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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois

17 juin 2008

corrigé Bac Histoire juin 2008 - série S

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corrigé du Baccalauréat Histoire

série S épreuve du 17 juin 2008

sujet III - étude d'un ensemble documentaire


*** message en cours de rédaction


sujet

La colonisation et le système colonial français entre le milieu du XIXe siècle et la fin des années 1930 : quelles caractéristiques ?

Liste des documents :

document 1 : Jules Ferry et la politique coloniale française
document 2 : L'empire colonial français entre les deux guerres (1919-1939)
document 3 : Le commerce entre la France et son empire colonial
document 4 : Affiche du PCF en réaction à la célébration du centenaire de la conquête de l'Algérie
document 5 : Maurice Viollette explique son projet de loi dans la presse

première partie

Analysez l'ensemble documentaire en répondant aux question suivants :

1. Quels sont les arguments de Jules Ferry pour défendre la politique coloniale de la France à l'époque (document 1) ?
2. À l'aide du document 2, présentez et expliquez la diversité des modes d'administration de l'empire colonial français en 1939.
3. À partir des documents 3 et 4, présentez la dimension économique de la colonisation.
4. Quelle politique défend Maurice Viollette et pour quelles raisons (document 5) ?
5. Quelles attitudes différentes envers les peuples colonisés apparaissent* dans les documents 1, 4 et 5.

deuxième partie

À l'aide des réponses aux questions, des informations contenues dans les documents et de vos connaissances, rédigez une réponse organisée au sujet :

La colonisation et le système colonial français entre le milieu du XIXe siècle et la fin des années 1930 : quelles caractéristiques ?

* Il aurait fallu, pour respecter la tournure interrogative, écrire : ... apparaissent-elles (...!) MR


documents

document 1 : Jules Ferry et la politique coloniale française

Il y a, je crois, quelque intérêt à résumer et à condenser, sous forme d'arguments, les principes, les mobiles, les intérêts divers qui justifient la politique d'expansion coloniale. (...) Je disais qu'on pouvait rattacher ce système à trois ordres d'idées : à des idées économiques, à des idées de civilisation de la plus haute portée et à des idées d'ordre politique et patriotique.

Sur le terrain économique, je me suis permis de placer devant vous, en les appuyant de quelques chiffres, les considérations qui justifient la politique d'expansion coloniale au point de vue de ce besoin de plus en plus impérieusement senti par les populations industrielles de l'Europe et particulièrement de notre riche et laborieux pays de France, le besoin de débouchés. (...)

Messieurs, il y a un second point, un second ordre d’idées que je dois également aborder, le plus rapidement possible, croyez-le bien : c'est le côté humanitaire et civilisateur de la question.* Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures...* Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit, parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures. (...)

Un troisième, plus délicat, plus grave, et sur lequel je vous demande la permission de m'expliquer en toute franchise. C’est le côté politique de la question.* Il faut que notre pays se mette en mesure de faire ce que font tous les autres, et, puisque la politique d'expansion coloniale est le mobile général qui emporte à l'heure qu'il est toutes les puissances européennes, il faut qu'il en prenne son parti, autrement il arrivera... Oh ! pas à nous qui ne verrons pas ces choses, mais à  nos fils et à nos petits-fils ! il arrivera ce qui est advenu à d’autres nations qui ont joué un très grand rôle il y a trois siècles, et qui se trouvent aujourd'hui, quelque puissantes, quelque grandes qu'elles aient été, descendues au troisième ou au quatrième rang.* 

Quand vous direz à vos électeurs : «Voilà ce que nous avons voulu faire» soyez tranquilles, vos électeurs vous entendront, et le pays sera avec vous, car la France n’a jamais tenu rigueur à ceux qui ont voulu sa grandeur matérielle, morale et intellectuelle.

Discours prononcé par Jules Ferry (1), à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885.

(1) Jules Ferry (1832-1893) a été président du Conseil et ministre des affaires étrangères de 1883 à mars 1885.

* coupure dans le texte non mentionnée comme telle dans cet extrait (MR)


document 2 : L'empire colonial français entre les deux guerres (1919-1939)

doc_2_planisph_re
[cliquer sur l'image pour l'agrandir]


document 3 : Le commerce entre la France et son empire colonial

doc_3_tableau
[cliquer sur l'image pour l'agrandir] cf. livre de Jacques Marseille, p. 54-55


document 4 : Affiche du PCF en réaction à la célébration du centenaire de la conquête de l'Algérie

affiche_PCF_et_CGTU
source : affiche du Parti communiste et de la CGTU
(Confédération générale du travail unifiée), 1930


document 5 : Maurice Viollette explique son projet de loi dans la presse

En 1937, Maurice Viollette, ancien gouverneur général d'Algérie, ministre du Front populaire, présente un projet de loi sur l'Algérie. Il propose d'accorder le droit de vote à un nombre restreint de musulmans appartenant à l'élite francisée. Face à l'opposition des colons d'Algérie, Maurice Viollette explique son projet dans la presse nationale.

(...) À la vérité,  les colons ont exprimé des idées bien inquiétantes : elles valent l'attention de tous les hommes de bonne foi et de tous les bons Français. "Nous avons, disent-ils en gros, la souveraineté en Algérie ; nous ne voulons pas la partager, nous voulons la conserver pour nous seuls. Des concessions ont du être consenties au Sénégal, parce que les Européens sont peu nombreux dans cette colonie. Mais, par contre, en Algérie, où nous sommes 800 000, nous sommes en nombre suffisant pour n'accepter personne à côté de nous."
Le problème est très bien posé, il y a une catégorie ethnique qui ne veut pas avoir à discuter avec d'autres le pouvoir que le fait de la colonisation lui a remis. Donc, il est bien entendu que, quel que soit le nombre des indigènes, sept millions, dix millions, quinze millions, ils resteront éternellement, et comme par le décret de je ne sais quelle divinité raciale, les sujets des 800 000 Européens devenus 2 millions ou 1-200-000.
Je dis clairement que je considère un tel langage comme absolument fou.
D'abord, comment prétendre tenir sous la loi formidable du nombre ? Comment espérer continuer à rabaisser ces générations qui, d'année en année se grossissent de plus d'intellectuels, de grands industriels, de grands commerçants, d'ouvriers conscients (…)-?

source : extrait du journal Paris-Soir, 7 mars 1937

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Jules Ferry en 1883



propositions pour un corrigé


Analyse de l'ensemble documentaire

question 1 (doc. 1)
- Ce discours célèbre [déjà évoqué l'année dernière - dans des conditions contestables - comme sujet de Bac en série S...!] a été prononcé alors que Jules Ferry n'est plus au gouvernement mais seulement député. Il a pour enjeu la question de savoir si il faut approuver on non les propositions budgétaires du gouvernement : ouverture d'un crédit extraordinaire pour les dépenses occasionnées par les événements de Madagascar. C'est l'occasion pour Jules Ferry de défendre ses options de politique coloniale, lui qui a été renversé quelques mois plus tôt au sujet de la politique française au Tonkin (affaire du "désastre" de Lang-Son, mars 1885). Comme le remarque l'historien Henri Brunschwig : "Ce fut la première fois qu'il rassembla ses arguments en un corps de doctrine" (Mythes et réalités de l'impérialisme colonial français, 1871-1914, 1960, p. 73). Ici, quelques courts extraits - dont les coupures ne sont pas toujours mentionnées - sont retenus pour résumer la globalité de la pensée du député.

Jules Ferry, chef du gouvernement en 1880-1881 et en 1883-1885, fut l'homme qui relança l'expansion coloniale avec la conquête de la Tunisie, de l'Annam et du Tonkin, avec les opérations au Congo ou à Madagascar... Il justifie sa politique après coup dans un contexte marqué par l'opposition de l'extrême-gauche (Clemenceau), de la droite monarchiste (de Baudry d'Asson) et du bonapartisme (Paul de Cassagnac).

L'orateur utilise trois types d'arguments : économique, humanitaire, politique. L'argument économique se réduit en fait à sa dimension commerciale par l'évocation des débouchés que la métropole, selon Ferry, ne peut offrir au développement de son économie. L'argument humanitaire est énoncé dans les termes de l'époque qui, de façon presque unanime, qualifiait de "races supérieures" les peuples ayant atteint un haut niveau de maîtrise technologique et de puissance économique et militaire, et donc de "races inférieures" les peuples n'ayant pas atteint ce niveau. Ce vocabulaire ne véhiculait alors aucun mépris ni infériorisation "racistes", en tout cas pas dans le sens que le XXe siècle a donné à ces termes avec les crimes nazis. Enfin, l'argument politique appelle à prendre sa place dans la concurrence qui oppose les grandes puissances. La France, vaincue de 1870, ne doit pas renoncer à une politique de présence dans le monde car elle reste un grand pays.


question 2 (doc. 2)
- Le planisphère indiquant la présence coloniale française dans l'entre-deux-guerres distingue les territoires colonisés selon leur statut politique à l'égard de la métropole. La dépendance coloniale a, en effet, revêtu plusieurs formes administratives.
Les colonies proprement dites couvrent le plus grand nombre de situations, en Algérie, en Afrique noire (A.O.F. et A.E.F.), à Madagascar, dans les établissements du Pacifique et de l'Océan Indien. La France y exerce un pouvoir politique direct représenté par les prérogatives d'un gouverneur, d'une administration, d'une police et d'une armée.
Les protectorats qualifient les pays qui ont conservé une administration propre et un souverain mais dont l'activité est subordonnée au contrôle d'un résident général (exemple, Lyautey au Maroc). La puissance protectrice a, seule, la responsabilité de la politique étrangère, des forces militaires et des questions financières.
Les mandats résultent des traités d'après la Première Guerre mondiale qui confient aux vainqueurs de l'Allemagne et de l'empire Ottoman le soin d'administrer, "vers l'auto-détermination", leurs anciennes colonies (mandat de type B sur le Togo et le Cameroun) ou possessions (mandat de type A au Liban et en Syrie). Au Proche-Orient, la France était représentée par un Haut-Commissaire, en Afrique par un Commissaire de la République. Dans ce dernier territoire, le pouvoir de la France tendit vers l'attitude coloniale directe.
Ces variations de statut proviennent de contextes historiques très différents (1830 ou 1848 pour l'Algérie, 1912 pour le Maroc...), de traditions locales dissemblables (l'Indochine n'est pas l'Afrique en regard de l'administration "étatique"), de configurations internationales changeantes (les mandats sont liés aux préoccupations du président américain Wilson pour le "principe des nationalités" qui contrebalancent la tradition coloniale européenne).


question 3 (doc. 3 et 4)10322687_p
- Le tableau du commerce entre la France et son empire colonial distingue-:
a) l'offre de matières premières et de produits agricoles en provenance des colonies (importations françaises) ;
b) la part de l'empire comme client de l'industrie française (exportations).
Il ressort de sa lecture que l'empire était tout à la fois un réservoir de matières premières agricoles et un débouché pour des branches essentielles de l'économie métropolitaine, à une époque où les colonies deviennent le premier partenaire commercial de la France. L'apport des colonies à la prospérité française semble décisif et le "gagnant" est désigné comme étant la "domination française".
Or, on ne saurait juger de la dimension économique de la colonisation à partir de ce seul tableau (ni, a fortiori, en y ajoutant l'affiche caricaturale du PCF et de la CGTU). En effet, dans le livre dont ces chiffres sont tirés, l'auteur met en garde : "Pour apprécier la fonction du débouché colonial, le simple commentaire des pourcentages des ventes dans l'empire ne suffit pas. Il peut même se révéler particulièrement illusoire dans la mesure où une croissance quantitative peut très bien entretenir en l'état une structure industrielle peu compétitive. La fonction du débouché colonial ne peut se mesurer à l'aune des tonnages exportés mais plutôt au type de secteur dont il permet la survie" (Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, Points-Seuil, 1984, p. 84).
Ainsi donc, l'usage partiel de tableaux statistiques fait dire à l'auteur le contraire des thèses qu'il a présentées dans son livre.


