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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois

18 septembre 2014

le modèle social français : petite histoire

Lefigaro.fr Vox Société

 

 

Petite histoire du modèle social français

 

à destination de Pierre Gattaz

 

Michel RENARD

 

Crédits photo : PHILIPPE HUGUEN/AFP

 

FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour l'historien Michel Renard, le modèle social français, décrié par Pierre Gattaz, et défendu par Manuel Valls fait partie de l'identité nationale.


 

Michel Renard est professeur d'histoire. Co-auteur, avec Daniel Lefeuvre, de Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? , il anime le site Études Coloniales.


 

Le «modèle social français» est-il une composante de l'identité nationale ? Manuel Valls en est convaincu, qui livrait son sentiment devant les députés le 16 septembre : «Ce modèle n'est pas dépassé. Il est au cœur de l'identité de la nation». Notons, au passage, que l'usage de cette dernière notion ne semble plus déclencher les foudres qu'elle suscitait il y a quelques années. À l'époque, un Vincent Peillon pouvait aller jusqu'à prétendre que «La France n'a jamais parlé d'identité nationale» (Le Figaro, 26 octobre 2009).

«Notre modèle social a vécu, il n'est plus adapté».

Pierre Gattaz

Manuel Valls répondait au président du Medef, Pierre Gattaz qui, le même jour, plantait une énième pique, après une foule de toreros: «Notre modèle social a vécu, il n'est plus adapté». Avant lui, de nombreux picadors avaient déjà blessé le taureau. Parmi eux, le vice-président du Medef, Denis Kessler, déclarait au magazine Challenge en octobre 2007, qu'il fallait «défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance», source entre 1944 et 1952 du modèle social français, disait-il.

Denis Kessler
Denis Kessler, vice-président du Medef ("syndicat" des patrons) en 2007

Le 12 mai 2005, le déjà candidat Nicolas Sarkozy stigmatisait l'échec du modèle social français, il n'était plus un «bon modèle social».

Sans entrer dans la confrontation sur ce qu'il est possible de conserver ou non, d'étendre ou non, des politiques de redistribution, il est certain que celles-ci s'enracinent dans un châssis mental, législatif, économique et politique français plutôt ancien et assez divers.

À qui la France est-elle redevable de son «modèle social» ?

Si le sociologue Frédéric Lebaron note que la formule est récente et que son usage généralisé date de la campagne référendaire de 2005 (revue Savoir/Agir, n° 6, 2008) peut-être faut-il remonter au grand contrôleur général des finances de Louis XIV, Jean-Baptiste Colbert. En 1991, Michel Albert, dans Capitalisme contre capitalisme prêtait beaucoup à ce ministre mercantiliste : «La tradition française, c'est le social-colbertisme : l'État qui commande l'économie au nom d'une ambition politique et d'une volonté de progrès social».

Armand de Melun
Armand de Melun (1807-1877), fondateur des
Sociétés de Secours Mutuels, ancêtre de la Sécurité Sociale

Au XIXe siècle, avant les républicains et les socialistes, le catholicisme social du vicomte Alban de Villeneuve-Bargemont, celui d'un Charles de Montalembert ou d'un Armand de Melun, tous trois députés royalistes, légitimistes catholiques, est à l'origine de la loi du 22 mars 1841 relative au travail des enfants.

Entre 1850 et 1851, sous la IIe République, Armand de Melun fit adopter plusieurs lois sociales relatives aux jeunes détenus, au temps et aux conditions de travail, à l'assistance hospitalière, à l'aide judiciaire aux pauvres, aux contrats d'apprentissage.

Sous le Second Empire, la «politique sociale» de Napoléon III séduisit de nombreux ouvriers, même si elle n'eut guère de réalisations concrètes à son actif.

Albert de Mun
Albert de Mun (1841-1914)

Dans la lignée du catholicisme social, sous la IIIe République, le corporatiste chrétien Albert de Mun critique «l'avilissement du travail au rang d'une marchandise» et se pose comme un partisan de réformes sociales.

Il dépasse même les républicains qui votent, avec Waldeck-Rousseau, la loi sur l'autorisation des syndicats en 1884. De Mun aurait souhaité que ces derniers bénéficient de la «faculté d'acquérir» leur permettant d'organiser à large échelle des caisses contre le chômage, la maladie et la vieillesse.

Les politiques inspirées de la «question sociale» furent partagées par un large spectre idéologique, des conservateurs aux partisans du nouvel ordre issu de la Révolution française.

Le solidarisme de Léon Bourgeois (Solidarité, 1896) insuffla aux républicains l'horizon d'une société intégrée, ne laissant personne à l'écart, une «société de semblables».

Léon Bourgeois Solidarité

Les avancées sociales sur le temps de travail, les retraites et les allocations familiales, entre 1906 et 1919, furent le fait des républicains radicaux ou des libéraux.

Ainsi, les politiques inspirées de la «question sociale» furent partagées par un large spectre idéologique, des conservateurs aux partisans du nouvel ordre issu de la Révolution française.

Le Front populaire fit peut-être moins, que de Gaulle et le CNR en matière de définition d'un nouveau «modèle social».

Le 20 avril 1943, le général évoque dans un discours : «un régime économique et social tel qu'aucun monopole et aucune coalition ne puissent peser sur l'État, ni régir le sort des individus, où, par conséquent, les principales sources de la richesse commune soient ou bien administrées, ou, tout au moins contrôlées par la Nation, où chaque Français ait, à tout moment, la possibilité de travailler suivant ses aptitudes, dans une condition susceptible d'assurer une existence digne à lui-même et à sa famille (…) telle est la féconde réforme dont le pays renouvelé voudra consoler ses enfants».

programme CNR 1944

Le programme du CNR, adopté le 15 mars 1944, retient, à son tour, «le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l'amélioration du régime contractuel du travail ; (...) la garantie d'un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d'une vie pleinement humaine ; un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d'existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l'État».

Le 19 décembre 2001, Jacques Chirac, président de la République déclarait : «Notre modèle social repose sur des principes justes auxquels nos concitoyens sont légitimement et profondément attachés.» Tous les sondages le confirment.


Aucune famille politique n'est demeurée, à un moment ou à un autre, exclue de ce qui est devenu une singularité française, en Europe, en matière de redistribution et d'implication de l'État dans la pérennité et l'extension de celle-ci.

Le 19 décembre 2001, Jacques Chirac, président de la République déclarait : «Notre modèle social repose sur des principes justes auxquels nos concitoyens sont légitimement et profondément attachés.» Tous les sondages le confirment.

Et le 26 mai 2007, le communiste et ex-secrétaire général de la CGT, Georges Séguy, s'offusquait, avec un brin de fausse candeur : «comment pourrait-on admettre que la France de 1945 affaiblie par de lourdes destructions, appauvrie par le pillage systématique de l'occupant, meurtrie par les quatre années noires du régime de Vichy, aurait pu réussir ces importantes avancées sociales, alors que la France de 2007 réputée l'un des pays le plus riche du monde serait dans l'incapacité financière de respecter les conquêtes sociales issues de la Résistance ?»

