Depuis plus de 2 000 ans, le judaïsme rabbinique a traditionnellement
assigné un lieu spécifique à la conservation des textes hébreux qui ne
devaient plus être diffusés (genizah). Le célèbre Genizah du Caire fut
constitué principalement entre le dixième et le treizième siècle, et
éclaire tous les aspects de la vie médiévale orientale. La plupart de
ses fragments de manuscrits sont conservés à la bibliothèque
universitaire de Cambridge et représentent une source d'information
unique sur les relations entre Juifs, Musulmans et Chrétiens pendant
les Croisades. L'histoire de la collection du Genizah de Cambridge,
depuis son acquisition il y a plus de 100 ans, est presque aussi
remarquable que son contenu.
En
1644, Molière, n'a que 22 ans. Accablé de dettes et poursuivi par des
huissiers, il est jeté en prison et disparaît mystérieusement pendant
plusieurs mois avant de réapparaître pour démarrer une tournée
triomphale avec sa troupe. Mais que s'est-il passé durant ce laps de
temps ? Et si pendant toutes ces semaines, il avait rencontré ses futurs personnages, et si cette parenthèse l'avait inspiré ? C'est justement ce vide dans la vie de Molière dont les historiens ignorent tout que Laurent Tirard ré-écrit. Un Bourgeois, dénommé M. Jourdain, fait libérer Molière. En échange, ce dernier doit lui apprendre la comédie afin de séduire une gente dame. Romain Duris incarne un Jean-Baptiste Poquelin impétueux, fougueux et parfois lâche, qui se frotte à deux phénomènes du cinéma : Fabrice Lucchini, dans la peau de Monsieur Jourdain et Edouard Baer en noble ruiné.
Molière, a pour réalisateur le cinéaste français Laurent Tirard, et dans les rôles principaux, Romain Duris, Edouard Baer,
Laura Morante, Fabrice Lucini et Ludivine Sagnier.
Laurent
Tirard évite le piège de la pièce de théâtre filmée. Il puise
évidemment dans l'œuvre de Jean Baptiste Poquelin, et les personnages
servent à l'envie les répliques du théâtre de Molière. Mais l'idée
géniale du scénario a été d'imaginer ce que l'auteur français a fait
dans sa 22ème année. Tous ses biographes s'interrogent sur une absence
inexpliquée qui a duré plusieurs mois. Et jamais personne n'a jusqu'ici
percé le mystère. Et si Molière avait tout simplement fait la
connaissance des personnages qui ont par la suite jalonné son œuvre ?
Voilà l'hypothèse du film de Laurent Tirard.
Et
pour servir son propos, qui mieux que Romain Duris pouvait incarner les
traits de Molière jeune ? Le réalisateur raconte « Dans le film,
Molière est un jeune homme extrêmement enthousiaste qui d'une certaine
manière rompt avec son milieu pour se retrouver plongé dans une
situation qui va le forcer à se découvrir tel qu'il est vraiment ». Au
côté du Molière de Tirard, il y a Célimène, (Ludivine Sagnier), Elmire
(Laura Morante), Dorante (Edouard Bear) et enfin l'incontournable M.
Jourdain (Fabrice Luchini).
Jean-Baptiste Poquelin disparut plusieurs mois en 1645. Et s'il avait rencontré alors les futurs personnages de ses pièces ? Laurent Tirard en développe l'idée dans une formidable comédie. Explications.
Le
temps ne fait rien à l'affaire : en 2007, Molière est toujours au
sommet de sa popularité. Pas une semaine sans qu'une de ses pièces ne
soit jouée, à Paris ou en province ; pas un jour sans qu'une de ses
répliques ne soit citée - quitte à être écorchée.
