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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
17 juillet 2016

Jihad et Croisades, deux histoires inégales

 

 

 

Jihad et Croisades,

deux histoires inégales dans le temps

 

 

 

 

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18 mai 2016

la mondialisation : cours - classe de 1e STI2D

bâteau porte-conteneurs
le porte-conteneurs le plus grand du monde

 

 

la mondialisation : cours

 

 

la mondialisation en 3 minutes (vidéo de Laure Le Gurun, 2013)

 

 

 

acteurs et flux mondialisation carte

 

flux et acteurs mondialisation légende

 

 

 

 

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16 mai 2016

la politique démographique en Chine communiste

affiche propagande couple et enfant unique

 

 

la politique démographique

en Chine communiste

 

Avec une population estimée par l’ONU à 1 335 millions d’habitants en juillet 2009, soit 19,6 % de la population mondiale, la Chine est le pays le plus peuplé du monde devant l’Inde (1 175 millions) et les États-Unis (309 millions). Sa population est 10 fois celle du Japon, 20 fois celle de la France.

Les données officielles ne furent pas toujours véridiques. Ainsi, la surmortalité entre 1959 et 1961 ("Grand Bond en avant") est estimée entre 20 et 50 millions de personnes (100 millions pour les auteurs les plus pessimistes).

On estime aussi que la Révolution culturelle a causé entre 1 et 4 millions de morts. Mais on évalue à 100 millions le nombre de ceux qui ont été estropiés, martyrisés, maltraités, humiliés. Cela veut dire un Chinois sur huit, c’est-à-dire un adulte sur deux...

 

1) L'évolution démographique en Chine, de 1965 à 2008

 

tableaux démographie chinoise

 

 

2) La Chine assouplit le dogme de l'enfant unique

Le Monde.fr avec AFP | 15.11.2013 à 12h35 • Mis à jour le 15.11.2013 à 13h43 (extraits)

 

enfant à Hong-Kong 2011

 

À l'issue du troisième plénum du 18e comité central du Parti communiste chinois (PCC), Pékin a fait vendredi 15 novembre [2013] une série d'annonces majeures relayées par l'agence de presse officielle Chine nouvelle : assouplissement du contrôle des naissances (...).

Contrôle des naissances

La Chine va assouplir sa politique de contrôle des naissances, dite de l'enfant unique, lancée en 1979. Les couples dont au moins l'un des membres est lui-même enfant unique seront autorisés à avoir deux enfants, selon "une décision majeure" dévoilée par le PCC, selon le média d'État.

Les démographes chinois réclamaient en vain depuis plusieurs années un assouplissement de la planification familiale, voire son abandon, au motif que le taux de fertilité était passé bien au-dessous du seuil de renouvellement de la population.

Le syndrome du "pays vieux avant d'être riche" préoccupe aujourd'hui les Chinois. Des démographes, mais aussi des économistes, signalent que la Chine approche du "tournant de Lewis", moment où le déclin de la population en âge de travailler à l'usine lui fera perdre ses avantages comparatifs : le dividende démographique, c'est-à-dire les bénéfices de la réduction de la population, est appelé à devenir une dette démographique, en raison du fardeau représenté par la population âgée.

Actuellement, la loi chinoise autorise les couples à n'avoir qu'un seul enfant, mais des exceptions existent pour les couples dont les deux membres sont enfants uniques. "La politique des naissances sera ajustée et améliorée progressivement pour promouvoir l'accroissement équilibré à long terme de la population de la Chine", a rapporté Chine nouvelle.

Jusqu'à présent, les dirigeants chinois répétaient de façon constante que la politique de l'enfant unique restait nécessaire et qu'un développement démographique excessif menacerait la croissance économique du pays.

En trente ans d'application, de 1980 à 2010, la politique de l'enfant unique a conduit à 281 millions d'avortements et 516 millions d'opérations de pose de contraceptifs et de stérilisation, selon le ministère de la santé.

Le Monde, 15 novembre 2013

 

 

affiche propagande enfant unique
affiche de propagande pour l'enfant unique, années 1980

 

 

3) Chute démographique, déficit de filles : les effets de la politique de l'enfant unique en Chine

Le Monde, 29 octobre 2015, Alexandre Pouchard

 

La Chine a annoncé, jeudi 29 octobre, la fin officielle de la politique de l’enfant unique. Cette dernière avait été instaurée en 1979 et n’autorisait qu’un seul enfant par couple, sauf exception pour certaines minorités par exemple.

La politique avait déjà été assouplie en 2002 (possibilité d’«acheter» le droit à un deuxième enfant) puis, surtout, en 2013 avec l’autorisation d’avoir deux enfants si l’un des parents était lui-même enfant unique. Désormais, tous les Chinois seront autorisés à avoir deux enfants.

La politique de l’enfant unique paraît avoir atteint son objectif : la natalité en Chine a drastiquement chuté en trente-cinq ans, passant de 33 naissances pour 1 000 habitants en 1970 à 12 en 2013, selon les données de la Banque mondiale.

 

chute natalité en Chine 1970-2010
Le Monde, 29 octobre 2015

 

Logiquement, cette baisse de la natalité a fortement ralenti le taux de croissance de la population chinoise, passé de 2,76 % en 1970 à 0,51 % en 2014.

 

chute croissance pop en Chine 1970-2010
Le Monde, 29 octobre 2015

 

Conséquence collatérale de cette politique : la part des femmes dans la population a peu à peu diminué, pour atteindre 48,48 % en 2014, soit 106 hommes pour 100 femmes. Le chiffre est encore plus impressionnant au sein de la génération née en 2010, où l’on comptait près de 118 naissances de garçons pour 100 naissances de filles, notamment à cause d’avortements sélectifs.

Ce déficit de filles s’explique par l’état de la société chinoise au sein de laquelle «les femmes sont socialement dévalorisées» et où les familles préfèrent généralement avoir des fils, notait la démographe Isabelle Attané dans Chinoises au XXIe siècle, paru en 2012. Autre signe de cette préférence masculine, la mortalité infantile des filles atteint ainsi 26,8 ‰ sur la période 2005-2010, contre 18 ‰ pour les garçons.

source

 

bibliographie

article de fond : "La démographie chinoise en mutation", Espace, populations, sociétés, 2009/3, p. 551-568.

 

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15 mai 2016

la Chine depuis 1949 : tableaux chronologiques et histoire

Chine avec drapeau

 

 

la Chine depuis 1949

 

 

Diapositive1
grandes phases chronologiques de la Chine de 1949 à 2016

 

 

Diapositive2
à compléter avec le nom des dirigeants principaux et de deux périodes maoïstes désastreuses

 

 

- voir : la Chine et le monde depuis 1949 (Term S)

 

__________________

 

Les années Mao : révolution et tragédie

La Chine, 2000 ans d'empire - par Jean-Luc Domenach dans L'Histoire, mensuel n°300, daté juillet 2005 à la page 86.