à suivre...

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Daniel_Lefeuvre







commentaire de Daniel Lefeuvre,

spécialiste de l'histoire économique coloniale

Le tableau tiré du livre de Jacques Marseille, et proposé au Bac en série "S" cette année, pose un délicat problème d'interprétation qui n'était pas à la portée des élèves.
En premier lieu, il indique, pour différents produits importés ou exportés, la part de l'empire, à une date donnée.
Mais, ces pourcentages ne disent rien des quantités effectivement importées ou exportées. Or, la formidable croissance du "partenaire colonial" qui s'amorce à la fin des années 1920, ne traduit pas une croissance des volumes commercialisés, mais l'effondrement des échanges avec les pays étrangers lié, dans un premier temps à la stabilisation monétaire opérée par Poincaré, puis aux effets de la dépression mondiale.

La croissance française des années 1920 s'est appuyée sur un formidable dynamisme des exportations : en 1925, la France exporte 18,9 % de son PIB, soit plus qu'en 1990. Le secteur automobile exporte, à cette date, 34 % de sa production, la métallurgie 40 %.

Principalement tournées vers les pays étrangers, ces exportations reposaient, en bonne part, sur la faiblesse du Franc par rapport à la livre et au dollar. Mais cet avantage disparaît avec la politique de stabilisation mise en oeuvre en 1928 par Poincaré. Après la dévaluation de juin 1928, l'amélioration du taux de change du F freine la pénétration des produits français sur les marchés étrangers. Dès ce moment, les exportations stagnent puis elles refluent en 1929.

La dépression des années 1930 et les politiques autarciques mises en oeuvre par les différents pays (dévaluations de la Livre et du dollar, taxes sur les produits de luxe, etc.) touchent particulièrement les secteurs exportateurs de l'industrie et de l'agro-industrie française, particulièrement présents dans les secteurs pénalisés.

En revanche, les exportations à destination de l'empire - intégré dans l'espace douanier français - sont relativement épargnées. Cependant, et contrairement à ce qu'une lecture superficielle des données du tableau pourrait laisser croire, en quantité, elles n'augmentent pas de manière considérable, voire même elles diminuent pour certaines branches d'activité.

Exportations vers l'empire de tissus de coton, en milliers de tonnes :

1929        41,13
1930        34,04
1931        28,98
1932        29,29
1933        35,40
1934        34,87
1935        35,68
1936        37,22
1937        35,42
1938        43,54


Si la part de l'empire augmente considérablement dans ce secteur, c'est d'abord parce que les exportations vers l'étranger se sont, dans le même temps effondrées.

Ainsi, en 1929, la branche exportait 26,09 milliers de tonnes de tissus vers l'étranger et 41,13 vers l'empire. Celui-ci représentait donc 61,18 % des exportations totales. En 1932, avec seulement 29,29 milliers de tonnes (soit un recul de 29 % par rapport à 1929), sa part dans le total des exportations s'élève à 75,21 % parce qu'à destination de l'étranger les exportations sont tombées à 9,65 milliers de tonnes.

Les pourcentages présentés dans le tableau sont, d'autre part, calculés à partir de la valeur des produits échangés.

Or les prix avec l'empire sont beaucoup plus stables, alors qu'avec l'étranger, les prix sont à la baisse, d'où, deuxième facteur de renforcement du poids relatif de l'empire. Si l'on prend à nouveau l'exemple des cotonnades, on constate que le prix de vente à l'étranger a baissé, au cours des années de crise, de 25 %, alors qu'il ne reculait que de 15 % avec les colonies. En 1938, le quintal de produit chimique est vendu 146 F à l'étranger et 195 F aux colonies, les outils respectivement 298 F et 390 F.

La croissance des échanges avec l'empire est également liée à un choix politique : celui de "l'autarchisme". La France a limité les importations en provenance des pays étrangers (café, cacao, caoutchouc, arachides, etc.) pour favoriser l'écoulement des produits de ses colonies. Non pas, comme on pourrait le croire pour s'alimenter à meilleur compte, mais pour solvabiliser les marchés coloniaux afin qu'ils puissent absorber une partie des productions industrielles métropolitaines. 

Ainsi, le prix de l'hectolitre de vin algérien introduit en France baisse-t-il de 2 % entre 1930 à 1933 quand, au cours de la même période celui des vins espagnols recule de 26 %, les premiers coûtant 58 % plus chers que ceux de la péninsule ibérique. Ainsi, si les produits exportés aux colonies le sont à des prix plus élevés que vers les pays étrangers, en contrepartie la France achète les productions de ses colonies à des prix supérieurs aux cours mondiaux.

D'ailleurs, les termes de l'échange marchandises ont, au cours de ces années, évolué en faveur des colonies : mesuré par rapport à une base 100 pour la moyenne des années 1924/1938, l'indice de l'échange marchandises de l'Algérie passe de 56,6 en 1924 à 116,5 en 1938. À la différence de nombreux pays, les colonies françaises non seulement n'ont pas été contraintes de diminuer leurs importations de produits manufacturés ou agro-alimentaires, mais elles ont généralement pu les augmenter, comme l'illustre l'exemple algérien :

- les achats de sucres bruts ou raffinés par la colonie passent de 733 639 quintaux en 1929 à 757 522 quintaux en 1936 ; les importations d'huiles d'arachide de 224 064 quintaux à 286 778 quintaux ; celles de tissus de coton qui tombent de 174 354 q en 1929 à 117 325 q en 1931 remontent à 127 857 q en 1936 ; celles de café s'élèvent de 119 730 q à 154 627 q entre 1929 et 1936, etc.

Autrement dit, la croissance des liens avec les colonies ne signifie pas un pillage de leurs ressources, qui auraient été acquises à bon marché. Au cours de ces années, le repli impérial a contribué à amortir les effets économiques et sociaux de la crise aussi bien en métropole que dans les colonies.

Mais, telles qu'elles étaient fournies, les données statistiques ne permettaient pas au candidat de le montrer. La plupart d'entre eux sont donc probablement restés à un niveau d'interprétation correspondant aux lieux communs pleins de bons sentiments qui circulent sur cette question.

On aurait pu espérer que sur un sujet qui revient pour la deuxième fois consécutive, le choix des documents soit effectué de manière plus judicieuse.

Daniel Lefeuvre
professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris VIII / Saint-Denis
auteur de Chère Algérie, la France et sa colonie, 1830-1962, rééd. Flammarion, 2005
et de Pour en finir avec la repentance coloniale, rééd. en poche Flammarion/Champs, 2008

9782082105019FS


















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question 4 (doc. 5)
- Maurice Viollette (1870-1960) est un homme de gauche, républicain-socialiste. Il s'oppose, de bonneMaurice_Viollette_1936 heure, aux expéditions coloniales (Madagascar, 1898). De 1925 à 1927 (Cartel des gauches en France), il est gouverneur général en Algérie. Mais il ne peut imposer aux colons les réformes souhaitées par la gauche. En 1931, il écrit L'Algérie vivra-t-elle ? et plaide pour une accélération des réformes en vue d'une assimilation des "indigènes" : "allons-nous en faire des révoltés ou des Français ?" (p. 472). En 1936 [photo ci-contre], il devient ministre d'État dans le gouvernement du Front populaire (Léon Blum). C'est dans ce contexte qu'est discuté, au début de l'année 1937, le projet de loi Blum-Viollette qui prévoit l'octroi de la citoyenneté française à environ 25 000 indigènes algériens sans qu'ils perdent le bénéfice du statut personnel (ils restent régis par le droit musulman pour ce qui concerne la famille, le mariage et l'héritage). Les Européens d'Algérie (improprement appelés tous "colons"...) sont hostiles à cette perspective de crainte que la "souveraineté française" ne soit entamée ; les nationalistes algériens regroupés derrière Messali Hadj sont aussi contre ce projet considéré comme une manoeuvre du colonialisme.
Dans l'extrait de l'article tiré du journal Paris-Soir, Viollette s'en prend prioritairement aux "Européens" d'Algérie attachés à un privilège relevant, selon lui, d'une "divinité raciale". Ce sont eux qui ont organisé les pressions contre le projet Blum-Viollette : en janvier 1937, 300 maires des communes algériennes (contre 2...) ont rejeté ce texte. À côté de l'argument de justice humaine, Viollette pressent que cette inégalité politique ne peut tenir longtemps encore au vu de l'évolution démographique et économico-sociale.


affiche_PCF_et_CGTU

question 5 (doc. 1, 4 et 5)
- Jules Ferry apparaît comme le théoricien de l'expansion coloniale au nom d'intérêts économiques, stratégiques et "civilisateurs". Maurice Viollette est un "indigénophile" : il n'est pas anti-colonialiste mais défend l'idée que l'avenir de l'Algérie coloniale nécessite de profondes réformes dans le sens de l'assimilation des "indigènes" aux droits des Français. Le Parti communiste est anti-colonialiste ; sa propagande présente la colonisation comme une domination féroce engendrant la misère des "uns" (les indigènes algériens) et la richesse des "autres" (les Européens...?), tableau évidemment simplificateur.


à finir...

Michel Renard
professeur d'histoire au lycée Claude Lebois
Saint-Chamond (Loire) - contact

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coloniser, civiliser...

on aurait pu interroger sur le

sens des mots à une date donnée

Daniel LETOUZEY
professeur d'histoire


Vus de loin, les sujets du bac 2008 sont excellents.
A corriger les copies réelles, le point de vue est davantage nuancé.

- 3 préalables :
. Ce qui suit porte sur la conception du sujet, pas sur la notation des copies.
. Seul le ministre sait ce qu'il adviendra de l'HG dans le lycée réformé.
Les observations suivantes visent seulement à explorer la "marge de
progression" des concepteurs, à partir de notre expérience, celle de la conception des
sujets de bac blanc.
. L'harmonisation est source de débats très vifs en SES. Pas chez les
historiens.

Pour ceux qui échappent à la correction en lycée :
- L'ensemble documentaire sur le système colonial, en S
http://lyce1.free.fr/forum/viewtopic.php?p=1125
ou
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/06/17/9606343.html

2 propositions de correction :
Louis Brun : http://jacobhistgeo.over-blog.com/
Michel Renard :
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/06/17/9606343.html

Il y a aussi France-examen mais c'est 0,86 euros le corrigé…


1 - La forme de l'épreuve

"dans les documents"
doc 1 : Jules Ferry et la politique coloniale
doc 5 : Maurice Viollette explique son projet de loi dans la presse

question 1 - quels sont les arguments ... [ "à l'époque"]
question 4 - quelle politique défend Maurice Viollette et pour quelles raisons ?

Le traitement différent de Ferry et de Viollette ne semble pas intentionnel,
mais d'après une conceptrice de sujet, il semble dû aux consignes en vigueur
sur la progression du questionnement.

Dans une copie réelle, "quels sont les arguments",
cela encourage le simple copier-coller.
Le texte de Ferry mérite sans doute mieux, même un jour de bac.

