembre 1870, qui reprend mot pour mot la décision de 1848, à propos du sceau de l'État.

 

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- réponse : L’interprétation est plus aléatoire. On peut formuler l’hypothèse qu’il s’agit de l’incident des coiffes. En effet, «à la séance du 5 mai, le roi s’étant couvert, et la noblesse après lui, le Tiers voulut en faire autant ; mais le roi, pour l’empêcher de prendre ainsi l’égalité avec la noblesse, aima mieux se découvrir», prétextant la chaleur (Michelet, Histoire de la Révolution française). Ou alors, on évoque les jours qui ont suivi au cours desquels le Tiers refusa la vérification par ordres : révolution juridique et politique qui conduisit à l’Assemblée nationale.

 

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- réponse : Les jours qui précèdent le 14 juillet inquiètent la population parisienne : rumeurs de complot aristocratique, renvoi du ministre Necker le 11 juillet dénoncé par Camille Desmoulins comme le «tocsin d’une Saint-Barthélemy des patriotes». Rassemblement des Gardes suisses favorables au roi La foule trouve des armes aux Invalides mais cherche de la poudre qu’elle sait entreposée à la Bastille. Après plusieurs délégations auprès du gouverneur de la Bastille, celle-ci se rend et les émeutiers s’emparent de la poudre et des balles au soir du 14 juillet.

 

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- réponse : Deux dates : 4 août 1789 et 4 août 1889. La première fait référence à la célèbre «nuit du 4 août» où furent abolis les privilèges des différents ordres et les droits seigneuriaux. L’insurrection paysanne (la «Grande Peur» de juillet) multipliait les révoltes dans les campagnes qui inquiétèrent l’Assemblée. Dans le vocabulaire de l’époque, on proclama : «l’Assemblée nationale détruit entièrement le régime féodal». Des siècles d’Ancien Régime vacillaient.
Le 4 août 1889 fut le jour d’inauguration du monument par le conseil municipal de Saint-Martin-en-Coailleux.

 

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qui est l'auteur de cette statue ?

- le sculpteur porte le nom de Mudry et le fondeur est Louis Gasné.

 

liens

- autres photos de la statue et renseignements sur son auteur, Louis Gasné

 

 

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7 octobre 2012

le temple du Parthénon

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le Parthénon

 

- notions d'architecture

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vocabulaire de l’architecture d’un temps grec - plan type

 

Verticalement, un temple comprend quatre parties distinctes : le podium, la colonne, l'entablement, le toit et le fronton.

Les colonnes peuvent être : à fût monolithe (d'une seule pierre), à fût à tambours (plusieurs tronçons), à fût crénelé.

Une colonne comporte : une base (sauf les colonnes doriques), un fût, un chapiteau.


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le Parthénon reconstitué par le dessin

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une partie de l'ensemble des édifices de l'Acropole

 

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les illusions d'optique

Les anciens Grecs avaient connaissance des illusions d'optique et maîtrisaient les savoirs mathématiques, géométriques et architecturaux pour édifier un bâtiment donnant l'impression d'être droit alors qu'aucune ligne de sa structure ne l'était...!
Le Parthénon ne comporte aucune ligne droite, aucun angle droit et chaque élément (il y en a des centaines de milliers) est unique et ne peut être interchangeable.

 

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1. Le temple tel que nous le voyons.

2. Le temple tel que nous le verrions s'il était construit avec des lignes droites.

3. Le temple tel qu'il est construit pour que nous ne voyons que des lignes droites.

 

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le temple du Parthénon vers 1870

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Adolphe Braun (1811-1877), Athènes, Le Parthénon, vers 1870

 

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les secrets du Parthénon (doculentaire de Gary Glassman, Arte, 2008)

 

Le documentaire Les secrets du Parthénon.. passionnant...!

- http://www.dailymotion.com/video/xl2t73_les-secrets-du-parthenon-1-2_webcam

- http://www.dailymotion.com/video/xl2sso_les-secrets-du-parthenon-2-2_webcam

 

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liens

- voir aussi : http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/10/04/10831032.html

 

 

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16 décembre 2013

Homme de Vitruve - proportions

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Traduction du texte manuscrit de Léonard de Vinci : «[...] que la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci. Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée : quatre coudées font la hauteur d’un homme. Et quatre coudées font un double pas, et vingt quatre paumes font un homme ; et il a utilisé ces mesures dans ses constructions.

Si vous ouvrez les jambes de façon à abaisser votre hauteur d’un quatorzième, et si vous étendez vos bras de façon que le bout de vos doigts soit au niveau du sommet de votre tête, vous devez savoir que le centre de vos membres étendus sera au nombril, et que l’espace entre vos jambes sera un triangle équilatéral.

La longueur des bras étendus d’un homme est égale à sa hauteur.

Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine de cheveux, un septième. Depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête, un quart de la hauteur de l’homme.

La plus grande largeur des épaules est contenue dans le quart d’un homme. Depuis le coude jusqu’au bout de la main, un quart. Depuis le coude jusqu’à l’angle de l’avant bras, un huitième. La main complète est un dixième de l’homme. Le début des parties génitales est au milieu.

Le pied est un septième de l’homme. Depuis la plante du pied jusqu’en dessous du genou, un quart de l’homme. Depuis sous le genou jusqu’au début des parties génitales, un quart de l’homme.

La distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille : un tiers du visage».

 

 

exercice sur l’Homme de Vitruve

 

Dessin à la plume, encre et lavis (usage d’une seule couleur diluée pour obtenir différentes intensités) sur papier, intitulé Étude des proportions du corps humain selon Vitruve, réalisé par Léonard de Vinci aux alentours de 1492. L’homme de Vitruve est le symbole de l’humanisme, l’homme étant conçu selon des proportions mathématiques et étant considéré comme le centre de l’univers. Pourquoi ?

