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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois

24 octobre 2007

Histoire du lycée Claude Lebois et anciens élèves

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23 octobre 2007

Qui était Claude Lebois ?

Buste_Claude_Lebois__2_
Claude Lebois (1845-1919), buste datant de 1921
(ce buste trône dans le hall du lycée Claude Lebois à Saint-Chamond)

 

Qui était Claude Lebois ?

1845-1919



Claude Lebois est né à
Chissey-les-Mâcon (Saône-et-Loire) le 6 décembre 1845 sous la monarchie de Juillet (1830-1848).  Pour établir une comparaison chronologique, sa vie fut parallèle à celle de l'écrivain Anatole France (1844-1924). Mais sa destinée fut différente.

Il fut un modèle d'homme savant et intègre et associa son nom à la promotion de l'enseignement technique. Sans cesse attentif à la nouveauté technologique qui marqua son âge adulte, il accompagna ce qu'on désigne sous le nom de "seconde révolution industrielle" et en rendit compte dans ses cours et dans ses livres.

Le père de Claude s'appelait François Lebois ; il était âgé de 34 ans lors de la naissance de son fils et exerçait la profession de meunier. Sa mère s'appelait Pierrette Mansau (?) - source : archives départementales de Saône-et-Loire.

 

acte naissance Claude Lebois
extrait de la transcription de l'acte de naissance de Claude Lebois en 1845

 

Petit enfant sous la IIe République (1848-1851), il a grandi sous le Second Empire (1852-1870). Sa formation date de cette époque. En 1866, il est envoyé à l'École normale d'enseignement spécial de Cluny en Saône-et-Loire - l'enseignement spécial signifiant alors professionnel - qui vient juste d'ouvrir ses portes. On l'appelle aussi "école Victor Duruy" du nom du ministre de l'Instruction publique (1863-1869) désigné par Napoléon III. (...)

 

Cluny_Arts_et_m_tiers__1_
l'École normale d'enseignement spécial de Cluny (ouverte en 1866), devenue École
Nationale
Pratique d´Ouvriers et de Contremaîtres en 1891, puis École Nationale
des Arts et Métiers en 1901. Claude Lebois y séjourna de 1866 à 1868
(ancienne carte postale ayant circulé en 1905)

 

fa_ade__cole_Cluny_1866
le bâtiment principal de l'École normale d'enseignement spécial de Cluny
(communiquée par Chantal Clergue, étudiante en master d'histoire contemporaine, déc. 2008)

 

_cole_normale_de_Montbrison
l'École Normale de Montbrison

 

Claude Lebois avant 1899
Claude Lebois, avant 1899

 

 

 

suite de l'article en préparation



buste_Claude_Lebois___Saint__tienne
le buste de Claude Lebois
dans la cour de l'école professionnelle
à Saint-Étienne dans les années 1932-1935

Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée Claude Lebois

 

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Claude Lebois, photographies

 

Claude_Lebois_vers_1872
Claude Lebois vers 1866/68 (environ 21/23 ans)
à
l'École normale d'enseignement spécial de Cluny

 

Claude_Lebois_l_gion_d_honneur    Claude_Lebois_portrait
officier de la Légion d'honneur en 1898
                                             

Claude_Lebois____droite

 

Claude_Lebois_ao_t_1911
août 1911 : à droite Claude Lebois et assise au centre Lucie Lebois, sa fille ;
assis à gauche, Gabriel Dailloux ; debout, M. Roussin



Claude_Lebois_15_ao_t_1911
15 août 1911 à Vichy devant la Source de l'Hôpital ; de g. à d. : M. Roussin,
professeur à l'École Carnot à Vichy ; Élise Dailloux ;
M. Ardiller, directeur d'École Normale à Orléans ; Lucie Lebois ; Claude Lebois ;
A(?) Debin (?) ; Gabriel Dailloux, père d'Élise


menhir
16 octobre 1912, menhir de Nobles, ou menhir du hameau de Pierre-Levée,
à proximité du château de Nobles dans la commune de La Chapelle-sous-Brancion
en Saône-et-Loire


menhir_de_Nobles__2_
photo récente du menhir de Nobles et du paysage que
Claude Lebois a pu contempler



Claude_Lebois_campagne


Claude_Lebois__g_


Claude_Lebois_buste_dans_hall_d_honneur
buste de Claude Lebois dans le hall d'honneur
de l'école
professionnelle de Saint-Étienne


Nous devons ces photographiques, inédites à ce jour, à l'obligeance et à la gentillesse d'Anne Le Goff, arrière-petite-fille de Claude Lebois et petite-fille de Lucie. Qu'elle en soit vivement remerciée.

Michel Renard
janvier 2009

 

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Buste_Claude_Lebois
buste se trouvant désormais dans le hall du
lycée Claude Lebois à Saint-Chamond

 


biographie de Claude Lebois figurant
sur le site du lycée et due

à Louis Challet, ancien professeur d'histoire au lycée Claude Lebois

 

Né à Chissey-les-Mâcon, en 1845, Claude Lebois se destine à la carrière d’enseignant. À 20 ans il est maître d’école élémentaire au collège de Mâcon.

En 1866, il obtient une bourse pour entrer à l’École d’Enseignement Spécial de Cluny, créée l’année précédente ; sans doute, a-t-il le goût des sciences et techniques, alors peu prisées. Sa formation une fois complétée, il est nommé professeur de sciences à l’école normale de Montbrison, de 1868 à 1870 puis à celle de Grenoble de 1871 à 1878. Durant la guerre de 1870, il est mobile dans l’armée de la République.

Il répond, en 1879, à l’appel du maire de Saint-Chamond, Marius Chavanne, qui désire fonder une École Professionnelle Municipale. Avec trois professeurs il ouvre cette école dans les bâtiments de l’ancien collège des Maristes récupéré en 1871 par le maire Deschamps. Claude Lebois, directeur et les professeurs logent dans de petites maisons, à proximité.

L’instituteur, M. Fournier qui l’a connu à cette époque le décrit comme un homme grave et modeste. S. Bertholon, historien de Saint-Chamond, qui n’apprécie guère l’enseignement public, estime qu’il est un homme remarquable. Claude Lebois ne reste que trois ans à Saint-Chamond. Il est nommé directeur, en 1882, de l’École Pratique d’Industrie de Saint-Étienne ; il reste à ce poste jusqu’en 1897. L’établissement qu’il décrit dans l’ouvrage Association pour l’avancement des sciences, (XXVIe session, août 1897, Saint-Étienne) est d’une autre ampleur que celui de Saint Chamond...

En 1898, ses services sont récompensés par la Légion d’Honneur et la nomination au poste d’inspecteur des écoles pratiques de la ville de Paris. En 1904, il est promu Inspecteur Général. Claude Lebois favorise la création des écoles pratiques de Firminy (1901 et 1907), Rive-de-Gier (1902), Vienne, Le Puy... d’une école de rééducation des mutilés.

Après 47 ans de services, il fait valoir ses droits à la retraite, en 1911. Huit ans plus tard, il meurt à Saint-Étienne, où il est inhumé, un homme d’une grande autorité, compétent dévoué, ferme dans ses résolutions, au point de braver, s’il le faut, les décisions d’un ministre. Doué d’une grande culture éclectique dans les domaines scientifiques et techniques, Claude Lebois a rédigé d’abord des ouvrages scolaires : cours d’algèbre élémentaire, de tissage, de mathématiques théoriques et pratiques pour les élèves des écoles normales, d’électricité industrielle...

Il a aussi écrit des ouvrages sur la mécanique de la platine de fusil, sur des l’électricité ; il a rédigé une partie du Catalogue de l’Exposition universelle de 1900. Il a préfacé des ouvrages de technologie électrique, de mécanique et sur le travail des métaux ferreux.

