Révolution industrielle - présentation
la révolution industrielle
une mise en perspective par Jean-Pierre RIOUX
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Exercice - Dans ce texte, relevez :
1) une mise en perspective historique de très longue durée ;
2) une définition descriptive ;
3) une description des mutations économiques et sociales de cette révolution.
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les causes du démarrage britannique
une courte synthèse par Claude BÉAUD
C'est en Angleterre, sur le charbon, que se
développe la première révolution industrielle (…) Claude Fohlen dans
Qu'est-ce que la révolution industrielle ? (1971) distingue quatre
causes principales de ce phénomène :
1) La première tient à la
multiplication des inventions dès le XVIIIe siècle, en Angleterre, dans
le textile, la métallurgie et l'énergie, avec la machine à vapeur de James Watt (1769). Le plus souvent, ces inventions sont dues à l'ingéniosité
d'artisans, au désir de répondre aux besoins du marché, d'où
l'enchaînement des inventions pour les "mécaniques" textiles.
2) La
deuxième est le passage rapide de l'invention à l'innovation technique
: la fabrication des machines ou l'application des procédés nouveaux
nécessite des capitaux fournis, suivant quelques exemples anglais, par
de grands propriétaires fonciers ou de grands commerçants ou plus
souvent par autofinancement et croissance interne des entreprises
industrielles naissantes.
3) La troisième est le passage de
l'innovation technique à l'innovation industrielle, qui fait de
l'entrepreneur, selon Schumpeter, le personnage central de la
révolution industrielle. À cet égard, l'Angleterre semble également
plus favorisée que la France.
4) Quant à la quatrième, la plus
importante, c'est la pression de la demande interne et externe plus
forte en Angleterre qu'en France. Malgré une population trois fois plus
faible, la Grande-Bretagne représentait un marché unifié et plus
consommateur, et surtout vendait déjà des produits manufacturés réputés
dans le monde entier. La France ne retrouve un commerce extérieur
significatif que vers 1840. Telles sont les causes essentielles du
démarrage britannique plus précoce.
Claude Béaud, article "Industrie",
Dictionnaire du XIXe siècle européen, Puf, 1997
Questions
1) quels sont les domaines de production touchés par la révolution industrielle ?
2) relevez les cinq termes qui résument les causes principales du démarrage industriel de la Grande-Bretagne.
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site des usines du Creusot en 1847
Pourquoi la révolution industrielle ?
Pourquoi en
Angleterre ? Et en Europe ?
Alain PLESSIS
Il faut globaliser. Très tôt, on a chercher les causes. Les origines sont-elles dans les transformations de l’offre ou de la demande ? Les auteurs ont fourni différentes hypothèses.
Pour Marx, l’origine est dans l’expropriation des paysans des enclosures et l’exploitation violente des pays coloniaux sous domination britannique. Les études sur le terrain ne collent pas du tout avec cette thèse. Pour François Crouzet, le développement industriel ne coïncide pas avec les comtés où il y a beaucoup d’enclosures. Selon Paul Bairoch, (Révolution industrielle et sous-développement, 1963), la révolution agricole précède, libère de la main-d’œuvre, ouvre des débouchés. Selon Rostow, il s’est produit des changements d’investissements. Il propose une réfutation de Marx. Pour lui, l’origine est à trouver dans les changements de comportement, dans "l’influence d’une élite d’entrepreneurs aux idées nouvelles".
Aujourd’hui Rostow est apparu
dépassé. Le débat est devenu plus global. La majorité des auteurs disent que les
changements sont venus de l’offre, de la technologie. La technologie est cruciale
mais il faut l’esprit d’entrepreneur. Il faut qu’il y ait des hommes qui
aient une culture. L’histoire économique est capitale mais ne s’explique pas
seulement par des raisons économiques. Qu’est-ce qui a favorisé l’offre ?
C’est l’absence de réglementations entre autres. Les technologies industrielles
expliquent la révolution industrielle anglaise et ensuite il y a eu des transferts. Il
faut imiter les produits anglais.
Une école privilégiant la technologie s’est
formée autour de François Caron. Selon lui, il faut que des acteurs apparaissent, des
producteurs, des techniciens. De nouvelles mentalités apparaissent avec des
"bricoleurs de génie". Les problèmes à résoudre
s’enchaînent jusqu’à la révolution des télécommunications. Le dynamisme du
système technique est fondamental. François Caron reconnaît que la technologie
construit le social et elle est le produit du social.
