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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
3 août 2010

le kantisme est un idéalisme mitigé de réalisme

kant



qu'est-ce que le kantisme ?

E. Janssens


Le kantisme est, nous semble-t- il, un idéalisme mitigé de réalisme, un phénoménisme atténué par un étrange retour au monde des choses-en-soi et de l'intelligible pur.

L'innovation fondamentale de la Critique de la raison pure consiste à expliquer la connaissance, non par l'action des choses sur notre entendement, comme on l'avait fait jusqu'alors, mais par les lois a priori de l'esprit, modelant à leur image les données ou intuitions sensibles.

Cette méthode nouvelle, son auteur la considérait comme une révolution analogue à celle qui avait renversé le système géocentrique de Ptolémée. "On avait admis jusqu'ici - écrit Kant dans la préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure - que toutes nos connaissances devaient se régler sur les objets... Que l'on recherche donc une fois si nous ne serions pas plus heureux dans les problèmes de la métaphysique, en supposant que les objets se règlent sur notre connaissance... Il en est ici comme de l'idée que conçut Copernic : voyant qu'il ne pouvait venir à bout d'expliquer les mouvements du ciel en admettant que toute la multitude des astres tournait autour du spectateur, il chercha s'il ne serait pas mieux de supposer que c'est le spectateur qui tourne et que les astres demeurent immobiles" (1).

notes

(1) Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, trad. Barni, t. I, p.24.

E. Janssens, extrait d'une dissertation intitulée :
Le néo-criticisme de Charles Renouvier, Louvain,
Institut de philosophie, 1904.

kant_1

explication des notions

- le kantisme, ou philosophie kantienne, est la théorie élaborée par Kant à la fin du XVIIIe siècle.

"Alors que le matérialisme dominait en France, (...) et que le dogmatisme le plus absolu dominait l'esprit allemand, un philosophe parut qui, avec une puissance sans égale d'analyse et de synthèse, prétendit démontrer à chaque système philosophique qui l'avait précédé toute l'inanité de ses principes et l'étroitesse de ses vues ; c'était Kant, et c'était le dogmatisme de Wolf et le scepticisme de Hume qu'il voulait attaquer de front ; c'était avec eux qu'il prétendait en finir, et pour cela, il entreprit de faire la critique de la raison humaine, de marquer ses bornes et son étendue et de mesurer sa portée.

Contre les matérialistes et les sceptiques, Kant défendit le point de vue selon lequel l'esprit ou plutôt l'entendement possède a priori des principes de savoir ; et contre les dogmatistes il maintint que l'expérience seule peut conduire à la certitude de l'existence réelle ou objective et que, même dans cet ordre de faits, nous ne pouvons encore être assurés que les choses soient telles qu'elles nous apparaissent. Il faisait cependant une exception en faveur des vérités morales, de la loi du devoir dont nous pouvons percevoir la réalité objective et la certitude absolue." (dictionnaire Imago @ Mundi source)

- idéalisme : "le propre de l'idéalisme est de ne pas admettre que la réalité externe soit la cause de nos représentations, soit qu'il nie cette réalité externe (immatérialisme), soit qu'il en nie l'indépendance par rapport à l'esprit (Kant), soit qu'il affirme que sa cause est l'Idée (Platon)". S. Auroux, Y. Weil, Nouveau vocabulaire des études philosophiques, Paris, Hachette, 1975, pp. 106-107.

- réalisme : thèse philosophique selon laquelle le monde existe bien en dehors de la représentation que nous en avons.
"Au contraire des idéalistes, les réalistes considèrent que les formes n'existent pas en dehors de leurs incarnations physiques. C'est plutôt l'esprit humain qui abstrait ces formes à partir de l'observation attentive des choses qu'il y a à connaître avec nos cinq sens. Les réalistes insistent sur l'existence objective des formes dans le monde". (source)

- phénoménisme :

"Doctrine philosophique dont la thèse principale, sous sa forme absolue, consiste à révoquer en doute l'existence de toute substance matérielle ou spirituelle sous les phénomènes perçus par les sens et la conscience. Le phénoménisme est ainsi un cas très particulier d'une doctrine beaucoup plus vaste, l'idéalisme.
Car, tandis que l'idéalisme, étroitement uni avec le rationalisme par ses plus grands représentants, Platon, Descartes, Malebranche, Hegel et Schelling, résout simultanément le problème de la connaissance et celui de l'existence, le phénoménisme s'associe volontiers à l'empirisme pour donner à la question : «de quoi les êtres sont-ils faits ?» cette réponse : «ils ne sont qu'un faisceau de phénomènes».

Ni l'idéalisme, ni l'empirisme des Anciens n'ont revêtu la forme phénoméniste. Malgré les différences qui les séparent, Platon et Épicure s'accordent à reconnaître aux apparences sensibles un support substantiel, objectivement réel, Idée chez l'un, Atome chez l'autre.
Éprise de raison ou attachée à l'expérience, toute la philosophie antique est substantialiste, et le Moyen âge l'a suivie dans cette voie au point de réaliser certaines qualités sensibles de la matière.
Il faut arriver jusqu'à Descartes pour trouver, sous des dehors purement substantialistes, le germe de la thèse phénoméniste. Sans doute, Descartes distinguait, sous les qualités sensibles relatives au sujet qui connaît, l'étendue, essence invariable de la matière. Mais il préparait ainsi la voie aux disciples plus hardis et plus conséquents qui devaient réduire l'idée d'étendue elle-même à des sensations tactiles et musculaires et dissiper ainsi le dernier substratum métaphysique de tout attribut sensible." (dictionnaire Imago @ Mundi source)

- chose-en-soi, noumène : c'est une "réalité" intelligible que l'on peut penser. Dans la philosophie kantienne, le noumène s'oppose au phénomène sensible. Le noumène ne peut être connu puisque toute connaissance implique une intuition sensible.
Le noumène ne peut avoir de sens qu'en relation avec les notions d'objet transcendental et de chose-en-soi.
La chose-en-soi est cette réalité inconnaissable que nous devons supposer pour comprendre ce qu'est un phénomène : elle se phénoménalise, se manifeste, apparaît en lui.
Le sujet transcendental suppose, dans le mécanisme de la connaissance, que soit posé un objet en général, dit objet transcendental (qui n'est pas sensible).
Noumène et chose en soi sont assimilés parfois, la chose-en-soi est confondue avec l'objet transcendental. Le sujet humain, en tant qu'il n'est pas entièrement déterminé par des causes naturelles, est dit noumène.
(source : Kant, une révolution philosophique, Michèle Crampe-Casnabet, éd. Bordas, 1989, lexique, p. 179.

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