1) au compas, surligner de jaune le périmètre du cercle.

2) à l’aide d’une règle, surligner de rouge le périmètre du carré.

3) sur la paume de votre main, poser les quatre doigts joints de l’autre main. Que remarquez-vous ?

4) sur la plante de votre pied, poser la paume de votre main (ou plusieurs fois les doigts joints). Que remarquez-vous ?

5) sur votre coudée (allant du coude jusqu'à l'extrémité de la main), poser la paume de votre main (ou plusieurs fois les doigts joints). Que remarquez-vous ?

6) à l’aide d’une règle graduée, mesurer votre coudée et comparer-la à votre taille. Que remarquez-vous ?

7) combien de paumes faut-il ajouter pour faire un homme ?

8) combien de coudées font un double pas ?

9) comparer la longueur de vos bras étendus et votre propre taille. Qu’observez-vous ?

10) comparer la dimension entre la racine de vos cheveux et le bas du menton. Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

11) comparer la dimension entre le sommet de votre tête et le bas du menton. Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

12) comparer la dimension depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête . Combien en faut-il pour égaler la hauteur d’un homme ?

13) combien de fois la plus grande largeur des épaules est-elle contenue dans la taille d’un homme ?

14) comparer la distance depuis le dessous du genou jusqu’au début des parties génitales. Qu’observez-vous ?

15) comparer la distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille. Qu’observez-vous ?

 

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3 janvier 2008

L'Alsace est-elle allemande ou française ? (Fustel de Coulanges, 1870)

eastern_france_1870_1871_extrait
extrait d'une carte britannique, l'Est de la France pendant la guerre
franco-prussienne, 1870-1871
, Cambridge University Press, 1912
(cliquer sur la carte pour l'agrandir et l'imprimer) source

 

L'Alsace est-elle allemande ou française ?

réponse à M. Mommsen, professeur à Berlin

par l'historien français Fustel de Coulanges, 27 octobre 1870

 

C06_06 (…) L'Alsace, à vous en croire, est un pays allemand ; donc elle doit appartenir à l'Allemagne . Elle en faisait partie autrefois ; vous concluez de là qu'elle doit lui être rendue. Elle parle allemand, et vous en tirez cette conséquence que la Prusse peut s'emparer d'elle. En vertu de ces raisons vous la "revendiquez" ; vous voulez qu'elle vous soit "restituée". Elle est vôtre, dites-vous, et vous ajoutez : "Nous voulons prendre tout ce qui est nôtre, rien de plus, rien de moins." Vous appelez cela le principe de nationalité. (…)
Vous invoquez le principe de nationalité, mais vous le comprenez autrement que toute l'Europe. Suivant vous, ce principe autoriserait un État puissant à s'emparer d'une province par la force, à la seule condition d'affirmer que cette province est occupée par la même race que cet État. Suivant l'Europe et le bon sens, il autorise simplement une province ou une population à ne pas obéir malgré elle à un maître étranger. Je m'explique par un exemple : le principe de nationalité ne permettait pas au Piémont de conquérir par la force Milan et Venise ; mais il permettait à Milan et à Venise de s'affranchir de l'Autriche et de se joindre volontairement au Piémont. Vous voyez la différence. Ce principe peut bien donner à l'Alsace un droit, mais il ne vous en donne aucun sur elle.
Songez où nous arriverions si le principe de nationalité était entendu comme l'entend la Prusse, et si elle réussissait à en faire la règle de la politique européenne. Elle aurait désormais le droit de s'emparer de la Hollande. Elle dépouillerait ensuite l'Autriche sur cette seule affirmation que l'Autriche serait une étrangère à l'égard de ses provinces allemandes. Puis elle réclamerait à la Suisse tous les cantons qui parlent allemand. Enfin s'adressant à la Russie, elle revendiquerait la province de Livonie et la ville de Riga, qui sont habitées par la race allemande ; c'est vous qui le dites page 16 de votre brochure. Nous n'en finirions pas. L'Europe serait périodiquement embrasée par les "revendications" de la Prusse. Mais il ne peut en être ainsi. Ce principe, qu'elle a allégué pour le Slesvig, qu'elle allègue pour l'Alsace, qu'elle alléguera pour la Hollande, pour l'Autriche, pour la Suisse allemande, pour la Livonie, elle le prend à contre-sens. Il n'est pas ce qu'elle croit. Il constitue un droit pour les faibles ; il n'est pas un prétexte pour les ambitieux. Le principe de nationalité n'est pas, sous un nom nouveau, le vieux droit du plus fort.

 

À quoi reconnaissez-vous la patrie ?
Comprenons-le tel qu'il est compris par le bon sens de l'Europe. Que dit-il relativement à l'Alsace ? Une seule chose : c'est que l'Alsace ne doit pas être contrainte d'obéir à l'étranger. Voulez-vous maintenant que nous cherchions quel est l'étranger pour l'Alsace ? Est-ce la France, ou est-ce l'Allemagne ? Quelle est la nationalité des Alsaciens, quelle est leur vraie patrie ? Vous affirmez, monsieur, que l'Alsace est de nationalité allemande. En êtes-vous bien sûr? Ne serait-ce pas là une de ces assertions qui reposent sur des mots et sur des apparences plutôt que sur la réalité ? Je vous prie d'examiner cette question posément, loyalement : à quoi distinguez-vous la nationalité ? à quoi reconnaissez-vous la patrie ?
Vous croyez avoir prouvé que l'Alsace est de nationalité allemande parce que sa population est de race germanique et parce que son langage est l'allemand. Mais je m'étonne qu'un historien comme vous affecte d'ignorer que ce n'est ni la race ni la langue qui fait la nationalité.