Dans une autre conception de l'histoire, on aurait pu interroger
sur le sens des mots (coloniser, civiliser) à une date donnée,
et sur l'évolution de ce sens…
(sur les "races inférieures", cf Carole Reynaud Paligot qui a été l'invitée
d'Emmanuel et de Jeanneney pour son ouvrage La République raciale - PUF
http://www.puf.com/wiki/Auteur:Carole_Reynaud_Paligot
http://www.puf.com/wiki/Autres_Collections:La_R%C3%A9publique_raciale


2 - le choix des documents

Le tableau statistique est une bonne étude de cas.
Pourquoi une telle litanie de pourcentages avec 1 décimale,
quand il manque l'essentiel : le total, en valeur absolue !

Lire l'analyse de Daniel Lefeuvre sur les chiffres extraits de Jacques
Marseille.
http://profshistoirelcl.canalblog.com/archives/2008/06/17/9606343.html

Viollette parle "d'indigènes" à propos des Algériens.
Le concepteur du sujet parle, dans son chapeau, de "musulmans"...

La question du point de vue est récurrente.
Le dernier sujet de documents sur la Guerre d'indépendance algérienne
ne donnait qu'un seul point de vue : celui des Français.

- Pourquoi, année après année, des dossiers  qui font l'impasse
sur le point de vue des colonisés ?
(il existe des textes sur le travail forcé vu par des Africains…)


3 - La nature de l'épreuve

Depuis 20 ans, plusieurs versions de l'épreuve sur documents ont été tentées
(commentaire composé, tableau…). Aucune n'a donné satisfaction,
ni dans la justesse de la notation, ni dans l'évaluation du travail mené
dans l'année en classe.

4 - La conception des programmes

Lors du débat sur le contenu des programmes de terminale,
celui de Term S avait été vanté pour la rupture avec l'ordre chronologique,
colonisation en 1ere, décolonisation en Term.
Or sur quel aspect porte le sujet de cette année ?
Sur le programme de 1ere ES-L, avec des élèves de Term S qui ont d'autres
urgences que celle de réviser leur histoire de 1ere S.

** Rappel : en 2007, Ferrry n'existait qu'à travers le discours de … Clémenceau...
http://etudescoloniales.canalblog.com/archives/2007/06/13/5297508.html

** Bac de français : "Un roman doit-il chercher à faire oublier
au lecteur que ses personnages sont fictifs?"

http://www.liberation.fr/actualite/societe/333682.FR.php

Daniel Letouzey
professeur au lycée Marie Curie à Vire (Calvados)

Histoire et interactivité : http://clioweb.free.fr
Les Clionautes, l'association : www.clionautes.org
H-Francais, la liste : http://www.h-net.org/%7Efrancais/



- retour à l'accueil

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16 juin 2008

Festi-claude le 12 juin 2008

le Festi-Claude


fest_claude_12_juin_2008


Le Festi-Claude, c'est le festival du lycée Claude Lebois


- retour à l'accueil

18 mai 2008

le fascisme italien

Gioventu_fascista



iconographie du fascisme italien




Ame
image de Enrico Sacchetti 


fascismo3f001pu4


Mostra_della_Rivoluzione
affiche de l'exposition à l'occasion des dix premières années
accomplies de la "révolution fasciste" (1933)

"Mostra della rivoluzione fascista" - éloge de la force et de la virilité guerrière (casque) de la "révolution fasciste" : les visages sont des blocs aux contours sévères et anguleux, au menton carré, évoquant, bien sûr, la ressemblance avec le visage de Mussolini ; le haut du corps est démesurément musclé ; la dynamique des lignes indique une ascension (progrès du fascisme), et la froide détermination des traits semble indiquer une acceptation du combat jusqu'au sacrifice ; le choix des couleurs primaires (jaune, rouge, bleu) renforce la netteté du message : le fascisme est une force que rien ne pourra arrêter, appelée à occuper tout l'espace de l'histoire.


Gioventu_fascista
affiche de Canevari (1920)
pour la couverture du journal Jeunesse Fasciste



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10 mai 2008

la Bâtie d'Urfé (XVIe siècle)

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la Bâtie d'Urfé et la Renaissance



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Claude d'Urfé (1501-1558), portrait par Jean Clouet vers 1540. D'Urfé (à gauche), proche de François 1er se fait représenter comme quasi sosie du souverain (à droite). C'est lui qui aménage un manoir du XVe siècle en château renaissance, situé sur le territoire de Saint-Étienne du Molard (Loire) qu'on appelle Bâstie, ou Bâtie d'Urfé. Claude d'Urfé est le grand-père d'Honoré d'Urfé, l'auteur de l'Astrée (1607).

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une visite à la Bâtie d'Urfé, samedi 11 mai 2008


arriv_e
arrivée devant l'entrée du domaine


panneau_pr_sentation
panneau de présentation

Le château de la Bâtie d'Urfé est passé de la maison forte médiévale au modèle du château renaissance au XVIe siècle. C'est vers 1550 que Claude d'Urfé, bailli du Forez et proche du roi François 1er, le met au goût du jour et le dote d'aménagements influencés par ses séjours en Italie : loggia, galerie, niches... Les jardins, créés entre 1546 et 1558, clos de murs crénelés, s'organisaient autour d'un édicule circulaire encore visible actuellement au centre duquel la fontaine a retrouvé sa place originelle.
Le château a été sauvé par la Société archéologique du Forez, la DIANA qui a obtenu un classement parmi les monuments historiques en 1912.
En 1990, la DIANA a remis le château pour plusieurs décennies au Conseil général de la Loire qui assure la mise en valeur du site grâce à de nombreux travaux de restauration et d'embellissement.


panneau_restauration_grotte
panneau informatif sur la restauration de la grotte de fraîcheur

Château de la Bâtie d'Urfé à Saint-Étienne le Molard : restauration de la grotte de fraicheur

Le château et son parc sont l'oeuvre de Claude d'Urfé. Des artistes français et italiens l'élaborent entre 1548 et 1558.
La grotte de fraîcheur, ou nymphée, entièrement décorée à partir de matériaux naturels, constitue le vestibule de la chapelle. Le programme iconographique symbolise, selon les idées de la Contre Réforme catholique, le passage de l'espace profane à l'espace sacré.
La chantier en cours permettra de résorber l'humidité des murs, de restaurer la structure du plafond de bois et de restituer les lacunes des décors : rocaille du sol et des murs, sables collés du plafond, menuiseries et ferronneries. Durée des travaux : six mois.


entr_e_du_parc
entrée du domaine avec la Bâtie au fond


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derrière les arbres, façade de la Bâtie


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la Bâtie, vue de la cour


Diapositive1
la Bâtie, différentes parties du château


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la Bâtie, vue de derrière le pont sur le canal


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la Bâtie, vue de derrière le pont sur le canal


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le pont et le plan d'eau


d_pendances
bâtiment de dépendances


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le jardin, vu à l'angle de la Bâtie


galerie_et_loggia
au sol la galerie et ses pilastres, à l'étage la loggia et ses colonnes ;
la différence entre une galerie et une loggia est que la première assure
une fonction de passage mais pas la seconde


rampe_cavali_re
le sphinx et la rampe cavalière


shpinx
le sphinx, symbole de sagesse


Simon_de_Cyr_ne_socle_du_sphinx
façade du socle du sphinx :
Simon de Cyrène portant la croix de Jésus


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face latérale du socle du sphinx : évocation du dieu romain de la guerre, Mars,
entouré d'armes et de boucliers et surmontant le corps de ses adversaires vaincus
(scène probablement copié sur une sculpture antique)


rampe_cavali_re__2_
la galerie et la rampe cavalière ; celle-ci servait aux cavaliers pour accéder
directement en salle de réception et impressionner les convives ;
il n'est pas certain qu'elle fut utilisée car sa pente, surtout dans le sens de la descente,
était trop abrupte et effrayait les chevaux (voir ci-desssous)


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vue du haut de la rampe cavalière


fen_tre_dans_la_galerie
entre une arcade et ses deux pilastres, une fenêtre de la galerie


galerie
la galerie et son muret


Diapositive1
les différents éléments de la galerie


entre_deux_pilastres
entre eux pilastres


aile_galerie_et_loggia
rampe cavalière, galerie et loggia

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la loggia en enfilade


plafond___caisson
en haut de la rampe, un plafond à caisson


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la loggia et la cour


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la loggia et ses élégantes colonnes


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le bâtiment du corps de garde


vue_de_la_cour
la cour et, à droite, le bâtiment du corps de garde


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la cour


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la grotte de fraicheur (en travaux)


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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le jardin vu de derrière les fenêtres à barreaux


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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les jardins de la Bâtie d'Urfé


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le château vu des jardins


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le château vu des jardins


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la rotonde de la Bâtie d'Urfé


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la rotonde de la Bâtie d'Urfé


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la rotonde de la Bâtie d'Urfé


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maquette et dessins de la Bâtie d'Urfé


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la maquette de la Bâtie d'Urfé exposée au château dans l'ancienne cuisine


dessin__1_
dessin du manoir au XIVe siècle



Urf__XVe
dessin du manoir au XIVe siècle
plaque émaillée de Joëlle Verjat (source)


dessin__2_
dessin du château médiéval au XVe siècle


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dessin des transformations du château médiéval en demeure Renaissance


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dessin des constructions du XVIe siècle



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plaque émaillée de Joëlle Verjat (source)




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les travaux des années précédentes à la Bâtie d'Urfé


fa_ade_apr_s_d_croutage
Saint-Étienne-le-Molard, la Bastie d’Urfé, Château de la Bastie d’Urfé.
Vue générale de la façade sur jardin du corps de galerie, après décroutage.
Phot. Inv. J.-M. Refflé © Inventaire général, ADAGP, 2004.


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quelques jalons dans l'histoire de la Bâtie d'Urfé
(document affiché au château)


XIIe/XIIIe s. - Le domaine de la Bâtie est une "grange monastique" appartenant au prieuré de Chandieu. Le site du château est alors certainement occupé par des moulins installés le long d'une dérivation du Lignon.

1265 - Jean de Marcilly acquiert le domaine par échange.

vers 1270 - Le domaine entre dans la famille d'Urfé par le mariage d'Arnoul d'Urfé avec Marguerite de Marcilly.

1313 - Première mention du toponyme La Batia dans le testament d'un paroissien de Saint-Étienne-le-Molard.

1338 - Les seigneurs d'Urfé font hommage de la seigneurie de la Bâtie (Basticia) au comte de Forez.

1405-1440 - Un registre de justice mentionne le fortalitium de la Bâtie, ses fossés et son pont-levis.

1485 - Pierre d'Urfé fonde un couvent de Cordeliers au pied des murs du château.

1500-1558 - Antoinette de Beauvau et son fils Claude d'Urfé se livrent à de nombreuses acquisitions foncières autour de la Bâtie.

1545-1558 - Claude d'Urfé réaménage complètement le château et crée les jardins.

1764 - La seigneurie de la Bâtie, mise en aux enchères, est achetée par le marquis de Simiane.

1778 - La seigneurie est rachetée par un Montbrisonnais, Louis-François Puy de Mussieu. Un état des lieux effectué cette année-là montre que le château est très délabré.

1794 - Louis-François Puy est exécuté après avoir partiicipé au siège de Lyon ; saisie d'une partie de ses biens et destruction des monuments funéraires des Urfé dans la chapelle des Cordeliers de la Bâtie et à l'abbaye de Bonlieu. La famille Puy de la Bâtie parvient néanmoins à conserver le domaine.