L'auteur protégé par
Louis XIV aurait eu 385 ans le 12 janvier dernier, mais il n'a jamais
été aussi moderne. Son humour traverse les siècles avec une incroyable
légèreté et continue à séduire toutes les générations. La preuve avec
le film de Laurent Tirard. Fort du succès de Mensonges et trahisons,
son premier long-métrage, le jeune metteur en scène cherchait un sujet
de comédie qui l'éloignerait de celui des trentenaires, déjà
surexploité. «Or, c'est une étrange entreprise que celle de faire rire les honnêtes gens.»
C'est en se rappelant LeMisanthrope, présenté au bac de français, qu'il s'est souvenu de l'efficacité de son auteur : «J'aimais
l'idée de réaliser une comédie contemporaine de façon déguisée - au
sens propre comme au sens figuré. Car les problématiques posées par
Molière mettent en perspective les questions actuelles.»
Il n'en fallait pas plus pour enthousiasmer cet ancien journaliste de Studio Magazine,
qui a trouvé en outre dans sa propre vie des traits communs avec celle
de Jean-Baptiste Poquelin. N'aime-t-il pas lui aussi exacerber les
petits défauts humains et chatouiller ce milieu bourgeois qu'on quitte
pour exercer son métier, mais dont on ne peut pas complètement
s'échapper ? Il se replonge alors dans les pièces de Molière, mais
aussi dans les nombreuses biographies qui lui sont consacrées. Toutes
font état de l'absence d'information sur une période de la vie de
Molière : en 1645, alors que le fondateur de L'Illustre-Théâtre n'a que
23 ans, il est emprisonné pour dettes, puis s'évanouit. «Et si,
pendant ces mois-là, il avait rencontré ses futurs personnages ? Et si,
lors de cette aventure, il avait vécu les sentiments extrêmes qui
enflamment ses pièces ? Et si, dans le secret de cette parenthèse, il
avait rencontré celle qui allait l'inspirer à jamais ?» Des hypothèses que Laurent Tirard a décidé d'exploiter avec son coscénariste, Grégoire Vigneron.
Sur le ton de la comédie populaire, Molière
est truffé de références à l'oeuvre du maître - autant de clins d'oeil
réjouissants qui raviront grand public et spécialistes. Les
protagonistes s'appellent Jourdain, Elmire, Dorante ou Célimène, et
ressemblent - de loin ou de près - aux personnages du Bourgeois Gentilhomme, du Tartuffe, des Fâcheux et du Misanthrope.
Les répliques célèbres (de la mort du petit chat aux beaux yeux de la
marquise) se glissent harmonieusement dans les dialogues. Du travail
d'orfèvre au service d'un scénario habilement construit autour de la
figure de Poquelin. S'entêtant à monter des tragédies dans lesquelles
il se révèle exécrable, il apparaît comme un homme impétueux et lâche,
capable à la fois de «ramper» devant le pouvoir royal et de se montrer
particulièrement effronté dans ses pièces. « Pour qu'il y ait empathie, il ne faut pas hisser trop haut les héros, explique Laurent Tirard. Or, bien souvent, leurs défauts sont plus à notre portée que leurs qualités.»
Bien jugé. En bousculant la statue, Laurent Tirard dépoussière
élégamment le mythe et rend le génie attachant. Le charisme de Romain
Duris n'y est pas pour rien. De l'acteur, on avait découvert
l'insolence dans Le Péril jeune, le côté sarcastique dans Arsène Lupin, le caractère déterminé dans De battre mon coeur s'est arrêté, et une efficace charge comique dans Les Poupées russes.
Ici, il est tout cela à la fois. Passant d'un ton à un autre avec la
souplesse d'un acrobate, il dévoile les nombreuses facettes du subtil
Molière. Fougueux, romantique, pathétique, Duris montre un savoir-faire
et une présence, et ce aussi bien dans les scènes écrites que dans
celles improvisées. Celle où il «joue» les différents types de chevaux
est à inscrire dans les annales et à montrer dans toutes les écoles de
cinéma et de théâtre.