Ce n'est pas la race : jetez en effet les yeux sur l'Europe et vous verrez bien que les peuples ne sont presque jamais constitués d'après leur origine primitive. Les convenances géographiques, les intérêts politiques ou commerciaux sont ce qui a groupé les populations et fondé les Etats. Chaque nation s'est ainsi peu à peu formée, chaque patrie s'est dessinée sans qu'on se soit préoccupé de ces raisons ethnographiques que vous voudriez mettre à la mode. Si les nations correspondaient aux races, la Belgique serait à la France, le Portugal à l'Espagne, la Hollande à la Prusse ; en revanche, l'Ecosse se détacherait de l'Angleterre, à laquelle elle est si étroitement liée depuis un siècle et demi, la Russie et l'Autriche se diviseraient en trois ou quatre tronçons, la Suisse se partagerait en deux, et assurément Posen se séparerait de Berlin. Votre théorie des races est contraire à tout l'état actuel de l'Europe. Si elle venait à prévaloir, le monde entier serait à refaire.

La langue n'est pas non plus le signe caractéristique de la nationalité. On parle cinq langues en France, et pourtant personne ne s'avise de douter de notre unité nationale. On parle trois langues en Suisse ; la Suisse en est-elle moins une seule nation, et direz-vous qu'elle manque de patriotisme ? D'autre part, on parle anglais aux États-Unis ; voyez-vous que les États-Unis songent à rétablir le lien national qui les unissait autrefois à l'Angleterre? Vous vous targuez de ce qu'on parle allemand à Strasbourg ; en est-il moins vrai que c'est à Strasbourg que l'on a chanté pour la première fois notre Marseillaise ? Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérances. Voilà ce qui fait la patrie.

La patrie, c'est ce qu'on aime
Voilà pourquoi les hommes veulent marcher ensemble, ensemble travailler, ensemble combattre, vivre et mourir les uns pour les autres. La patrie, c'est ce qu'on aime. Il se peut que l'Alsace soit allemande par la race et par le langage ; mais par la nationalité et le sentiment de la patrie elle est française. Et savez-vous ce qui l'a rendue française ? Ce n'est pas Louis XIV, c'est notre Révolution de 1789. Depuis ce moment, I'Alsace a suivi toutes nos destinées ; elle a vécu de notre vie. Tout ce que nous pensions, elle le pensait ; tout ce que nous sentions, elle le sentait. Elle a partagé nos victoires et nos revers, notre gloire et nos fautes, toutes nos joies et toutes nos douleurs. Elle n'a rien eu de commun avec vous. La patrie, pour elle, c'est la France. L'étranger, pour elle, c'est l'Allemagne.

(…) Vous êtes, monsieur, un historien éminent. Mais, quand nous parlons du présent, ne fixons pas trop les yeux sur l'histoire. La race, c'est de l'histoire, c'est du passé. La langue, c'est encore de l'histoire, c'est le reste et le signe d'un passé lointain. Ce qui est actuel et vivant, ce sont les volontés, les idées, les intérêts, les affections. L'histoire vous dit peut-être que l'Alsace est un pays allemand ; mais le présent vous prouve qu'elle est un pays français. Il serait puéril de soutenir qu'elle doit retourner à l'Allemagne parce qu'elle en faisait partie iI y a quelques siècles. Allons-nous rétablir tout ce qui était autrefois ? Et alors, je vous prie, quelle Europe referons-nous ? celle du XVIIème siècle, ou celle du XVème, ou bien celle où la vieille Gaule possédait le Rhin tout entier, et où Strasbourg, Saverne et Colmar étaient des villes romaines ?

Soyons plutôt de notre temps. Nous avons aujourd'hui quelque chose de mieux que l'histoire pour nous guider. Nous possédons au XIXe siècle un principe de droit public qui est infiniment plus clair et plus indiscutable que votre prétendu principe de nationalité. Notre principe à nous est qu'une population ne peut être gouvernée que par les institutions qu'elle accepte librement, et qu'elle ne doit aussi faire partie d'un État que par sa volonté et son consentement libre. Voilà le principe moderne. Il est aujourd'hui l'unique fondement de l'ordre, et c'est à lui que doit se rallier quiconque est à la fois ami de la paix et partisan du progrès de l'humanité. Que la Prusse le veuille ou non, c'est ce principe-là qui finira par triompher. Si l'Alsace est et reste française, c'est uniquement parce qu'elle veut l'être. Vous ne la ferez allemande que si elle avait un jour quelques raisons pour vouloir être allemande. (...)

Numa Denys Fustel de Coulanges, 1830-1889
La Revue des Deux Mondes, octobre 1870 [texte intégral]

 

Mommsen_portrait_2








 

 

 

 

 

Theodor Mommsen, 1817-1903

 

f4

 

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contexte historique

La guerre franco-prussienne débute le 19 juillet 1870. Mal préparée, la France subit rapidement des défaites en Alsace. Les Prussiens bombardent Strasbourg à partir du 13 août et brûlent une bibliothèque universitaire avec ses 300 000 ouvrages (voir ici). Strasbourg doit officiellement capituler le 28 septembre 1870 (voir ici).