Avec le Grand Bond en avant et la Révolution culturelle, Mao a jeté la Chine dans une fuite en avant révolutionnaire. Les archives aujourd’hui disponibles permettent de mieux comprendre les ressorts de cette dictature totalitaire.

 

L’Histoire : L’histoire de la Chine communiste semble aujourd’hui moins difficile à reconstituer. De quelles sources dispose-t-on pour cela ?

Jean-Luc Domenach : Les sources ont été très insuffisantes jusqu’à une période récente : elles se limitaient aux publications autorisées et aux témoignages de réfugiés de Hongkong ou de Chinois de Taiwan. Malgré cette pénurie, l’histoire de la Chine avait pu être reconstituée d’une manière assez juste, en particulier par les spécialistes américains.

De nouveaux progrès sont aujourd’hui rendus possibles par une véritable révolution documentaire. Si les archives du comité central demeurent fermées aux chercheurs étrangers, celles du ministère des Affaires étrangères et de certaines provinces s’ouvrent progressivement et l’on peut de plus en plus souvent consulter les archives des localités.

Surtout, les biographies de dirigeants communistes se sont multipliées, y compris celles de personnages autrefois contestés, victimes de purges : par exemple, le patron de la Sécurité de Shanghai, éliminé en 1955. Certains journalistes se sont également mis à écrire : l’un d’entre eux a par exemple récolté les souvenirs des enfants des dirigeants centraux... Quelques historiens appartenant aux centres de recherches liés du PCC mènent des travaux de plus en plus précis sur les grands moments de la période communiste - et ces chercheurs ont le droit d’utiliser les archives d’État ou du parti.

Dernier apport, et certainement le plus intéressant, les journaux et livres de mémoires rédigés par des proches du pouvoir ou des témoins : anciens gardes du corps ou secrétaires, camarades de guérilla, ou écrivains, et ces épouses qui avaient combattu le fusil à la main, puis, nommées secrétaire ou directrice de cabinet, s’étaient effacées derrière leur mari.

Ces sources nouvelles fournissent quantité de détails concrets qui font mieux comprendre la mécanique humaine du pouvoir. Elles conduisent, suivant les cas, à confirmer, à préciser ou à reconsidérer la dynamique historique de la Chine populaire.

L’H. : Comment voit-on aujourd’hui l’arrivée au pouvoir des communistes, le 1er octobre 1949 ?

J.-L. D. : La vision qu’on avait jusqu’à présent et qui reste largement exacte est celle d’un parti communiste à la fois uni et sûr de ses moyens, de son idéologie et de ses talents politico-militaires : ces qualités l’ont beaucoup aidé contre le Guomindang*.

Les communistes n’ont pas seulement su se maintenir puis vaincre militairement, ils ont fait leurs classes dans les zones de guérilla, puis dans les zones libérées ; ils ont appris à établir leur pouvoir en s’appuyant sur les élites locales, avant de liquider celles-ci progressivement. Et les dirigeants, Mao en tête, se sont révélés d’une extrême lucidité stratégique et habileté tactique.

Excellent stratège, Mao s’est solidement installé à la tête du parti dans les années 1938-1945, à la faveur d’une manipulation cynique du pouvoir. Très tôt, par exemple, il prend le contrôle de la communication avec Staline. En 1942-1943, Mao a lancé à l’intérieur du parti un mouvement de rectification, conduit par Kang Sheng, chef du fameux « département social », l’équivalent du KGB. Une esquisse de ce que seront plus tard les grandes campagnes d’épuration. Mais cela ne l’empêche pas de s’entourer de gens de qualité qui ne lui avaient pas été toujours favorables, comme Zhou Enlai, ou qui ne lui ressemblaient pas, comme Liu Shaoqi.

En revanche, l’inexpérience économique des dirigeants communistes et leur absence de programme précis les contraignent à se tourner exclusivement vers le modèle soviétique. Ce qui rend les choses très dangereuses, c’est qu’ils arrivent au pouvoir portés par un enthousiasme populaire inimaginable. La majorité de la population va suivre les yeux fermés ce pouvoir qui ne sait pas très bien où il va...

L’H. : Dans un premier temps, donc, les communistes chinois suivent le modèle venu de Moscou.

J.-L. D. : Sur les relations sino-soviétiques, on dispose de quelques témoignages nouveaux qui confirment plutôt ce que l’on pensait. D’un côté, les méfiances forgées durant les premières années de la révolution viennent d’être confirmées depuis 1945 par le comportement des armées soviétiques en Mandchourie : elles violent, se soûlent et démantèlent les usines pour les envoyer en Sibérie.

Et pourtant les commu­nistes chinois ont une confiance absolue dans le modèle soviétique proprement dit, à la fois, si l’on peut dire, à cause de Staline et de Stalingrad. Une fois arrivés au pouvoir, ils vont l’appliquer avec une très surprenante conviction dans au moins deux domaines : l’industrialisation et l’ingénierie politique, c’est-à-dire le dispositif institutionnel et juridique. Pendant les premières années, le système chinois est bel et bien édifié sur le modèle soviétique, et cela de façon parfaitement voulue.

L’orientation est donnée très tôt. En février 1949, juste avant la victoire, le dirigeant soviétique Mikoyan fait une visite secrète auprès du Parti communiste chinois PCC. Liu Shaoqi part à Moscou quelques mois plus tard. Il y a, surtout, le voyage de Mao à Moscou fin 1949-début 1950. Le contact avec Staline est désastreux et la négociation difficile, mais un traité est signé, bien inégal il est vrai. Par la suite, des dizaines de milliers d’experts soviétiques se rendront en Chine, parmi lesquels beaucoup d’excellent niveau.

L’H. : Quelle est la marque soviétique dans le communisme chinois ?

J.-L. D. : Elle ne se fait pas sentir d’emblée. Au début, l’essentiel est le retour à l’ordre. C’est la première fois depuis plus d’un siècle que les gens peuvent travailler et se nourrir à peu près normalement. En trois années 1949-1952, la production agricole retrouve son meilleur niveau d’avant-guerre. Dans les vieilles usines, souvent en mauvais état, les gens se remettent au travail. Et puis, c’est la fin d’une des plus épouvantables inflations que le siècle ait connues.

C’est à partir de 1952-1953 que l’aide des conseillers soviétiques porte tous ses fruits. Ils inspirent un système économique dans lequel la priorité est accordée à l’industrie. Pendant le premier plan quinquennal 1953-1957, 7 % seulement des investissements vont à l’agriculture dans un pays qui compte plus de 90 % de ruraux ! L’imitation frise parfois le ridicule, par exemple pour le trop grand barrage de Sanmen, sur le fleuve Jaune, qui causera une inondation !

Mais le principal est que les ingénieurs soviétiques mettent en place les bases de l’économie chinoise moderne. Ils rénovent notamment les quelques lignes de chemins de fer qui existent comme la grande ligne Pékin-Canton et font construire, en plus, l’essentiel des voies ferrées que la Chine possédera jusqu’à la fin des années 1970... Les grandes usines sidérurgiques, métallurgiques, chimiques et textiles du pays ont été installées par les spécialistes soviétiques dans les années 1950.