Le modèle social français est donc aujourd'hui un «legs de souvenirs», un «principe spirituel», dans l'acception d'Ernest Renan (1882). Restera-t-il un «héritage à faire valoir» ?

Louis XIV et Colbert_1    Capitalisme contre capitalisme
Colbert et Louis XIV                               

 

Ordonnance_relative_à_l'organisation_de_la_Sécurité_sociale_1_-_Archives_Nationales_-_19780555_art_9
ordonnance du 4 octobre 1945 relative à l'organisation de la Sécurité Sociale,
Gouvernement provisoire de la République française

 

Anbroize Croizat
Ambroise Croizat, syndicaliste CGT, ministre communiste du Travail de 1945 à 1947,
l'un des fondateurs de la Sécurité Sociale

 

photo9
"Fermons les portes de la misère, Sécurité Sociale"

 

prevention-sanitaire-securite-sociale
"La Sécurité Sociale au service de la santé"

 

les-assistantes-sociales
"les assistances sociales apportent
aux familles joie et santé"

 

 

* toutes les images, à part la première, ont été ajoutées.

 

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14 septembre 2014

les régimes politiques en France, 1789-2014

vers16_bouchot_001f
Le coup d'État de Bonaparte le 18 Brumaire an VIII (10 novembre 1799)

peinture de François Bouchot (1840)

 

 

les régimes politiques en France, 1789-1940

 

régimes politiques 1789-1940
tableau des régimes politiques de 1789 à 1940 (sans la chronologie)

 

régimes politique fond de tableau
tableau à remplir : chronologies et couleurs

 

- voir aussi la page Les régimes politiques en France de 1789 à nos jours, sur ce blog.

 

régimes politiques 1940-2014
tableau des régimes politiques de 1940 à 2014 (sans la chronologie)

 

1940-2014 fond de tableau
tableau à remplir : chronologies et couleurs

 

Le vote des pleins pouvoirs à Philippe Pétain le 10 juillet 1940 marque la fin de la IIIe République et le début du régime de Vichy.

Régime de Vichy

10 juillet 1940 - 20 août 1944
Il s'agit du régime qui assure le gouvernement durant l’occupation du pays par l’Allemagne nazie, et dont le siège est à Vichy (zone libre jusqu'en 1942).
Le régime est dirigé par le maréchal Philippe Pétain.
Le régime de Vichy prend fin de fait lors de la Libération de la France en août 1944.

Gouvernement provisoire de la République française (GPRF)

3 juin 1944 - 27 octobre 1946
Il s'agit du gouvernement de la France, après la fin du Régime de Vichy et jusqu'à l'entrée en vigueur des institutions de la IVe République.

IVe République

27 octobre 1946 - 4 octobre 1958
La constitution qui avait donné naissance à la IVe République n'avait été adoptée qu'à une courte majorité de 53 % des suffrages au référendum de 1946
.
Les deux présidents de la IVe République sont Vincent Auriol, ancien ministre socialiste du Front populaire, et René Coty, classé au centre-droit.

Ve République

28 septembre 1958 à aujourd'hui
En 1958, la nouvelle constitution reçoit une adhésion massive. Seuls le Parti communiste, la minorité socialiste qui quitte la SFIO et quelques personnalités de la gauche non communiste tels l'UDSR François Mitterrand ou le radical Pierre Mendès-France ont appelé à voter NON.

Depuis 2000, le septennat (7 ans) a été remplacé par le quinquennat (5 ans).
La Ve République compte, à l'heure d'aujourd'hui, 7 présidents :

  • 1958-1969 - Charles de Gaulle
  • 1969-1974 - Georges Pompidou
  • 1974-1981 - Valéry Giscard d'Estaing
  • 1981-1988 - François Mitterrand
  • 1988-1995 : François Mitterrand II
  • 1995-2002 : Jacques Chirac
  • 2002-2007 : Jacques Chirac II
  • 2007-2012 - Nicolas Sarkozy
  • 2012 - aujourd'hui : François Hollande

 

___________________

 

régimes et constitutions

régimes et constitutions

 

___________________

 

iconographie

 

monarchie constitutionnelle : 1789-1792

 

 

 

Ière République : 1792-1799

 

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décret de l'Assemblée nationale du 21 septembre 1792

 

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l'une des formules de la Ière République

 

 

Consulat : 1799-1804

 

 

 

1er Empire, Napoléon Ier : 1804-1814/1815

 

 

Restauration, monarchie constitutionnelle : 1815-1830

 

 

Monarchie de Juillet, monarchie constitutionnelle : 1830-1848

 

 

IIe République : 1848-1851

 

 

Second Empire, Napoléon III : 1851/1852-1870

 

 

IIIe République : 1870-1940

 

 

régime de Vichy : 1940-1944

 

affichepetain-46a69
image de propagande en faveur du maréchal Pétain

 

 

Gouvernement Provisoire de la République française : 1944-1946

 

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Libération de Paris. Le général De Gaulle, André Le Troquer, Bidault, Alexandre Parodi,
les généraux Leclerc et Juin descendant les Champs-Elysées, 26 août 1944

 

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- le général de Gaulle, chef du G.P.R.F., à Bruay-en-Artois, le 11 août 1945 : vidéo ina.fr

 

publishable
le 2 novembre 1945, le Conseil des ministres du Gouvernement provisoire de la République française
(G.P.R.F.) se réunit sous la présidence de Charles de Gaulle (3e à partir de la droite),
quelques mois avant la démission de celui-ci le 20 janvier 1946

 

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13 novembre 1945, de Gaulle chef du gouvernement élu par l'Assemblée nationale

 

Le général de Gaulle est élu à l'unanimité par l'Assemblée constituante nouveau chef du gouvernement provisoire. Il forma son équipe aux côtés de ministres communistes.
Le 21 octobre 1945, par référendum, les Français se prononcent, à une écrasante majorité de 96% des suffrages exprimés, contre le retour aux institutions de la IIIe République et, avec une majorité plus réduite (66%), pour une Assemblée constituante aux pouvoirs limités.
Le même jour, est élue l'Assemblée constituante.
Élu à l'unanimité, le 13 novembre 1945, de Gaulle se trouve pourtant rapidement en désaccord avec la majorité de l'Assemblée sur le projet de Constitution : opposé à un système de souveraineté parlementaire, dans lequel il voit la raison de la faiblesse et des errements de la IIIe République, il veut un exécutif plus fort. Le 20 janvier 1946, il démissionne.