- "Le texte de Fustel de Coulanges est un texte de circonstance. Au début de la guerre franco-allemande de 1870, le grand historien allemand Mommsen, dans une «Lettre adressée au peuple italien», affirme le caractère allemand de l'Alsace en invoquant l'histoire, la langue et la race. Strasbourg serait allemand comme Milan et Venise sont italiens.
Fustel lui répond dans la Revue des Deux Mondes en invoquant la volonté et le consentement. Il contribue ainsi à fixer l'opposition entre la conception française et la conception allemande de la nation, qui n'est pas seulement l'objet d'un débat académique, mais trouve à propos de l'Alsace (et de la Moselle), mais aussi à propos du Slesvig, du Limbourg ou du Luxembourg, autres régions revendiquées par l'Allemagne, au même moment, avec les mêmes arguments, des objets concrets de conflit international. Quelques années plus tard, Ernest Renan, dans un texte célèbre, fixa les termes de cette opposition.
" (source)

 

 

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cartographie historique

 

Alsace_1871_1914_
carte en langue allemande :
Elsass désigne l'Alsace, et Lothringen
désigne la Moselle (Lotharingie, ou Lorraine)

 

eastern_france_1870
carte britannique, l'Est de la France pendant la guerre franco-prussienne, 1870-1871,
Cambridge University Press, 1912 (cliquer sur la carte pour l'agrandir et l'imprimer) source

 

eastern_france_1870_1871 extrait
extrait de la carte précédente

 

quelle42
le territoire de la France durant les années 1870-1872

 

Alsace_1871_1914
l'Alsace et la Moselle, 1871-1914

 

600px-Alsace_Lorraine_departments_evolution_map-fr
évolution territoriale des départements d'Alsace et de Lorraine

CarteAlsace-LorraineNB
anciens départements et territoires français (en hachures serrées) annexés par l'Allemagne en 1871 ;
et départements et territoires restés français, avec le redécoupage des limites départementales

 

Alsace-lorraine
carte de l'Alsace-Lorraine, extrait du livre scolaire La deuxième année de géographie
de Pierre Foncin, publié en 1888
(source seconde)

 

 

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19 janvier 2013

pyramides d'Égype : construction

rzie9yhd

 

la construction des pyramides d'Égypte

hypothèses et explications

 

Il existe plusieurs hypothèses de reconstitution architecturale permettant d’expliquer l’édification des pyramides, mais le principe souvent retenu est celui les dampes d’accès permettant de monter les blocs en les faisant rouler.

 

Un site très explicatif… mais il faut sans cesse ouvrir de petites fenêtres… :

http://construction.des.pyramides.pagesperso-orange.fr/acceuil.htm

 

Encore un site très explicatif… mais avec petites fenêtres… :

http://www.constructiondepyramides.fr/fr_html/fr_cadre.htm

 

Très complet mais avec peu de dessins :

http://www.passion-egyptienne.fr/pyramides%20construction.htm

 

Une vidéo :

http://www.dailymotion.com/video/x6xws3_1-ere-construction-des-pyramides_tech#.UQzjZ-jv9FQ

La construction de la Grande Pyramide : un ... - Centrale Histoire

centrale-histoire.centraliens.net/stories/rev549.pdf

Format de fichier: PDF/Adobe Acrobat - Afficher

 

http://www.martinon-gerard.com/techniques-de-construction-des-pyramides.php

 

main

 

plan-pyramides

 

 

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6 novembre 2018

plaque du souvenir 1914-1918 et 1939-1945

en_attendant_l_assaut
en attendant l'assaut (Montdidier, Somme), 1918

 

plaque commémorative

des maîtres et élèves "morts pour

la France"

journal de bord d'une recherche en cours (2008 - 2013-2014)

91982347_o

Le lycée Claude Lebois, à Saint-Chamond (Loire), conserve dans son enceinte une plaque commémorative dédiée aux "maîtres et élèves" "morts pour la France" en 1914-1918.

Elle est apposée sur l'extérieur d'un mur de la maison du gardien de l'établissement. Dès mon arrivée dans ce lycée, la plaque m'avait intéressé et j'avais transcrit les noms de façon qu'ils soient lisibles par un moteur de recherche sur internet, en 2008. Peut-être quelques descendants de ces victimes se manifesteraient-ils ?

évoquer, refaire, ressusciter...

Fin 2013, j'ai entamé des recherches visant à réunir un maximum d'informations sur ces quatre "maîtres" et ces cinquante-et-un "élèves" ayant appartenu à l'ancêtre du lycée Claude Lebois, l'École Pratique fondée à Saint-Chamond en 1879.
Leur point commun, outre leur rapport à l'École, était d'avoir perdu la vie au cours de l'affrontement de la Première Guerre mondiale, nommée à l'époque la "Grande Guerre". Mais, cette communauté de destin restait un petit agrégat statistique.

Il importait de savoir que, derrière cet anonymat, se cachaient des parcours de vie diversifiés. Il fallait, en quelque sorte,comme le pensait Jules Michelet dans la préface de son Histoire de France en 1869, "évoquer, refaire, ressusciter" ces noms clos sur eux-mêmes par leur seule énonciation et par leur inscription dans la pierre.

Qu'avaient-ils été avant le fatal instant qui les avait fauchés, pour la plupart, à l'aube de leur vie d'adultes ? Qu'avaient-ils accompli durant la vingtaine d'années qui précéda leur mort ? D'où venaient-ils ? À quoi ressemblaient-ils ? Qu'étaient donc leur famille, leur itinéraire scolaire et professionnel, leurs amours ?
Ensuite, quels avaient été les épisodes de leur vie de soldat ? Souvent courte pour nombre d'entre eux. Dans quelles circonstances avaient-ils trouvé la mort, quels paysages avaient-ils eu sous les yeux ?

Difficile de répondre, pour tous, à toutes ces interrogations. Mais les archives et documents iconographiques anciens délivraient des connaissances factuelles, permettaient de formuler des hypothèses, autorisaient une reconstitution probable des ultimes moments de leur vie.

fiche matricule cerclée
fiche matricule de Louis Arrivet, professeur à l'École pratique de Saint-Chamond


comment et où chercher ?