Dans ce modèle, la paysannerie n’a que deux fonctions majeures : nourrir le pays et financer son développement par un système de prix qui la défavorise. Elle est immédiatement enrégimentée sous le prétexte d’être libérée, fixée au sol et compartimentée.

L’H. : Rien à voir, donc, avec ce que l’on a pu décrire : un communisme qui marcherait « sur les deux jambes », l’industrie et l’agriculture.

J.-L. D. : C’est ce qu’ont prétendu quelques idéologues occidentaux dans les années 1960 et 1970. Cependant, dans le rapport ville-campagne en Chine, rien ne vient soutenir ces assertions. Bien au contraire. La prise du pouvoir n’a pas été une révolution paysanne. C’est une armée-parti, venue des villes, qui mobilise les paysans et prend ensuite les villes cf. Lucien Bianco, p. 76 . Certes, on partage la terre entre les paysans, mais la réforme agraire, lancée en 1950, et bientôt suivie par un processus de collectivisation, a d’abord pour but le ­contrôle de la population et le financement de l’industrialisation.

L’H. : Si la différence entre communismes soviétique et chinois ne se trouve pas dans le système économique, où faut-il la chercher ?

J.-L. D. : La grande différence entre la Chine et l’Union soviétique se trouve certainement dans la capacité de mobilisation de la population. Le système qui se met en place en Chine est, d’emblée, purement totalitaire. Les communistes chinois ont vraiment cherché à appliquer leur idéologie de transformation de l’homme ; celle-ci n’était, en URSS, qu’une clause de style, vide de sens et confiée à la police.

La volonté de créer un homme nouveau passe d’abord par les camps de «réforme par le travail». Ceux-ci sont mis en place par les communistes chinois dès leur arrivée au pouvoir, en partie avec l’aide des Soviétiques - et sur le modèle du Goulag cf. page de droite . Mais, contrairement à ce qui s’est passé en URSS, les camps devaient aussi permettre de créer un monde d’automates, de réaliser l’idéal d’une population à la fois docile et enthousiaste. Une population qui se dirige d’elle-même dans la direction que le pouvoir lui indique.

Tous les prisonniers sont donc soumis à un lavage de cerveau sans équivalent dans l’histoire. C’est ce que raconte Jean Pasqualini, un métis franco-chinois qui a été jeté en prion en 1958 à cause de ses origines et de sa profession. Il a fait l’objet, pendant sa détention, d’un tel conditionnement qu’il s’exprimait encore, quand je l’ai connu au début des années 1970, avec les termes de la propagande. Il raconte dans son livre comment, ayant été entraîné à la dénonciation et à l’autocritique, il a révélé avoir vu un gardien qui urinait contre un mur - c’était formellement interdit. Quelques mois après, le gardien se trouvait dans la même cellule que lui1...

En dehors des camps, le système a également mis en place une série de procédures de contrôle de la population. D’une façon ou d’une autre, plusieurs dizaines de millions de Chinois, considérés comme peu sûrs, sont ainsi surveillés quotidiennement. Tout ce système d’encadrement dans les villages, dans les quartiers, chapeauté par le comité local du parti, c’est quelque chose que les Chinois ont réalisé sur une très large échelle.

Malgré sa tension sans cesse relancée vers la perfection, l’horreur s’est rapidement ébréchée. L’efficacité du système de répression, comme l’efficacité du système politique, atteint son maximum au milieu des années 1950. Ensuite elle déclinera, avec des à-coups.

L’H. : Comment peut-on surveiller une population de 600 millions d’habitants ?

J.-L. D. : Comme toujours dans les systèmes totalitaires, l’efficacité du pouvoir dépend beaucoup de l’enthousiasme de la population et de la conviction des cadres. Au moins au début. Puis progressivement l’enthousiasme laisse place à la routine et la mobilisation des esprits à une police des gestes. En effet, la population était en gros d’accord pour un régime fort, qui envoie en prison les petits voleurs et les prostituées, mais elle n’était pas prête pour le socialisme et encore moins pour le communisme. D’où un long malentendu.

L’H. : Dans cette organisation totalitaire, est-ce que Mao contrôle tout ?

J.-L. D. : Selon une image convenue, Mao était un poète, un rêveur qui ne s’occupait pas de pouvoir, et qui, installé dans sa piscine à Zhongnanhai la partie du Palais impérial, à Pékin, où vivaient les dirigeants, lisait des auteurs antiques, et faisait des vers... En fait, d’après les sources récentes, Mao est un bureaucrate qui abat un travail effrayant ! Il voit tout, il relit tout, il donne son avis sur tout, et fond sur le ministre qui a cru pouvoir en prendre à son aise : par exemple, dans les années 1950, le patron de la Sécurité qui ne le met pas en copie de tout.

Ce que nous montrent aussi les sources nouvelles, c’est que le balancement que l’on croyait plus tardif chez Mao entre radicalisme et modération ainsi que sa manipulation des conflits de palais pour éliminer les dirigeants trop puissants se manifestent en fait dès la fin des années 1940. C’est ainsi qu’il faut interpréter une affaire peu connue et qui éclate en 1953-1954 : l’affaire Gao Gang.

L’H. : Qui est Gao Gang ?

J.-L. D. : Ce bellâtre amateur de femmes, dynamique, brillant, est à la fois un ancien de la guérilla et une étoile montante du parti. A ses côtés, ou plutôt parallèlement, on trouve un autre dirigeant prometteur, Rao Shushi, lui aussi expérimenté, original et brillant. Tous deux sont ambitieux et s’impatientent du monopole de l’entourage de Mao, tenu d’une main de fer par l’indispensable Zhou Enlai.

Cet entourage commence à encombrer Mao, qui se demande alors s’il ne va pas accorder sa confiance à de nouveaux dirigeants brillants comme Gao Gang et Rao Shushi. Ces deux hommes sentent l’occasion et, pour séduire le président, se dépêchent d’incarner une ligne favorable à l’accélération du passage au socialisme. Mais Mao ne va pas au bout de ses

sympathies. Vaguement conscient que le régime est trop jeune pour un changement aussi brutal, il se laisse convaincre que Gao Gang et Rao Shushi sont d’ignobles ambitieux. En échange d’une augmentation de son contrôle sur le gouvernement et de l’accord de tous pour avancer à 1953 la transition vers le socialisme, il charge alors le Comité central de liquider le «complot» et file se reposer dans le Sud. L’affaire est vite réglée, avec l’aide de Deng Xiaoping, qui fait là ses premières armes. Le comité central ­confirme, Gao Gang se suicide et Rao Shushi est embastillé.