 

 

IVe République : 1946-1958

 

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- référendum du 13 octobre 1946 : vidéo ina.fr

 

 

Ve République : 1958-aujourd'hui

 

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affiche pour le OUI au référendum de 1958

 

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affiche pour le OUI au référendum de 1958

 

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affiche du Parti Communiste français pour le NON au référendum de 1958

 

bulletin de référendum 1958
bulletin du référendum du 28 septembre 1958

 

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L'Union de Reims, lundi 29 septembre 1958

 

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Le Petit Varois de Reims, lundi 29 septembre 1958

 

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L'Est Républicain, lundi 29 septembre 1958

 

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les présidents de la Ve République

 

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les présidents de la Ve République

 

 

 

 

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10 septembre 2014

les lois mémorielles

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les lois mémorielles en France

 

Une loi est une règle juridique ou un texte déclaratif adoptés par le Parlement qui dispose du pouvoir législatif. Une loi mémorielle a le même statut mais son contenu s'empare d'un sujet historique.

Il y aurait plus de 10 500 lois en France. Il existe 4 lois mémorielles adoptées de 1990 à 2005. C'est dire que l'histoire n'est pas un sujet habituel de législation.

 

I - Quelles sont les 4 lois portant sur une question historique ?

1 - La loi du 13 juillet 1990 dite "loi Gayssot" tend "à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe", et crée le délit de négationnisme du génocide des Juifs.

2 - La loi du 29 janvier 2001 sur la "reconnaissance du génocide arménien de 1915".

3 - La loi du 21 mai 2001 ou "loi Taubira" sur la "reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité".

4 - La loi du 23 février 2005 "portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés". L'article qui prévoit que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif" de la colonisation est celui qui suscita le plus de débat. Finalement, cette partie du texte fut abrogée en 2006, quand le Conseil constitutionnel conclut que cette disposition ne relevait pas du domaine de la loi.

tableau lois mémorielles
tableau à remplir

 

II - Critique des lois mémorielles

 

L'appel du 12 décembre 2005

 

L'appel du 12 décembre 2005, à l'origine de l'association Liberté pour l'Histoire, soutient les principes suivants :

L’histoire n’est pas une religion. L’historien n’accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant.

L’histoire n’est pas la morale. L’historien n’a pas pour rôle d’exalter ou de condamner, il explique.

L’histoire n’est pas l’esclave de l’actualité. L’historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n’introduit pas dans les événements d’autrefois la sensibilité d’aujourd’hui.

L’histoire n’est pas la mémoire. L’historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L’histoire tient compte de la mémoire, elle ne s’y réduit pas.

L’histoire n’est pas un objet juridique. Dans un État libre, il n’appartient ni au Parlement ni à l’autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l’État, même animée des meilleures intentions, n’est pas la politique de l’histoire.

C’est en violation de ces principes que des articles de lois successives – notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 – ont restreint la liberté de l’historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu’il doit chercher et ce qu’il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites.

Nous demandons l’abrogation de ces dispositions législatives indignes d’un régime démocratique.

Les signataires :
Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond, Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock.

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 Exercice :

1) dans un tableau, distinguer ce que l’histoire est et ce qu’elle n’est pas, selon ce texte.

2) résumer les motifs (les raisons) pour lesquels les historiens sont opposés aux lois mémorielles.

 

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esclave-monde

 

Esclavage

Encore aujourd'hui

Par par Eric Conan et publié dans l'Express, le 4 mai 2006

La France s'apprête à célébrer, le 10 mai, la mémoire de la traite négrière. Une journée inspirée par la loi Taubira, qui continue de soulever l'inquiétude de nombreux historiens. Car, au nom du présent, on procède à une relecture partielle d'une tragédie dont le commerce transatlantique, jusqu'au XIXe siècle, n'est qu'un des épisodes. La persistance du phénomène, dans l'Afrique de 2006, en apporte malheureusement la preuve, comme le montre notre reportage au Niger.

 

Niger esclave affranchi
prince Touareg affranchissant un esclave au Niger (source)

 

La première célébration, le 10 mai prochain, de la Journée des mémoires de la traite négrière, de l'esclavage et de leurs abolitions marque un tournant de la "politique mémorielle": c'est non pas une date du passé qui est choisie pour commémorer un événement du passé, mais le présent qui commémore son propre regard sur le passé.

Ce 10 mai renvoie en effet au 10 mai 2001, jour du vote de la loi Taubira, qualifiant la traite négrière transatlantique et l'esclavage de "crime contre l'humanité", date préférée au 27 avril 1848 (abolition définitive de l'esclavage en France). 

Jacques Chirac a ainsi tranché, le 30 janvier dernier, au terme de la polémique sur l'article 4 de la loi du 23 février 2005 recommandant aux enseignants d'évoquer le "rôle positif de la présence française outre-mer". Ce texte, qui avait scandalisé nombre d'historiens, avait été retiré le 25 janvier, mais la loi Taubira, qui lui a servi de modèle et dont beaucoup d'historiens demandaient aussi l'abrogation, se voit sanctifiée. Ce paradoxe témoigne de l'ambiguïté de débats mémoriels qui prennent le pas à la fois sur l'Histoire et sur l'intérêt pour le présent, ce qu'illustre la question de l'esclavage

Concernant le passé, les historiens s'inquiètent pour la vérité historique et pour leur liberté de recherche du fait de l'intrusion du législateur et du juge dans leur domaine.

La loi Taubira procède en effet d'une lecture partielle en n'évoquant que "la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir du XVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe".

D'une tragédie qui appartient à la longue histoire de l'humanité elle ne retient, sur une séquence courte, que les faits imputables aux seuls Blancs européens, laissant de côté la majorité des victimes de l'esclavage. La terrible traite transatlantique, du XVe au XIXe siècle, ne constitue malheureusement qu'une partie de l'histoire de l'esclavage, qui comprend également la traite arabo-musulmane, laquelle a duré du VIIe au XXe siècle, et la traite intra-africaine, toutes deux plus meurtrières. 

Le risque de voir cette histoire partielle, donc partiale, devenir histoire officielle a mobilisé les historiens quand l'un des meilleurs spécialistes actuels des traites négrières, Olivier Pétré-Grenouilleau, a été attaqué en justice au nom de la loi Taubira. Parce qu'il rappelait que la quasi-totalité des esclaves africains avaient été razziés non par des Blancs, mais par des négriers africains et que le commerce des esclaves était une routine sur le continent noir bien avant l'arrivée des négriers européens. Il lui était aussi reproché de réfuter l'application du terme de "génocide" aux traites négrières, contredisant ainsi le parallèle implicite entre l'esclavage et l'extermination des juifs qu'évoque l'exposé des motifs de la loi Taubira. 

L'affaire Pétré-Grenouilleau a d'autant plus inquiété les historiens que la loi de 2001 précise dans son article 2 que "les programmes de recherche en histoire" devront accorder "la place conséquente qu'ils méritent" à la traite négrière et à l'esclavage, dont l'interprétation judiciaire risque de se limiter à la définition partielle que ladite loi donne.