Les sources d'informations sont multiples :

  • fiches individuelles des soldats "morts pour la France" mises en ligne sur le site du service historique du ministère de la Défense, Mémoire des hommes ;
  • Journaux de Marche et d'Opérations (J.M.O.) des unités militaires édités sur le même site ;
  • registres de recrutement, registres de recensement de population, état-civil, courriers officiels reçus par la Mairie... tout cela consultable aux Archives municipales de Saint-Chamond ;
  • récits et mémoires individuels publiés sous forme de livres ou édités sur internet par les familles et descendants des combattants ; iconographie diverse, dont les cartes postales anciennes...


Mais ces sources réservent aussi des obstacles, des complications, des silences, quelques confusions parfois. L'identification de tel ou tel soldat, la localisation de tel ou tel épisode ne sont pas toujours aisées. C'est le sort de toute investigation et le défi du métier d'historien.

Espérons avoir arraché, à un passé fuyant, des traces tangibles ressuscitant quelque peu ces hommes morts pour la France, pour nous.

Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée Claude Lebois
de Saint-Chamond

 

Morts_pour_la_France_1
apposée sur le côté de la maison du gardien au lycée Claude Lebois

 

plan

I - enquête sur une plaque commémorative

     1) photo et description stylistique

     2) l'emplacement initial de la plaque commémorative

     3) la plaque du souvenir dressée dans le nouveau lycée

     4) le graveur Maurice Bourdier

     5) une image de la plaque en 1936

     6) la commémoration du cinquantenaire de l'École en 1929

     7) des témoignages contradictoires

     8) quand la plaque a-t-elle été installée sur le site de l'actuel lycée

II - transmettre la mémoire et perpétuer le patrimoine à Saint-Chamond

     1) pour une politique de patrimonialisation du cimetière

     2) le cas de la tombe de Pierre Frécon

        - lettre au Maire de Saint-Chamond (4 février 2014
        - réponse de la Mairie (13 mars 2014)
        - commentaire

 

 

I - enquête sur une plaque commémorative

rédaction provisoire

 

1) photo et description stylistique

 

27012159-1
les noms gravés sur la plaque

 - lycée Claude Lebois, Saint-Chamond (Loire) : plaque commémorative des "maîtres" et "élèves" de l'École Pratique "morts pour la France" durant la Première Guerre mondiale (1914-1918) et mention des victimes de la Deuxième Guerre (1939-1945) par l'association des Anciens élèves de l'école Claude Lebois.

 

Diapositive1
une plaque de marbre gravée ; légende stylistique

 

recherche : 2008

 

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2) l'emplacement initial de la plaque commémorative

 

- J'ai appris aujourd'hui (2 décembre 2013), grâce à l'archiviste Samuel Bouteille, où était apposée la plaque avant qu'elle n'arrive au lycée : sur les murs de l'ancienne École Pratique d'industrie, puis Collège Claude Lebois, juste à droite de l'actuelle entrée des Archives municipales, dans la cour intérieure de la Mairie (ancien cloître).

emplacement de la plaque mur mairie
juste à l'entrée droite du cloître (actuelle cour intérieure de la Mairie) quand on vient du Jardin public

 

emplacement de la plaque mur mairie (2)
entre les deux obus, on devine l'emplacement de la stèle

 

En respectant les proportions, la plaque occupait cet espace dans son emplacement initial :

plaque montage janvier 2014

- montage réalisé le 9 janvier 2014.

 

La plaque devait comporter, dans sa partie inférieure, une palme comme on peut en voir sur d'autres plaques commémoratives. Cette palme fut, sans doute, retirée, après la Libération, afin de faire graver l'évocation des victimes de 1939-1945.

 

Parné-sur-Roc (53) plaque avec palme
plaque de Parné-sur-Roc, en Mayenne (source)

 

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3) la plaque du souvenir dressée dans le nouveau lycée

- Je découvre aujourd'hui (3 décembre 2013) l'emplacement premier de la plaque, en mémoire des lycéens de Claude Lebois "morts pour la France", sur le site du nouveau lycée (1961) : carte postale en couleurs ci-dessous.

En recueillant le témoignage de l'actuel gardien, Gilles Samard (17 décembre 2013), lui-même ancien élève de l'établissement, j'apprends que :
- la date à laquelle le lycée a été victime d'un incendie est 1994 ;
- le bâtiment de l'administration, visible ici au premier plan, avait les mêmes dimensions qu'aujourd'hui (la photo ne le laisse pas voir de manière évidente...). Donc la plaque était élevée à l'endroit où les élèves passent aujourd'hui sous le porche pour accéder à la cour ;
- longtemps, le 11 novembre, le lycée a été ouvert le matin pour la cérémonie de dépôt de gerbe devant la plaque. Ce fait m'a été confirmé (19 décembre 2013) par Mme Simone Malosse, ancienne responsable de la Société des Anciens élèves du lycée d'État Claude Lebois ; dont j'ai découvert ce jour un dossier de demande subvention à la Mairie, datant de 1998.

lycée Claude Lebois années 1960_70
les bâtiments du lycée Claude avant l'incendie de 1994

 

Diapositive1

 

 - Elle était plus visible, et plus lisible, à l'époque qu'aujourd'hui. On devrait peut-être songer à la réinstaller dans la cour pour qu'elle soit plus présente à l'esprit des lycéens. Ce serait un bel hommage à l'occasion du centenaire des années 1914-1918.

- 27 décembre 2013, rencontre, à la bibliothèque de Saint-Chamond, avec Christian Peyrard, ancien professeur d'EPS à la retraite depuis 2002. Il témoigne que le proviseur, Roger Moisy (1996-2001 ; nommé ensuite dans un lycée marseillais) souhaitait jeter la plaque commémorative...! Finalement, elle fut reléguée sur un mur de la maison du gardien, devenant quasiment invisible.

Mme Yvette Bonnet, ancienne du C.D.I. du lycée, témoigne pour sa part que la plaque était déjà installée au lycée en 1964-1965.