Louis Challet

Louis Challet 25 oct 1987 chez Pivot
Louis Challet, le 25 octobre 1987

 


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Claude_Lebois_l_gion_d_honneur


 

 

notice biographique sur Claude Lebois (1904)


M. LEBOIS

Au moment où M. Lebois quitte la direction de l'École de Saint-Étienne pour se consacrer exclusivement à ses importantes fonctions d'inspecteur général de l'enseignement professionnel, nous avons pensé que les camarades seraient heureux de revoir avec nous les diverses étapes de la carrière admirable qu'il a parcourue. La vie de M. Lebois offre, par sa simplicité même, l'exemple le plus clair et le plus fécond de ce que peut une activité continue, persévérantre, inlassable, mise au service d'une idée.

Origiaire, croyons-nous, du département de la Saône-et-Loire, M. Lebois a été un des premiers élèves de cette école de Cluny qui, dans sa courte existence, a su donner à l'Université nombre de maîtres d'allure indépendante, d'esprit personnel et animés surtout d'idées démocratiques. M. Lebois en était vers 1868 l'un des élèves les plus remarquables et les plus laborieux. La guerre de 1870 le trouve professeur à l'École Normale de Montbrison : il s'engage et fait son devoir de patriote comme il a toujours fait toutes choses : avec simplicité mais jusqu'au bout.

La guerre finie, il reprend son poste : en 1874 il est nommé à l'École Normale de Grenoble où il reste jusqu'en 1879. C'est, pour ainsi dire, sa période de recueillement et d'initiation : durant ces neuf années il acquiert cette expérience professionnelle dont nous avons tous apprécié la délicatesse et l'étendue ; il enrichit et complète ses connaissances personnelles en préparant l'agrégation des sciences physiques ; enfin, il mûrit en lui-même l'idée de l'enseignement dont il va être en France l'un des plus ardents promoteurs.

Comme tous les hommes de sa génération, M. Lebois a vécu sous l'impression de nos désastres de 1870 ; mais où d'autres ne voyaient que prétexte à déclamations ou à un pessimisme plus ou moins agrémenté de littérature, son esprit pratique saisissait et développait de plus en plus cette idée : qu'il ne fallait pas seulement renouveler notre organisation militaire mais aussi notre organisation industrielle ; que désormais la victoire n'était pas réservée aux meilleurs soldats mais aussi au peuple qui fournirait les industriels et les contre-maîtres les plus capables et les ouvriers les plus diligents et les plus consciencieux. Et lorsque le moment favorable lui est venu, c'est avec la belle audace de novateurs qu'il se mit à la besogne.

En 1879, un arrêté ministériel le nomme directeur de l'École primaire supérieure de Saint-Chamond. M. Lebois commence aussitôt ses démarches ; avant que l'École ne s'ouvre elle est débaptisée et s'appelera désormais : École professionnelle. Naturellement il ne pouvait s'agir pour M. Lebois d'un simple changement de titre ; c'est une organisation nouvelle qu'il veut créer et cette première tentative a un plein succès ; l'École ouverte avec 18 élèves en compte à son départ 80.

suite à venir

Diapositive1
dans le jardin public, à l'arrière de l'Hôtel de ville, à Saint-Chamond, il y avait l'inscription :
"École Pratique d'Industrie"
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

ancienne inscription école Claude Lebois
une trace de l'ancienne École Pratique d'Industrie : la première inscription a été remplacée
par une seconde, après 1930, quand l'établissement prit le nom officiel de "Collège Claude Lebois"
(photo prise le 24 décembre 2014)

 

En 2014, on peut toujours lire l'inscription "École Claude Lebois" sur le fronton de l'aile Est (à droite quand on vient du Jardin des Plantes) de la galerie que forme la cour intérieure de la mairie.

 

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une lettre d'anciens élèves adressée à Claude Lebois, 1869


lettre_1869_p1

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lettre_p3

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Cher professeur

Un devoir que nous considérons toujours comme sacré parce qu'il a son fondement et sa raison d'être dans nos coeurs nous oblige aujourd'hui à vous exprimer les sentiments d'amour et de reconnaissance dont nous sommes tous animés. Depuis longtemps nous attendions ce moment, ce jour heureux, mille fois heureux puisqu'il nous fournit l'occasion de nous réunir autour de vous, pour vous dire combien nous vous aimons, combien nous sommes sensibles à toutes vos bontés, et pour vous remercier des peines que vous prenez pour nous faire suivre le cours rapide des progrès de notre siècle.

Ces progrès sont surtout notables dans les sciences physiques et naturelles. La raison en est bien simple : on en a reconnu la grande utilité et tous les agréments. Oui, je le répète : la physique, la chimie et l'histoire naturelle sont autant de sciences pleines d'attraits. Or cette branche d'enseignement devenue si nécessaire, est la partie dont, aimable Professeur, vous êtes chargé à l'École normale.

La bienveillance et le charme surtout avec lequel vous savez nous donner ces leçons de sciences font que c'est toujours avec bonheur que nous voyons arriver les moments pendants lesquels vous êtes chargé de nous instruire.

"Efforçons-nous donc chers condisciples de continuer à mériter tous les soins d'un Professeur animé du feu de la science, de l'amour du devoir qui domine en lui et qu'il nous communique à tous en nous remplissant d'une grande ardeur de nous rendre utile à la société, et d'un zèle ardent pour accomplir notre vocation. Promettons lui, si quelquefois nous avons eu la faiblesse de le rendre mécontent de nous, de mieux faire à l'avenir, et de le rendre content".

Cher Professeur vous ne vous contentez pas seulement de nous donner le pain de l'instruction, vous faites bien plus que tout cela ; vous vous sacrifiez tout entier pour nous ; vous employez tous les moyens que votre tendre cœur vous suggère pour nous faire passer agréablement et avec fruit notre séjour à l'École normale.

Mais hélas nous ces jouissances doivent un jour s'évanouir. Ce jour est bien près pour nous, élèves de 3ème année, qui en ce jour de bonheur éprouvons cependant beaucoup d'affliction à la seule pensée que nous serons bientôt obligés de quitter, pour peut-être ne plus le revoir, un maître si bon, si tendre, si sympathique et surtout si affectueux pour ses élèves. C'est bien de dire cela mais telle est notre destinée, car nous devons marcher où Dieu nous appelle. Mais lorsque nous quitterons le toit qui nous abrite, soyez persuadé que nous emporterons avec nous le  souvenir de tant de bonté pour nous et de votre tendre sollicitude ; qu'en quelque lieu que vous soyez, nous nous rappellerons toujours cet heureux temps passé auprès d'un si bon maître ; soyez persuadé que si nous ne pouvons vous voir en personne, vous vivrez du moins dans nos cœurs ; et que votre mémoire y sera éternellement chérie et vénérée.

Maintenant, cher Professeur, nous voudrions pouvoir vous récompenser de tous vos bienfaits. Nous ne sommes pas contents de ne pouvoir le faire. Car que pouvons-nous vous offrir ? Les biens de la terre ? mais ils ne sont pas à notre disposition. Nos cœurs seuls nous appartiennent, et déjà vous les possédez. Dans notre impuissance nous aurons recours à Celui qui peut tout, et nous espérons qu'il pourvoira à notre insuffisance : lui seul est capable de vous récompenser comme vous le méritez.

Nous le supplions donc de vous rendre au centuple ce que nous vous devons : le Souverain Appréciateur ne saurait rester insensible à nos prières. Oui il vous comblera de ses bienfaits, mais encore il prendra soin d'une existence qui nous est si chère et si nécessaire.

