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Profs d'Histoire lycée Claude Lebois
4 août 2012

regarder en soi-même pour y retrouver le monde

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Années, un roman d'Annie Ernaux

Michel RENARD

 

J’ai lu aujourd’hui le livre d’Annie Ernaux, Années (Gallimard, 2008).

On en sort, évidemment, dominé par la nostalgie de ce tracé de vie d’une femme qui sent la vieillesse la séparer du monde qui bouge.

Mais aussi étrangement troublé par la distance qu’elle instaure entre ses sentiments et le lecteur par son procédé narratif, un peu sociologique (je le dis sans malveillance ; l’influence de Georges Perec, Les choses, est perceptible) consistant à décrire une «elle» insérée dans le tourbillon des événements et des métamorphoses d’un peu plus d’un demi siècle… Comme un garde-fou contre les effusions d’une sensibilité, de ses passions et de ses regrets.

«Ce ne sera pas un travail de remémoration, tel qu’on l’entend, visant à la mise en récit d’une vie, d’une explication de soi. Elle ne regardera en elle-même que pour y retrouver le monde, la mémoire et l’imaginaire des jours passés du monde, saisir le changement des idées, des croyances et de la sensibilité, la transformation des personnes et du sujet, qu’elle a connus…» (p. 239). Y est-elle parvenu ?

L’ambition était vaste. Elle fournit un enchevêtrement des deux : le récit fragmentaire de sa vie et celui des «jours passés du monde», en tout cas de son monde.

Oui, tout est vrai. On s’y retrouve, mais pas en entier puisqu’il s’agit des indices du monde tel qu’ils se sont imprimés en elle.

J’ai aimé la justesse de nombreuses formulations. Parlant de son jeune amant : «Il m’a arrachée à ma génération. Mais je ne suis pas dans la sienne. Je ne suis nulle part dans le temps. Il est l’ange qui fait revivre le passé, rend éternel» (p. 203).

Ou encore : «…elle sait que la question n’a pas de sens, qu’aucune question n’a de sens s’appliquant aux choses du passé» (p. 177).

À propos des repas de familles à la fin des années 1970 et de leurs sujets de discussion : «Le temps des enfants remplaçait celui des morts» (p. 136).

Et cette confidence d’une grande mélancolie presque mystique : «…plus que tout, maintenant, elle voudrait saisir la lumière qui baigne des visages désormais invisibles, des nappes chargées de nourritures évanouies, cette lumière qui était déjà là dans les récits des dimanches d’enfance et n’a cessé de se déposer sur les choses aussitôt vécues, une lumière antérieure» (p. 241).

Les lycéens y trouveront la fresque vécue d'une séquence historique qui va des années d'après-guerre jusqu'à 2006/2008. L'évocation d'événements historiques, d'auteurs, de livres, de personnages connus.

Michel Renard

 

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lien

- entretien avec Annie Ernaux

- http://newsletter.paris-sorbonne.fr/spip.php?article2304

 

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