Cet épisode est essentiel selon moi. Car c’est alors qu’apparaît la première faille entre Mao et l’équipe dont il se débarrassera douze ans plus tard, au moment de la Révolution culturelle. L’affaire Gao Gang est un des signes avant-coureurs des tentations autocratiques, radicales et utopiques de Mao. Dans les années suivantes, il comprend que le modèle soviétique est pétrifié et en partie inadapté au pays. Il se persuade que le régime chinois ne survivra que s’il se lance en avant, s’il conserve le sens de la révolution. C’est alors qu’apparaît l’expression de «révolution continue».

Cette conviction se trouve renforcée par la déstalinisation, qui séduit des intellectuels mais ne plaît pas du tout à Mao et son entourage. Pourquoi ? Parce que la déstalinisation peut viser le Staline chinois.

L’H. : Ce mouvement de radicalisation, comment se manifeste-t-il ?

J.-L. D. : À l’été 1955, le pouvoir généralise les coopératives sur le modèle des kolkhozes, ces fermes collectives imposées en URSS à partir de 1929. Ce projet de collectivisation des terres, qui signait la fin de la propriété privée, devait être achevé en une douzaine d’années : il est en fait réalisé en quelques mois. La population est mobilisée de manière incroyable : les comités du parti parcourent la campagne et contraignent les gens à manifester leur enthousiasme et à offrir aux coopératives une partie de leurs outils de travail, etc. Des grands travaux sont lancés, de petites usines apparaissent dans les campagnes. C’est la fin du petit capitalisme rural à chacun son lopin de terre. Et c’est aussi, dans les plus vastes de ces coopératives, l’esquisse des innovations utopiques qui s’imposeront avec le Grand Bond en avant. L’imitation de l’URSS ouvre sur une utopie proprement chinoise.

La lune de miel entre le régime et la population rurale est désormais terminée. Jusqu’à ce que Deng Xiaoping privatise l’agriculture, au début des années 1980, les paysans chinois ne travailleront plus que le minimum pour éviter la colère des cadres et se nourrir. D’où de très médiocres résultats économiques. En 1956, pour la première fois, la production agricole stagne. Des poches de famine apparaissent. A ce marasme social s’ajoute le vent qui vient de Moscou : au moment où le droit est donné de critiquer Staline, voilà que le camarade Mao n’a pas été parfait. Une crise larvée se fait jour au sommet du PCC.

L’H. : Ce sont ces critiques qui vont donner lieu à ce qu’on appelle la campagne «des Cent Fleurs», lancée par le pouvoir en 1957 ?

J.-L. D. : En effet. Cette campagne est un épisode étrange. Fin avril 1957, Mao Zedong appelle les intellectuels à donner leurs idées, à critiquer le régime, suivant la formule : «Que cent fleurs s’épanouissent, que cent écoles rivalisent.» L’initiative rencontre un tel succès que les critiques s’échauffent.

On s’est longtemps demandé si Mao était sincère ou s’il s’agissait d’un piège. Les documents disponibles donnent à penser que la vérité est au milieu. Mao paraît avoir d’abord voulu tirer la leçon de ce qui se passe en URSS avec la déstalinisation, en Pologne où éclatent des émeutes, en Hongrie avec la révolution de 1956. Pour éviter de tels mouvements en Chine, il laisse la population exprimer ses problèmes ; il décidera ensuite s’il faut réprimer ou réformer.

Très vite, le torrent de contestations et de critiques est tel que Mao choisit la répression, mais, avec un machiavélisme impavide, tient le piège ouvert encore quelque temps. Le mouvement est brutalement interrompu au début juin : 550 000 intellectuels seront envoyés dans des camps de travail ; les autres termineront leur carrière terrorisés. Cet épisode, qui devait réconcilier l’intelligentsia avec le régime, l’a finalement détachée définitivement de lui.

Ces années 1955-1957 sont donc une période pivot. Pendant les vingt années suivantes, toute l’histoire politique, économique et sociale chinoise sera marquée par une série de coups de barre à gauche suivis de moments plus ou moins longs d’accalmie. Mais d’accalmies dont un président de plus en plus nerveux interrompt le cours très vite. Car Mao impose un pouvoir de plus en plus tyrannique à ses collègues. Il se montre si violent contre Zhou Enlai qui avait osé critiquer en 1956 la mobilisation de 1955 que désormais ceux-ci hésiteront à faire connaître leurs craintes, et plus encore à se consulter entre eux.

L’H. : Parmi ces grandes campagnes de radicalisation du régime, il y a, en 1958, le Grand Bond en avant... Comment expliquer ce qui va tourner en une catastrophe économique et humaine ?

J.-L. D. : Cet épisode ne recèle plus guère de mystères. Il s’explique très largement par la nature du régime.

En 1956-1957, dans les campagnes, le marasme est total ; les villes souffrent quant à elles des effets du modèle stalinien une industrialisation peu adaptée à la situation chinoise ; tandis que, sur le plan politique, un vrai malaise s’exprime au sommet du parti. Comme dans beaucoup de régimes communistes, quand la situation est difficile, on propose une nouvelle avancée révolutionnaire : c’est ce que fait Mao Zedong. A partir de l’automne 1957, il charge ses hommes de main et ses collaborateurs immédiats de lancer dans un certain nombre de provinces une mobilisation destinée à faire tache d’huile : c’est le Grand Bond en avant, qui est imposé à l’ensemble du pays en mai 1958.

Il s’agit d’abord d’un mouvement productiviste sans précédent. Le pouvoir pose des objectifs économiques rapidement hors de portée : la production céréalière doit augmenter de 10 %, puis le mot d’ordre est de la doubler ; le slogan devient finalement qu’en cinq ans la Chine rejoigne l’Angleterre et en dix ans les États-Unis ! C’est l’époque où l’on construit des automobiles en bois, où des petites aciéries sont implantées dans les collines - en dépit de tout bon sens -, où les paysans doivent dormir dans les champs pour travailler davantage...

Les coopératives sont remplacées par des communes populaires, une forme plus poussée de collectivisation sur une échelle beaucoup plus large. Celles-ci constituent un instrument de militarisation de la production, puisque aussi bien la Chine est en guerre contre la nature. La population chinoise est manoeuvrée comme une immense armée de travailleurs, hommes, femmes et enfants confondus.

La limite est atteinte lorsque l’ordre est donné de construire des cantines et des dortoirs séparés pour les hommes, les femmes et les enfants. Il sera vite abandonné. En Chine, on ne touche pas à la famille si on veut se maintenir au pouvoir.

L’H. : Quel est le bilan du Grand Bond en avant ?

J.-L. D. : C’est une catastrophe à la mesure de l’ambition du projet et de l’épuisement de la population. Dès 1958 commence une immense famine.

Le Grand Bond en avant a été une entreprise absurde de bout en bout. L’industrialisation des campagnes a ­conduit à des gaspillages énormes, notamment en matières premières. Seule une partie infime de l’acier produit dans les campagnes était utilisable, tant sa qualité était médiocre. Et la surproduction entraînait des embouteillages dans les transports : au confluent entre les deux grands axes ferroviaires nord-sud et est-ouest, il fallait un mois et demi pour que les trains passent ; les céréales pourrissaient sur place...