Le consensus est large sur ce qui se passe
du côté de l’offre et de l’organisation du travail avec les ouvriers, les
machines. Patrick Verley, La première révolution industrielle,
pose la question de savoir si la demande n’est pas à l’origine de la révolution
industrielle. Pour David Landes, L’Europe technicienne,
c’est la demande qui suscite des innovations en Angleterre. Verley a pris au sérieux
l’optique demande. C’est la demande de certains biens qui dépassent la masse
critique ce qui oblige à changer de système et à innover. Il a étudié les budgets et
mis en évidence l’apparition de nouveaux besoins qui a un effet déstabilisant.
Le
marché, quand il change d’échelle, entraîne la révolution de la consommation. Le
début du confort, de la copie du luxe, entraîne l’évolution des modèles de
consommation. C’est l’évolution des modèles de consommation dans la société
anglaise qui débouche sur une consommation massive. À cela s’ajoute le marché
extérieur. L’Angleterre exporte. Les exportations ont joué un rôle important.
C’est à partir de 1840 que la dynamique technologique a joué un rôle pas avant.
L’accroissement de la consommation ne satisfait pas Caron ni Crouzet. Consommation
ou technologie, le débat reste ouvert aujourd’hui.
compte-rendu d'une conférence d'Alain Plessis,
professeur d'histoire à l'université,
colloque de Blois, 4 avril 2001 (source)
Questions
1) selon l'auteur, deux thèses explicatives des origines de la révolution industrielle sont aujourd'hui dépassées ; lesquelles ?
2) autour de quels facteurs explicatifs, le débat sur les origines de la révolution industrielle tourne-t-il aujourd'hui ?
3) dans l'explication par la technologie, quels sont les composants humains indispensables ?
4) dans l'explication par la demande, quel mécanisme permet d'expliquer le recours à l'innovation technique ?
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Roue hydraulique de la forge d'Aube (Orne)
France : une hypothétique
révolution industrielle
Nathalie PETITEAU
Révolution industrielle. Phénomène né en Angleterre au XVIIIe siècle, qui aurait touché la France à partir de 1760-1780, se prolongeant jusque dans les années 1880 et marquant le passage rapide d'une économie d'ancien type, dans laquelle l'agriculture est prépondérante, à une économie dont l'industrie est le moteur essentiel.
L'expression "révolution industrielle" fait référence au démarrage d'une croissance d'un type nouveau, auquel correspondent des innovations techniques, et renvoie à l'épanouissement du capitalisme triomphant. Les historiens ont même distingué plusieurs révolutions industrielles successives : la première serait fondée sur l'énergie de la vapeur, la seconde sur celle de l'électricité, la troisième sur le nucléaire. Pourtant, le concept de révolution industrielle pour le XIXe siècle n'appartient plus aujourd'hui qu'à une tradition historiographique infirmée par les résultats des recherches sur les modalités de l'industrialisation des régions françaises.
Des évolutions majeures dans le domaine des techniques. Les conditions de la production industrielle ont été modifiées par des innovations technologiques dans des secteurs industriels porteurs. L'Angleterre demeure la matrice de ces progrès : dans le textile, invention par John Kay de la navette volante en 1733 qui permet de tisser des pièces d'étoffe de grande largeur ; mise au point entre 1765 et 1779, de la mule jenny, nouvelle technique de filage répondant à l'augmentation de la demande ; fabrication, en 1785, par Cartwright, du premier tissage mécanique.
Mais ces techniques ne pénètrent que lentement dans quelques centres textiles français, comme les usines Pouyet-Quertier, en Normandie, sous la monarchie de Juillet. La métallurgie progresse, elle aussi grâce au puddlage, dont le brevet est déposé en Angleterre, en 1784 : permettant, par brassage, d'éliminer les impuretés de la fonte au coke, ce procédé est expérimenté au Creusot dès 1785. De continuelles améliorations, tel le convertisseur Bessemer (1855), marquent ensuite l'histoire de la sidérurgie. La machine à vapeur, perfectionnée par James Watt entre 1769 et 1781, fournit, quant à elle, l'énergie nécessaire à l'exploitation des mines de charbon et de fer, à la mécanisation de certaines usines textiles ou forges, puis au fonctionnement des chemins de fer à partir de 1831.
Adaptées progressivement et ponctuellement en France, ces techniques impliquent une mutation qualitative fondamentale entre 1760 et 1870, avec la rationalisation des processus de production et l'apprentissage de la discipline du travail collectif ; mais elles n'induisent nullement une "révolution" : elles comptent seulement parmi les préalables d'une évolution industrielle tandis que les progrès techniques du XIXe siècle font souvent appel au savoir-faire artisanal.