Et Christiane Taubira ne les a pas rassurés en déclarant que constituerait pour elle un "vrai problème" le fait qu'Olivier Pétré- Grenouilleau, professeur d'université, "payé par l'Éducation nationale sur fonds publics", continue d'enseigner ses "thèses" aux étudiants... Les historiens ne cessent d'ailleurs de voir leur rôle réduit par l'inflation mémorielle : s'ils avaient été encore sollicités lors des débats sur Vichy, on n'a plus eu besoin d'eux dans ceux sur la guerre d'Algérie et on les poursuit maintenant en justice à propos de la mémoire de la colonisation.

 

L'obsession pour un passé réinventé

Les enjeux du présent expliquent ces relectures du passé. Christiane Taubira déclare sans ambages qu'il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabo-musulmane "pour que les jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l'héritage des méfaits des Arabes". Ces logiques communautaires influent aussi sur le projet mémoriel La Route de l'esclave, décidé en 1993 par l'Unesco: Roger Botte, chercheur au Centre d'études africaines du CNRS, constate qu'il privilégie également la traite transatlantique du fait de "la pression des représentants du monde arabe et des Etats africains". 

Les démarches identitaires d'associations revendiquant le statut de victimes de l'Histoire transforment les débats.

Dieudonné et les Indigènes de la République ont ainsi avancé l'expression très problématique de "descendant d'esclave". Empruntée aux Noirs américains - chez qui elle correspond à une réalité historique - cette notion ne peut, avec des nuances, s'appliquer en France qu'aux populations originaires des départements d'outre-mer, mais pas à celles de l'immigration africaine, n'ayant aucun rapport généalogique avec l'esclavage, sinon une éventuelle filiation avec des marchands d'esclaves. "Si Dieudonné plaçait l'Histoire au-dessus de son fantasme mémoriel, comment l'humoriste franco-camerounais, né dans la banlieue parisienne, pourrait-il se revendiquer "descendant d'esclave"?" s'interrogent donc Géraldine Faes et Stephen Smith dans Noir et français! (Panama), ouvrage précis et passionnant qu'ils viennent de publier sur ces questions.

Que signifie en effet revendiquer une identité victimaire et invoquer une "souffrance" avec cinq ou six générations de décalage ? Est-elle assimilable aux souffrances et traumatismes transmis ou vécus directement, d'une génération à l'autre ou entre contemporains, qu'ont connus juifs, Arméniens, Bosniaques, Rwandais ou victimes du communisme ? Et à quoi correspond l'application, à des siècles de distance, de la notion de "crime contre l'humanité", définie en 1945 ?

Là réside le paradoxe le plus gênant, quand l'obsession pour un passé réinventé sert de substitut aux urgences du présent : le concept de crime contre l'humanité est une catégorie pénale dont l'objet est la poursuite de criminels ; elle a ainsi permis de pourchasser au bout du monde les derniers criminels nazis. Or les criminels esclavagistes n'appartiennent malheureusement pas tous au passé lointain.

Si l'histoire des traites européennes, qui se caractérise par sa relative brièveté et par leur abolition, est terminée depuis plus d'un siècle et demi, l'esclavage s'est prolongé dans de nombreux pays (dont l'Arabie saoudite) jusqu'au milieu du XXe siècle - c'est pour le dénoncer qu'Hergé a publié Coke en stock, en 1958. Et il persiste de nos jours dans certains pays, dont le Soudan, le Niger et la Mauritanie, qui l'a pourtant aboli officiellement en 1960, et de nouveau en 1980.

Selon le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme, il y aurait toujours plusieurs millions d'adultes en esclavage dans le monde et plusieurs associations humanitaires ont aujourd'hui pour objet le rachat d'esclaves : l'une d'elles a récemment racheté, au Soudan, un millier d'esclaves à raison de 50 dollars chacun dans la province de Bar el-Ghazal et, au Niger, les membres de Timidria continuent de lutter contre l'esclavage, malgré son abolition, en 1999 (notre reportage au Niger). 

Ces militants anonymes ont le tort de vouloir libérer les victimes oubliées d'une histoire qui écrase encore plutôt que d'instrumentaliser une histoire révolue, comme le souligne l'un d'entre eux, Moustapha Kadi Oumani, en conclusion d'Un tabou brisé. L'esclavage en Afrique (l'Harmattan) : "Il apparaît bien paradoxal, au moment où l'Afrique attend des excuses pour les effets dévastateurs qui ont laminé son potentiel économique, déformé les systèmes politiques, sapé les pratiques morales et civiques, qu'elle continue à pratiquer elle-même l'esclavage." 

 

 

 

 

 

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6 septembre 2014

superficie de l'Afrique

Afrique sur sphère

 

 

le continent africain

 

Afrique superficies
les espaces semi-continentaux pouvant être inclus dans l'espace africain

 

Le continent africain possède une superficie de 30,4 millions de km2, soit un peu moins de 60 fois la France. Il représente 20% des terres émergées.

 

 

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5 septembre 2014

chiffres romains

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chiffres romains

 

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tableau des chiffres romains

 

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formation des chiffres romains

 

 

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30 août 2014

géographie de Saint-Chamond

limites St-Cham satellite Google Maps
limites de la commune de Saint-Chamond, photo satellite, Google Maps

 

Saint-Chamond

milieux, espaces, territoires

 

 

synthèse en phase de rédaction

 

St-Cham vu du ciel
une partie de Saint-Chamond vue du ciel (cliquer sur l'image pour la visionner en toute netteté)

 

Données générales sur Saint-Chamond

- ville du département de la Loire et de la région Rhône-Alpes.

- altitude : entre 326 m et 1051 m.

- superficie : 55 km2 (départ. Loire : 4700 km2) ; un dix-millième de la France.

- pour comparaison : Rive-de-Gier : 7,3 km2 ; Saint-Jean-Bonnefonds ; 11,5 km2 ; Roanne : 16 km2 ; Saint-Étienne : 80 km2 ; Lyon : 48 km2 ; Paris : 105 km2.

- 35 419 habitants (2011).

- pour comparaison : Roanne : 36 000 ; Saint-Étienne : 170 000 ; Lyon : 491 000.

- 211e ville en France.

- nombre de naissances (2012) : 498 (taux de natalité : 14‰ ; Fra. 12,6‰).

- nombre de décès : 385 (taux de mortalité : 10,8‰ ; Fra 8,7‰).

- population scolaire : 8300 personnes.

- nombre d’entreprises : 1519 (2012) dont 605 commerces.

- taux de chômage : 15,2%.

- nom du maire : Hervé Reynaud (DVD) * à noter : M. Degraix, maire-adjoint, professeur d'histoire au lycée.