Un projet qui relevait de l'inconscience
Dans le film, Molière est imaginé en Cyrano d'un riche
protecteur qui l'engage pour apprendre à séduire sa bien-aimée. Si le
puriste Luchini a mis du temps à accepter ce rôle, il lui apporte sans
réserve une innocence réjouissante. Laura Morante campe l'épouse de ce
dernier, Ludivine Sagnier l'objet de ses désirs, et le fidèle Edouard
Baer l'ami qui le trahit. Un casting flatteur pour ce film osé qui
jongle entre fiction et réalité. Le réalisateur lui-même avoue que
monter un tel projet relevait un peu de l'inconscience : «Je sais
déjà que certains spécialistes vont grincer des dents, mais s'ils
représentent 10% des cinéphiles, le film s'adresse aux autres. Je
voulais leur montrer que Molière n'est pas rasoir mais jubilatoire. Et
si cette comédie donne envie de se replonger dans ses pièces, alors
nous aurons tout réussi.»
Romancer la vie d'un de nos plus grands auteurs... Ce pari audacieux, Francis Perrin le fait aussi avec Molière, chef de troupe, un récit enlevé et surprenant où le comédien donne à voir un homme d'affaires inspiré au besoin de création insatiable. «On a trop utilisé Molière comme un pensum, explique-t-il.
Or c'était avant tout un homme inventif. Et je crois que le film de
Tirard comme mon livre sont en harmonie avec ce qu'il était réellement.» Avant d'ajouter : «Mais
ce livre était aussi un moyen de faire passer ma propre passion du
théâtre, mon expérience en tant que comédien et chef de troupe.» Au fond, la vie de Molière se lit et se regarde avec l'enthousiasme
que l'on éprouverait pour une saga. On se passionne pour ses projets,
on frémit de ses amours, on se révolte contre les accusations dont il
fait l'objet. Et c'est presque de façon inconsciente qu'on se
familiarise avec les textes de Molière, comme celui de L'Avare
qu'interprète merveilleusement Michel Bouquet sur la scène du Théâtre
de la Porte-Saint-Martin, à Paris. Ce spectacle n'est pourtant que la
partie émergée d'un riche programme : une vingtaine de pièces de
Molière se donnent actuellement à Paris. «Jusqu'au chien du logis, il s'efforce de plaire», disait l'Henriette des Femmes savantes. Et la servante, Martine, d'ajouter : «Quand on se fait entendre, on parle toujours bien.»
Romain Duris interprète le jeune Molière dans le film
de Laurent Tirard.
Romain Duris dans Molière Photo: Jean-Marie Leroy
Molière
vous a-t-il fait souffrir au collège ? Oh
non, moi, je m’étais éclaté. Ce sont les metteurs en scène qui font la
différence. Je ne pense pas qu’aimer Molière soit une question d’âge. À 8 ans,
quand on voit un beau spectacle, on peut très bien être à l’écoute. Mais il y a
une façon de mettre en scène Molière, une tendance à monter des textes
classiques avec une exigence de réalisme, de crédibilité, qui peut parfois
fausser le ton de Molière, qui est un ton assez populaire… Alors que c’était
son but, de faire passer des choses qui plaisent à tous, en utilisant un
langage pas trop compliqué, s’amuser, critiquer la bourgeoisie, les nobles… En
mettant en avant un côté malin plutôt qu’avec des dialogues trop pointus. Ce
n’est pas normal que Molière ne nous ait pas parlé plus que ça, quand on était
plus jeunes.
"Votre"
Molière est beaucoup moins intimidant… Le
film nous sauve un peu de ça, dans un sens : l’approche de Laurent Tirard
est assez humble, puisqu’il se met lui-même dans la peau d’un spectateur. Il a
envie de savoir comment fonctionne ce personnage, ce qui va l’animer à
l’intérieur, ce qui va l’intéresser pour faire de l’art avec la réalité qu’il a
sous les yeux. Laurent Tirard n’est pas parti avec l’ambition de faire un
Molière mythique, avec une pression de réalité historique pointue, pas du tout.