Les autres préalables d'une hypothétique révolution industrielle. Les travaux menés sur le cas anglais ont conduit les historiens à définir les préalables de la révolution industrielle : à la révolution technologique s'ajouteraient l'accumulation antérieure de capital, la révolution démographique, la révolution agricole. En réalité, les débuts de l'industrialisation ont nécessité peu de capitaux tandis que l'industrialisation de la seconde moitié du XIXe siècle en demande bien davantage ; les relations entre démographie et industrialisation sont indirectes, le surpeuplement des campagnes ayant induit une pluriactivité sans fournir aux entrepreneurs tous les ouvriers qualifiés dont ils avaient besoin ; les grands progrès agricoles n'ont pas précédé mais suivi ceux de la première industrialisation. En définitive, il n'est pas pertinent de lire l'histoire de l'industrialisation de la France à l'aune du modèle anglais car il existe une voie d'industrialisation à la française.
"Un développement sans révolution" (Denis Woronoff). Les indicateurs macro-économiques indiquent que l'évolution a été progressive, en accélération constante, du début du XVIIIe siècle à nos jours : les changements se sont produits sans take off (décollage), ce qui rend peu opératoire le concept de "révolution industrielle". Le taux de croissance de 1815 à 1914 est modéré, entre 1,8% et 2,6% par an, avec toutefois une décélération après 1860. Néanmoins, l'approche quantitative globale convient mal à la perception des transformations (Patrick Verley). Certains secteurs comme le coton connaissent une incontestable modernisation et une croissance soutenue jusqu'à la fin des années 1850, à l'abri cependant d'une législation protectionniste qui souligne le rôle de l'État dans le développement industriel.
Quelques régions comme le nord de la France offrent des paysages caractéristiques de la "révolution industrielle" à l'anglaise, même si, en 1850, "le charbon n'a pas encore gagné la partie" (Claude Fohlen) : il est vrai que l'amélioration des turbines hydrauliques permet à de nombreuses unités de production d'échapper au coûteux achat d'une machine à vapeur et de profiter de l'énergie des cours d'eau, animant ainsi de nombreuses vallées industrielles. Du reste, l'accroissement de la productivité, de 1,2% à 1,6% par an entre 1835 et 1874, s'explique autant par une augmentation des effectifs ouvriers que par des investissements de capitaux dans de nouvelles formes de production.
De grandes entreprises minoritaires. Rares sont en définitive les entreprises correspondant, dans la France du XIXe siècle, à la définition que Pierre Léon donne de la grande industrie ("entreprises concentrant plusieurs catégories de travailleurs spécialisés, utilisant des machines et des techniques nouvelles et des capitaux importants"). Elles sont minoritaires face aux petites unités, notamment aux ateliers de la proto-industrie qui sont insérés dans une économie de marché mais font appel à une main d'œuvre rurale et pluriactive. Ces petites entreprises ont souvent constitué un premier pas vers l'industrialisation, et leur modeste vitalité suffit à rappeler que la notion de "révolution industrielle" est à utiliser avec précaution.
Nathalie Petiteau, article "révolution industrielle"
Dictionnaire de l'histoire de France, Larousse, 2006
Questions
1) quelle est l'idée principale de ce texte ?
2) quel critère permet de distinguer trois révolutions industrielles différentes ?
3) quelles nouveautés ont-elles permis de modifier les conditions de la production industrielle en Angleterre ?
4) Quel site industriel métallurgique français est-il mentionné dans ce texte?
5) Quelle est l'alternative à l'achat d'une coûteuse machine à vapeur ?
6) Définissez le terme de "proto-industrie".
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liens
l'industrialisation à Saint-Chamond
l'industrialisation dans la vallée du Gier :
Saint-Chamond
la vallée du Gier, vue depuis le massif du Pilat, en face les monts du Lyonnais
le Gier, une rivière
Le Gier prend sa source près du Crêt de la Perdrix, dans les monts du Pilat. Il traverse plusieurs villes industrielles avant son confluent avec le Rhône près de Givors. Le Janon, qui passe près de la Chabure, est un affluent du Gier. Les villes principales de la vallée se trouvent sur le cours du Gier (de l’amont vers l’aval) : St-Chamond, L'Horme, La Grand-Croix, Lorette, Rive-de-Gier, Givors.
les Forges et Aciéries de la Marine
Compagnie des forges et aciéries de la Marine et des chemins de fer, issue en 1854 de la fusion de plusieurs entreprises métallurgiques, dont principalement les établissements Jackson frères et Hippolyte Petin, Gaudet et Cie, devenue en 1903 la Cie des forges et aciéries de la Marine et d'Homécourt, absorbée en 1953 dans la Cie des Ateliers et forges de la Loire (C.A.F.L.), puis en 1970 dans le groupe Creusot-Loire.