 

façade Hôtel de Ville 27 mars 2014
façade de l'Hôtel de Ville de Saint-Chamond, 27 mars 2014

 

____________________

 

les notions géographiques

milieu : prend en compte les relations qui s’établissent entre les données physiques et biogéographiques d’un lieu et le groupe social qui y vit. Ces relations sociétés/milieux sont désormais abordées en termes de potentialités/contraintes, incluant la notion de risque (phénomènes météorologiques accentués, inondations, glissements de terrain, etc.) ; elles intègrent, dans les choix de mise en valeur et d’aménagement, une préoccupation de gestion prospective, à plus ou moins long terme : «Valoriser et ménager les milieux», «Gestion durable d’un milieu».

espace : désigne toute portion de l’espace terrestre défini par ses combinaisons physiques, économiques et sociales, ou bien au pluriel pour désigner des espaces présentant des caractères de similitude : espaces montagnards, espaces ruraux, espaces industriels.

territoire : généralement associé à un sentiment d’appartenance identitaire au lieu considéré ; le processus de territorialisation se fonde sur des pratiques d’organisation, de gestion, d’administration, d’aménagement, et d’appropriation par un groupe social de l’espace sur lequel il vit et agit.

source : eduscol, juin 2011

____________________

 

 

I - Milieux

 

1 - site

À gande échelle, Saint-Chamond occupe un large site sur le fond et sur les flancs de la vallée du Gier qui descend du Pilat et parcourt 44 km avant de confluer avec le Rhône. La ville est placée entre deux reliefs : les coteaux du Jarez, au nord, qui constituent eux-mêmes les contreforts des Monts du Lyonnais ; et le massif du Pilat, au sud.

Le relief des flancs de vallée est donc constitué de deux espaces distincts :

- le massif du Pilat, pentu, culminant à 1432 m (Crêt de la Perdrix), recouvert de forêt, peu urbanisé.

- les monts du Lyonnais, à dominante collinaire (coteaux du Jarez), d'altitude plus faible que le Pilat, avec des terrains sableux et orientés au sud propices à l'arboriculture.

À plus petite échelle, Saint-Chamond appartient au Massif Central, et plus précisément aux flancs orientaux de cet ensemble montagneux, avec un débouché sur l'axe de la vallée du Rhône. Cette proximité du couloir rhodanien lui permet d'échapper à l'enclavement qui caractérise des villes comme Ussel, Langeac, Saint-Flour ou Mende.

Massif Central et Saint-Chamond carte
localisation de Saint-Chamond dans le Massif Central

 

MC_Pilat
localisation du massif du Pilat dans le Massif Central

 

carte du Pilat selon Mulsant
la ligne de crête et les communes du massif du Pilat

 

Les cours d'eau du massif du Pilat sont : face nord, des affluents indirects du Rhône par l'intermédiaire du Gier ; face sud des affluents directs du Rhône.

 

2 - le Gier

Le Gier (mot dérivant du latin Jarensis, qui a donné aussi Jarez) est une rivière qui prend sa source dans les monts du Pilat à 1300 m d'altitude environ et se jette, 44 km plus loin, dans le Rhône (rive droite).

bassin versant du Gier carte
carte du bassin versant du Gier ; les noms sont illisibles mais le réseau hydrographique (en bleu)
est bien dessiné ; en gris, les zones urbanisées ; en jaune, les surfaces de vergers

 

Les affluents du Gier sont, de l'amont vers l'aval :

- rive gauche : le Ban (et son affluent le Jarez), le Janon (et ses affluents : le Ricolin, la Combe noire, le Ricolin, le Langonand), le Mornante, les Arcs (et son affluent le Fay), la Faverge, la Durèze (et ses affluents : le Collenon, le Feuillet et le Trévin), le Féloin (et le Petit Feloin), le Bozançon (et son affluent de rive droite, le Grand Bozançon), la Combe Losange, la Combe d'Ailliex, le Godivert ; ces cours d'eau sont le plus souvent des ruisseaux.

- rive droite : l'Onzion, le Dorlay qui porte un barrage (et ses affluents : l'Artiole, le Mornante, le Sellon), le Couzon qui porte un barrage (et ses affluents : le Boissieux, le Chamerle, le Grand Valluy), le Bourbouillon, le Grand Malval (et son affluent le Petit Malval), le Mézerin, la Vareille, la Combe d'Enfert, le Grand Cotéon.

L'ensemble du réseau hydrographique du Gier constitue un bassin versant qui occupe 418 km2. Le bassin versant est la zone géographie où coulent tous les cours d'eau qui alimentent une même rivière, ou un fleuve.

 

bassin versant du Gier (2)
le bassin versant du Gier ; en légende, quelques-uns de ses affluents

 

Couzon 5 copie
le barrage sur le Couzon (Rive-de-Gier), août 2012 (photo M.R.)

 

Le Gier, et une partie du Janon, ont été recouverts en plusieurs étapes au XXe siècle, sur les tronçons traversant Saint-Chamond et Rive-de-Gier.

 

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le Gier souterrain (source photo)


Le Gier est un facteur de risque dans notre vallée. Il a connu, ces dernières années, deux crues qui ont causé des dégâts et des inondations avec dépôt d'alluvions boueux, en décembre 2003 et les 1er et 2 novembre 2008. Ces crues ont été provoquées par des chutes de pluies exceptionnellement abondantes occasionnant une hausse rapide du débit et une sortie du lit ordinaire de la rivière.

Par ailleurs, le Gier n'entrait pas dans le système de veille et d'alerte dont bénéficient les cours d'eau plus importants. La hausse du niveau du Gier a surpris et frappé par son extrême rapidité (quelques heures).

Le contrat de rivière est un dispositif technique et financier, porté notamment par Saint-Étienne Métropole (SEM), qui vise à redonner vie à la rivière par l'amélioration de la qualité de l'eau, la restauration et l'entretien des berges et du lit, la prévention des crues, la mise en valeur de l'écosystème aquatique (voir contrat de rivière SEM).

 

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lendemain de crue à Rive-de-Gier, novembre 2008 (source photo)

 

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dégâts impressionnants à Rive-de-Gier, novembre 2008 (source photo)

 

liens sur le Gier

- Étude hydraulique de la rivère "Le Gier" et de ses affluents, mai 2010.

- Contrat de rivière Gier et affluents (2013-2019), janvier 2013.

- Dans la vallée coule une rivière (exposition et blog).

- Le Gier souterrain (Forez info).

- Découvrez le Gier : une vidéo de 4'54, réalisé par Saint-Étienne Métropole.

- Dans la vallée coule une rivière : vidéo de 2'07 (un peu floue).

- Inondation à Rive-de-Gier, novembre 2008 : vidéo de 1'47 (avec une improbable musique de Mozart).

- visite ministérielle le 3 novembre 2008, après l'inondation du Gier.

- La vallée du Bozanon (départements du Rhône et de la Loire) : préserver et favoriser la biodiversité.

- Diagnostic écologique du Bozançon et mise en place d'un plan de restauration, Romain Parrot (2008).

 

3 - les barrages

Saint-Chamond ne dispose pas de nappes aquifères dans lesquelles la ville aurait pu puiser de l'eau. À défaut de cette ressource souterraine, l'alimentation en eau potable est assurée par les barrages installés en amont de Saint-Chamond, pour l'essentiel sur le territoire de la commune de La Valla-en-Gier.

Ils ont été construits en 1867-1871 (barrage de la Rive), en 1955 (barrage du Piney) et en 1968-1970 (Soulages).