1836 - Pierre Puy de la Bâtie, ruiné, vend le domaine à Madame Nompère de Champagny, veuve du duc de Cadore.

1861 - Les propriétaires démarchent - sans succès - Mérimée pour faire classer la Bâtie sur une la liste des Monuments Historiques.

1872 - Les héritiers du duc de Cadore revendent le domaine à un homme d'affaires de Montbrison, M. Verdolin.

1874 - Verdolin vend toute la décoration du château en utilisant les services d'un antiquaire lyonnais, M. Derriaz. Les plus beaux morceaux échouent dans de grandes collections parisiennes.

vers 1875 - Verdolin installe une féculerie et fait reconstruire les bâtiments des communs.

1884 - Faillite de Verdolin. Rachat du château par M. Meyer, qui le revend immédiatement à Jean-Baptiste de Neufbourg.

1904 - Départ des boiseries de la chapelle (alors collection Peyre à Paris) pour les États-Unis.

1907 - Louis de Neufbourg remet en vente le château pratiquement voué à la démolition.

1909 - La Société archéologique de la Diana rachète la Bâtie sous l'impulsion de son président, Alphonse de Saint-Pulgent.

1912 - La Bâtie est classée sur la liste des Monuments Historiques.

1920 - La Diana débute les travaux de restauration, avec le concours de l'administration des Monuments Historiques et du Conseil général de la Loire.

1949 - Les peintures de la chapelle sont réinstallées (dépôt du Musée des Arts Décoratifs de Paris).

1962 - Achèvement du programme de restauration, dont le bilan fut dressé lors du centenaire de la Diana.

1990 - Début d'un nouveau programme de travaux avec, en premier lieu, la réfection de la toiture du corps de bâtiment central.


 

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5 mai 2008

révolution agricole début XXe siècle


les progrès du machinisme agricole

début XXe siècle





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carte postale ancienne, premier tiers du XXe siècle



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4 mai 2008

"La plaie saigne toujours, Monsieur Jaurès", 1903

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"la plaie saigne toujours, Monsieur Jaurès"

Le Petit Journal, 3 décembre 1903



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«La France ne doit pas s’hypnotiser dans l’attente d’une revanche ... »

Francis de Pressensé, 23 novembre 1903

 

nature du document
Il s'agit d'une gravure en couleurs publiée dans le Supplément illustré du Petit Journal, quotidien parisien né en 1863 ; son prix, 5 centimes (= 1 sou) contre 15 cts pour la plupart des autres titres, en fait une presse très populaire. Il n'a pas d'appartenance politique, c'est-à-dire qu'il n'exprime ni les thèses de la droite nationaliste ni celles des socialistes.

auteur du document
Le nom du dessinateur n'est pas mentionné. Le Supplément Illustré du Petit Journal comportait huit pages dont la première (la "une") et la dernière étaient en couleurs.

date et contexte
Le journal n° 681 paraît à la date du 3 décembre 1903. Le discours de Jaurès à la Chambre des Députés avait été prononcé le 23 novembre 1903.

analyse
Le texte porté au bas du dessin dit : «La France ne doit pas s’hypnotiser dans l’attente d’une revanche dont personne ne veut, dont personne n’a jamais voulu», formule prononcée par Francis de Pressensé à la Chambre des députés le 23 novembre 1903 (source). (1)

L'image représente une interpellation de Jaurès par une allégorie combattante de la France soucieuse du sort des "provinces perdues" .

 

description

En 1902, Jaurès a été réélu député de Carmaux (Tarn) et il est vice-président de la Chambre des députés. Avec Édouard Vaillant, il constitue autour de lui le Parti socialiste français, rival du Parti socialiste de France de Jules Guesde. Son combat pour le désarmement universel est connu. Le 30 juillet 1903, Jaurès s’est adressé aux élèves du lycée d’Albi, où il a lui-même été élève, puis professeur quelques décennies plus tôt

interprétation

force dramatique du dessin

En 1899, la première Conférence internationale de la paix s'est tenue à La Haye. A la différence de presque toutes les conférences précédentes, celle-ci fut convoquée non pas pour conclure ou pour résoudre une guerre, mais pour discuter de la création de mécanismes permanents de droit international, qui favoriseraient le désarmement, la prévention de la guerre et la résolution pacifique des conflits.

Au niveau international, Jaurès préconise une politique «de désarmement simultané entre les nations» et une «politique d'arbitrage international applicable à tous les litiges», proposition novatrice pour l'époque et qui préfigure les objectifs de la SDN. Il recommande de résoudre certains problèmes internationaux par la négociation bilatérale et les concessions réciproques. Ainsi pourrait-il en être, selon lui, de la question de l'Alsace-Lorraine pour laquelle il propose une large autonomie au sein du Reich. Proposition qui détonne dans une France où la «Revanche» est massivement prônée.

 

Les internationalistes, ceux qui prêchent au nom d'une vague sentimentalité l'oubli des griefs les plus sacrés, et qui, par contre, ne craignent pas d'attiser entre les citoyens d' une même nation les haines et les discordes politiques, les émeutes sanglantes, ont reçu de la Chambre des députés une leçon complète et sévère. C' était à propos du budget des affaires étrangères. Au sujet de la question du désarmement, le rapporteur, M. de Pressensé, osa déclarer "qu'aucun Français ne voulait, qu'aucun n' avait jamais voulu de la revanche !"

Ces honteuses paroles soulevèrent une indignation presque générale. Un tollé formidable s'éleva et l'on vit alors la presque unanimité de la Chambre unie dans un même mouvement spontané d' indignation patriotique. Le colonel Rousset, dont la voix puissante dominait le tumulte, s'écria : "Au nom de l'Alsace-Lorraine mutilée et du département frontière que je représente, je vous inflige, monsieur de Pressensé, un démenti catégorique pour les paroles impardonnables que vous avez prononcées !"

M. Paul Doumer s'empressa, hâtons-nous de dire, de répudier, avec la plus patriotique énergie, au nom de la commission du budget, qu'il préside, le rapporteur qui trahissait avec une telle indignité   le mandat qu'il en avait reçu. M. de Pressensé, non content  de s'attirer, comme rapporteur, un désaveu retentissant de la part de l'honorable président de la commission du budget, a réussi  à préparer à M. Jaurès un double échec et à provoquer, en obligeant la majorité à prendre position sur le terrain du patriotisme, une manifestation qui indique tout au moins que l'immense majorité du pays - contre laquelle n'a pas osé se dresser la majorité parlementaire - longtemps encore restera réfractaire aux doctrines avilissantes de l'internationalisme  révolutionnaire.

Mais combien il est triste, un tiers de siècle après l'invasion de l'année terrible, les incendies volontaires, les fusillades d'instituteurs, de femmes, de vieillards et d'enfants, les massacres barbares et le démembrement, de constater qu'une fraction même infime du peuple vaincu, mutilé, a tout oublié, n'a rien compris, ou est tombée dans un tel état de déliquescence morale, que ses représentants en viennent à se coucher aux pieds du Prussien vainqueur, pourvu qu'il les fasse vivre et dormir en paix.

Les paroles de M. Jaurès ou de M. de Pressensé ne sont pas seulement honteuses et sacrilèges ; elles sonnent comme l'écho de celles que l'on entendait déjà au parlement de la fin du second Empire, alors qu'une poignée de mystiques  de l'antimilitarisme nous préparait les désastres de 1870.

Ne vous y trompez pas un instant, ajoute fort tristement un de mes confrères, une telle manifestation aura du retentissement en Allemagne, et l'écho qu'elle y éveillera ne peut être que fâcheux. D'abord, les gazeliers d'outre-Vosges s'en empareront pour dénoncer une fois de plus à l'Europe le péril de guerre où la met notre incorrigible chauvinisme.

Cette levée de plumes teutonnes est de peu de conséquence ; mais il se pourrait que l'astucieux de Bülow saisit aux cheveux l'occasion qui s'offre de demander au Reichstag de nouveaux crédits militaires et que, par ainsi, le débat, purement acccidentel, auquel vient de donner lieu notre  budget des affaires étrangères, eût cette conséquence  tout à fait imprévue d'accroître les moyens offensifs de l'ennemi sur notre frontière.

Cependant, cette manifestation, il était devenu, du fait de MM. de Pressensé et Jaurès, impossible de ne pas la faire. À la question posée par ces deux pontifes de l'internationalisme, aucune Chambre française n'eût pu faire une autre réponse que celle qui a été faite. C'est assez d'avoir signé le traité de démembrement une fois ; il n'y a vraiment pas de raison pour reboire, tous les jours, les larmes qu'il nous a fait verser. Rien n'obligeait donc à parler de ces choses ; mais, du moment que les "bêleurs de paix", comme les appelle M. Clémenceau, en parlaient, on ne pouvait dire que ce qui a été dit.

Le Petit Journal du 6 Décembre 1903      

 

(1) - Merci à Patrick Goulet qui m'a fait remarquer que cette phrase étaient bien de Francis de Pressensé et non de Jaurès comme on le trouve écrit dans presque tous les manuels.

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30 avril 2008

l'Étranger d'Albert Camus - documentation

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L'Étranger, d'Albert Camus, 1942

éléments d'information et d'iconographie




différentes couvertures du livre



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Lo straniero, film de Luchino Visconti, 1967



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déclarations de Camus à propos de l'Étranger


«...J'ai résumé L'Étranger, il y a longtemps, par une phrase dont je reconnais qu'elle est très paradoxale : 'Dans notre sociéte tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort'. Je voulais dire seulement que le héros du livre est condamné parce qu'il ne joue pas le jeu. En ce sens, il est étranger à la société ou il vit, il erre, en marge, dans les faubourgs de la vie privée, solitaire, sensuelle. Et c'est pourquoi des lecteurs ont été tenté de le considérer comme une épave. Meursault ne joue pas le jeu. La réponse est  simple : il refuse de mentir.
[...]

...On ne se tromperait donc pas beaucoup en lisant dans L'Étranger l'histoire d'un homme qui, sans aucune attitude héroïque, accepte de mourir pour la vérité. Meursault pour moi n'est donc pas une épave, mais un homme pauvre et nu, amoureux du soleil qui ne laisse pas d'ombres. Loin qu'il soit privé de toute sensibilité, une passion profonde, parce que tenace l'anime, la passion de l'absolu et de la vérité. Il m'est arrivé de dire aussi, et toujours paradoxalement, que j'avais essayé de figurer dans mon personnage le seul christ que nous méritions. On comprendra, après mes explications, que je l'aie dit sans aucune intention de blasphème et seulement avec l'affection un peu ironique qu'un artiste a le droit d'éprouver a l'égard des personnages de sa création.»

Albert Camus, 1955, éd. La Pléiade





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28 avril 2008

Origines guerre 1914-1918

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l'étincelle dans les Balkans : 28 juin 1914 à Sarajevo

 

l'engrenage de l'été 1914

une représentation ondulatoire

 

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cliquer sur l'image pour l'agrandir et l'imprimer

 

L'engrenage des événements et des décisions qui conduit à l'entrée en guerre des principales puissances européennes à l'été 1914 est comparable au jet d'un caillou dans un bassin. L'impact du projectile dans l'eau propage une onde de choc sous forme de ronds plus ou moins concentriques chaque fois plus grands et plus éloignés du centre.

Ce qui se propagea, l'été 1914, ce furent les perceptions réciproques de dangerosité des mouvements de l'adversaire, la nécessité d'y répliquer. La mécanique qui présida à cet engrenage fut le système des alliances en Europe, opposant deux blocs (Triple Alliance et Triple Entente).