Le pire pour les paysans est que là où les productions n’augmentaient que de 4 à 5 % - ce qui n’était déjà pas si mal -, on annonçait des croissances de 100 %, voire 150 %. Or les achats forcés de produits agricoles par l’État étaient fixés en fonction des productions déclarées : la tragédie était dès lors programmée dans de nombreux villages.

Résultat : dès le courant de 1958, la disette s’étend, et parfois la famine. Des maladies comme l’hydropisie apparaissent, des épidémies se répandent. A tout cela s’ajoutent des inondations dans le Sud et une sécheresse épouvantable dans le Nord. Si bien que, jusqu’en 1962, la Chine se débat dans une misère effroyable cf. ci-dessus . Le cannibalisme et l’anthropophagie réapparaissent. Un Chinois d’outre-mer en visite en Chine découvre un ongle humain dans un petit pain à la vapeur... Les paysans mangent des racines pendant que, dans les villes, les ersatz sont généralisés.

L’H. : Comment la population a-t-elle réagi ?

J.-L. D. : Il y a eu de nombreuses révoltes, toutes parcellaires, mais en général dirigées ou autorisées par des cadres locaux qui défendaient leurs ouailles contre la mort : on connaît de nombreux cas de greniers dévalisés par des hordes de gueux épuisés accompagnées de leurs chefs. Atterrés, les responsables centraux et provinciaux réagissent souvent avec intelligence et souplesse, allouant des secours là où la situation est la plus difficile, fusillant parfois des boucs émissaires, et aidant les autorités locales à développer des solutions temporaires. Mais certaines autorités provinciales ont laissé mourir des villages entiers. La survie du régime s’est jouée dans ces moments où l’encadrement de base pliait sans se rompre.

L’H. : Comment sort-on d’une telle catastrophe ?

J.-L. D. : D’abord en attendant que le temps passe. En clair, la production céréalière diminue d’environ 20 %. La crise dans l’industrie est également très grave, d’autant que les Soviétiques, exaspérés par les critiques chinoises, retirent leur aide. La rupture avec l’URSS est définitive en 1960.

En 1961-1962, le pouvoir est obligé de faire à nouveau une place au marché privé, et d’autoriser les paysans à cultiver un lopin de terre, tandis que le commerce rural est relancé. Les cadres communistes les plus gauchistes sont écartés.

Après avoir tardé à comprendre ce qui se passait alors que des informations filtraient de partout, c’est un point que confirment les sources récentes, tous les dirigeants, en particulier Liu Shaoqi et Zhou Enlai, font une autocritique publique. Celle de Mao est incomplète et contrainte... De son côté, Deng Xiaoping, le secrétaire général du parti, mène désormais une activité plus que pragmatique, presque cynique : tout est bon pour relever l’économie. Sans s’opposer, il prend ses distances avec l’approche à la fois tyrannique et idéologique du patron.

De fait, le parti est épuisé. Quand Mao tente en 1962 de relancer la vapeur idéologique par le Mouvement d’éducation socialiste, l’appareil rechigne et ergote. Alors Mao s’énerve... Il supporte de plus en plus difficilement les dirigeants qui l’entourent, en particulier Liu Shaoqi, qui ont été les témoins de ses erreurs. Et il se décide progressivement à éliminer sa garde rapprochée.

L’H. : Cette volonté d’éliminer la vieille garde, c’est ce qui conduit Mao à lancer le pays dans la Révolution culturelle ?

J.-L. D. : Qu’est-ce qui décide Mao à déclencher la Révolution culturelle ? La question n’est pas tranchée, mais les sources montrent clairement l’agacement à la fois idéologique et personnel de Mao à l’égard de l’appareil central du parti.

Elles insistent aussi sur le complot ourdi par deux personnages : Jiang Qing, la femme de Mao, une actrice du Shanghai des années 1930, et son ancien protecteur, Kang Sheng, que ses excès durant les années 1940 avaient isolé. Pendant que le Mouvement d’éducation socialiste s’ensable dans des querelles obscures, avec l’aide de quelques affidés comme Chen Boda et Wang Li, ils montent une série d’escarmouches littéraires et philosophiques. Celles-ci finissent par convaincre le président qu’il est trahi par des bureaucrates révisionnistes : Peng Zhen, Liu Shaoqi, Deng Xiaoping - Zhou Enlai réussira à louvoyer entre modération et alliance avec l’extrême gauche maoïste.

À l’automne 1965 commence la grande «révélation» : diverses affaires font apparaître la trahison de la mairie de Pékin, puis des principaux départements centraux du PCC. Le concept de Révolution culturelle est mis en avant : il faut faire une révolution à partir du secteur de la culture. Mais, en fait, il s’agit d’une révolution de palais, d’une bataille pour le pouvoir dont désormais Mao veut jouir sans partage, et dont d’autres ­convoitent de plus en plus la succession.

L’H. : Mais la Révolution culturelle, c’est aussi une incroyable mobilisation de la population...

J.-L. D. : Cette mobilisation est l’instrument de l’offensive. Durant l’été 1966, les écoliers et étudiants deviennent les Gardes rouges. Encadrés par l’armée, ils sont lancés à l’assaut de tous les pouvoir établis, brûlent des livres, humilient les intellectuels. Les hommes en place sont brutalisés, sont contraints à des autocritiques, se suicident... Liu Shaoqi mourra dans un cachot en novembre 1969 ; Deng Xiaoping est exilé, son fils défenestré il restera infirme. Des familles entières sont emprisonnées. Les grandes villes sont paralysées par les grèves et les combats de rue.

Les pouvoirs en place sont remplacés à partir de l’été 1967 par les comités révolutionnaires. Dans cette nouvelle épine dorsale du régime, l’armée joue le rôle majeur. Au sommet, c’est la victoire de l’aile gauche du parti : Jiang Qing, le maréchal Lin Biao, désormais héritier présomptif et nouvel homme fort, et Chen Boda, l’ancien secrétaire de Mao.

C’est ainsi qu’on peut raconter l’histoire superficiellement. Mais ce que nous apprennent de nouveaux éléments, c’est qu’au moment même où le monde entier croit que le communisme chinois a trouvé son continuateur en la personne de Lin Biao, à qui Chen Boda se rallie, l’élimination politique du maréchal a déjà ­commencé. Jiang Qing et Zhou Enlai réussissent à mettre en évidence l’ambition de Lin Biao. Celui-ci a-t-il comploté ? Les dénonciations de la propagande ne sont pas convaincantes. En revanche, son fils a probablement imaginé de bombarder le train du président. Le 12 septembre 1971, Mao rentre en catastrophe à Pékin dans une telle fureur que la panique saisit Lin Biao.