 

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Indi aux archives 9 déc 2013 (2)

 

4) le graveur Maurice Bourdier

L'auteur de la plaque du souvenir est Maurice Bourdier, dont "l'atelier de sculpture et marbrerie" existait dans les années 1920 et, sûrement, dès avant la Grande Guerre.

Comment le savons-nous ? D'abord, son nom figure au bas de sa réalisation : Bourdier M. Ensuite, les Archives municipales livrent des renseignements dans les cartons relatifs au Monument aux Morts du cimetière communal de Saint-Chamond et à l'École Pratique d'Industrie (ancêtre du lycée Claude Lebois).

On y découvre un courrier à entête de Maurice Bourdier, datée du 22 août 1922 (réf. 1 Msc 26).

Bourdier lettre (1)

 

Bourdier lettre (2)
la lettre à entête de Maurice Bourdier, graveur, 1922

 

données familiales sur le graveur Maurice Bourdier

On trouve aussi quelques informations sur Maurice Bourdier et sa famille dans le recensement des habitants de Saint-Chamond en 1911 (archives en ligne du département de la Loire).

Celui qui grava la plaque commémorative actuelle habitait rue Ventefol à Saint-Chamond, il était né en 1870 à Saint-Étienne ; son épouse se prénommait Virginie, née en 1876 dans la petite commune de Saugues [noté par erreur : Sauges] en Haute-Loire.
Ils avaient un fils, Marcel, né en 1897, à Saint-Étienne comme son père. Ce dernier nous apprend, dans sa lettre du 22 août 1922, que son fils a participé à la Première Guerre mondiale où il a été blessé deux fois et qu'il a reçu la Croix de Guerre.

Il est noté que Maurice Bourdier avait comme profession celle de marbrier et qu'il était patron.

 

Recensement Bourdier 1911 photo
recensement de Saint-Chamond en 1911, rue Ventefol

 

Dans le recensement de 1906, Maurice Bourdier est indiqué comme domicilié rue Ventefol à Saint-Chamond. Sa date de naissance est notée 1871 et non 1870 comme cinq ans plus tard (?). Aucun autre Bourdier n'est enregistré... mais son épouse est notée à la ligne suivante sous son nom de jeune fille : Chades Virginie.

Bourdier 1906 photo
Recensement de 1906, huitième ligne en partant du haut

 

La consultation de trois annuaires professionnels anciens recensant les commerces et industries du département livre les données suivantes.
Celui de 1924 inscrit : Bourdier, rue Ventefol (à Saint-Chamond, bien sûr), sous la rubrique "Monuments funéraires (entreprises de).
Celui de 1946 indique : Bourdier Maurice, marbrier ; 3, rue Ventefol.
Par contre, celui de 1955-1956 ne connaît plus de Bourdier. Mais, à la même adresse (3, rue Ventefol), on trouve, dans la rubrique "marbrier", un Bonnet.
Donc Maurice Bourdier a, professionnellement, disparu entre 1946 et 1955.
Mais quand précisément ? Sa tombe, au cimetière de Saint-Chamond, nous l'apprend : en 1953, à l'âge de quatre-vingt-trois ans.

 

la stèle de Maurice Bourdier au cimetière de Saint-Chamond

stèle Bourdier cimetière St-Cham
photo prise le 2 février 2014

 

Cette stèle nous apprend :
a) que Maurice Bourdier est décédé en 1953 à l'âge de 83 ans (sa première épouse était Virgine née Chades, 1876-1958) ;
b) que son fils Marcel est mort avant lui, en 1947 à l'âge de 50 ans (son épouse était Madeleine [ou Marie ?] née Bur, 1893-1967).
La dernière mention à la mémoire de Barbara Bustos, 1915-2002 est énigmatique. S'agit-il d'une seconde épouse de Maurice Bourdier, né en 1870 ? Cela est peu vraisemblable...
C'est, probablement, Maurice Bourdier qui a gravé les lignes supplémentaires sur la plaque commémorative du lycée évoquant les victimes de 1939-1945.

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5) une image de la plaque en 1936...

Les archives conservent un dessin révélant, presque à la dérobée, la plaque dans son emplacement d'origine : la galerie du cloître devenue élément architectural de l'École Pratique d'Industrie (aujourd'hui cour intérieure de la Mairie). Ce dessin datant d'environ 1936 (réf. 4 Msc 13).

 

dessin 1936 plaque
projet de rénovation de l'École Pratique d'Industrie, env. 1936

 

Diapositive1

 

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6) la commémoration du cinquantenaire de l'École en 1929

 

avec la plaquette de 1929

Il est établi que la plaque commémorative dédiée aux élèves et professeurs morts en 1914-1918 existait dès les années 1920. Comme tous les monuments mémoriels relatifs à la guerre de 1914-1918.
En effet, à l'occasion du cinquantenaire de l'École Pratique, un hommage a été rendu à son fondateur, Claude Lebois, le 27 octobre 1929. Dans la plaquette éditée à cette occasion, il est fait mention de "l'hommage aux morts" rendu devant cette plaque et du dépôt d'une gerbe par le président de l'Association des Anciens élèves (arch. mun., 1 Rsc 20).

couv 1929

 

hommage aux morts 1929

 

- "Les personnes ayant pris part à la cérémonie se forment en cortège. Elles viennent se recueillir un instant devant la plaque  portant les noms des Professeurs et des Élèves Morts pour la France.
M. Parizot, Président de l'Association des Anciens Élèves, dépose des fleurs."

 

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7) des témoignages contradictoires...