 

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28 juin 1914
L’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône d’Autriche, et sa femme sont assassinés à Sarajevo par des nationalistes serbes. Au cours des semaines suivantes («crise de juillet»), le conflit s’envenime, il dépasse les frontières régionales et devient une crise européenne.

28 juillet 1914
Déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie. Suivent les déclarations de guerre de l’Allemagne à la Russie (1er août) et à la France (3 août). Après l’invasion allemande de la Belgique, la Grande-Bretagne entre en guerre aux côtés de l’Entente franco-russe (4 août). Seuls 17 États resteront neutres pendant toute la durée du conflit, parmi lesquels les Pays-Bas, l’Espagne, le Mexique et la Suisse. Entre 1914 et 1918, près de 70 millions d’hommes sont mobilisés.

Markus Pöhlmann
source

 



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26 avril 2008

images de la Première Guerre mondiale

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fosse commune dans la Marne (début de la guerre)




images de la Grande Guerre

(liens vers collections)

- album n° 1

- album n° 2

- album n° 3

- album n° 4

- page accueil de ce site, Dominique Bac



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24 avril 2008

polémique sur la transmission de l'héritage grec

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polémique sur la transmission de

l'héritage grec

à l'Occident médiéval

à propos du livre Aristote au Mont Saint-Michel


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un article de Roger Pol-Droit dans Le Monde,

3 avril 2008

Et si l'Europe ne devait pas tous ses savoirs à l'islam ?

Étonnante rectification des préjugés de l'heure, ce travail de Sylvain Gouguenheim va susciter débats et polémiques. Son thème : la filiation culturelle monde occidental-monde musulman. Sur ce sujet, les enjeux idéologiques et politiques pèsent lourd. Or cet universitaire des plus sérieux, professeur d'histoire médiévale à l'École normale supérieure de Lyon, met à mal une série de convictions devenues dominantes. Ces dernières décennies, en suivant notamment Alain de Libera ou Mohammed Arkoun, Edward Saïd ou le Conseil de l'Europe, on aurait fait fausse route sur la part de l'islam dans l'histoire de la culture européenne.

Que croyons-nous donc ? En résumé, ceci : le savoir grec antique - philosophie, médecine, mathématique, astronomie -, après avoir tout à fait disparu d'Europe, a trouvé refuge dans le monde musulman, qui l'a traduit en arabe, l'a accueilli et prolongé, avant de le transmettre finalement à l'Occident, permettant ainsi sa renaissance, puis l'expansion soudaine de la culture européenne. Selon Sylvain Gouguenheim, cette vulgate n'est qu'un tissu d'erreurs, de vérités déformées, de données partielles ou partiales. Il désire en corriger, point par point, les aspects inexacts ou excessifs.

"Ages sombres"

Y a-t-il vraiment eu rupture totale entre l'héritage grec antique et l'Europe chrétienne du haut Moyen Age ? Byzance_copisteAprès l'effondrement définitif de l'Empire romain, les rares manuscrits d'Aristote ou de Galien subsistant dans des monastères n'avaient-ils réellement plus aucun lecteur capable de les déchiffrer ? Non, réplique Sylvain Gouguenheim. Même devenus ténus et rares, les liens avec Byzance [ci-contre] ne furent jamais rompus : des manuscrits grecs circulaient, avec des hommes en mesure de les lire. Durant les prétendus "âges sombres", ces connaisseurs du grec n'ont jamais fait défaut, répartis dans quelques foyers qu'on a tort d'ignorer, notamment en Sicile et à Rome. On ne souligne pas que de 685 à 752 règne une succession de papes... d'origine grecque et syriaque ! On ignore, ou on oublie qu'en 758-763, Pépin le Bref se fait envoyer par le pape Paul Ier des textes grecs, notamment la Rhétorique d'Aristote.

Cet intérêt médiéval pour les sources grecques trouvait sa source dans la culture chrétienne elle-même. Les Evangiles furent rédigés en grec, comme les épîtres de Paul. Nombre de Pères de l'Eglise, formés à la philosophie, citent Platon et bien d'autres auteurs païens, dont ils ont sauvé des pans entiers. L'Europe est donc demeurée constamment consciente de sa filiation à l'égard de la Grèce antique, et se montra continûment désireuse d'en retrouver les textes. Ce qui explique, des Carolingiens jusqu'au XIIIe siècle, la succession des "renaissances" liées à des découvertes partielles.

La culture grecque antique fut-elle pleinement accueillie par l'islam ? Sylvain Gouguenheim souligne les fortes limites que la réalité historique impose à cette conviction devenue courante. Car ce ne furent pas les musulmans qui firent l'essentiel du travail de traduction des textes grecs en arabe. On l'oublie superbement : même ces grands admirateurs des Grecs que furent Al-Fârâbî, Avicenne et Averroès ne lisaient pas un mot des textes originaux, mais seulement les traductions en arabe faites par les Araméens... chrétiens !

Parmi ces chrétiens dits syriaques, qui maîtrisaient le grec et l'arabe, Hunayn ibn Ishaq (809-873),hunayn [ci-contre] surnommé "prince des traducteurs", forgea l'essentiel du vocabulaire médical et scientifique arabe en transposant plus de deux cents ouvrages - notamment Galien, Hippocrate, Platon. Arabophone, il n'était en rien musulman, comme d'ailleurs pratiquement tous les premiers traducteurs du grec en arabe. Parce que nous confondons trop souvent "Arabe" et "musulman", une vision déformée de l'histoire nous fait gommer le rôle décisif des Arabes chrétiens dans le passage des oeuvres de l'Antiquité grecque d'abord en syriaque, puis dans la langue du Coran.

Une fois effectué ce transfert - difficile, car grec et arabe sont des langues aux génies très dissemblables -, on aurait tort de croire que l'accueil fait aux Grecs fut unanime, enthousiaste, capable de bouleverser culture et société islamiques. Sylvain Gouguenheim montre combien la réception de la pensée grecque fut au contraire sélective, limitée, sans impact majeur, en fin de compte, sur les réalités de l'islam, qui sont demeurées indissociablement religieuses, juridiques et politiques. Même en disposant des oeuvres philosophiques des Grecs, même en forgeant le terme de "falsafa" pour désigner une forme d'esprit philosophique apparenté, l'islam ne s'est pas véritablement hellénisé. La raison n'y fut jamais explicitement placée au-dessus de la révélation, ni la politique dissociée de la révélation, ni l'investigation scientifique radicalement indépendante.

Il conviendrait même, si l'on suit ce livre, de réviser plus encore nos jugements. Au lieu de croire le savoir philosophique européen tout entier dépendant des intermédiaires arabes, on devrait se rappeler le rôle capital des traducteurs du Mont-Saint-Michel. Ils ont fait passer presque tout Aristote directement du grec au latin, plusieurs décennies avant qu'à Tolède on ne traduise les mêmes oeuvres en partant de leur version arabe. Au lieu de rêver que le monde islamique du Moyen Age, ouvert et généreux, vint offrir à l'Europe languissante et sombre les moyens de son expansion, il faudrait encore se souvenir que l'Occident n'a pas reçu ces savoirs en cadeau. Il est allé les chercher, parce qu'ils complétaient les textes qu'il détenait déjà. Et lui seul en a fait l'usage scientifique et politique que l'on connaît.

Somme toute, contrairement à ce qu'on répète crescendo depuis les années 1960, la culture européenne, dans son histoire et son développement, ne devrait pas grand-chose à l'islam. En tout cas rien d'essentiel. Précis, argumenté, ce livre qui remet l'histoire à l'heure est aussi fort courageux.

- Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne, Sylvain Gouguenheim. Seuil, "L'Univers historique", 282 p., 21 €.

Roger Pol-Droit
Le Monde, daté du 4 avril 2008

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Jacques de Venise, passeur oublié

et homme "mériterait de figurer en lettres capitales dans les manuels d'histoire culturelle", écrit Sylvain Gouguenheim. Personne, pourtant, ne connaît plus le nom de Jacques de Venise le Grec, qui vécut au XIIe siècle, alla en mission à Constantinople et travailla ensuite au Mont-Saint-Michel, de 1127 à sa mort, vers 1150.

scriptotium_mont_Saint_MichelCe qu'on lui doit ? Rien de moins que la traduction intégrale, du grec au latin, d'un nombre impressionnant d'oeuvres d'Aristote, parmi lesquelles la Métaphysique, le traité De l'Ame, les Seconds analytiques, les Topiques, les traités d'histoire naturelle ou encore la Physique. Ces traductions, dont certaines sont accompagnées de commentaires, furent réalisées, selon les cas, de vingt ans à quarante ans avant celles de Gérard de Crémone, à Tolède, à partir des traductions en arabe.

Il faut ajouter que les traductions de Jacques de Venise ont connu un "succès stupéfiant". Alors que bien des oeuvres médiévales ne nous sont connues que par trois ou quatre manuscrits, on en dénombre une centaine pour la Physique, près de trois cents pour les Seconds analytiques. Diffusés dans toute l'Europe, lus par les plus grands intellectuels du temps, ces travaux méritaient d'être mis en lumière. Ce qu'a fait Sylvain Gouguenheim en rappelant l'importance de cet homme qui traduisait Aristote au Mont-Saint-Michel.

Roger Pol-Droit
Le Monde, daté du 4 avril 2008



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un article dans le Figaro, 17 avril 2008


Les tribulation des auteurs grecs dans le monde chrétien

Contredisant la thèse d'un "islam des Lumières", Sylvain Gouguenheim montre que le savoir grec antique n'a jamais disparu d'Europe et que les Arabes qui traduisirent ces textes n'étaient pas des musulmans

On se souvient de la récente polémique qui a entouré la conférence tenue à l'université de Ratisbonne, le 12 septembre 2006, par Benoît XVI, alors accusé d'avoir lié islam et violence. Loin de s'adresser au monde musulman, il s'agissait pour le Saint-Père d'aborder les ­rapports entre foi et raison et de dénoncer le «programme de déshellénisation» de l'Occident chrétien.

Éclairant fort à propos ce débat, l'historien Sylvain Gouguenheim montre que la qualification d'«âges sombres» ne convient pas à la période médiévale. En effet, l'Europe du haut Moyen Âge ne s'est jamais coupée du savoir grec, dont quelques manuscrits restaient conservés dans les monastères. Des noyaux de peuplement hellénophone s'étaient maintenus en Sicile et en Italie du Sud, Salerne ayant ainsi produit une école de médecine indépendante du monde arabo-musulman. Enfin, durant les premiers siècles du Moyen Âge, il existait aussi une «authentique diaspora chrétienne orientale». Car, nous dit l'auteur, si l'islam a transmis le savoir antique à l'Occident, c'est d'abord «en provoquant l'exil de ceux qui refusaient sa mont_saint_michel_abbaye_cloitre_1domination». Assez naturellement, les élites purent se tourner vers la culture grecque, favorisant ces mouvements de «renaissance» qui animèrent l'Europe, de Charlemagne à Abélard.

D'ailleurs, avant même que les lettrés ne vinssent chercher en Espagne ou en Italie les versions arabes des textes grecs, d'importants foyers de traduction de manuscrits originaux existaient en Occident. À cet égard, M. Gouguenheim souligne le rôle capital joué par l'abbaye du Mont-Saint-Michel [ci-contre] où un clerc italien qui aurait vécu à Constantinople, Jacques de Venise, fut le premier traducteur européen d'Aristote au XIIe siècle. Ce monastère serait donc bien «le chaînon manquant dans l'histoire du passage de la philosophie aristotélicienne du monde grec au monde latin».