Incroyable : ce maréchal qui a connu tous les dangers, qui a contribué à inventer la guérilla, est devenu un opiomane maniaque entouré d’une bande de lâches, d’une femme hystérique et d’enfants qui se disputent. Habilement taraudé par Zhou Enlai, il prend peur et fuit vers la frontière la plus proche, celle de l’Union soviétique. Tout se passe comme dans un film. Affolé, Lin Biao monte avec son entourage à bord d’un avion, revolver au point, et somme le pilote de décoller avant que le plein de kérosène soit achevé. Bientôt, les réservoirs sont vides, l’avion rate son atterrissage forcé et s’écrase en Mongolie... Cet épisode ouvre l’agonie de la Révolution culturelle et du règne de Mao.

L’H. : Quel est le bilan humain de la Révolution culturelle ?

J.-L. D. : On estime que la Révolution culturelle a causé entre 1 et 4 millions de morts. Mais on évalue à 100 millions le nombre de ceux qui ont été estropiés, martyrisés, maltraités, humiliés. Cela veut dire un Chinois sur huit, c’est-à-dire un adulte sur deux...

Et le régime a franchi la ligne blanche en s’en prenant aux familles : pendant la Révolution culturelle, beaucoup de couples ont été séparés, beaucoup d’enfants éloignés de leurs parents ; en tout, une bonne moitié de la population a été atteinte d’une façon ou d’une autre dans sa famille. Crime impardonnable dans ce vieux pays confucéen*...

De 1966 jusqu’à la mort de Mao, malgré quelques campagnes productivistes, le marasme s’installe, en partie aussi car la démographie explose. Le pays est juste assez riche pour nourrir à peu près sa population et pour construire des armes. Sur le plan politique, la conséquence de la Révolution culturelle est l’effondrement de l’idéal maoïste d’une révolution continuée, sans cesse relancée : car chacun peut voir que le résultat est : plus de répression et plus de privations.

On peut, pour résumer, dire que si l’échec du Grand Bond en avant a frappé le communisme au ventre, celui de la Révolution culturelle l’a frappé à la tête. Il l’a ridiculisé et a menacé sa légitimité.

L’H. : Comment ce maoïsme disparaît-il ?

J.-L. D. : Dans une atmosphère de complots permanents. La Révolution culturelle a compromis une bonne partie de ses animateurs initiaux. Ainsi s’ouvre un espace pour des personnalités plus modérées. Elles sont regroupées autour de Zhou Enlai. C’est un personnage incroyable : fils de famille devenu étudiant nationaliste à la fin des années 1910 ; puis cadre du petit PCC naissant, agitateur stalinien et l’homme des basses oeuvres à Shanghai ; guérillero antimaoïste des années 1934-1935, il n’a vraiment cessé de jouer contre Mao qu’au début des années 1940 pour devenir ensuite, avec quelques éclairs de courage, l’indispensable collaborateur, à la fois Premier ministre, ministre des Affaires étrangères, chef de cabinet, simple courtisan et comploteur aux moments clés.

Après avoir réussi à survivre aux torrents de la Révolution culturelle, Zhou joue son va-tout en 1972. Il lance une critique de l’ultra-gauche, rationalise la politique économique et ouvre la Chine sur le monde. De fait, celle-ci entre à l’ONU en 1971. L’année suivante, le président américain Nixon se rend en Chine. Le pays renoue avec l’Occident.

Mais Zhou Enlai découvre qu’il est atteint d’un cancer. Jiang Qing et ses affidés l’apprennent et déclenchent une offensive à laquelle Mao se prête, jaloux des succès internationaux de son collaborateur. Zhou Enlai, que l’on empêche de se soigner, se trouve dans des difficultés politiques croissantes, d’autant qu’en 1973-1974 l’aile gauche tente de relancer la Révolution culturelle ; c’est la «critique de Lin Biao et Confucius».

Aussi, à la fin 1974, Zhou passe le flambeau à Deng Xiaoping, qui impose un programme de rationalisation. L’espoir renaît d’un retour à l’ordre et au réalisme. Mais, à la fin de 1975, Jiang Qing retrouve l’écoute de Mao et élimine Deng... Les neuf derniers mois avant la mort du Grand Timonier, en septembre 1976, et avant l’élimination de la Bande des quatre en octobre, voient une relance délirante de l’agitation dans un pays épuisé physiquement et psychologiquement.

L’H. : Peut-on conclure de tout cela que le maoïsme a constitué un des régimes les plus délirants que le XXe siècle ait produits ?

J.-L. D. : Probablement, oui. Et les Chinois ont souffert abominablement. Ils ont souffert de la faim et du froid. Ils ont souffert de leurs espoirs déçus - parce qu’ils ont beaucoup espéré dans les premières années. Ils ont souffert également d’humiliation - parce que le maoïsme n’a pas été seulement un pouvoir sur les corps mais également sur les esprits.

Pourtant, il y a eu des variations chronologiques et locales. Bien des cadres locaux ont cherché à soulager les populations, des habitudes aussi se sont prises. Bien souvent, l’horreur du totalitarisme a été quelque peu étouffée par le désir commun de survivre et de s’en sortir.

A mon avis, on ne comprend pas la violence avec laquelle cette société s’est jetée, après 1978, dans un développement brutal et inégal si on ne tient pas compte du sentiment, largement partagé, que l’on a trop longtemps souffert, qu’il faut créer l’irréversible. Au fond, l’idée d’une sorte de deuxième Grand Bond pour que les horreurs du temps de Mao ne soient plus possibles.

Propos recueillis par L’Histoire.

Par Jean-Luc Domenach

source

Jean-Luc Domenach
Jean-Luc Domenach, sinologue

 

 

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6 mai 2016

l'humanisme de la Renaissance

Vénus Botticelli et Pic de la Mirandole

 

Simonetta Vespucci

 

l'humanisme de la Renaissance

XVe - XVIe siècle

 

 

1) définitions

 

humanisme titre (1)

  • un mouvement intellectuel qui a transformé la vision du monde et de l'homme en plaçant celui-ci au centre de la vie terrestre.
  • une approche nouvelle de l'héritage de l'Antiquité qui refuse les interprétations et déformations de la scolastique (pensée religieuse des universités médiévales).
  • une discussion critique et historique des documents du passé, notamment à partir de l'étude (philologie historique) des langues latine, grecque et hébraïque ; on appelle cela le libre examen. Les penseurs de l'Antiquité ne sont plus des autorités (auctoritas) mais des auteurs (auctor).
  • une refonte des conceptions de la pédagogie (école et programmes).
  • dans le domaine de la peinture et de la sculpture, l'humanisme s'exprime par la priorité du sujet humain et par le naturalisme fondé sur l'étude scientifique du monde extérieur au moyen de deux nouvelles armes : la perspective et l'anatomie.