Cependant nous pouvons former des vœux : nous vous souhaitons donc collectivement une bonne année, un bonheur et une prospérité qui soient la récompense de votre grand dévouement, une santé inaltérable ; enfin, de tous les vœux, le plus cher que nous puissions former aujourd'hui est celui de voir, lorsqu'enfin sera arrivée l'heure qui sépare les amis, qui arrache un père à la tendresse de ses enfants, votre front ceint du diadème de l'immortalité bienheureuse.

Tel est cher Professeur le faible hommage de ceux qui aimeront toujours à ses dire vos respectueux et obéissants élèves.

suivent trente-trois signatures dont celle de J. Meygret qui semble être l'auteur de ce texte

 


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préface de Claude Lebois au manuel de Mécanique

de J. Roumajon (éd. Delagrave, 1914)

Les résultats obtenus dans l'enseignement technique depuis sa fondation, le nombre toujours croissant des demandes de création d'écoles pratiques faites par les municipalités, les situations rémunératrices offertes aux élèves sortants, malgré leur jeune âge, montrent bien que cet enseignement répond à des nécessités de la vie moderne.
Ces succès sont dus, en grande partie, aux efforts persévérants, au savoir et au dévouement des maîtres qui, persuadés de l'utilité de leur tâche, ont apporté dans son accomplissement la meilleure des bonnes volontés.
Provenant d'origines très différentes : sections normales, enseignement primaire, secondaire ou supérieur, ils ont su se plier aux exigences d'un enseignement nouveau et appliquer dans leurs leçons des méthodes nouvelles dont l'excellence est prouvée par les résultats obtenus.
Les élèves des écoles pratiques sont souvent moins privilégiés que leurs camarades des écoles primaires supérieures, des lycées ou des collèges. Ils doivent, en trois ou quatre années, acquérir tous les éléments nécessaires à leur instruction générale et à leur éducation professionnelle. Le nombre des heures d'études est très réduit. Après avoir passé la majeure partie de sa journée à l'atelier, l'enfant est peu disposé à travailler encore chez lui, où parfois il ne trouve d'ailleurs pas le calme et le confort indispensables à tout effort de l'esprit. Les leçons d'enseignement général doivent donc être réduites à leur strict minimum.
Nous sommes cependant loin de penser que l'instruction générale doive être négligée ; mais, dans nos écoles, cette instruction n'apparaît pas comme une fin : elle est subordonnée au but même de notre enseignement et doit tendre uniquement à faciliter, en l'éclairant, l'apprentissage de la profession.
Nous parviendrons ainsi à faire de nos élèves, non seulement des ouvriers sachant leur métier, capables de bien comprendre les divers travaux qui leur sont confiés, d'utiliser avec intelligence et dans les meilleures conditions les machines mises à leur disposition, mais encore des ouvriers conscients de leurs devoirs et de leurs droits.
En particulier, l'enseignement de la Mécanique offre de sérieuses difficultés dans nos écoles, et il est à craindre que nos élèves, attirés d'abord par cet enseignement, qui paraît devoir leur donner l'explication de tout ce qui se passe sous leurs yeux à l'atelier, ne soient rebutés, dès les premières leçons, par des raisonnements théoriques qu'ils ne peuvent généralement pas s'assimiler.
Il est donc nécessaire de supprimer les démonstrations qui pourraient offrir quelque difficulté. Une vérification expérimentale, faite sous les yeux de l'élève, frappe, d'ailleurs, davantage son imagination et grave plus profondément dans son esprit les principes qu'il doit connaître.
Les démonstrations, jugées indispensables par le professeur, doivent être faites sur des exemples numériques simples, avant d'être généralisées par l'emploi des notations algébriques. De nombreuses applications, portant sur les machines de l'atelier ou sur des faits que les élèves ont pu observer, préciseront les formules trouvées et leur feront comprendre, mieux que toute explication, si claire qu'elle soit, l'importance relative des diverses grandeurs figurant dans ces formules qui sont l'expression des lois de la Mécanique.
De plus, l'emploi des méthodes graphiques facilitera beaucoup la tâche du professeur. Ces méthodes lui permettront, en effet, de traiter un certain nombre de questions dont la solution mathématique est au-dessus du niveau de nos élèves ; elles obligeront aussi ces derniers à dessiner exactement, à raisonner le dessin qu'ils ont à faire et à mieux se rendre compte des rapports qui existent entre les données et les résultats.
C'est dans cet esprit que M. Roumajon a rédigé, avec compétence, clarté et précision, l'ouvrage de Mécanique qu'il présent aujourd'hui aux professeurs des écoles pratiques et des écoles nationales professionnelles. Son expérience de l'enseignement, acquise dans ces écoles où il a exercé, lui a permis de se rendre compte de ce qu'on peut y enseigner et de la façon dont on doit le présenter aux élèves.
Nous croyons donc que son ouvrage sera favorablement accueilli par ses anciens collègues et qu'il fera bonne figure dans la collection, déjà importante, des manuels composés pour nos écoles techniques du premier degré.

Claude Lebois
inspecteur général de l'enseignement technique
directeur de l'École normale d'Enseignement technique

 

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quelques ouvrages de Claude Lebois

 

couv_appareils_d_monstration
Enseignement expérimental de l'électricité industrielle :
appareils de démonstration



couv_cours__lemntaire__lectricit_
Cours élementaire d'électricité industrielle

 

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le manuel d'électricité industrielle,

de Claude Lebois, édité en 1902-1919


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une page du livre :


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Claude Lebois, observateur

et témoin de la deuxième révolution industrielle :

Depuis une vingtaine d'années, le développement des industries électriques tient du prodige. Un nombre considérable de puissantes usines électriques se sont créées ou se créent sur des chutes d'eau naturelles ou artificielles, dans les vallées profondes des Alpes notamment ou sur quelques grands et rapides cours d'eau.

L'électricité qu'elles produisent par torrents est tantôt utilisée sur place à la fabrication du carbure de calcium, de l'aluminium, du magnésium, du zinc, des ferro-alliages, comme le ferro-silicium, le ferro-chrome, le ferro-tungstène, employés en métallurgie pour donner aux aciers des qualités spéciales de résistance, du chlore, des chlorates, des produits azotés divers, par exemple la cyanamide, l'acide nitrique synthétiques, etc.-; tantôt, et suivant le cas, elle est transportée au loin pour servir à l'éclairage, à la traction et à la commande de nombreux moteurs de toutes puissances, depuis les moteurs de 1/4 de cheval et d'autres minuscules de 1/8 et de 1/10, qu'on trouve au domicile même de l'ouvrier, jusqu'à ceux de 1000 chevaux et plus actionnant les machines de quantités d'ateliers, de fabriques ou d'usines.

La plupart des machines motrices, d'abord installées dans ces ateliers ou usines, sont déjà remplacées, et très avantageusement, sous tous les rapports, par des moteurs électriques peu encombrants, plus propres, d'un entretien et d'une manoeuvre si faciles. Dans les vallées des Alpes, ces machines avec leurs chaudières et soutes à charbon ne sont même plus déjà qu'à l'état de souvenir.

Pendant la guerre, sous l'empire des nécessités du moment et en raison de la grande pénurie de charbon due à la perte momentanée de nos houillères du Nord, aux difficultés de nous procurer chez nos alliés, le développement de nos industries électriques a été marqué par une nouvelle et extraordinaire impulsion, particulièrement en ce qui concerne l'électrométallurgie et l'électrochimie, si bien que la houille blanche, venant grandement en aide à la houille noire, a apporté à la défense nationale un concours des plus précieux, en prenant une part importante à la fabrication du matériel de guerre et en fournissant en abondance les explosifs et les produits chimiques divers qu'elle réclamait.