Une hellénisation restée superficielle

Le savoir grec n'avait pas davantage déserté le monde oriental. Byzance n'a jamais oublié l'enseignement de Platon et ­d'Aristote et continua à produire de grands savants. Il faut ici saluer l'influence essentielle des chrétiens syriaques, car «jamais les Arabes musulmans n'apprirent le grec, même al-Farabi, Avicenne ou ­Averroès l'ignoraient». L'écriture arabe coufique fut forgée par des missionnaires chrétiens qui donnèrent aussi aux Arabes musulmans les traductions des œuvres grecques. De ce point de vue, l'arrivée au pouvoir des Abbassides, en 751, ne constitua pas une rupture fondamentale.

Contredisant la thèse d'un « islam des Lumières», avide de science et de philosophie, l'auteur montre les limites d'une ­hellénisation toujours restée superficielle. Il est vrai que la Grèce représentait un monde radicalement étranger à l'islam qui «soumit le savoir grec à un sérieux examen de passage où seul passait à travers le crible ce qui ne comportait aucun danger pour la religion». Or ce crible fut très sélectif. La littérature, la tragédie et la philosophique grecques n'ont guère été reçues par la culture musulmane. Quant à l'influence d'Aristote, elle s'exerça essentiellement dans le domaine de la logique et des sciences de la nature. Rappelons que ni La Métaphysique, ni La Politique ne furent traduites en arabe.

Parler donc à son propos d'hellénisation «dénature la civilisation musulmane en lui imposant par ethnocentrisme ? une sorte d'occidentalisation qui ne correspond pas à la réalité, sauf sous bénéfice d'inventaire pour quelques lettrés».

Félicitons M. Gouguenheim de n'avoir pas craint de rappeler qu'il y eut bien un creuset chrétien médiéval, fruit des héritages d'Athènes et de Jérusalem. Alors que l'islam ne devait guère proposer son savoir aux Occidentaux, c'est bien cette rencontre, à laquelle on doit ajouter le legs romain, qui «a créé, nous dit Benoît XVI, l'Europe et reste le fondement de ce que, à juste titre, on appelle l'Europe».

Stéphane Boiron
Le Figaro, 17 avril 2008

- Aristote au Mont Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne, de Sylvain Gouguenheim Seuil, 280 p., 21 €.

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dossier du Monde des livres, 24 avril 2008

Polémique sur les  "racines" de l'Europe


ans son édition du 4 avril, sous le titre "Et si l'Europe ne devait pas ses savoirs à l'islam ?", "Le Monde des livres" publiait le compte rendu d'un ouvrage de Sylvain Gouguenheim, professeur d'histoire médiévale à l'École normale supérieure de Lyon. Intitulé Aristote au Mont-Saint-Michel. Les racines grecques de l'Europe chrétienne, le livre venait de paraître aux éditions du Seuil dans la prestigieuse collection "L'Univers historique".

Cet article a suscité une vive émotion dans une partie de la communauté universitaire. Ainsi, quaranteH_l_ne_Bellosta historiens et philosophes des sciences, emmenés par Hélène Bellosta (CNRS), nous ont fait parvenir un texte intitulé "Prendre de vieilles lunes pour des étoiles nouvelles, ou comment refaire aujourd'hui l'histoire des savoirs", dans lequel ils expriment leur "surprise". S'élevant contre les thèses de Sylvain Gouguenheim, qu'ils assimilent aux "propos d'un idéologue", ils écrivent : "Il n'est aucun philosophe ou historien des sciences sérieux pour affirmer que "l'Europe doit ses savoirs à l'islam" ; la science en tant que telle se développe selon ses voies propres et ne doit pas plus à l'islam qu'au christianisme, au judaïsme ou à toute autre religion. En revanche, l'idée que l'Europe ne doit rien au monde arabe (ou arabo-islamique) et que la science moderne est héritière directe et unique de la science et de la philosophie grecques n'est pas nouvelle. Elle constitue même le lieu commun de la majorité des penseurs du XIXe siècle et du début du XXe siècle, tant philosophes qu'historiens des sciences, dont le compte rendu du Monde reprend tous les poncifs."

alaindeliberaDe même, le médiéviste Alain de Libera [il n'est pas médiéviste - on dit cela d'un historien -, mais philosophe, spécialiste de la phisophie au Moyen Âge], directeur d'études à l'Ecole pratique des hautes études, par ailleurs directeur de collection au Seuil, fustige "un plaisant exercice d'histoire fiction", digne des "amateurs de croisades", et propre à déclencher la "mobilisation huntingtonienne" du choc des civilisations.

"Encore un pas et l'on verra fanatiques religieux et retraités pavillonnaires s'accorder sur le fait que, après tout, l'Europe chrétienne, qui bientôt n'aura plus de pétrole, a toujours eu les idées...", ironise-t-il. "Je croyais naïvement qu'en échangeant informations, récits, témoignages, analyses et mises au point critiques, nous, femmes et hommes de sciences, d'arts ou de savoirs (...), nous, citoyens du monde, étions enfin prêts à revendiquer pour tous, comme jadis Farabi pour les Arabes, le "grand héritage humain". C'était oublier l'Europe aux anciens parapets. (...). Cette Europe-là n'est pas la mienne", écrit encore Alain de Libera. Une position partagée par les historiens Gabriel Martinez-Gros et Julien Loiseau, dont nous avons publions la tribune, et qui résument à leur manière la plupart des arguments utilisés par leurs collègues.

Nous donnons également la parole à Sylvain Gouguenheim. Quant aux éditions du Seuil, enfin, elles manifestent leur perplexité : " Je ne comprends pas très bien toute cette agitation, affirme Monique Labrune, responsable des sciences humaines. De notre côté, nous n'avons que des échos positifs sur ce livre. C'est un peu étrange. Je voudrais être sûre qu'il n'y a pas autre chose que le livre derrière tout cela. J'aimerais avoir toutes les clefs..."

Jean Birnbaum
"Le Monde des livres"
Le Monde daté du 25 avril 2008

Penser_au_Moyen_Age







un livre d'Alain de Libera (1991)




une réplique de deux historiens médiévistes

24 avril 2008

Une démonstration suspecte

rmé d'une solide réputation de sérieux (acquise par ses travaux sur la mystique rhénane), fort également d'une position institutionnelle prestigieuse, Sylvain Gouguenheim entend réviser une idée largement reçue et même redresser une véritable injustice de l'histoire : l'Europe chrétienne du Moyen Age n'a pas reçu l'héritage grec, passivement, des Arabes ; elle a toujours conservé la conscience de sa filiation grecque ; mieux, elle s'est réapproprié, de sa propre initiative, ce legs qui lui revenait de droit, accueillant les savants grecs fuyant l'islam, entreprenant de retrouver la lettre des textes grecs en les traduisant directement en latin. C'est la gloire oubliée de Jacques de Venise et de l'abbaye du Mont-Saint-Michel.

Si l'on suit Sylvain Gouguenheim, la civilisation islamique se serait avérée incapable d'assimiler l'héritage grec ou d'accepter Aristote, faute de pouvoir accéder aux textes sans les traductions des chrétiens d'Orient, faute de pouvoir subordonner la révélation à la raison (ce qu'au passage personne ne put faire en Europe avant le XVIIIe siècle). Il devient dès lors possible de rétablir la véritable hiérarchie des civilisations, ce que fait Sylvain Gouguenheim en prenant comme mètre étalon leur degré d'hellénisation. À sa droite, l'Europe, dont la quête désintéressée du savoir et la modernité politique plongent leurs racines dans ses origines grecques et son histoire chrétienne. À sa gauche, l'islam, quatorze siècles de civilisation qu'il convient de ramener à ses fondations religieuses sorties nues du désert, à son littéralisme obsessionnel, à son juridisme étroit, à son obscurantisme, son fatalisme, son fanatisme.

Dans son éloge de la passion grecque de l'Europe chrétienne, Sylvain Gouguenheim surévalue le rôle du monde byzantin, faisant de chaque "Grec" un "savant", de chaque chrétien venu d'Orient un passeur culturel. On sait pourtant que dans les sciences du quadrivium, en mathématiques et en astronomie surtout, la production savante du monde islamique est, entre le IXe et le XIIIe siècle, infiniment plus importante que celle du monde byzantin. Dans sa démystification de l'hellénisation de l'islam, Sylvain Gouguenheim confond "musulman" et "islamique", ce qui relève de la religion et ce qui relève de la civilisation. Les chrétiens d'Orient ne sont certes pas musulmans, mais ils sont islamiques, en ce qu'ils sont partie prenante de la société de l'islam et étroitement intégrés au fonctionnement de l'État.

On ne peut nier la diversité ethnique et confessionnelle de la civilisation islamique sans méconnaître son histoire. Dans sa révision de l'histoire intellectuelle de l'Europe chrétienne, Sylvain Gouguenheim passe pratiquement sous silence le rôle joué par la péninsule Ibérique, où on a traduit de l'arabe au latin les principaux textes mathématiques, astronomiques et astrologiques dont la réception allait préparer en Europe la révolution scientifique moderne.

D'Aristote, Sylvain Gouguenheim semble ignorer que la pensée scolastique du XIIIe siècle a moins retenu la lettre des textes que le commentaire qu'on en avait déjà fait, comme celui d'Averroès, conceptualisant les contradictions entre la foi et une pensée scientifique qui ignore la création du monde et l'immortalité de l'âme. Alain de Libera l'a montré, c'est moins l'aristotélisme qui gagne alors l'université de Paris que l'averroïsme : le texte reçu par et pour son commentaire.

Le livre aurait pu s'arrêter là et n'aurait guère mérité l'attention, tant il nie obstinément ce qu'un siècle et demi de recherche a patiemment établi. Mais Sylvain Gouguenheim entreprend également de mettre sa démonstration au coeur d'une nouvelle grammaire des civilisations, où la langue et les structures mentales qu'elle porte jouent un rôle déterminant. La langue, dont la valeur ontologique expliquerait l'inanité des traductions d'un système linguistique à un autre, d'une langue indo-européenne (le grec) à une langue sémitique (l'arabe) et retour (le latin). La langue, à la recherche de laquelle Sylvain Gouguenheim réduit la longue quête de savoir des chrétiens de l'Occident médiéval, quand Peter Brown montre à l'inverse comment le christianisme a emprunté les chemins universels de la multitude des idiomes. La langue, à laquelle Gouguenheim ramène le génie de l'islam, qui n'aurait jamais échappé aux rets des sourates du Coran.

L'esprit scientifique, la spéculation intellectuelle, la pensée juridique, la création artistique d'un monde qui a représenté jusqu'à un quart de l'humanité auraient, depuis toujours, été pétrifiés par la Parole révélée. Le réquisitoire dressé par Sylvain Gouguenheim sort alors des chemins de l'historien, pour se perdre dans les ornières d'un propos dicté par la peur et l'esprit de repli.

Dans ces troubles parages, l'auteur n'est pas seul. D'autres l'ont précédé, sur lesquels il s'appuie volontiers. Ainsi René Marchand est-il régulièrement cité, après avoir été remercié au seuil de l'ouvrage pour ses "relectures attentives" et ses "suggestions". Son livre, Mahomet. Contre-enquête, figure dans la bibliographie. Un ouvrage dont le sous-titre est : "Un despote contemporain, une biographie officielle truquée, quatorze siècles de désinformation". Or René Marchand a été plébiscité par le site Internet de l'association Occidentalis, auquel il a accordé un entretien et qui vante les mérites de son ouvrage. Un site dont "l'islamovigilance" veille à ce que "la France ne devienne jamais une terre d'islam". Qui affirme sans ambages qu'avant la fin du siècle, les musulmans seront majoritaires dans notre pays. Qui appelle ses visiteurs à combattre non le fondamentalisme islamique, mais bel et bien l'islam. Qui propose à qui veut les lire, depuis longtemps déjà, des passages entiers de l'Aristote au Mont Saint-Michel.