iconographie
Aciéries de la Marine : chaudronnerie, presse de 600 tonnes
grosse forge, pilon de 100 tonnes
presse de 6000 tonnes
pilon de 100 tonnes
Aciéries de la Marine : atelier de trempe des blindages
(trempe à l'huile d'une plaque de blindage à la sortie du four)
atelier de forerie ; en haut et au centre, un pont roulant pouvant manoeuvrer les pièces ;
à gauche et à droite, les courroies transmettant l'énergie aux machines
atelier d'usinage, rayage des canons de petit calibre
atelier d'usinage, tournage des canons de gros calibre
atelier d'usinage, machines-outils
atelier de précision (au premier plan, le marbre)
atelier de pyrotechnie
chaudronnerie, fabrication des canons d'artillerie
fabrication des avant-trains et des arrière-trains
tour à plateau
dossier : Michel Renard
professeur d'histoire
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Les Forges et Aciéries de la Marine à Saint-Chamond, histoire de l'entreprise
La Compagnie des Hauts-Fourneaux, Forges et Aciéries de la Marine et des Chemins de Fer fut créée le 14 novembre 1854 : elle résultait de la fusion des établissements Jackson à Assailly Loire), des établissements Petin et Gaudet à Saint-Chamond (Loire) et Rive-de-Giers (Loire), de la société Neyrand-Thiollère, Bergeron et Compagnie de Lorette (Loire) et de la Société Parent, Schaken, Goldsmidt et Compagnie (Paris). Le siège de la compagnie fut installé à Rive-de-Giers puis à Saint-Chamond (9 novembre 1871).
Les centres d’implantation des usines de la compagnie s’étendirent progressivement : usines du Boucau (Pyrénées-Atlantiques) en 1881, d’Homécourt (Meurthe-et-Moselle) et du Haumont (Nord) en 1903, d’Onzion (Loire) en 1932. En 1903, la Compagnie prit le nom de Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et d’Homécourt.
Après la guerre de 1914-1918, fut créée la Compagnie de Dépôts et d’Agences de Ventes d’Usines Métallurgiques (DAVUM), chargée des ventes de la compagnie en France (les ventes à l’étranger étant gérées par DAVUM Exportation).
Après la guerre de 1939-1945, de profondes transformations intervinrent dans les structures de la société : en 1950, elle apporta ses établissements de l’Est et du Nord à SIDELOR, concentrant de nouveau son activité dans la Loire.
En 1952, elle fusionna avec la Compagnie des Aciéries de Saint-Étienne pour donner naissance à la Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine et Saint-Étienne ; en 1954, elle s’associa avec les Etablissements Jacob Holtzer et avec l’Usine de la Loire et des Aciéries et Forges de Firminy, pour donner la Compagnie des Forges et Aciéries de la Loire.
En 1961, elle fusionna avec Firminy et prit le nom de Compagnie des Forges et Aciéries de la Marine, Firminy et Saint-Etienne, qui devint finalement «Marine-Firminy» en 1968. En mars 1970, Marine-Firminy, propriétaire de la Compagnie des Forges et Aciéries de la Loire (CAFL) s’associa à part égale avec Schneider, propriétaire de la Société des Forges et Ateliers du Creusot (SFAC), pour créer Creusot-Loire.
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Les fabrications de guerre (1914-1918)
"M. Albert Thomas autorisait la semaine dernière la visite de plusieurs de nos grandes usines de guerre.
L'impression la plus vive fut peut-être celle que nous donna l'usine de Lyon, usine improvisée dans les bâtiments de l'exposition... Grâce à un outillage ultramoderne acheté en Amérique, le rendement atteint un chiffre considérable...
Au Creusot... la variété de fabrication est en quelque sorte illimitée : obus pour la Russie... obus à explosif de 75, projectiles d'artillerie lourde... De puissantes installations en cours d'achèvement permettront bientôt de fournir un nombre triple de certains gros obus...
À Saint-Chamond, "Les Forges et Aciéries de la Marine"... ont su adapter leur outillage à de nouvelles fabrications..."
in L'Illustration du 21 août 1916
Albert Thomas, ministre de l'Armement en 1916
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Dernières nouvelles (2)
article paru le 19 juillet 2008 dans le journal local La Tribune le Progrès
Nos élèves sont à l'honneur, nous leur souhaitons de brillantes réussites dans la poursuite de leurs études..
PS - Sophia est admise à l'IEP de Lyon
Dernières nouvelles (1)
article paru le 17 juillet 2008 dans le journal local La Tribune le Progrès
Bravo pour Sofia à qui nous souhaitons la réussite de ses études.