Sans rien dire de quelques grandes installations créées depuis déjà un certain nombre d'années, tant en France qu'à l'étranger, comme celle du Niagara (120 000 chevaux), de Brillanne sur la Durance et de Jonage sur le Rhône, de chacune 20 à 25 000 HP, de Paderno-Milan sur l'Adda (15 000 HP), de Lucerne sur l'Aa (12 000 HP)... sans rien dire non plus de quelques gigantesques projets à l'étude comme celui du Rhône à Bellegarde qui prévoit une puissance formidable de 250 000 HP, nous nous bornerons aux quelques renseignements suivants, extraits de documents qui nous ont été obligeamment fournis par le président de la Chambre de commerce de Grenoble, et qui ont trait aux nombreuses et importantes usines électriques existant dans la région qui nous intéresse le plus, celle des Alpes, où les chutes alimentées par les glaciers, les lacs des montagnes et l'eau qui y tombe en abondance sont si fortes : celles de 500 à 600 mètres y sont communes et on en trouve de 1 000 mètres et plus.

En 1902, 200 000 chevaux étaient captés et utilisés, soit sur place pour l'électrométallurgie et l'électrochimie, soit transportés au loin pour l'éclairage et la force motrice. Aujourd'hui on trouve, tant dans la région des Alpes du nord que dans celle du sud, une puissance hydraulique aménagée de 732 000 chevaux dont 306 000 transportés au loin, jusque dans la région de la Loire, servent à l'éclairage, à la traction et à la force motrice ; 405 000 sont utilisés sur place à la métallurgie et à la fabrication de produits chimiques divers, et 21 000 sont également utilisés sur place pour les industries du papier et du bois.

Comme groupes importants d'usines, on peut citer celui de l'Arve moyen autour du Fayret Saint-Gervais, d'une puissance de 60 000 HP ; un autre de 120 000 HP, sur l'Arc moyen, comprenant principalement les usines de Saint-Jean-de-Maurienne (23 000 HP), de Calypso et de la Saussaz (ensemble, 34 000 HP), de Prémont et La Praz ; un 3e groupe, d'égale importance, sur la Romanche, entre Livet et Séchilienne ; enfin, un 4e groupe dans la vallée de la Durance, où l'on trouve les deux plus fortes centrales : l'une à l'Argentière, de 40 000 HP, servant à la fabrication de l'aluminium, et l'autre, à Ventavon, de 30 000 chevaux, qu'on dirige sur Marseille par un fil de 150 km.

usine_Ventavon__1_
usine électrique de Ventavon (Alpes-de-Haute-Provence, anc. Hautes-Alpes)

Les principales sociétés distribuant force et lumière sont :

1) la Société générale force et lumière, qui dispose de 60 000 HP, dont 26 000 provenant de ses centrales du Drac et de la Romanche, et les 34 000 autres de diverses usines de la Savoie et de Bellegarde ; elle dessert un grand nombre de communes de l'Isère, de la Haute-Savoie, de la Loire, de l'Ain et du Rhône ;

usine_hydro__lectrique_Drac
usine hydro-électrique dans les gorges du Drac, ligne de la Mure ;
environs de La Motte-les-Bains (Isère) ; Société Force et lumière à Avignonnet (Isère)

2) la Société hydro-électrique de Fures et Morgue et de Vizille : 14 000 HP fournis par ses usines de Jouchy, de Champ et de Beaumont. Elle étend surtout son action sur les régions de Voiron et de Rives ;

3) la Société du Haut-Grésivaudan, 15 000 HP provenant principalement de l'usine de Bens. Son réseau recouvre les arrondissements de Chambéry et d'Albertville, et un certain nombre de communes de l'Isère ;

usine__lectrique_Haut_Gr_sivaudan
usine électrique de la Société du Haut-Grésivaudan

4) la Société de Forces motrices et d'éclairage de la ville de Grenoble, qui dispose de 7-000 HP installés aux usines de Pont-Haut.

usine__lectrique_de_Pont_Haut
usine électrique de Pont-Haut, environs de La Mure (Isère)

Ces sociétés, dont les réseaux se touchent et se croisent, s'entr'aident de façon à parer à tout arrêt accidentel.

Citons encore la Société du littoral méditerranéen (100 000 HP), la plus importante de toutes, dont les réseaux s'étendent sur 8 départements, depuis la frontière italienne jusqu'aux Cévennes.

Le prix de revient du cheval-heure transporté oscille autour de 6 centimes pour les petites installations, de 4, 5 pour les moyennes et de 3 pour les grosses.

Malgré cette grande et rapide extension des industries électriques, il reste cependant encore beaucoup à faire, car une partie relativement faible de l'énergie nécessaire à l'activité industrielle est fournie par l'intermédiaire de l'électricité. M. Audebrand [Éric Gérard, Leçons sur l'électricité] estime, en effet, à 8 000 000 les puissances hydrauliques disponibles en France où la puissance des machines à vapeur, locomotives comprises, atteint 7 000 000 de chevaux.

Il résulte d'études faites ultérieurement par MM. de la Brosse, ingénieur en chef des forces hydrauliques de France, et Barbillon, directeur de l'Institut électrotechnique de Grenoble, qu'on peut estimer à 7 000 000 de chevaux ces puissances hydrauliques, dont la moitié sur la région des Alpes, et qu'il est pratiquement possible d'installer en Dauphiné encore 2 millions de chevaux diversement utilisables.

Les transports par l'électricité se multiplient si rapidement qu'il viendra un moment où chaque pays civilisé, possédant des forces naturelles suffisantes, sera recouvert d'un immense réseau d'énergie électrique portant partout, même dans les moindres localités, lumière, chaleur et mouvement. Les chemins de fer fonctionneront par l'électricité, les bateaux sur les rivières et les canaux seront actionnés par le même agent, et peut-être arrivera-t-on - car aucune difficulté n'arrête nos ingénieurs - à établir des lignes au-dessus des principales routes afin que les automobiles, par un dispositif à trouver, puissent y cueillir le courant nécessaire à leur marche.

Claude Lebois, tome 1 de L'électricité industrielle, 1919, p. 462-465
les illustrations ne figurent pas le livre mais sont ajoutées par moi (MR)

 

usine_Ventavon__2_
usine de Ventavon (Alpes-de-Haute-provence)


 original du texte ci-dessus, photographié dans le livre

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l'usine électrique de Jonage avant 1914

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l'usine électrique de Jonage avant 1914

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1898 : souvenir de la Légion d'honneur

souvenir_l_gion_d_honneur


menu_banquet_1898__2_
11 juin 1898 : menu du banquet offert par le
Grand Cercle à ses sociétaires promus dans la Légion d'honneur

 

- retour à l'accueil

20 octobre 2007

E.C.J.S.

liberte_guidant
La liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix, 1830



E.C.J.S.