 

humanisme titre (2)

  • il n'est pas une doctrine, mais un mouvement divers dont les auteurs sont réunis par l'usage d'une langue commune à toute l'Europe savante : le latin.
  • il n'est pas anti-religieux ni anti-chrétien, même si il célèbre les mérites de la civilisation païenne.
  • il n'est pas une vision du monde partagée par tous les éléments des sociétés d'Europe, mais seulement par une élite de la fortune et de l'esprit. Les mentalités populaires n'ont pas été affectées par lui.
  • il n'a pas effacé les autres expressions intellectuelles et artistiques issues du Moyen Âge qui ont coexisté avec lui.
  • il n'est pas une transformation profonde des structures économiques et sociales. Aucune renaissance ne s'est accomplie dans la vie économique ni dans les institutions politiques.

 

D'une manière générale, la Renaissance ne se confond pas avec les XVe et XVIe siècles, mais se définit par l'humanisme qui est l'exaltation de l'individu ; pas de n'importe quel humain mais des membres d'aristocraties de la fortune et du savoir.

La Renaissance est donc la face culturelle de la domination des aristocraties. Mais elle a apporté à toute l'humanité.

 

Ghirlandaio les humanistes Ficin, Landino, Politien et Gentile Becci
Domenico Ghirlandaio, détail de l'Annonciation... (1485-1490), avec quatre humanistes :
de g. à d., Marsile Ficin, Cristoforo Landino, Ange Politien et Gentile Becchi

 

 

2) du Moyen Âge à la Renaissance 

 

Pour les hommes du Moyen Âge, deux institutions ont longtemps semblé constituer l'horizon de leur vie : l'Église et l'Empire. Mais des crises internes ont divisé la Papauté et l'Empire qui ont perdu leur crédibilité.

Un nouveau pouvoir a émergé : la force intellectuelle des humanistes avec qui les empereurs, rois et papes doivent composer.

Dans ce contexte, trois découvertes ont élargi le champ des esprits cultivés :

  • la découverte des livres (scoprimento di libri) ;
  • la découverte de l'Antiquité (scoprimento d'Antichità) ;
  • la découverte de l'Amérique (scoprimento dell' America).

Mais les hommes du temps de ces découvertes sont en partie restés ce qu'ils étaient : des médiévaux. La rupture entre le Moyen Âge et la Renaissance n'est pas une frontière nette. Les cultures ont coexisté.

La culture du Moyen Âge se caractérisait par :

  • l'art gothique ;
  • l'idéal de la chevalerie ;
  • la philosophie scolastique.

Ces trois composantes sont nées en France et l'apogée du Moyen Âge a été une époque d'hégémonie culturelle française en Europe. Ces formes ont perduré au XVe et jusqu'au XVIIe siècle.

Mais, à la Renaissance, elle ont perdu leur monopole et ont dû rivaliser avec des principes et des styles, issus du monde antique, apparus en Italie.

Pourquoi en Italie ?

  • parce que les modèles français avaient moins pénétré que dans d'autres régions d'Europe ;
  • parce que la scolastique était arrivée tard et que dans les universités italiennes, on enseignait surtout le droit, les arts et la médecine ;
  • parce que les cités italiennes étaient autonomes avec une culture laïque et non ecclésiastique.

 

Leonardo Bruni
Leonardo Bruni (1370-1444)

 

L'étude des langues anciennes et des textes de l'Antiquité était liée aux notions de vertu, d'amour du prochain. On leur donnait le nom latin d'humaniores litterae (les lettres qui nous rendent plus humains) ou de studia humanitatis (lettres humaines), d'où le nom d'humanistes (humanistas, en latin ; umanista, en italien).

Le vocable humanisme n'est apparu qu'au milieu du XIXe siècle.

 

humanisme citations (2)

 

Donc, on passe de l'humain à l'homme quand on revêt l'humanitas dans la pratiques des belles-lettres ou des studia humanitatis..

 

 

3) cartes

 

Italie après 1454
l'Italie après la paix de Lodi (1454) entre les grandes cités du Nord

 

Italie en 1494
l'Italie, ou "les Italie", en 1494

 

foyers humanisme italien
les foyers de l'humanisme en Italie au XVe siècle

 

Italie artiste (1)
l'Italie artiste au XVe siècle

 

berceau et foyers Renaissance
berceau et foyers de la Renaissance

 

foyers humanisme en Europe
les quatre foyers de la Renaissance en Europe : Italie, France, Allemagne, Flandre

 

foyers humanisme européens
les quatre foyers de la Renaissance en Europe : Italie, France, Allemagne, Flandre

 

 

 

4) les précurseurs en Italie

 

Diapositive1

 

 

5) les humanistes en Italie au XVe siècle

 

humanistes en Italie XVe siècle

 

 

 

6) les humanistes conseillers du Prince : début du XVIe siècle

 

humanistes conseillers du Prince tableau

 

 

 

7) les premiers humanistes en France : XVe-XVIe siècle

 

premiers humanistes en France tableau à compléter

 

 

8) les poètes humanistes en France : XVe-XVIe siècle

 

poètes humanistes France (1) tableau

 

 

poètes humanistes France (2)

 

 

 

Joachim du Bellay

 

 

 

________________

 

 

 

uomo vitruviano
le symbole de l'humanisme : l'Homme de Vitruve par Léonard de Vinci

 

 

 

bibliographie

  • Érasme et l'Espagne, Marcel Bataillon, (1937-1991), Droz, 1998.
  • L'humanisme italien, Eugenio Garin, (1947), Albin Michel, 2005.
  • La théorie des arts en Italie, 1450-1600, Anthony Blunt, (1940-1956), "idées/arts", Gallimard, 1966.
  • L'homme de la Renaissance, Eugenio Garin, (1988), Seuil, 2002.
  • La civilisation de l'Europe à la Renaissance, John Hale, (1993), éd. Tempus/perrin, 2003.
  • L'humanisme. L'Europe de la Renaissance, André Chastel et Robert Klein, (1963), éd. Skira, 1995.
  • La civilisation de la Renaissance, Jean Delumeau, Arthaud, 1984.
  • L'origine de la perspective, Hubert Damisch, (1987), "Champs arts", Flammarion, 2012.
  • La révolution culturelle dans la France des humanistes. Guillaumé Budé et François 1er, Gilbert Gadoffre, Droz, 1997.
  • La Renaissance européenne, Peter Burke, Seuil, 2002.
  • La Renaissance, 1470-1560, Christian Hermann, Éditions du Temps, 2002.
  • Anthologie des humanistes européens de la Renaissance, édition de Jean-Claude Margolin, Folio classique, 2007.