C’est une comédie populaire, assez contemporaine, parce qu’il faut que ça nous
touche, que ça nous parle. Les puristes pourront lui reprocher d’être trop
léger, mais bon…
Etait-il
si mauvais comédien ? Je
me suis beaucoup plus concentré sur le Molière auteur que sur le Molière
comédien. Ce qui pouvait se passer en lui, comment il observait, sans être
passif… On ne doit pas oublier qu’il était auteur avant d’être comédien.
Vous
vous êtes beaucoup documenté sur lui… Oui,
de différentes manières. J’ai lu des biographies, dont celle de Mikhail
Boulgakov qui est géniale, très romancée, et qui a moins le souci d’être précis
que d’offrir de vraies scènes. Après, j’ai besoin de voir des images. Je suis
allé voir des tableaux d’époque ; plus que des films, j’avais besoin de
voir des réalités, les observations de peintres de l’époque, sur le physique
des gens, leurs vêtements, leur façon de se tenir, d’être assis… Je partais de
pas grand-chose, je me nourris d’un maximum de choses. J’ai appris les
révérences, la calligraphie parce que j’avais des lettres à écrire… Ca me fait
un peu sortir de moi, du Romain d’aujourd’hui ! Puis l’inconscient mélange
le tout avec notre histoire, notre vie… Ce sont des préparations que je fais à
chaque fois maintenant. Il fallait que ce soit vivant avant tout, avec un
langage un peu plus précis que le langage quotidien, mais dynamique. J’ai appris
le texte en avance – chose que je ne fais pas tout le temps, pour justement me
libérer d’une façon de parler, que ça devienne assez naturel. Le rythme vif du
film le rend assez contemporain. Dans les pièces aussi, c’est assez
speed : bam ! On se répond du tac-au-tac.
Ce
sont vos vrais cheveux, dans Molière ? Non,
c’est une perruque… Elle a été très dure à réaliser, mais on avait fait appel
au meilleur perruquier !
Et
le théâtre sur les planches, ça vous tente ? Oui,
j’ai une vraie envie de jouer au théâtre depuis un certain temps. Ce que je
reçois ne correspond pas à ce que j’ai envie de faire, et je ne vois pas encore
exactement avec qui ça pourrait coller… Je veux un truc de la vie de tous les
jours, qui nous touche tous, un drame. J’ai envie de vivre quelque chose tous
les soirs où rien n’est jamais gagné. Se mettre en jeu chaque fois, et vivre
tellement le truc pour pouvoir créer des accidents. Ça pourrait être du
Tchekhov… Si c’était du cinéma, ce serait du Cassavettes, transposé au théâtre.
La comédie, non.
Vous
serez souvent à l’affiche cette année… Oui,
bientôt avec L’âge d’homme, de Raphaël Fejtö - une comédie, d’ailleurs. Là, je
suis en plein tournage de Paris, le prochain Klapisch. À la rentrée, j’enchaîne
sur un film de Gilles Bourdos, qui se déroule à New York. Ca m’attire parce que
son scénario est brillant, c’est en anglais et j’avais envie de bouger un peu.
Tout en sachant que j’ai encore beaucoup de travail ici. C’est un métier qui a
tendance à s’ouvrir, et j’aime bien qu’il y ait un peu de tout.
Il n'y a ni "haut" ni "bas", ni "dessus" ni "dessous", ni "droite" ni "gauche" en géographie. Situer un point sur le globe, c'est :
- d'une manière absolue : fournir ses coordonnées géographiques (latitude Nord ou Sud et longitude Est ou Ouest)
- d'une manière relative : indiquer sa place par rapport à d'autres points ou espaces connus ; on dit alors "il est au sud de..." ou "à l'est de...", etc.