Éducation civique, juridique et sociale



instruire le peuple, c'est l'améliorer ;

éclairer le peuple, c'est le moraliser ;

lettrer le peuple, c'est le civiliser

(Victor Hugo, 1830)



mai 1790, plantation des arbres de la liberté dans les communes de France
en présence du maire et des gardes nationaux





dossier Guy Môquet

- Dernière lettre de Guy Môquet (22 octobre 1941)

- Guy Môquet en toutes lettres (journal Libération)

- Guy Môquet, une enfance fusillée (un livre de Pierre-Louis Basse)

- Guy Môquet : le mythe et l'histoire (Jean-Marc Berlière et Sylvain Boulouque)

- Un peu de rigueur SVP (par Xavier Vigna, Jean Vigreux, Serge Wolikow, historiens)

- Guy Môquet a-t-il été "résistant" ? (M. Renard)


 

cours et documents

- la notion de civilité (M. Renard)

- photos du monument "Victor de l'Aveyron" prises par des élèves (M. Renard)

- dossier sur la notion de civilité : les enfants sauvages (M. Renard)


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Programme officiel

L'architecture d'ensemble du programme, sur les trois années du lycée, consiste à redécouvrir par l'analyse la notion de citoyenneté, à en étudier les principes, modalités et pratiques, et à la confronter aux réalités du monde contemporain. Il est naturel que l'accent soit mis sur des aspects différents de cette problématique dans chacune des classes du lycée.

En classe de seconde : "De la vie en société à la citoyenneté"
La découverte de la citoyenneté se fait à partir de l'étude de la vie sociale que l'élève peut comprendre pour remonter, par analyse, à sa source politique et à sa construction dans le temps. Des objets d'étude, choisis dans la vie sociale, servent de base à ce travail et permettent de faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté. Par là, on approfondit et enrichit ce qui a été acquis au collège.

En classe de première : "Institutions et pratiques de la citoyenneté"
L'étude de la citoyenneté permet l'analyse du fonctionnement des principales institutions politiques de la cité. Les grands principes constitutionnels ouvrent sur les institutions de la démocratie avec les partis politiques, les systèmes électoraux et les libertés publiques. La présentation des institutions judiciaires peut être faite à partir de divers niveaux intéressant particulièrement les classes concernées (prud'hommes et législation du travail, tribunal de commerce et technologies de la vente, autorité légitime et tribunaux d'exception par exemple). La diversité des conceptions, des institutions et des pratiques de la citoyenneté est appréhendée, par une méthode comparative, dans le temps et dans l'espace.

En classe terminale : "La citoyenneté à l'épreuve des transformations du monde contemporain"
La confrontation de la citoyenneté aux grandes transformations du monde contemporain permet de déboucher, hors de toute intention polémique, sur des thèmes faisant débat, par exemple les différentes conceptions de l'égalité, le rôle des médias, l'indépendance de la justice, ou sur des questions résultant des évolutions familiales, scientifiques ou sociales. On aborde aussi les problèmes posés par l'unification européenne et la mondialisation avec leur impact sur les institutions politiques. On traite notamment le thème de "la défense et la paix" sur lequel le système éducatif s'est engagé à faire réfléchir les élèves dans le cadre de la fin du système de conscription.


La salle des séances de l'Assemblée nationale


Programme de seconde


"De la vie en société à la citoyenneté"

I - Objectif général de la classe de seconde

Étudier dans toutes ses dimensions la citoyenneté et son exercice dans la société constitue l'axe de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS) dans les trois niveaux du lycée. L'objectif de cet enseignement en classe de seconde consiste à redécouvrir cette notion de citoyenneté, déjà définie au collège, en partant de la vie en société.

Cette confrontation au réel est une mise à l'épreuve. Elle permet l'appropriation active de cette notion. On partira donc de la vie sociale, saisissable par l'élève, pour remonter à sa source politique. Quel que soit le domaine de la vie sociale considéré, les individus rencontrent les règles collectives qui organisent leur vie en société et définissent les droits et les devoirs de chacun, les institutions chargées de les mettre en œuvre et de les faire respecter, les sanctions contre ceux qui enfreignent ces règles.

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lycée Charlemagne, une classe et son professeur d'histoire, 1960-61


L'apprentissage de la citoyenneté implique que le citoyen connaisse ces règles, sache d'où elles viennent et les valeurs qui les fondent. Cet apprentissage suppose d'en appréhender la diversité des pratiques dans le temps comme dans l'espace, et d'être éventuellement capable de les critiquer.
La démarche privilégiée consiste donc à choisir des objets d'étude dans la vie sociale pour faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la citoyenneté, à travers, notamment, la préparation et la tenue d'un débat argumenté.
Au terme de ce travail, on vérifie si les élèves ont acquis les notions qui fondent la citoyenneté.

II - Thèmes et notions

Afin de limiter les risques d'une trop grande dispersion, quatre thèmes sont proposés pour servir d'entrée dans le programme de la classe de seconde. Ils permettent d'appliquer la démarche retenue : partir de la vie en société pour illustrer une dimension de la citoyenneté. Ce sont :

Citoyenneté et civilité
Citoyenneté et intégration
Citoyenneté et travail
Citoyenneté et transformation des liens familiaux

On utilisera, au choix, un ou plusieurs de ces quatre thèmes qui ne sont pas énoncés dans un ordre contraignant. Un document d'accompagnement présente des illustrations possibles de la méthode préconisée. Il montre que le même thème peut être utilisé de plusieurs manières, suggérant qu'au fil du temps, ces illustrations pourront se périmer ou s'enrichir de matériaux fournis par l'actualité ainsi que des pratiques et innovations des professeurs.

À partir du travail sur l'un ou plusieurs de ces thèmes, les sept notions suivantes doivent être abordées et avoir reçu une première définition :

Civilité
Intégration
Nationalité
Droit
Droits de l'homme et du citoyen
Droits civils et politiques
Droits sociaux et économiques

Ces notions, présentes dans les programmes du collège et des autres disciplines de la classe de seconde, permettent de comprendre le sens de la citoyenneté en partant des expériences des élèves et de leurs représentations.

Au terme de la classe de seconde, une synthèse des différents acquis se réalisera autour de la définition de la citoyenneté.


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Assemblée nationale, Paris



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15 octobre 2007

dossier Guy Môquet (28 août 2007)

14 octobre 2007

lire ou ne pas lire la lettre de Guy Môquet ? (controverse)

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lire ou ne pas lire

la lettre de Guy Môquet ?

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Réponse à 4 professeurs d'Histoire

du lycée de Rive-de-Gier

qui refusent de lire la lettre de Guy Môquet

Position des professeurs d'histoire-géographie [du lycée Georges Brassens à Rive-de-Gier] au sujet de la lecture de la lettre de Guy Môquet
1 - La mémoire de la période de l'occupation en France s'est élaborée avec difficulté ; ce n'est que récemment que cette mémoire peut être qualifiée de sereine et objective.
Nous ne souhaitons pas par cette "commémoration" retomber dans la vision gaulliste ou communiste de l'immédiat après-guerre qui exalte une France unanimement résistante.
Le discours de Jacques Chirac du 16 juillet 1995 nous paraît plus objectif qui parle de "la France, droite…fidèle à ses traditions" mais qui reconnaît que "la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français".

Réponse – Que la journée du 22 octobre soit appelée "commémoration" ne doit pas faire oublier que nous sommes avant tout des transmetteurs d'un savoir critique. Le degré d'évolution de telle ou telle mémoire ne saurait être un argument autorisant ou prohibant la délivrance d'une information historique à son sujet. Il n'y a ni à craindre les conceptions gaulliste et communiste d'immédiat après-guerre ni à préférer telle intervention présidentielle d'il y a douze ans. Toutes sont à contextualiser et à expliquer. Ainsi, la vision d'une France unanimement résistante existe dans le discours gaullien ("Paris libéré avec l'appui et le concours de la France tout entière", Hôtel de Ville, 25 août 1944), mais elle n'épuise pas le jugement du chef de la France libre. Dans les Mémoires de guerre, De Gaulle évoque, pour l'été 1944, les "divisions de la nation", les "fractions du peuple français"… Par ailleurs, la liste des Compagnons de la Libération, élaborée et close par le Général, ne comprend que 1038 noms. On est loin d'une France tout entière résistante… De toute façon, personne ne nous demande de propager un discours plutôt qu'un autre. Nous sommes maîtres du contenu historique à transmettre aux élèves. Il n'y a donc là aucun motif d'un refus de lecture de la lettre de Guy Môquet.