Les fréquentations intellectuelles de Sylvain Gouguenheim sont pour le moins douteuses. Elles n'ont pas leur place dans un ouvrage prétendument sérieux, dans les collections d'une grande maison d'édition.

Gabriel Martinez-Gros, Professeur d'histoire médiévale à l'université Paris-VIII
Julien Loiseau, Maître de conférences en histoire médiévale à l'université Montpellier-III
Le Monde
, (Le Monde des Livres) édition datée du 25 avril 2008

Gabriel_Martinez_Gros





Gabriel Martinez-Gros



une réponse de Sylvain Gouguenheim, auteur du livre

"On me prête des intentions que je n'ai pas"

- Sylvain Gouguenheim, comment réagissez-vous à la polémique suscitée par votre livre ?
9782020965415FS Je suis bouleversé par la virulence et la nature de ces attaques. On me prête des intentions que je n'ai pas. Pour écrire ce livre, j'ai utilisé des dizaines d'articles de spécialistes très divers. Mon enquête porte sur un point précis : les différents canaux par lesquels le savoir grec a été conservé et retrouvé par les gens du Moyen Age. Je ne nie pas du tout l'existence de la transmission arabe, mais je souligne à côté d'elle l'existence d'une filière directe de traductions du grec au latin, dont le Mont Saint-Michel a été le centre au début du XIIe siècle, grâce à Jacques de Venise. Je ne nie pas non plus la reprise dans le monde arabo-musulman de nombreux éléments de la culture ou du savoir grecs. J'explique simplement qu'il n'y a sans doute pas eu d'influence d'Aristote et de sa pensée dans les secteurs précis de la politique et du droit ; du moins du VIIIe au XIIe siècles. Ce n'est en aucun cas une critique de la civilisation arabo-musulmane. Du reste, je ne crois pas à la thèse du choc des civilisations : je dis seulement - ce qui n'a rien à voir - qu'au Moyen Age, les influences réciproques étaient difficiles pour de multiples raisons, et que nous n'avons pas pour cette époque de traces de dialogues telles qu'il en existe de nos jours.

Certains s'étonnent de vous voir citer et remercier René Marchand, auteur de pamphlets contre l'islam.
M. Marchand fait partie des gens qui ont attiré mon attention sur les problèmes de traduction entre l'arabe et le grec et sur les structures propres à la langue arabe. Voilà pourquoi je le remercie, parmi d'autres. Je l'ai cité en bibliographie car je me dois d'indiquer tous les articles et tous les livres que j'ai consultés. Cela ne fait pas de chaque volume cité un ouvrage de référence. Je m'étonne qu'on s'attarde sur ce point, alors que j'utilise de nombreux livres remarquables, dont ceux de Dominique Urvoy, de Geneviève Balty-Guesdon, ou d'autres spécialistes.

Comment expliquer que plusieurs mois avant sa parution, des extraits de votre livre se soient retrouvés sur un site d'extrême droite ?
J'ai donné depuis cinq ans - époque où j'ai "découvert" Jacques de Venise - des extraits de mon livre à de multiples personnes. Je suis totalement ignorant de ce que les unes et les autres ont pu ensuite en faire. Je suis choqué qu'on fasse de moi un homme d'extrême droite alors que j'appartiens à une famille de résistants : depuis l'enfance, je n'ai pas cessé d'être fidèle à leurs valeurs.

Propos recueillis par Jean Birnbaum


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Quelques réactions des abonnés du Monde.fr

HENRI B.
26.04.08 | 10h41

Comment se fait-il que Roger Pol Droit ne réponde pas ? Pourquoi Birnbaum doit-il s'y coller ? Encore une bourde éditoriale de Monde...

CLAUDE W.
25.04.08 | 13h32

J'ajoute ne pas bien comprendre la vindicte des deux historiens (G.Martinez-Gros et J.Loiseau) ; la façon dont ils prennent argument de certaines utilisations du livre par une officine anti-islamique n'est pas des plus honnêtes. Le style Caroline Fourest, dont nombre de dénonciations sont fondées sur des amalgames peu probants mais rudement interprétés, commence à faire beaucoup d'émules. Je suis étonné d'ailleurs que Le Monde ouvre si généreusement ses colonnes à cette personne.

CLAUDE W.
25.04.08 | 13h23

Que se passe-t-il au Seuil ? Alain de Libera n'y est-il pas directeur de collection ? Pourquoi alors ce règlement de comptes,ces accusations fortes ('plaisant exercice d'histoire fiction')? Quant au Monde, la recension du livre était dotée d'un titre grossier, outrancier, et l'entame de l'article fort maladroite. Pour autant, la thèse était présentée avec des nuances. Mieux distinguer héritages scientifiques et héritages philosophiques (ou culturels au sens large) éviterait une part de confusion.

anne-marie l.
25.04.08 | 10h28

J'ignorais la possibilité de réagir en (500 X 2) signes! Je persiste, resigne et précise: Votre censure porte sur les arguments fournis par les "quarante" et Alain de Libera (que tout lecteur et moi-même,connaissant quelques uns de leurs travaux et publications, souhaitions lire). On ne peut ignorer les enjeux "cosmopolitiques", hélas guerriers, de cette "polémique". Les "clercs-croisés" (intellectuels, artistes et journalistes)peuvent "matraquer" l'opinion et pour quels plats de lentilles...

anne-marie l.
25.04.08 | 08h16

La moindre déontologie intellectuelle et journalistique, certes "archaïque", eût exigé du Monde des Livres de faire paraître les textes des universitaires-chercheurs (ou version réduite acceptée par eux). Or vous faites un montage de citations de style "pipolisant", redonnez de la place à Gougenheim, pauvre victime, condescendez, certes, à publier texte d'historiens censés "résumer" les textes censurés par vous. 0/20 à votre copie (déontologie et confusion entre pub et esprit critique).aml




Landerneau terre d'Islam, par Alain de Libera

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Alain de Libera est directeur d’études à l’École pratique des hautes études, Professeur ordinaire à l’université de Genève, Vice-président de la Société internationale pour l’étude de la philosophie médiévale, Directeur de la collection Des Travaux aux Éditions du Seuil.

 

En 1857, Charles Renouvier faisait paraître Uchronie (l’utopie dans l’histoire) : esquisse historique apocryphe du développement de la civilisation européenne tel qu’il n’a pas été, tel qu’il aurait pu être. L’histoire alternative (What-if history) était née. Ce qui s’énonce sous le titre Et si l’Europe ne devait pas ses savoirs à l’Islam ? pourrait annoncer un plaisant exercice d’histoire fiction. Le public du Monde se voit au contraire offrir l’éloge d’une histoire réelle, étouffée par les « réjugés de l’heure» et les «convictions devenues dominantes ces dernières décennies», en suivant (au choix) «Alain de Libera ou Mohammed Arkoun, Edward Saïd ou le Conseil de l’Europe». L’« étonnante rectification » à laquelle le « travail » (mirabile dictu !) récemment publié aux Éditions du Seuil soumet les thèses de la nouvelle Bande des Quatre, autrement dit : une vulgate « qui n’est qu’un tissu d’erreurs, de vérités déformées, de données partielles ou partiales », vient de loin. Elle courait depuis beau temps sur les sites néoconservateurs, traditionnalistes ou postfascistes stigmatisant pêle-mêle mon « adulation irrationnelle » et ma « complaisance » pour l’« Islam des Lumières » ou le « mythe de l’Andalousie tolérante », sans oublier l’accumulation de « mensonges destinés à nous anesthésier » (« on ne nous dit jamais que les textes grecs ont été traduits par des Chrétiens d’Orient, à partir du syriaque ou directement du grec » ; on nous cache soigneusement que « ni Avicenne, ni Averroès ne connaissaient le grec », comme, serais-je tenté de dire, on ne nous dit pas volontiers qu’il en allait de même pour Pierre Abélard, Albert le Grand, Thomas d’Aquin ou Guillaume d’Ockham)

Après l’extraordinaire publicité faite à Aristote au Mont-saint-Michel, « nous » voilà définitivement débriefés. L’univers des blogs souffle : le « lavage de cerveau arabolâtre » par une « triste vulgate universitaire de niveau touristique », «tiers-mondiste» et «néostalinienne» n’opérera plus sur «nous». Les médiévistes, eux, ont du mal à respirer. Si détestable soit l’air ambiant, leurs réponses viendront. Étant nommément mis en cause, je me crois autorisé ici à quelques remarques personnelles, supposant que «le Conseil» incriminé ne se manifestera guère, non plus qu’Edward Saïd mort en 2003, et espérant que mon ami Mohammed Arkoun trouvera le moyen de se faire entendre.

Si Ernest Renan a cru bon d’écrire en 1855 que « les sémites n’ont pas d’idées à eux », aucun chercheur virtuellement mis au ban du « courage » intellectuel par l’article paru le 3 avril 2008 dans Le Monde n’a jamais parlé d’une « rupture totale entre l’héritage grec antique et l’Europe chrétienne du haut Moyen Âge », ni soutenu que la « culture grecque avait été pleinement accueillie par l’islam », ni laissé entendre que « l’accueil fait aux Grecs fut unanime, enthousiaste » ou «capable de bouleverser culture et société islamiques». Aucun historien des sciences et des philosophies arabes et médiévales n’a jamais présenté « le savoir philosophique européen » comme « tout entier dépendant des intermédiaires arabes » ni professé qu’un « monde islamique du Moyen Âge, ouvert et généreux » soit venu « offrir à l’Europe languissante et sombre les moyens de son expansion ». La vulgate dénoncée dans Le Monde n’est qu’un sottisier ad hoc, inventé pour être, à peu de frais, réfuté

En ce qui me concerne, j’ai, en revanche, «répété crescendo» depuis les années 1980 que le haut Moyen Âge latinophone avait préservé une partie du corpus philosophique de l’Antiquité tardive, distingué deux âges dans l’histoire de la circulation des textes d’Orient (chrétien, puis musulman) en Occident, l’âge gréco-latin et l’arabo-latin, marqué la différence entre «philosophie en Islam» et «philosophie de l’islam», mis en relief le rôle des Arabes chrétiens et des Syriaques dans « l’acculturation philosophique des Arabes » et souligné la multiplicité des canaux par lesquels les Latini s’étaient sur la « longue durée » (le «long Moyen Âge» cher à Jacques Le Goff) réapproprié une partie croissante de la pensée antique.

Un historien, dit Paul Veyne, «raconte des intrigues», qui sont « autant d’itinéraires qu’il trace » à travers un champ événementiel objectif «divisible à l’infini» : il ne peut «décrire la totalité de ce champ, car un itinéraire doit choisir et ne peut passer partout» ; aucun des itinéraires qu’il emprunte «n’est le vrai», aucun «n’est l’Histoire». Les mondes médiévaux complexes, solidaires, conflictuels dont j’ai tenté de décrire les relations, les échanges et les fractures ne sauraient s’inscrire dans une hagiographie de l’Europe chrétienne, ni s’accommoder de la synecdoque historique qui y réduit l’Occident médiéval : il y a un Occident musulman et un Orient musulman comme il y a un Orient et un Occident chrétiens, un kalam (le nom arabe de la «théologie») chrétien, juif, musulman.