Le premier intercepte la rivière du Ban, affluent du Gier. Les deux autres interceptent le Gier directement. Mais le barrage du Piney n'est plus en activité et vide en permanence.

Les édifices de la Rive et du Piney occupent le territoire de la commune de La Valla-en-Gier. Celui de Soulages est à cheval sur cette commune et celle de Saint-Chamond.

 

3 barrages plan sur fond de carte
les trois barrages de Saint-Chamond (celui du Piney n'est plus en activité) © Michel Renard

 

- le barrage de la Rive

 

barrage Rive cpa (1)
le barrage de la Rive, 6 décembre 1911 (carte postale ancienne, cpa)

 

barrage Rive cpa (2)
le barrage de la Rive, (cpa) ; on peut lire cette évocation de
"la résistance des digues qui servent à l'alimentation d'eau de ma noire patrie"

 

barrage Rive cpa (3)
le barrage de la Rive, appelé aussi barrage de la Vala (cpa postée en 1912)

 

barrage Rive cpa (4)
le barrage de la Rive, promenade avant 1914 (cpa)

 

barrage Rive cpa (5)
le barrage de la Rive, promenade avant 1914 (cpa colorisée)

 

barrage Rive cpa (6)
le barrage de la Rive, promenade avant 1914 (cpa)

 

barrage Rive cpa (7)
le barrage de la Rive, pont accessible aux véhicules (cpa)

 

barrage Rive cpa (8)
le barrage de la Rive, promenade avant 1914 (cpa)

 

barrage Rive cpa (9)
le barrage de la Rive, (cpa postée en 1907)

 

barrage Rive cpa (10)
le barrage de la Rive, hauteur 45 m (cpa)

 

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lac de retenue du barrage de la Rive (source photo)

 

- le barrage du Piney

 

Barrage du Piney (1)
le barrage du Piney, quand il était en activité (carte postale années 1970)

 

barrage du Piney photo satellite
le barrage en voûte simple du Piney, aujourd'hui inactif (photo satellite Google Maps)


Le barrage du Piney est l'histoire d'un échec. En 1996, on s'aperçut que le mur avait subi un déplacement de 7 mm ; on décida alors d'abaisser de 4 m le niveau maximal de la retenue d'eau pour parer à une pression excessive.

La découverte ultérieure de défauts dans les fondations et d'une insuffisante capacité de vidange en cas de crue centennale, conduisit à l'abandon définitif de l'ouvrage en creusant un pertuis (ouverture) à sa base en 2000. La hauteur des sédiments avait augmenté de 3 m depuis la construction.
Ayant atteint sa limite de vie, le barrage n'était plus fiable, il fut mis hors service.

 

- le barrage de Soulages

 

barrage Soulages cpm (1)
le barrage de Soulages, situé à cheval sur les territoires de Saint-Chamond et de la Valla-en-Gier

 

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lac de retenue du barrage de Soulages (source photo)

 

- informations sur les barrages, site de la mairie : http://www.saint-chamond.fr/les_barrages.html

 

II - Espaces


La vallée du Gier, entre Saint-Étienne et la vallée du Rhône, s'allonge sur 25 km. Elle comprend un fond de vallée industriel et urbain et un espace rural formé de coteaux qui dominent la vallée.

Saint-Chamond offre l'avantage d'être accessible, par voies ferrée et autoroutière, aussi bien de Lyon (40/50 mn) que de Saint-Étienne (15 mn).

Contrairement au cours du Gier qui coule vers Lyon, la ville est davantage polarisée vers Saint-Étienne que vers la capitale régionale. La plus faible distance, la quasi juxtaposition ainsi que l'appartenance administrative à Saint-Étienne Métropole (services, développement économique...) expliquent ce phénomène.

Saint-Chamond n'est pas une ville-dortoir.

 

 

perception des paysages à partir de Saint-Chamond

 

perception paysages Saint-Chamond
grand paysage de Saint-Chamond

 

perceptions paysages N&B
grand paysage de Saint-Chamond

 

 

III - Territoires

 

1 - Loire, Forez, Jarez

 

Saint-Chamond appartient à plusieurs entités historiques qui contribuent à son identité : le département de la Loire, le Forez, le Jarez.

- le département de la Loire a été créé en 1793. La division de la France en 83 départements est une décision de l'Assemblée Constituante en décembre 1789, précisée par décret en janvier et février 1790. À cette époque, le Loire n'est pas distincte du Rhône, et tous les deux forment le département Rhône-Loire.
Son nom est dû au fleuve qui coule du sud au nord sur plus de 100 km. Les habitants se nomment les Ligériens, du nom latin Liger, dérivé lui-même du gaulois.

- le comté du Forez a donné en gros la configuration actuelle du département de la Loire. Il désignait le territoire du peuple des Ségusiaves dont la capitale était Feurs (Forum Segusiavorum), d'où a dérivé le mot Forez. Les limites de ce comté ont été disputées au Haut Moyen Âge mais il s'est établi de manière distincte du comté de Lyon et du pouvoir de l'archevêque de cette ville entre la fin du Xe et la fin du XIIe siècle. Le comté de Forez fut, plus tard, réuni au domaine royal sous François 1er, en 1531.

- le Jarez constitue la partie sud de l'ancien Forez et, aujourd'hui, du département de la Loire, à partir du bassin versant du Gier (rivières qui se jettent dans le Gier). Le Jarez a été le territoire de pouvoir d'une seigneurie au Moyen Âge : la Maison du Jarez.
Celle-ci passa par mariage à la Maison d'Urgel, prenant le nom de Saint-Priest au XIVe siècle. Un des représentants les plus connus de cette dynastie fut Christophe de Saint-Chamond (1520-1580) qui s'illustra du côté des catholiques pendant les guerres de religion ; en 1577, il maria sa fille Gabrielle avec Jacques Mitte de Miolans, seigneur de Chevrières. Cette famille succéda aux Urgel/Saint-Priest comme seigneur de Saint-Chamond.
Le petit-fils de Christophe fut le célèbre Melchior Mitte de Chevrières (1586-1649) qui fit notamment construire l'Hôtel-Dieu et l'église Saint-Pierre. Le marquisat de Saint-Chamond passa ensuite, par mariage, aux comtes de la Vieuville, puis par achat à la maison de Mondragon en 1768.