2 - La complexité de la période de l'occupation mérite donc des développements importants qui ne peuvent être expliqués en dehors du contexte. Or, ce contexte est étudié en fin de classe de 1ère et c'est à ce moment là que nous jugeons pertinent de lire cette lettre, avec d'autres témoignages.

Réponse – Quelle période n'est-elle pas "complexe"…? L'Occupation l'est tout autant que les causes de la Première Guerre mondiale, la montée des fascismes ou les raisons et modalités de la Guerre froide… Sur toutes ces questions, les lycéens ne partent pas de rien. Ils ont abordé ces thèmes en classe de 3e au collège. Par ailleurs, comme tout le monde, ils ont entendu parler de la lettre de Guy Môquet – jamais elle n'a été autant évoquée…- et les médias leur en rappelleront l'actualité le 22 octobre. Toute une conjoncture suscitant chez les élèves curiosité et attention propices à une exploitation pédagogique. Il serait superficiel de la reporter par fidélité rigide à l'agencement d'un programme.

Le précédent de la commémoration du 10 mai – choisie pareillement par un Président de la République -, "journée de mémoire de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions" au cours de laquelle il fallait lire en classe un texte choisi parmi des auteurs tels que Bernardin de Saint-Pierre, Condorcet, Alejo Carpentier, Senghor ou Césaire…, n'a pas occasionné les mêmes désapprobations… Et pourtant, la dimension réflexive et critique passait au second plan puisqu'il était dit qu'il "ne s’agit pas à proprement parler d’une action de nature pédagogique ni didactique (…) mais d’un moment de fraternité dans le souvenir des longues et terribles “nuits sans nom” et “sans lune” qui furent celles des esclaves" (B.O. du 16 avril 2006). Je ne connais pas de pétitions dénonciatrices ni de refus de lire ces textes. Pourquoi une telle réaction à propos de Guy Môquet ?

3 - Le choix de Guy Môquet se discute également.
Ce jeune homme de 17 ans n'a pas été exécuté en raison de son engagement net face à l'occupant, mais en tant qu'otage, choisi car communiste et surtout fils d'un député communiste alors interné en Algérie.
Arrêté à un moment (octobre 1940) où le PC lutte contre Vichy, mais non contre l'occupant nazi (pacte germano-soviétique), il est exécuté (octobre 41) à un moment où le PC s'est engagé massivement dans la Résistance (après l'invasion de l'URSS).
Voilà pourquoi nous ne souhaitons pas lire la lettre de Guy Môquet le 22 octobre 2007.
Les professeurs d'histoire-géographie du lycée Georges Brassens
G.Gentric - Th.Georget - J.Parizot - B.Charvet

Réponse – Il est léger de dire qu'à l'automne 1940, "le PC lutte contre Vichy mais non contre l'occupant nazi". À cette époque, "le" PC n'existe pas comme entité homogène et centralisée. Son appareil est désarticulé par la dissolution et par la répression, les militants dispersés, idéologiquement désorientés. Ce qui reste de direction – Jacques Duclos - a poussé à fond la logique du pacte germano-soviétique : demande de reparution légale de l'Humanité auprès des autorités nazies en juin 1940, appels à fraterniser avec les soldats allemands, absence de dénonciation du nazisme…

Mais - et c'est cela qui importe pour interpréter l'attitude du Guy Môquet, - d'autres communistes, y compris des responsables, ont agi, immédiatement après la défaite, sur une ligne à la fois anti-vichyste et anti-nazie. Charles Tillon, responsable régional à Bordeaux, appelle dès le 17 juin 1940 à la lutte contre Vichy et "contre le fascisme hitlérien". Auguste Havez en Bretagne, Georges Guingoin en Haute-Vienne, Auguste Lecoeur dans le Nord, également.

Guy Môquet distribue, certes, des tracts qui "dénoncent mollement l'occupation étrangère" (voir le livre de Pierre-Louis Basse, Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock, rééd. 2007, p. 43), mais, avec deux camarades, il échappe aussi à une patrouille de soldats allemands durant l'été 1940 après avoir écrit sur le mur de leur caserne, boulevard Bessières : "Hitler… c'est la guerre" (cf. Pierre-Louis Basse, p. 89).

On ne peut inférer de la ligne officielle du PCF, énoncée par une direction dogmatique et coupée des militants, l'état d'esprit de ces derniers qui combinait le désarroi créé par le pacte germano-soviétique, l'opposition à la répression gouvernementale (celle de Daladier puis celle de Vichy) et la fidélité à l'antifascisme des années 1930. Guy Môquet a bien été résistant. Et il a été fusillé à 17 ans. Je lirai sa dernière lettre.

Michel Renard, professeur d'histoire
lycée Claude Lebois de Saint-Chamond



couverture





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11 octobre 2007

une photo du lycée des années 1970


une photo du lycée des années 1970




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années 1970...





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20 septembre 2007

hydrographie fluviale en Europe

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le Danube à Vienne (Autriche) (source)



hydrographie fluviale en Europe


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cliquer sur la carte pour l'agrandir


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- source de cette carte






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18 septembre 2007

classe de 5e 3 en 1967-1968



classe de 5e 3 en 1967-1968


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cliquer sur l'image pour l'agrandir (source)



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17 septembre 2007

un film sur le drame de Katyn (1940)

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sortie du film "Katyn" (avril 2009)


Fils de l'un des 12 000 officiers polonais assassinés, et cinéaste inspiré par l'histoire de son pays, il est le premier à aborder ce sujet tragique, longtemps tabou.

«Katyn» - Drame historique d'Andrzej Wajda, avec Maja Ostaszewska, Artur Zmijewski, Andrzej Chyra. Durée : 2 heures.

- Katyn le film - galerie

- bande annonce du film

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LE FIGARO - Quand avez-vous su exactement ce qui s'était passé à Katyn ?
Andrzej WAJDA - Je l’ai appris comme tout le monde, au printemps 1943, quand les Allemands ont publié des listes d’officiers massacrés. Le nom de Wajda y figurait, mais le prénom n’était pas celui de mon père, qu’on a retrouvé beaucoup plus tardivement. À aucun moment je ne me suis dit : mon père est mort. Il n’y a pas eu de choc, mais une longue période où l’espoir alternait avec la disparition de l’espoir.

- Sur quelles bases avez-vous écrit le scénario ?
Andrzej WAJDA - Si le film avait été consacré à ce qui s'est passé dans la forêt de Katyn, on n'y aurait vu que des hommes. Et leur histoire aurait eu un sens si ces hommes avaient eu à faire des choix, s'il avait été question de patriotisme, de trahison, de responsabilité. Mais il n'y a rien eu de tel : on ne leur a donné aucun choix, et ils n'imaginaient pas ce qui les attendait. L'un des personnages, Andrzej, qui tient son journal jusqu'à la fin, écrit : «On nous emmène dans une forêt…»

- Katyn reste-t-il un enjeu de mémoire nationale ?
Andrzej WAJDA - Katyn a représenté une perte très lourde pour un pays déjà dépourvu d’élite. Beaucoup d’officiers n’étaient pas militaires de carrière, ils se trouvaient mobilisés à cause de la guerre. Cette histoire s’est maintenue et renforcée dans la mémoire polonaise d’autant plus que c’était des familles qui écrivaient et qui ont laissé des traces, lettres, carnets…

- Le film montre que ce crime s'est répercuté sur plusieurs générations.
Andrzej WAJDA - Ce qui s’est perpétué, c’est le mensonge d’attribuer le massacre aux Allemands. J’ai connu des gens qui disaient à voix haute que c’était un crime soviétique. Une de mes condisciples à l’école de cinéma de Lodz a été emprisonnée, et n’a jamais réintégré l’école. Il fallait vraiment faire des choix. Pour moi, je savais qu’on ne vivait pas dans un pays libre, et j’ai toujours considéré qu’il fallait partir de cette réalité si on voulait la changer. Il fallait profiter des possibilités du moment (après Staline, il y a eu un certain dégel) pour raconter quelque chose de vrai. Le scénario de L’Homme de marbre a attendu douze ans avant que je puisse le réaliser. Jusqu’en 1989, faire un film sur Katyn était hors de toute possibilité. À la fin, le mensonge s’était transformé en silence complet sur le sujet.