Vue dans la perspective de la translatio studiorum, l’hypothèse du Mont-saint-Michel, « chaînon manquant dans l’histoire du passage de la philosophie aristotélicienne du monde grec au monde latin » hâtivement célébrée par l’islamophobie ordinaire, a autant d’importance que la réévaluation du rôle de l’authentique Mère Poulard dans l’histoire de l’omelette.

Pour construire mon propre itinéraire, j’ai utilisé, en l’adaptant, l’expression de translatio studiorum (transfert des études) pour décrire les transferts culturels successifs qui, à partir de la fermeture de la dernière école philosophique païenne, l’école néoplatonicienne d’Athènes, par l’empereur chrétien Justinien (529), ont permis à l’Europe d’accueillir les savoirs grecs et arabes dans ses lieux et institutions d’enseignement. L’homme dont le nom «mériterait de figurer en lettres capitales dans les manuels d’histoire culturelle», Jacques de Venise, que tout le monde savant connaît grâce à Lorenzo Minio Paluello et l’Aristoteles Latinus, figure en bas de casse dans l’index de mon manuel de Premier cycle, désormais (providentiellement) rebaptisé Quadrige, où il occupe plus de deux lignes, comme celui, au demeurant, de Hunayn Ibn Ishaq. Les amateurs de croisades pourraient y regarder avant d’appeler le public à la grande mobilisation contre les sans-papiers

Vue dans la perspective de la translatio studiorum, l’hypothèse du Mont-saint-Michel, «chaînon manquant dans l’histoire du passage de la philosophie aristotélicienne du monde grec au monde latin» hâtivement célébrée par l’islamophobie ordinaire, a autant d’importance que la réévaluation du rôle de l’authentique Mère Poulard dans l’histoire de l’omelette. Le sous-titre de l’ouvrage paru dans la collection «L’Univers historique» est plus insidieux. Parler des «racines grecques de l’Europe chrétienne» n’est pas traiter des «racines grecques du Moyen Âge occidental latin». On ne peut annexer Byzance ni à l’une ni à l’autre. Les interventions de Charlemagne dans la «querelle des images», le schisme dit «de Photios», le sac de Constantinople par les «Franks», le nom byzantin des «croisés», le Contra errores Graecorum ne plaident guère en faveur d’une réduction des christianismes d’Orient et d’Occident à une Europe chrétienne étendue d’Ouest en Est.

Quant aux fameuses «racines grecques» opposées à l’« hellénisation superficielle de l’Islam », faut-il encore rappeler que la philosophia a d’abord été présentée comme une science étrangère («du dehors») chez les Byzantins avant de l’être chez les penseurs juifs et musulmans, l’appellation de « science étrangère » – étrangère à la Révélation et au «nous» communautaire qu’elle articule – étant née à Byzance, où la philosophie a été longtemps qualifiée de «fables helléniques» ? Faut-il encore rappeler que si les chrétiens d’Occident se sont emparés de la philosophie comme de leur bien propre, ce fut au nom d’une théorie de l’acculturation formulée pour la première fois par Augustin, comparant la sagesse des païens et la part de vérité qu’elle contient à l’or des égyptiens légitimement approprié par les Hébreux lors de leur sortie d’Égypte (Ex 3, 22 et Ex 12, 35) ?

Je «nous» croyais sortis de ce que j’ai appelé il y a quelques années, dans un article du Monde diplomatique : la «double amnésie nourissant le discours xénophobe». Voilà, d’un trait de plume, la falsafa redevenue un événement marginal, pour ne pas dire insignifiant, sous prétexte que «l’Islam ne s’est pas véritablement hellénisé». Averroès ne représente qu’Ibn Rushd, Avicenne qu’Ibn Sina, c’est-à-dire « pas grand-chose, en tout cas rien d’essentiel ». Encore un pas et l’on verra fanatiques religieux et retraités pavillonnaires s’accorder sur le fait que, après tout, l’Europe chrétienne qui, bientôt, n’aura plus de pétrole a toujours eu les idées. J’ai assez dénoncé le «syndrome de l’abricot» pour ne pas jouer la reconnaissance de dette contre le refus de paternité ni tout confondre dans la procédure et la chicane accompagnant tout discours de remboursement. Le lieu commun consistant à recommencer l’inlassable inventaire des emprunts de l’Occident chrétien au monde arabo-musulman n’a pas d’intérêt, tant, du moins, qu’il ne s’inscrit pas dans une certaine vision philosophique et culturelle de l’histoire européenne. De fait, aller répétant que le mot français abricot vient de l’espagnol albaricoque, lui même issu de l’arabe al-barqûq (« prune ») ne changera rien au contexte politique et idéologique teinté d’intolérance, de haine et de refus que vit une certaine Europe – sans parler évidemment des États-Unis d’Amérique – par rapport à l’Islam. Qu’elle soit ou non « étrangère », reste que la philosophie n’a cessé de voyager. C’est la longue chaîne de textes et de raison(s) reliant Athènes et Rome à Paris ou à Berlin via Cordoue qui a rendu possibles les Lumières : Mendelssohn lisait Maïmonide, qui avait lu Avicenne, qui avait lu Alfarabi, et tous deux avaient lu Aristote et Alexandre d’Aphrodise et les dérivés arabes de Plotin et de Proclus.

Le « creuset chrétien médiéval », «fruit des héritages d’Athènes et de Jérusalem», qui a «créé, nous dit Benoît XVI, l’Europe et reste le fondement de ce que, à juste titre, on appelle l’Europe», est d’un froid glacial, une fois « purifié » des « contributions » des traducteurs juifs et chrétiens de Tolède, des Yeshivot de « sciences extérieures » de l’Espagne du Nord, où les juifs, exclus comme les femmes des universités médiévales, nous ont conservé les seuls fragments attestés d’une (première) version arabe du Grand Commentaire  d’Averroès sur le De anima d’Aristote. Combien de manuscrits judéo-arabes perdus à Saragosse ? Combien de maîtres oubliés ? Autant peut-être que dans les abbayes bénédictines normandes du haut Moyen Âge. Je confie à d’autres le soin de rappeler aux fins observateurs des « tribulations des auteurs grecs dans le monde chrétien » que la Métaphysique d’Aristote a été traduite en arabe et lue par mille savants de l’Inde à l’Espagne, qu’un livre copié, a contrario, ne fait pas un livre lu, que la mise en latin de scholies grecques trouvées telles quelles dans le manuscrit de l’œuvre que l’on traduit n’est pas nécessairement une « exégèse » originale, qu’il a existé des Romains païens, que les adversaires musulmans de la falsafa étaient tout imprégnés des philosophies atomistes reléguées au second plan dans les écoles néoplatoniciennes d’Athènes et d’Alexandrie, et bien d’autres choses encore

Les médias condamnent les chercheurs au rôle de Sganarelle, réclamant leurs gages, seuls, et passablement ridicules, sur la grande scène des pipoles d’un jour. Je n’ai que peu de goût pour ce rôle, et ne le tiendrai pas. Je pourrais m’indigner du rapprochement indirectement opéré dans la belle ouvrage entre Penser au Moyen Âge et l’œuvre de Sigrid Hunke, «l’amie de Himmler», appelant les amateurs de pensée low cost à bronzer au soleil d’Allah. Je préfère m’interroger sur le nous ventriloque réclamant pour lui seul l’usufruit d’un Logos benoîtement assimilé à la Raison : nous les «François de souche», nous les «voix de la liberté», nous les «observateurs de l’islamisation», nous les bons chrétiens soucieux de ré-helléniser le christianisme pour oublier la Réforme et les Lumières. Je ne suis pas de ce nous-là.

Méditant sur les infortunes de la laïcité, je voyais naguère les enfants de Billy Graham et de Mecca-Cola capables de sortir enfin de l’univers historique du clash des civilisations. Je croyais naïvement qu’en échangeant informations, récits, témoignages, analyses et mises au point critiques, nous, femmes et hommes de sciences, d’arts ou de savoirs, aux expertises diverses et aux appartenances culturelles depuis longtemps multiples, nous, citoyens du monde, étions enfin prêts à revendiquer pour tous, comme jadis Kindi pour les Arabes, le «grand héritage humain». C’était oublier l’Europe aux anciens parapets. La voici qui, dans un remake qu’on voudrait croire involontaire de la scène finale de Sacré Graal, remonte au créneau, armée de galettes «Tradition & Qualité depuis 1888». Grand bien lui fasse. Cette Europe-là n’est pas la mienne. Je la laisse au «ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale» et aux caves du Vatican.

Alain de Libera
Publié le lundi 28 avril 2008 à 19h36 - Télérama

à lire - Alain de Libera :

 

- La philosophie médiévale, "Que sais-je ?", n° 1044, P.U.F.
- Penser au Mouen Âge, éd. du Seuil (Points).
- Averroès et l'averroïsme, "Que sais-je ?", n° 2631, [en collaboration avec M.-R. Hayoun], P.U.F


________________________________________________________________



9782020965415FS

résumé du livre, par l'éditeur

On considère généralement que l'Occident a découvert le savoir grec au Moyen Âge, grâce aux traductions arabes.

Sylvain Gouguenheim bat en brèche une telle idée en montrant que l'Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d'un actif travail de traduction des textes d'Aristote en particulier, dès le XIIe siècle. On découvre dans le même temps que, de l'autre côté de la Méditerranée, l'hellénisation du monde islamique, plus limitée que ce que l'on croit, fut surtout le fait des Arabes chrétiens.

Même le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averroès) resta en partie étranger à l'esprit grec. Ainsi, il apparaît que l'hellénisation de l'Europe chrétienne fut avant tout le fruit de la volonté des Européens eux-mêmes. Si le terme de "racines" a un sens pour les civilisations, les racines du monde européen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.



Sommaire du livre

      
PERMANENCES ÉPARSES ET QUÊTE DU SAVOIR ANTIQUE : LA FILIÈRE GRECQUE
- La Grèce et sa culture : un horizon pour l'Europe latine
- Conséquence : permanence et diffusion de la culture grecque dans l'Europe latine
- Conséquence : l'esprit des renaissances médiévales, IXe- XIIe siècle

SURVIE ET DIFFUSION DU SAVOIR GREC AUTOUR DE LA MÉDITERRANÉE : BYZANCE ET LES CHRÉTIENTÉS D'ORIENT
- Les grands centres du maintien de la culture antique
- L'œuvre scientifique des Syriaques
- Les grands hommes de la science gréco-chrétienne

LES MOINES PIONNIERS DU MONT-SAINT-MICHEL : L'ŒUVRE DE JACQUES DE VENISE
- Jacques de Venise, premier traducteur d'Aristote au XIIe siècle
- Les autres traductions greco-latines et leur diffusion

ISLAM ET SAVOIR GREC
- L'Islam face au savoir grec : accueil, indifférence ou rejet ?
- L'Islam et le savoir grec : le crible musulman
- Une hellénisation limitée

PROBLÈMES DE CIVILISATION
- Identités en question
- Perméabilité ?
- Antagonismes

      
Biographie de Sylvain Gouguenheim
Professeur d'histoire médiévale à l'ENS de Lyon, Sylvain Gouguenheim travaille actuellement sur l'histoire des croisades. Il a récemment publié Les Chevaliers teutoniques (Tallandier, 2008).

9782020965415FS



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