Diapositive1
en fait, ce montage ne correspond pas à l'image de la plaque... (6 janvier 2014)


Au cours de cette enquête, des témoignages contradictoires, totalement incompatibles, ont été recueillis sur la date à laquelle la plaque, posée au début des années 1920, était encore visible.
L'ancien responsable des bâtiments de la Mairie (sollicité par l'archiviste municipal), en poste au début des années 1980, ne se souvient absolument pas d'avoir vu cette plaque. Samuel Bouteille, archiviste, affirme qu'elle n'était pas là en 2000, lors de son arrivée.
Par contre, deux employées de la Mairie, l'une à la retraite (entrée en 1973) et l'autre encore en activité (entrée en 1985), sont formelles : la plaque était toujours là à la fin des années 1980, voire au début des années 2000.
L'enquête continue... Tous les témoignages sont les bienvenus.

Gérard Ducarre
Gérard Ducarre

Le jeudi 19 décembre 2013, on a recueilli le témoignage téléphonique de Gérard Ducarre. Il a été Maire de Saint-Chamond de 1989 à 2008, c'est-à-dire pendant trois mandatures.

Bien qu'ancien élève de l'École Pratique d'Industrie, il ne se souvient pas de la plaque commémorative sous la première arcade du cloître (cour intérieure de la Mairie) à l'époque où il exerçait ses reponsabilités.

Premier édile de la ville, il entrait, la plupart du temps, par la façade principale de la Mairie. Cependant, il se rappelle s'être souvent demandé ce que signifiaient ces deux obus de part et d'autre de la base de cette arcade.

Mais il est formel sur un point : il n'y a jamais eu de délibération en Conseil municipal au sujet d'un éventuel retrait de cette plaque. Attaché à la mémoire des combats pour la France et des victimes qui ont donné leur vie pour elle, il aurait gardé mémoire d'une telle initiative.

Cela voudrait dire que la plaque aurait été retirée avant 1989. Ce qui est contradictoire avec d'autres témoignages... Mais, à force de croiser les déclarations et indices, il ressort que l'ancien maire avait raison...

 

_________________________

 

8) quand la deuxième plaque a-t-elle été installée sur le site de l'actuel

lycée Claude Lebois ?

Ce que j'ai découvert, c'est une démarche datant de 1966 évoquant le transfert de la plaque initiale. Le syndicat intercommunal qui a pris en charge le financement du nouveau lycée, avant les lois de décentralisation confiant ces établissements à la Région, a déposé aux Archives les PV de ses réunions.
À la date du 1er octobre 1966, il est question d'une demande de subvention adressée par l'Association des Anciens élèves du Collège Claude Lebois, à titre de participation "aux frais de transport, dans le nouvel établissement, de la plaque commémorative érigée dans l'Ancien Collège, à la mémoire des professeurs et élèves morts au champ d'Honneur". Coût total pour l'Association : 3 000 francs.
Cette demande reçoit une réponse favorable à hauteur de 1 500 francs. Approuvée par le Préfet le 25 novembre 1966.

Synd inter 1 oct 1966 (1)
archives communales Saint-Chamond, 1 S 2

Synd inter 1 oct 1966 (2)
archives communales Saint-Chamond, 1 S 2

 

Un autre registre, archivé, livre la même information.

1 S 1 pv 1966 (1)
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1

 

1 S 1 pv 1966 (2)
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1

 

1 S 1 pv 1966 (3)
archives communales Saint-Chamond, 1 S 1

 

À ce jour, on ignore les suites de cette démarche. Quel usage a été fait de cette subvention accordée à l'Association des Anciens élèves en octobre 1966 ? L'enquête se poursuit.

enquête : Michel Renard
professeur d'Histoire au lycée
collaboration : Kim Lekhal
assistante de recherche
remerciements à Samuel Bouteille
archiviste municipal

 

_________________________

 

 

2) photos des anciens élèves de l'École Pratique (1936)

Pour l'instant, il n'existe pas de portaits individuels des anciens élèves morts pour la France. Nous avons retrouvé ces deux photos datant de juin et juillet 1936. Elles ont été prises à l'occasion d'une "sortie" d'anciens élèves de l'École Pratique d'Industrie.
Il est difficile d'affirmer si certains d'entre eux ont connu leurs prédécesseurs. Mais il est fort probable qu'il y a parmi eux les animateurs de l'amicale des Anciens élèves, ceux qui ont pris l'initiative d'honorer le souvenir de leur camarades en faisant graver et apposer la plaque commémorative.

anciens élèves en 1936 (1)
sortie des anciens élèves de l'École Pratique de Saint-Chamond, juin 1936

 

anciens élèves en 1936 (2)
sortie des anciens élèves de l'École Pratique de Saint-Chamond
à la Croix de l'Oeillon, juillet 1936

 

renseignements  biographiques individuels

 

 

_____________________________________

 

photo plaque lycée

 

 4) fiches individuelles des 51 élèves

 

- la photo des fiches nominatives provient du site Mémoire des hommes, du service historique du ministère de la Défense nationale. On y trouve les fiches numérisées des soldats "morts pour la France" au cours de la Première Guerre mondiale, telles qu'elles ont été remplies par l'administration des anciens combattants juste après-guerre. La base de données contient plus de 1,3 million de noms.

D'autres sources contiennent des informations précieuses ; les registres matricules déposés aux archives départementales (pour la Loire), les Journaux de marche et d'opérations (J.M.O.) mis en ligne sur le site Mémoire des hommes ; les Historiques de régiments rédigés rapidement à la fin de la guerre, disponibles sur internet. Et d'autres références particulières sur de nombreux sites évoquant tel ou tel combattant dont les descendants ont effectué des recherches familiales.

 

 

Michel Renard
professeur d'Histoire
au lycée Claude Lebois (Saint-Chamond)

MR aux AM 2014

 

 

 

 

II - transmettre la mémoire et perpétuer le

patrimoine à Saint-Chamond

 

1) pour une politique de patrimonialisation du cimetière

Les anciens élèves de l'École Pratique et d'Industrie de Saint-Chamond sont, pour le plus grand nombre, enterrés dans le cimetière communal.