- Aujourd'hui, faut-il considérer que le dossier Katyn est clos ?
Andrzej WAJDA - Les Russes essaient à présent d'accréditer la thèse que ce ne fut pas un crime de masse signé par Staline, mais le résultat d'une quantité d'incidents fragmentaires. Les Polonais qui viennent demander des renseignements sur leurs vingt-deux mille compatriotes massacrés ne sont guère compris d'un pays où les victimes se comptent par millions, et qui ne réclame pas. Mais il y a des exceptions. Lorsque Katyn a été montré à Moscou, lors de la discussion qui a suivi, une femme a fait passer un bout de papier jusqu'à la scène : elle demandait d'honorer les officiers polonais par une minute de silence. Pour cette minute de silence, il valait la peine de faire le film.

Le Figaro, 1er avril 2009

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chronologie

1939

23 août : pacte  de non-agression germano-soviétique (+ clauses secrètes sur le partage de la Pologne)

1 septembre : l'armée allemande envahit la Pologne

14 septembre : prise de Varsovie par les troupes allemandes

17 septembre : attaque soviétique contre la Pologne

9 septembre : prise de Vilno et Brest-Litovsk par l'Armée rouge

27 septembre : capitulation de la Pologne

28 septembre : accords de Moscou germano-soviétique sur le partage de la Pologne

1940

5 mars : lettre de Beria, commissaire du Peuple à l'Intérieur (URSS) demandant que le NKVD juge 14 700 anciens officiers polonais et 11 000 autres cadres "pour leur appliquer le châtiment suprême : la peine de mort par fusillade. L'étude des dossiers se fera sans comparution des détenus et sans acte d'accusation". Cette proposition fait l'objet, le même jour, du protocole de décision n° 13 de la séance du Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique. [documents rendus publics après 1991 et la chute de l'URSS]

avril : le NKVD – la police politique soviétique héritière de la Tchéka et du GPU – organise à Katyn, près de Smolensk (Biélorussie), le massacre méthodique de milliers d'officiers polonais. D’autres furent exécutés en d’autres régions d’URSS (Ukraine notamment), ce qui porta à plus de dix mille le nombre des victimes. L’Allemagne nazie n’est pas en reste et ses Einsatzgruppen liquident une bonne partie des élites polonaises.

1943

13 avril : les autorités allemandes, stationnant dans la région, découvrent le charnier de Katyn et le rendent public mondialement ; elles invitent une mission de la Croix Rouge internationale à venir constater sur place.

avril : une commission médicale internationale, composée d'alliés des Allemands mais aussi d'un célèbre professeur de médecine légale de l'université de Genève, François Naville, travaille sur place et publie, le 30 mai, des conclusions qui accusent les Soviétiques d'avoir fusillé les officiers polonais au printemps 1940.

- un membre de cette commission, le professeur Vincenzo Palmieri, directeur de l'Institut de médecine légale de l'université de Naples a laissé le témoignage suivant : "Une puanteur, une puanteur terrible que je n'oublierai jamais. Il était difficile de travailler, même si les cadavres étaient bien conservés dans le terrain aride : dans les poches des uniformes, les cartes d'identité, lettres, coupures de journaux, photographies de famille s'étaient parfaitement conservées. [...] Il n'y avait aucun doute, parmi nous personne n'eut le moindre doute, il n'y eut d'ailleurs aucune objection. L'autopsie du crâne effectuée par le professeur Orsos de Budapest fut décisive : sur la paroi interne, il trouva une substance qui commence à se former trois ans après la mort. Le petit bois planté sur la fosse avait lui aussi trois ans. Nous restâmes debout jusqu'à trois heures du matin pour rédiger le rapport parce que nous devions avoir l'approbation de tous les signataires sur les corrections et nuances les plus minimes. Le rapport est irréfutable" (cité par Victor Zaslavsky, Le massacre de Katyn, éd. Perrin, 2007, p. 39-40).

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source

1944

15 janvier : les Soviétiques, qui ont repris le contrôle du territoire lors de l'avancée de l'Armée Rouge, ont envoyé une commission d'enquête (Commission Burdenko) chargée de déclarer que le crime a été commis par les Allemands, et ont invité sur place des journalistes occidentaux et la fille de l'ambassadeur des États-Unis à Moscou ; la Commission prétend que le massacre a eu lieu en août-septembre 1941 (donc après l'attaque allemande contre l'URSS et l'occupation de la région par les nazis) alors que tous les corps exhumés portaient des vêtements d'hiver ; l'élément de conviction avancé fut que les exécutions avaient utilisé des balles de fabrication allemande (fait qui n'a jamais été contesté).

1946

Les Soviétiques échouent à faire endosser le crime de Katyn aux Allemands lors du procès de Nuremberg. Un des procureurs soviétiques, Nikolaï Zoria, qui avait refusé de participer à l'entreprise de falsification des dirigeants soviétiques (car il avait servi auparavant de consultant juridique pour le Comité de libération nationale de la Pologne, et connaissait les témoignages de cette partie), fut assassiné le 23 mai par les agents de Beria.

 


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images de Katyn, film de Wajda


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La Pologne revit le drame de Katyn


Un film d’Andrzej Wajda ranime le souvenir du massacre d’officiers par les Soviétiques en 1940.
par
Maja Zoltowska
Libération, mardi 18 septembre 2007
Varsovie, de notre correspondante

Wajda_KatynLe cinéaste polonais Andrzej Wajda a présenté hier soir son dernier film Katyn, un hommage aux 22 500 officiers polonais - dont faisait partie son père - massacrés par la police secrète soviétique sur ordre de Staline en 1940. Il s’agit d’un des films les plus ­attendus par la Pologne où le mot «Katyn» fut ­banni par la propagande communiste pendant plus d’un demi-siècle.

Présenté en grande pompe à l’Opéra de Varsovie, le film, qui sera dans les salles polonaises vendredi, constitue en soi un événement national. Andrzej Wajda et le ministère de la Culture ont choisi un jour symbolique pour sa présentation : le 17 septembre 1939, ­date où l’Armée rouge pénétrait dans l’est de la Pologne, déjà envahie à l’ouest le 1er septembre par l’Allemagne. Une fois de plus, les deux grands voisins se partageaient le pays.

«Mensonge»
Hier matin, le président polonais Lech Kaczynski s’est rendu en Russie pour se recueillir sur les tombes des officiers dans la forêt de Katyn, un petit village près de Smolensk où, en avril 1940, les officiers polonais furent exécutés, un par un, d’une balle dans la nuque par la NKVD. Pour cette première visite en Russie, il ne fera pas le déplacement jusqu’à Moscou et ne participera à aucune rencontre officielle. Ce séjour éclair, non dénué de considérations électoralistes, ne devrait pas améliorer les relations entre Varsovie et Moscou, tendues depuis l’arrivée au pouvoir, en 2005, du président conservateur qui ne cache pas sa méfiance envers la Russie.