 

Jarez carte limites
carte du Jarez, limites approximatives : bassin versant du Gier, entre Saint-Étienne à Givors

 

Vie quot Forez Plessy couv
La vie quotidienne en Forez avant 1914,
édité en 1981 ; l'auteur, Bernard Plessy,
agrégé de Lettres classiques, a été professeur
au lycée de Saint-Chamond

 

 

le département de la Loire

 

loire_carte_generale
carte du département de la Loire, des villes et départements voisins

 

 

 

2 - intercommunalités

 

 Saint-Chamond appartient à des ensembles plus vastes :

- Saint-Étienne Métropole :

 

 

 

 

3 - les quartiers de Saint-Chamond

 

 

Saint-Chamond est divisé en plusieurs quartiers :

- La Chabure

- Chavanne

- Clos Marquet

- Le Creux

- Fonsala (le plus grand)

- Izieux (anc. commune)

- Lavieu

- Les Palermes

- Saint-Chamond centre

- Saint-Ennemond

- Saint-Julien-en-Jarez (anc. commune)

- Saint-Martin-en-Coailleux (anc. commune)

- Saint-Pierre

- La Valette

- La Varizelle

 

 

 

Fonsalat isolat
le quartier de Fonsala apparaît comme un isolat sur le territoire de Saint-Chamond © Michel Renard

 

 

 

IV - Contrôle


1) Identification de la commune de Saint-Chamond : département, région (avant 2015).
- Saint-Chamond est une commune du département de la Loire (42) et de la région Rhône-Alpes (devenue en 2015 : Auvergne-Rhône-Alpes).

2) Localisation géographique naturelle de St-Chamond : relief, hydrographie.
Saint-Chamond est situé dans la vallée du Gier (rivière) qui coule d'ouest en est, entre les contreforts du massif du Pilat et les monts du Lyonnais (coteaux du Jarez).

3) Sur cette carte, localiser Saint-Chamond (description de la position).
Saint-Chamond est situé sur le flanc nord-est du Massif Central dans la petite vallée d'une rivière qui est un affluent de la rive droite du Rhône.

4) Sur ce schéma cartographique, dites où se situe la ville de St-Chamond, et comment on qualifie cette position par rapport au cours de la rivière.
La ville est située au nord de ce schéma, en aval du cours du Gier.

5) Décrivez ce schéma [l'isolat de Fonsala].
Ce schéma représente un quartier de Saint-Chamond, celui de Fonsala. Il se présente comme un ensemble de bâtiments d'habitation élevés formant un isolat par rapport au territoire de la commune. Deux axes routiers en constituent les limites : une portion de route rectiligne et une voie circulaire. Par ailleurs, ce quartier est bordé de deux zones de rupture : un paysage industriel et un paysage rural sur un espace qui s'élève en altitude.

6) Sur cette photographie aérienne, sachant que le vert sombre représente les reliefs les plus élevés, décrivez le site urbain de Saint-Chamond dans le territoire de la commune.
Le site urbain de Saint-Chamond est situé au centre du territoire de la commune, entouré de deux zones relief dont l'altitude s'accentue plus on s'éloigne du lui.

 

 

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30 juillet 2014

Kant, Fondements de la Métaphysique des moeurs (1)

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Kant, début de la Préface aux

Fondements de la Métaphysique des moeurs

(1785)

 

Selon les éditions, le livre peut varier de pages. La mienne est de Delagrave, 1973, selon la célèbre traduction de Victor Delbos : 201 pages au total dont 69 pages d'introduction. La préface de Kant compte 15 pages plus les 123 pages des trois chapitres qui suivent.

En commençant par la préface, je me suis dit qu'on pourrait en présenter le début graphiquement.

Pour Kant, la philosophie grecque se présentait en trois : Physique, Éthique et Logique. Il les identifie dans cette division qu'il "trouve parfaitement conforme à la nature des choses". Et leur prête finalement trois dénominations basées sur le principe qui fonde chacune d'elle.

 

Diapositive1
dispositif de la philosophie grecque selon Kant, au début de son livre
Fondements de la Métaphysique des moeurs (1785)

 

Selon Kant, la distinction principale est double : "Toute connaissance rationnelle ou bien est matérielle et se rapporte à quelque objet, ou bien est formelle et ne n'occupe que de la forme de l'entendement et de la raison en eux-mêmes et des règles universelles de la pensée en général sans acception d'objets" (p.71-72).

On débouche donc sur trois appelations de principe : 1) philosophie formelle 2) philosophie naturelle 3) philosophie morale.

 

CVT_Fondements-de-la-metaphysique-des-moeurs_4523  9782206001555  9782253065142-T  9782091881966
quelques éditions des Fondements de la Métaphysique des Moeurs

 

 

exercice

1) Les relations de pouvoir, d'amour, d'avoir, de justice entre les hommes relèvent, selon Kant, de la phiosophie : ...................

2) l'examen du monde végétal, des astres, des quatre éléments (eau, air, feu, terre) relèvent, selon Kant, de la philosophe : .......................

3) l'explication des mécanismes intellectuels de l'esprit humain, dans sa globalité, relève, selon Kant, de la philosophie : .............................

 

suite de la Préface

 

 

 

 

 

 

 

 

Michel Renard

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18 mars 2014

la bataille de Poitiers en 732

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Poitiers 732

Récit de l’Anonyme de Cordoue

 

L’Anonyme de Cordoue (chrétien espagnol inconnu, écrivant après 754)

 “Alors Abd er-Rahmann voyant la terre pleine de la multitude de son armée, franchissant les montagnes des Basques et foulant les cols comme des plaines, s’enfonça à l’intérieur des terres des Francs ; et déjà en y pénétrant, il frappe du glaive à tel point qu’Eudes [le duc franc d’Aquitaine], s’étant préparé au combat de l’autre côté du fleuve appelé Garonne ou Dordogne, est mis en fuite.

Seul Dieu peut compter le nombre des morts et des blessés. Alors Abd er-Rahman en poursuivant le susdit Eudes décide d’aller piller l’église de Tours tout en détruisant sur son chemin les palais et en brûlant les églises. Lorsque le maire du palais d’Austrasie en France intérieure, nommé Charles, homme belliqueux depuis son jeune âge et expert dans l’art militaire, prévenu par Eudes, lui fait front.

À ce moment, pendant sept jours, les adversaires se harcèlent pour choisir le lieu de la bataille, puis enfin se préparent au combat, mais, pendant qu’ils combattent avec violence, les gens du Nord demeurant à première vue immobiles comme un mur restent serrés les uns contre les autres, telle une zone de froid glacial, et massacrent les Arabes à coups d’épée.

Mais lorsque les gens d’Autrasie, supérieurs par la masse de leurs membres et plus ardents par leur main armée de fer, en frappant au cœur, eurent trouvé le roi, ils le tuent ; dès qu’il fait nuit le combat prend fin, et ils élèvent en l’air leurs épées avec mépris.

Puis le jour suivant, voyant le camp immense des Arabes, ils s’apprêtent au combat. Tirant l’épée du fourreau, au point du jour, les Européens observent les tentes des Arabes rangées en ordre comme les camps de tentes avaient été disposés. Ils ne savent pas qu’elles sont toutes vides ; ils pensent qu’à l’intérieur se trouvent les phalanges des Sarrasins prêtes au combat ; ils envoient des éclaireurs qui découvrirent que les colonnes des Ismaélites s’étaient enfuies. Tous, en silence, pendant la nuit, s’étaient éloignés en ordre strict en direction de leur patrie.

