Le film "Ridicule" (1996)
"Ridicule"
Les vices sont sans conséquence, le ridicule tue !
film de Patrice LECONTE (1996)
Première scène : une ancienne humiliation vengée par une autre humiliation
Monsieur de Milletail : Vous vous souvenez de moi, messire... Cherchez bien. Ai-je donc tellement changé moi aussi ? Le marquis de... Patatras... Ah... ça y est, vous y êtes... oui, j'étais tombé lors d'un bal en dansant. Patatras ! Comme c'est piquant. Je ne m'en suis jamais relevé. Où est-il votre bel esprit ? Envolé ? Quelle perte fâcheuse pour les salons.
- J'ai vu bien des pays depuis... oh... avec des mœurs plus rudes... Pourtant, je n'ai jamais cessé d'y penser... Mais je sens que je vous fatigue, monsieur.
[il s'éloigne du vieillard assis et se dirige vers la porte. Il croise la servante]
- Je vais attendre madame de Blayac au salon et laisser monsieur se reposer.
La servante : Je vous ai annoncé. Elle est à sa toilette.
Monsieur de Milletail : J'ai peur que dans sa joie, monsieur de Blayac ne se soit oublié.
L'arrivée de Grégoire au château de M. de Blayac
Grégoire Ponceludon de Malavoy : Pardon messieurs, c'est la maison de monsieur de Blayac ?
Monsieur de Milletail : Vous êtes un de ses proches ?
Grégoire : J'ai une lettre de recommandation pour monsieur de Blayac.
Monsieur de Milletail : Vous tombez bien. Il reçoit en ce moment même.
Monsieur de Bellegarde : Vous le reconnaîtrez facilement à sa veuve. Adieu, monsieur.
[mouvement - Grégoire fait la file pour saluer madame de Blayac, la veuve. On voit ses souliers poussiéreux]
Grégoire : J'ai fait le voyage depuis le pays de Dombes.
L'abbé de Vilecourt : C'est votre premier séjour à Versailles ?
Grégoire : J'y ai vu le jour par hasard, au cours d'un voyage...
L'abbé de Vilecourt : Ah! Courtisan de naissance...
Grégoire : On peut naître dans une écurie sans se croire cheval.
Sur la pelouse à Versailles
Monsieur de Bellegarde : Vos premières armes, monsieur, peuvent nous donner quelque espoir.
Grégoire : Ce méchant petit abbé est un intime de la reine et je m'en suis fait un ennemi...
Monsieur de Bellegarde : C'est le bel esprit qui ouvre les portes... et vous n'en êtes pas dépourvu.
Grégoire : Qui se soucie du pays de Dombes ?
Monsieur de Bellegarde : Ah ! Personne d'autre que vous, ça bien sûr ! Mais, patience. Si la Cour s'intéresse à votre personne, alors le pays de Dombes aura ses entrées à Versailles.
Grégoire : J'ai dépensé en une semaine de quoi vivre un an chez moi.
Monsieur de Bellegarde : Si l'inconfort ne vous fait pas peur, je peux vous assurer du gîte. Mon devoir était de vous décourager, mais si vous passez outre, il est de vous aider.
Grégoire : Pourquoi faites-vous cela, monsieur ?
Monsieur de Bellegarde : La droiture et le bel esprit sont rarement réunis.
Fanny Ardant, Jean Rochefort et Patrice Leconte