Le même soir, aux côtés des proches de victimes, le président polonais a pu imaginer les scènes de leur mort. «Cela a vraiment dû se passer ainsi. J’ai cru ­assister à l’exécution de mon ­père», a reconnu la gorge serrée Krystyna Brydowska, fille de Feliks Miszczak, tué à 44 ans à Miednoïé, un autre lieu de massacre des officiers polonais.

Dix-huit ans se sont écoulés depuis la chute du communisme et aucun cinéaste n’avait encore osé adapter à l’écran cette tragédie nationale. «Ce film n’aurait pas pu voir le jour avant, ni dans la Pologne communiste ni en dehors de la Pologne, où il n’y avait pas d’intérêt pour le sujet», a déclaré le cinéaste lors d’une présentation à la presse. Wajda a, malgré la censure, mis en scène de nombreux épisodes de l’histoire de la Pologne du XXe siècle.

Dans Kanal, il exaltait le drame de l’Insurrection de Varsovie, dans Cendre et Diamant, la résistance à l’instauration du communisme, dans l’Homme de marbre, les années staliniennes et dans l’Homme de fer la naissance de Solidarité, qui lui aura valu la Palme d’or à Cannes en 1981. Mais faire un film sur Katyn aurait été impossible à l’époque communiste où les Soviétiques étaient présentés uniquement comme des libérateurs : «Sur ce mensonge reposait toute la ­soumission de la Pologne à Moscou» , a déclaré le ­cinéaste.

Wajda, qui s’était promis de le réaliser depuis des années, considère ce film comme un devoir national et un devoir envers sa famille : «J’ai compris que je ne pouvais plus attendre, Katyn est sans doute un de mes derniers films sinon le dernier», a déclaré le cinéaste bientôt âgé de 82 ans.

Attente
Sur un scénario écrit d’après le roman post mortem d’Andrzej Mularczyk, Katyn est dédicacé à ses parents  car ce film est aussi l’histoire de sa famille. Son père, Jakub, capitaine au 72e régiment d’infanterie, fut parmi les officiers tués par les Soviétiques dans la forêt de Miednoïé, autre lieu de massacre, dont Katyn est devenu le nom symbolique.

Les emprunts à l’histoire familiale sont nombreux. «Ma mère s’est bercée d’illusions jusqu’à sa mort, car le nom de mon père figurait avec un autre prénom sur la liste des officiers massacrés», raconte Wajda. Sa mère, Aniela, porte dans son film le nom d’Anna et Anna aussi espère et une erreur dans le prénom prolonge cet espoir. C’est justement à travers les femmes - les épouses des officiers, leurs mères, sœurs ou filles - et leur attente désespérée que Wajda raconte ­l’histoire de Katyn.

Les charniers ont été découverts par les troupes allemandes lors de leur avancée en territoire russe après la rupture du pacte germano-soviétique en 1941. Révélé par les nazis en 1943, le massacre de Katyn a ­toutefois été imputé par la ­propagande communiste aux troupes allemandes pendant plus de quarante ans .

Le film débute par une scène sur un pont. Deux vagues de civils se croisent : l’une vers l’est fuit la Wermacht, l’autre vers l’ouest l’Armée rouge. Nul ne sait lequel des deux agresseurs sera le moins cruel. Le film se termine par le massacre raconté dans les moindres détails sur un mode documentaire.

On devine le jeune Wajda dans le personnage d’un jeune résistant qui, à la fin de la guerre, vient à Cracovie pour étudier aux Beaux-Arts. Comme le père de Wajda, celui du jeune résistant est mort à Katyn mais il refuse, lui, de le renier dans son curriculum vitae comme beaucoup d’autres l’ont fait pour éviter les ennuis sous l’occupation soviétique. Le jeune homme meurt. «Un remords de conscience?», s’est interrogé un spectateur lors d’une avant-première : «Avec Katyn, vous laissez entendre que si vous n’aviez pas menti sur la mort de votre père, vous n’auriez pas pu étudier aux Beaux-Arts, à l’école de cinéma et que l’école polonaise du film n’aurait jamais vu le jour ?» Le cinéaste n’a eu d’autre réponse : «Je confesserai mes propres péchés devant un autre auditoire et ce sera certainement dans peu de temps.» Et de conclure : «Chacun militait à sa manière contre ce régime.»

Enquête 
Car le film parle aussi du mensonge qui a entouré Katyn et des diverses attitudes face à ce massacre. En Pologne, pratiquement jusqu’à la chute du communisme au début des années 1990, il était interdit de parler de cet événement. La censure rayait ce nom de tous les livres. Être parent d’une victime de Katyn pouvait entraîner une ­interdiction d’étudier, et briser une carrière professionnelle.

Il faudra attendre avril 1990 pour que le dernier président soviétique Mikhaïl Gorbatchev reconnaisse la responsabilité de l’URSS en transmettant au président polonais d’alors, le général Jaruzelski, des copies des listes des victimes, promettant une enquête. Durant la Guerre froide, l’Occident s’est tu pour ne pas envenimer ses relations avec l’URSS. Le crime est resté impuni.

En 2004, après quatorze années d’enquête, le parquet militaire russe a classé le dossier de Katyn, refusantWajda_Katyn de qualifier ces exécutions de crime de guerre ou de crime contre l’Humanité. Selon le parquet, il s’agissait d’un crime de droit commun, donc déjà prescrit. La justice russe a aussi refusé de transmettre les documents en sa possession à la Pologne qui, de son côté, poursuit toujours sa propre enquête. Varsovie recherche encore les tombes et les listes des disparus. Des traces mènent à Bykovnia, près de Kiev. Les restes d’un officier polonais viennent d’y être identifiés. En attendant, les proches des victimes attendent que la Cour des droits de l’homme à Strasbourg se penche sur leur plainte déposée contre la Russie.

http://www.liberation.fr/actualite/monde/279191.FR.php
© Libération


katyn
affiche de propagande allemande, Deuxième Guerre mondiale ;
la légende, en slovaque dit : "la forêt de la mort à Katyn"

source

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un charnier de la forêt de Katyn (Biélorussie) mis à jour par les Allemands en 1943 ;
les autorités allemandes invitèrent la presse et la Croix-Rouge à venir sur place


bibliographie

- un article d'Alexandra Viatteau, politologue, spécialiste de l'URSS et des pays de l'Est : le massacre de Katyn (diploweb.com)

- de nombreuses photos des opérations allemandes d'exhumation des cadavres d'officiers polonais, sur le site en langue anglaise katyn.org

- site en langue polonaise sur le massacre et ses responsables, nombreuses photos et des documents : polonica.net/KATYN


katyn2
©
Archiwum Ośrodka Karta
- source

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cadavre exhumé ; on voit les mains liées dans le dos
source

k2
cadavres exhuméss - source

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source

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autres images du film Katyn de Wajda


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Katyn


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officiers polonais abattus d'une balle dans la nuque par les Soviétiques

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drapeau polonais déchiré par des soldats soviétiques

Katyn_off_russes_et_allemands
dès l'automne 1939, la collusion des militaires soviétiques (les trois à gauche)
et des militaires allemands (les trois à droite)


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10 septembre 2007

classe de 6e 6 en 1968-1969

classe de 6e 6 en 1968-1969



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parmi les élèves figurant sur cette photo :

- Dominique PLOIVY (1er rang, 7e à partir de la gauche)

- Paul CHAIZE (1er rang, 1er à partir de la gauche)

- Christian BARTHELEMY (2e rang, 2e à partir de la gauche


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