Les Européens, cependant, craignent qu’en se cachant le long des sentiers, les Sarrasins ne leur tendent des embuscades. Aussi, quelle surprise lorsqu’ils se retrouvent entre eux après avoir fait vainement le tour du camp. Et, comme ces peuples susdits ne se soucient nullement de la poursuite, ayant partagé entre eux les dépouilles et le butin, ils s’en retournent joyeux dans leurs patries.

 

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16 mars 2014

à la recherche de la mystérieuse "plaine narbonnaise"

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les délices du copier-coller...!

ou : comment les lycéens de Seconde prennent, trop souvent,

leurs professeurs pour des archaéoptéryx de l'internet

 

Quand, sur 90 copies de trois classes de Seconde ayant à effectuer un Devoir Maison sur les "Tables claudiennes" (histoire de Rome), vous en trouvez plus de la moitié avec la même faute (la "plaine narbonnaise"...), vous ne croyez plus à la "polyphonie intertextuelle" des théoriciens de la littérature dans les années 1960...

Vous vous dites qu'une cuillère de bois est restée dans le pâté (expression vendéenne) ou plus vulgairement : qu'il y a une couille dans le potage (Trésor des expressions françaises).

Le soupçon est rapidement confirmé après une très courte investigation sur internet. O tempora, o mores...!

Voilà le résultat.

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deux copies d'élèves parmi tant d'autres...

 

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la "source" de cette bêtise, commentée par le professeur

 

il n'existe pas de "plaine narbonnaise"...

Mais il a existé une province sénatoriale romaine, conquise à partir des années 125-121 av. JC, notamment par Cnaeus Ahénobarbus (dont le nom signifie "barbe rousse"... mais qui n'était pas "chevelu" comme les Gaulois de la Gaule transalpine...) et, plus tard, par César qui annexa Marseille.

Cette province, malgré son nom d'origine, ne se restreignait pas à la plaine de l'Aude, mais était très étendue. Et son relief ne se réduisait pas à une plaine.

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province Narbonnaise sous l'empire romain

 

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l'organisation romaine de la Gaule aux Ie-IIIe siècles

 

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relief de la "Narbonnaise", province romaine (en vert : les plaines)

 

élèves, soyez intelligents quand vous cherchez "sur internet"...!

La recherche d'informations sur internet n'est pas interdite. À trois conditions :

1) renoncez aux sites du genre "devoir gratuit", "dissertations clés en mains" qui sont, le plus souvent bâclés, quand ce n'est pas truffés de fautes.

2) recourez à plusieurs sources et croisez-les, comparez-les, vérifiez. Évidemment, cela demande plus de temps... Mais c'est autrement formateur !

3) ne cédez pas au copier-coller. Utilisez les différentes informations collectées et rédigez vous-mêmes.

Michel Renard
professeur d'histoire

 

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8 janvier 2014

Ave Caesar, morituri te salutant ! (Michel Dubuisson)

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Ave Caesar Morituri te Salutant, Jean-Léon Gérôme (1859), représentant des gladiateurs
saluant l'empereur Vitellius, selon l'imagerie stéréotypée mais fautive

 

Ave Caesar, morituri te salutant !

 Michel DUBUISSON
Professeur de langue et de littérature latines

 

"Salut, César (ou Sire), ceux qui vont mourir te saluent." Nul n'ignore que les gladiateurs, à leur entrée dans l'arène, allaient tout droit vers la loge impériale pour s'acquitter de cette indispensable formalité. Un film, d'ailleurs excellent, le Gladiator de Ridley Scott [2000], vient encore de le rappeler - la scène y figure même deux fois.

__________

Et pourtant, avant même de se mettre en quête de la source de cette formule, deux détails auraient dû étonner.

1. D'abord ave, en latin, n'est pas un "salut" ou un "bonjour" quelconque (comme salve) ; c'est le salut militaire réglementaire. Et les gladiateurs ne sont évidemment pas des soldats. Un gladiateur même retraité ne pourra d'ailleurs jamais s'engager dans l'armée : la profession qu'il a exercée le marque à jamais d'infamia (à peu près, déchéance des droits civils et politiques).

2. Ensuite, et surtout, morituri est absurde : comment ceux qui vont mourir en seraient-ils déjà sûrs ? Ou bien tous sauraient-ils qu'ils vont mourir de toute façon ? Évidemment non : dans un combat singulier, il y a, par définition, un survivant sur deux, et d'ailleurs un gladiateur bien entraîné est un investissement qu'on ne sacrifiera pas à la légère - qu'on chouchoute autant, en fait, qu'un footballeur d'aujourd'hui. Le vaincu obtient donc, en pratique, toujours sa grâce (la venia) - avec ou sans un geste du pouce, c'est une autre question.

La source de la citation vient résoudre ces difficultés, tout en confirmant que la formule est aujourd'hui employée constamment à contresens.

L'empereur Claude, dont le règne fut marqué par de grands travaux, comme l'agrandissement du port d'Ostie, fit également assécher le lac Fucin. Une fois réalisé le canal qui devait permettre l'écoulement définitif des eaux, il y eut une cérémonie que Claude décida d'immortaliser par un spectacle mémorable : une naumachie, c'est-à-dire un combat naval en réel.

La chose en soi n'était pas nouvelle : César et Auguste avaient déjà offert au peuple ce genre de divertissement, que les Flaviens organisèrent, plus tard, au Colisée. Mais sur un vrai lac, c'était évidemment autre chose.
Qui étaient les figurants ? Non pas des gladiateurs, évidemment, mais des soldats et des marins de la flotte, de toute façon condamnés à mort pour désobéissance ou toute autre faute de service, et auxquels on avait réservé un mode d'exécution original et spectaculaire. Leur adresse à l'empereur était donc parfaitement naturelle.

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Ce qui le fut moins, et qui déclencha même un incident - c'est pour cette raison, en réalité, que Suétone s'y étend -, c'est que Claude, qui n'était évidemment pas censé leur répondre, marmonna de son habituelle voix indistincte (dont Juvénal, avec sa gentillesse habituelle, dit qu'elle faisait songer à celle d'un veau marin, c'est-à-dire un phoque) quelque chose que les soldats comprirent aut  non  : "ou bien non, peut-être pas".

Pour la suite, il faut laisser la parole à Suétone. "À ces mots, puisqu'il leur avait fait grâce, plus aucun ne voulut combattre. Alors il fut longtemps à se demander s'il n'allait pas les exterminer par le fer et par le feu ; il finit par sauter de sa chaise et se mit à courir partout sur les berges du lac, non sans boitiller de façon grotesque, et à force de menaces et d'encouragements il finit par les décider à se battre."

Ave, Caesar, morituri La formule est donc authentique (on serait tenté de dire : pour une fois), mais elle n'a pas du tout la portée qu'on lui donne aujourd'hui : il s'agit d'un épisode bien précis et non d'une règle générale, et qui, de toute façon, n'a rien à voir avec les gladiateurs.

Michel Dubuisson, Université de Liège (3 février 2009)
source : http://www.class.ulg.ac.be/ressources/dossiers.html
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