 

Garin couv

 

 

Michel Renard
professeur d'histoire
au lycée de Saint-Chamond

* travail en cours de rédaction

 

 

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30 avril 2016

le patrimoine industriel de Saint-Chamond à la démolition

Halle 6 samedi 30 avril 2016 (27)

 

 

Génération acier

à la mémoire des ouvriers

des Aciéries de la Marine de Saint-Chamond

 

 

 

 

Halle 6 samedi 30 avril 2016 (23)
l'espace central de la Halle n°6 en cours de démolition, le 30 avril 2016

 

 

visite sur le terrain
30 avril 2016
Michel Renard
professeur d'histoire

 

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23 avril 2016

l'abbaye cistercienne de Fontenay

cloître Fontenay travée méridionale début XXe siècle
travée méridionale du cloître de Fontenay, photo L. Bégule (1848-1935), BnF Gallica

 

 

le cloître de l'abbaye

cistercienne de Fontenay

 

 

 

travaux d'élèves de 2e (2016)

 

cloître Fontenay
image du manuel d'histoire dont les élèves devaient réaliser
une représentation graphique du premier plan

 

 

cloître Fontenay par Chloé 2e7 en 2016
dessin de Chloé Poutch, élève de 2e7 en 2016

 

cloître Fontenay Asya 2e6
dessin d'Asy Calaka, élève de 2e6 en 2016

 

cloître Fontenay par Alexandre 2e7 en 2016
dessin d'Alexandre Henri-Martin, élève de 2e7 en 2016

 

cloître Fontenay par Émily 2e7 en 2016
dessin de Émily Fazio, élève de 2e7 en 2016

 

cloître Fontenay par Leelou 2e7 en 2016
dessin de Leelou Prades, élève de 2e7 en 2016

 

 

commentaires critiques

 

Fontenay Facebook (1)

Fontenay Facebook (2)

Adrien Assous est un dessinateur de talent habitant la région parisienne.

 

 

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21 avril 2016

iconographie du suffrage universel

Alfred Bramtot 1891
Alfred Bramtot, un bureau de vote, 1891, musée de la mairie des Lilas

 

 

 iconographie du suffrage universel

 

 

 

 

1) Le suffrage universel, 1870

 

suffrage universel allégorie (2)
Le suffrage universel, 1870, musée Carnavalet, Paris

 

commentaire

Introduction

Le tableau Le suffrage universel est une oeuvre anonyme, conservée au musée Carnavalet à Paris. Il date de 1870 ou, plus vraisemblablement, de 1871.

Il s'agit d'une allégorie du suffrage universel conçu comme le fruit d'une conquête commencée en 1789 et aboutissant en 1870, sous le double parrainage de Mirabeau et de Gambetta.

Il est visible que la reproduction ne couvre pas la totalité de l'image d'origine. En effet, les bordures latérales ont été rognées : les cadres verticaux sur chacun des côtés sont dépourvus de leur pourtour extérieur. Le haut du tableau semble également avoir été privé de la partie supérieure de l'arc reposant sur les piedroits latéraux.

 

Contexte

La date de 1870, inscrite à droite, indique que l'oeuvre est postérieure à la chute de l'Empire et au renversement de Napoléon III : 4 septembre 1870.

La mention de Gambetta, ministre de l'Intérieur du Gouvernement de Défense nationale de septembre 1870 au 6 février 1871, connu pour l'ardeur de son action dans la guerre continuée contre la Prusse, précise la datation.

La France est dans une situation difficile et instable, son territoire occupé, une province majoritairement monarchiste et hostile à la guerre aux élections de février, le peuple de Paris entré en révolution (Commune de Paris de mars à mai 1871).

Le tableau offre, au contraire, une image de stabilité et d'optimisme.

 

Analyse de la composition

Le tableau est la mise en scène de l'allégorie du suffrage universel (le nom est gravé sur le socle) positionnée dans l'encart d'un passage lumineux lui-même délimité par de solides piedroits surmontés d'un arc en plein cintre. Le tout repose sur un socle. Les attributs sont juxtaposés au personnage.

 

composition géométrique (0)
composition et éléments

 

Les lignes de force de la scène combinent des axes verticaux/horizontaux et des axes obliques créant l'unité et l'harmonie de la perception visuelle.

 

composition géométrique (3)
axes verticaux/horizontaux et axes obliques

 

Les lignes verticales et horizontales forment une structure inspirant un sentiment de solidité et d'équilibre. Le suffrage universel repose sur un socle puissant et inébranlable. Il est flanqué de deux larges piliers représentant le temps (de 1789 à 1870) et les idées (honneur et patrie).

 

composition géométrique (1)
composition géométrique : structure des lignes verticales et horizontales

 

Les lignes obliquent élargissent le champ en lui donnant un horizon imaginaire fuyant.

ouvrent...

 

composition géométrique (2)
position des axes obliques

 

 

Analyse de la thématique

 

 

suffrage universel allégorie détail (1)
Le suffrage universel, 1870, détail : couronne royale et chaînes foulées au pied

 

suffrage universel allégorie détail (2)
Le suffrage universel, 1870, détail : tables de la Constitution, niveau et ruche

 

suffrage universel allégorie détail (3)
Le suffrage universel, 1870, détail : faisceau de licteur à feuilles de chêne, et rameaux d'olivier

 

suffrage universel allégorie détail (5)
Le suffrage universel, 1870, détail : Mirabeau, honneur

 

suffrage universel allégorie détail (4)
Le suffrage universel, 1870, détail : Gambetta, patrie

 

 

- Pourquoi les dates de 1789, 1830, 1848 et 1879 ? Que signifient-elles ?

- Pourquoi les effigies de Mirabeau et de Gambetta ? À quel rôle particulier est-il fait allusion ?

 

 

*  à terminer

 

 

 

 

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19 avril 2016

nouvelles images du Moyen Âge

images Languedoc-Roussillon MA (1)

 

 

nouvelles images du Moyen Âge

 

Dans le Languedoc-Roussillon, les plafonds peints de grandes demeures médiévales sont tirés de l'oubli, voire sauvés de la destruction, grâce à une poignée d'historiens. En marge des manuscrits et de l'architecture, jusqu'alors principales références du Moyen Âge,  elles apportent un regard neuf sur la vie quotidienne à la fin du XVe siècle, avec des citadins qui semblaient beaucoup aimer s'entourer d'images...

source (1) et source (2)

 


Nouvelles images du Moyen Age par CNRS

 

 

images Languedoc-Roussillon MA (2)

 

images Languedoc-Roussillon MA (3)

 

images Languedoc-Roussillon MA (4)

 

images Languedoc-Roussillon MA (5)

 

images Languedoc-Roussillon MA (7)

 

 

images Languedoc-Roussillon MA (6)

 

images Languedoc-Roussillon MA (8)

 

images Languedoc-Roussillon MA (9)

 

images Languedoc-Roussillon MA (10)

 

images Languedoc-Roussillon MA (11)

 

images Languedoc-Roussillon MA (12)

 

 

 

 

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10 avril 2016

cartes en relief

 

 

 

 

cartes en relief

 

 

Europe, Afr Nord et Moyen-Orient en relief
Europe, Nord de l'Afrique et Moyen-Orient

 

Pyrénées en relief
entre France et Espagne : les Pyrénées, en relief

 

Vosges en relief
les Vosges, en relief, 1915

 

Aubrac
l'Aubrac (Massif Central), en relief

 

 

 

 

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