Si les sépultures disposées autour du monument aux morts sont régulièrement entretenues, grâce notamment au Souvenir français, les tombes familiales le sont moins. Pour la simple raison que les descendants ne sont souvent plus sur place.

Il importe de veiller à l'entretien de ce patrimoine historique. Et d'envisager des mesures originales, car le cadre législatif a vieilli et ne permet pas de faire face aux situations nouvelles que le temps a créées. C'est notamment le cas des tombes familiales.

D'une manière plus générale, le moment est venu de réfléchir à une patrimonialisation du cimetière. Comme toute nécropole communale, celle de Saint-Chamond a d'abord vocation à permettre l'inhumation des décédés récents et à pourvoir à la protection des tombes selon le régime actuel des concessions.

Mais le cimetière abrite aussi des monuments funéraires et de simples sépultures qui ont acquis la dimension d'un témoignage historique à sauvegarder. Une ville ne saurait se priver des traces de son passé. Car il appartient à tous. Morts et vivants.

 

__________________________________

2) le cas de la tombe de Pierre Frécon

tombe Frécon 2 bis (2 fév 2014)

 

lettre au Maire de Saint-Chamond (4 février 2014)

 

MR aux AM

Michel RENARD
42400 – Saint-Chamond

4 février 2014

Monsieur le Maire
Hôtel de Ville de Saint-Chamond

Objet : sépulture de Pierre Frécon
Mort pour la France (1890-1914)

Monsieur le Maire,

J’ai l’honneur d’attirer votre attention sur la situation de la tombe de Pierre Frécon (1890-1914) et de sa mère (1863-1932) sise dans le cimetière communal.

Cette sépulture porte, depuis un certain temps, la plaque officielle «cette concession échue sera reprise par l'administration».

Effectuant des recherches sur les anciens élèves de l’École Pratique (ancêtre du lycée Claude Lebois) «morts pour la France», dans la perspective des hommages qui seront rendus lors des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale, je vous informe que Pierre Frécon fait partie de ces anciens élèves.

Sa famille ayant opté pour l’inhumation familiale, Pierre Frécon n’entre donc pas dans le cadre des dispositions assurant la sépulture perpétuelle aux frais de l’État (articles R564, D408 et L496 du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de guerre).

Néanmoins, au-delà de ces strictes dispositions législatives, ne pensez-vous pas qu’il conviendrait, par devoir de mémoire, d’envisager les moyens de perpétuation de cette tombe à titre d’hommage public ?

L’aspect extérieur de cette sépulture n’est guère endommagé. Seul se manifeste une inclinaison due à un affaissement latéral droit de la stèle.

Je souhaiterais, s’il vous plaît, connaître votre sentiment à l’égard de cette situation.

Le lycée, en collaboration avec l’institution militaire, envisage plusieurs actions de commémoration (2014-2018) de la Première Guerre mondiale et d’hommage à ses anciens élèves qui sont morts pour la France.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de ma considération distinguée.

Michel Renard
Professeur d’Histoire au lycée Claude Lebois
Membre du Conseil scientifique de la Fondation
pour la Mémoire de la guerre d’Algérie

réf.
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/06/18/28951098.html

 

réponse de la Mairie  (13 mars 2014)

Hôtel de Ville St-Cham

réponse Mairie

 

Saint-Chamond
le 13 mars 2014

Objet : sépulture de Pierre Frécon

Monsieur,

Par courrier en date du 4 février 2014, vous attirez mon attention sur l'état d'entretien de la concession de la famille Cellard-Frécon, sise rangée 13, n° 116, au cimetière de Saint-Chamond.

Cette concession perpétuelle abrite, effectivement, la sépulture de Pierre Frécon, mort pour la France en 1914.

Un travail de recensement de ces tombes privées accueillant des soldats morts pour la France sera mené avec le service patrimoine de la collectivité. Puis, une réflexion globale sera engagée afin de trouver les ressources nécessaires à la perpétuation de ces sépultures.

Je vous remercie sincèrement de m'avoir interpellée à ce sujet, et vous prie de croire, Monsieur, à l'assurance de ma considération distinguée.

Le maire,
pour le maire et par délégation,
la conseillère municipale chargée de l'état civil,
des élections et de la population
Nathalie Champalle

commentaire

Trois engagements ont été formulés par la Mairie, à la date du 13 mars 2014 :

1) une opération de recensement de toutes les tombes des "morts pour la France" sera entreprise ;

2) une réflexion globale sera organisée - espérons qu'elle sera la plus large possible ;

3) la formulation d'un objectif : "trouver les ressources nécessaires à la perpétuation de ces sépultures".

C'est tout à fait louable.

Souhaitons que, quelque soit le résultat des élections, ces engagements seront tenus.

Michel Renard
15 mars 2014

tombe Baptiste Gourgeon
Baptiste Gourgeon (1886-1914), mort pour la France
(photo du 2 mars 2014)

 

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9 septembre 2008

la machine à vapeur

machine___vapeur_Littry
mine de de Littry (Calvados) : elle utilise
des machines à vapeur dès le début du XIXe siècle ;
celle-ci fut construite vers 1800 pour la remontée
du charbon ; elle est de type Watt




la machine à vapeur au XIXe siècle

énergie de la première industrialisation

 

Clich__2008_09_30_22_00_50


machine_Watt_2


machine_de_Watt_3
cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer

- voir la machine fonctionner : cliquer ici

 


machine_de_Watt_4
cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer

piston_machine___vapeur_et_l_gende



rep_hi8
machine de James Watt (1783)

machine___vapeur_Theil__Yonne_
Theil (Yonne)

 



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